AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Michel Courtois-Fourcy (Autre)
EAN : 9782020091817
344 pages
Seuil (01/04/1986)
3.64/5   32 notes
Résumé :
Une fin du monde originale indépendante des méfaits de l'humanité est proposée. Retour brutal de la Terre à une ère glaciaire. La thèse est solide, et rendue crédible par l'apport scientifique de Gribbin. Un livre bien agréable à lire, même s'il fait froid...dans le dos. " La Recherche " On en rêve de ce livre, pendant qu'on le lit et après. C'est qu'il est réussi dans un genre qui pouvait paraître usé depuis Jules Verne.
C'est bon, parfois, de se faire peur ... >Voir plus
Que lire après Le Sixième HiverVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En 1979, un thriller d'anticipation météorologique et climatique, totalement dépassé scientifiquement, mais fort intéressant dans son traitement du rapport entre science et politique, surtout lorsque l'urgence se précise.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/11/note-de-lecture-le-sixieme-hiver-douglas-orgill-john-gribbin/

Plusieurs phénomènes météorologiques soudains et totalement catastrophiques, impliquant de plus ou moins gigantesques formes de tornades de glace et des températures incroyablement basses, prennent place presque simultanément en Sibérie, au Canada, en Europe du Nord et aux États-Unis. le plus important d'entre eux – et de loin le plus effroyablement mortel, en nombre de victimes – frappe la cité d'Akademgorodok, banlieue interdite de Novosibirsk entièrement dédiée à l'Académie soviétique des Sciences. Dans une cellule de crise, constituée ad hoc sous l'égide du président des États-Unis, qui avait par pur calcul électoral constitué un conseil national de la science (à l'instar de son conseil national de sécurité), on voit apparaître le contesté – extrêmement respecté sur le fond, mais blâmé pour ses méthodes et son franc-parler iconoclaste – climatologue William Stovin et sa collègue Diane Hilder, jeune zoologue déjà renommée dans les cercles concernés. Ensemble, avec leurs collègues soviétiques – avec qui il va bien falloir coopérer malgré la puissante méfiance réciproque de leurs nations respectives, dans ces années 70 finissantes -, vont-ils parvenir, en sortant des sentiers battus et des évidences trompeuses, à comprendre ce qui se passe et à tracer un chemin pour affronter le pire ?

Publié en 1979, fruit d'une collaboration alors inédite entre l'auteur britannique de thrillers d'espionnage Douglas Orgill et du célèbre vulgarisateur scientifique, également britannique, John Gribbin, traduit en français en 1982 par Michel Courtois-Fourcy au Seuil, « le sixième hiver » constitue une solide illustration de ce qui peut se produire à la frontière du thriller d'anticipation très (trop ?) orienté grand public et de la science-fiction parfois dite « de futur proche », en général plus audacieuse, plus authentique et plus travaillée. L'archétype de cette coexistence pas toujours harmonieuse peut naturellement être incarné par feu Michael Crichton, recycleur insatiable d'idées développées avant lui par des autrices et auteurs de science-fiction, idées qu'il rendit toute sa carrière ou presque beaucoup plus bankables en les simplifiant, appauvrissant, spectacularisant (et marchandisant) le cas échéant, tout en leur ôtant le plus souvent leur caractère spéculatif. Si autour de cette frontière (toujours un peu artificielle) entre genres littéraires distincts, vous aurez certainement saisi, sur ce blog, vers où me porte mon inclination préférentielle, il serait néanmoins dommage de passer à côté de ce qu'une opération comme « le sixième hiver » apporte dans la corbeille de la littérature et de la politique.

Si l'on met de côté l'aspect directement scientifique, largement dépassé aujourd'hui (mais à la décharge de John Gribbin, dont c'était certainement la responsabilité spécifique au sein du duo, le rôle et le fonctionnement des jet streams en haute altitude vis-à-vis du climat étaient beaucoup moins connus en 1979 qu'aujourd'hui, et la glaciologie n'avait pas encore livré toutes les informations désormais intégrées dans la recherche climatologique contemporaine), et un traitement souvent joliment spectaculaire (dont Roland Emmerich et son scénariste Jeffrey Nachmanoff sauront visiblement se souvenir, une fois l'aspect scientifique remanié et actualisé, pour le film « le jour d'après » de 2004 – jusqu'au rôle spécifique des loups, et au mammouth jadis saisi par le froid au milieu d'une bouchée), « le sixième hiver » nous propose surtout, dans son coeur intime, une passionnante interprétation romancée de la prise de décision politique (ou de son absence) – de grande ampleur – sur la base de données scientifiques, consensuelles ou non totalement consensuelles, et de la manière même dont se forge un compromis opérationnel. Derrière la romance et le grand spectacle, on voit se dessiner un chemin fort intéressant, dans lequel l'anthropologie devient presque aussi importante, enfin, que les sciences physiques (comme le mentionnait par une autre approche le grand Kim Stanley Robinson dans un entretien sur Blast pour Planète B, à écouter ici), et dans lequel le lobbying (pensons au Nathaniel Rich de « Paris sur l'avenir » et de « Perdre la terre ») et la science politique deviennent déterminantes en matière de climatologie appliquée et de géo-ingénierie. Au bout de ce chemin, on trouverait certainement, débarrassés des affèteries du thriller et densifiés par le détour science-fictif, les chefs d'oeuvre de Kim Stanley Robinson, par exemple « La trilogie martienne » (1992), « SOS Antarctica » (1997), « La trilogie climatique » (2004) ou « le ministère du futur » (2020).
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50
Si nous craignons aujourd'hui le réchauffement climatique, certains scientifiques ont longtemps annoncé , au moins jusqu'à la fin des années 80, au contraire une nouvelle ère glaciaire à brève échéance.
Cette crainte s'est naturellement retrouvée dans la science-fiction de l'époque.
"le sixième hiver" est paru aux USA en 1979. Je l'ai lu lors de sa sortie chez Pocket en 1986. Indépendamment de ses qualités (c'est sans doute un des meilleurs ouvrages de cette veine), il m'avait frappé parce que l'Europe avait alors connu une série d'hivers particulièrement froids, de 1984 à 1987. Je l'ai d'ailleurs relu au moins une fois.
Cet ouvrage, un peu démodé par sa thématique, a de réelles qualités littéraires
Parmi les oeuvres intéressantes sur cette thématique on peut citer:
-Manana, de Bradbury (1955), in "un dimanche tant bien que mal", Présence du Futur
-"le dernier moustique de l'été" de Gérard Klein (1962), in "Le livre d'Or de la SF" consacré à l'auteur, Pocket
"le navire des glaces", Michaël Moorcock; 1969, OPTA
les 98 volumes du cycle de "la compagnie des glaces" G.J. ARNAUD, Fleuve Noir anticipation, de 1980 à 1998 puis de 2002 à 2005
La bibliographie n'est pas exhaustive; elle peut sembler maigre, mais les parutions de SF étaient beaucoup moins nombreuses qu'aujourd'hui
Les premiers ouvrages de SF sur le thème du réchauffement ont sauf erreur de ma part, paru aux USA à partir de 1994.
Voir notamment "Ciel brûlant de minuit", de Silverberg, portant aussi sur la disparition de la couche d'ozone, qui précoccupait beaucoup à l'époque


Commenter  J’apprécie          40
isbn:9782020091817
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
À quelque dix mille kilomètres d’Akademgorodok, frank Rhind roulait régulièrement sur la Nationale US 16. Il avait quitté Rapid City deux heures auparavant. Il grimpait maintenant vers les Black Hills du Dakota du Sud. La neige tombait dru… On commencerait à skier tôt cette année dans la région. Le frottement continu des chaînes contre la route irrégulièrement enneigée avait sur Frank un certain pouvoir hypnotique. Il y avait peu de circulation. De temps à autre, on croisait un énorme poids lourd se dirigeant vers Rapid City ou Pierre. Mais, dans ce sens-ci, la route était pratiquement déserte. Pour se tenir éveillé, Frank Rhind se mit à calculer l’heure probable de son arrivée. Le Wyoming était à une trentaine de kilomètres. Il fallait compter ensuite cent soixante kilomètres jusqu’à Gillette avant de trouver la soupe chaude de Cathy et les programmes de télévision de la soirée. Il aurait peut-être même la chance de voir les enfants avant leur coucher. Bon, disons encore trois heures. Etant donné l’état de la route, on ne pouvait guère dépasser les soixante kilomètres à l’heure.
À l’embranchement de Pringle, il aperçut un panneau signalant une déviation. Il l’aurait à peine remarqué, tant la neige était dense, sans les feux rouges clignotants de la voiture de police garée tout près. Le gendarme, recroquevillé au volant, leva une main gantée au moment où Frank Rhind passait à côté de lui.
Rhind jeta un coup d’oeil à la carte qui se trouvait sur le siège avant de la voiture. Avec un peu de chance, cette déviation n’aurait pas plus de trois ou quatre kilomètres. Sans doute un accident. Un camion se sera mis en travers de la route. Il y avait un bled par là. Il prit la carte et la regarda à la lueur du tableau de bord. Hays. C’était cela, Hays. Il n’y était jamais allé. Quelques maisons sans doute et une pompe à essence. De là partait une petite route qui rejoignait la Nationale. Ce serait sans doute à ce carrefour que s’arrêterait la déviation.
La température continuait de descendre. Même dans la voiture, avec le chauffage ouvert à fond, il ne faisait pas chaud. La neige s’amassait contre le pare-brise. Le ciel de fin d’après-midi était d’un blanc jaunâtre. Quelques kilomètres plus loin, Frank Rhind aperçut, à travers les rafales de neige, une demi-douzaine de lumières éparses. Ce devait être Hays. Si ça continuait comme ça, il ne verrait sûrement pas Cathy ce soir, ni les enfants. Est-ce qu’il y aurait un motel à Hays ? Je parierais que non… mais il peut y avoir…
Des collines noires, qu’on apercevait derrière Hays, arrivait quelque chose que Rhind n’avait jamais vu, quelque chose qu’il pensait ne pas pouvoir exister. Au milieu des tourbillons de neige, une colonne blanche, apparemment solide, tournoyant sur elle-même, dressée vers le ciel, se dirigeait à toute vitesse vers les lumières éparses de Hays, distantes d’un peu plus d’un kilomètre. Même à l’intérieur de la voiture hermétiquement fermée, Rhind pouvait entendre un grondement sourd et continu. Puis les lumières s’éteignirent d’un coup, comme si quelqu’un avait fermé un énorme interrupteur. La colonne tourbillonna un moment au-dessus de l’endroit où tout à l’heure scintillaient les lumières puis s’éloigna avant de disparaître du côté des Black Hills.
Stupéfait, Rhind avait arrêté sa voiture. Brusquement, il prit conscience qu’il faisait terriblement froid et que le moteur ne tournait plus. Bien que la neige se fût arrêtée de tomber, il lui fallut plusieurs minutes avant de le remettre en marche. La route était très étroite. Il ne tenta pas de faire demi-tour mais continua de rouler vers Hays. Ou plutôt vers l’endroit où Hays existait encore une demi-heure auparavant. Juste à l’entrée du village, il y avait un pont et, au-delà du pont, se dressait un mur de neige d’au moins quinze mètres de haut. De Hays, il ne restait aucune trace. La route se terminait après le pont, coupée par le mur de neige. Terrifié à l’idée de quitter la chaussée, Rhind se préparait à faire demi-tour lorsqu’il découvrit quelque chose d’extraordinaire. Près du mur de neige il y avait une colonne de glace ressemblant à une stalagmite. Il s’approcha et ouvrit la vitre de la voiture.
C’était une femme. Ou tout au moins il pensa que c’était une femme. Elle était prise dans la glace, comme dans un cercueil, toute droite sur la route. Le scintillement empêchait de voir distinctement le visage. Il semblait être tourné vers Hays. Frank Rhind ne souhaitait qu’une chose, s’éloigner du mur de neige. Mais il ne manquait pas de courage. En se tenant courbé pour affronter le froid perçant, il ouvrit le coffre et en sortit une grande clef anglaise. Puis, de toutes ses forces, il tapa, tapa sur la stalagmite. Il avait l’impression de frapper sur du granit. Finalement, en sanglotant, il remonta dans sa voiture et se dirigea prudemment vers la Nationale.
Le policier, toujours recroquevillé, était encore là. Il regarda Frank Rhind garer sa voiture près de la sienne. Il lui fallut beaucoup de temps pour comprendre ce qu’on lui racontait. Mais une des phrases de Rhind se grava pour toujours dans sa mémoire.
– Ça ressemblait à quoi ? C’était comment ? demanda-t-il. Écoutez, je dois faire un appel radio… Il faut que je sache exactement à quoi ça ressemblait.
Rhind le regarda un moment en silence.
– Ça ressemblait à Dieu, dit-il. Mais ça n’avait rien à voir avec aucun des dieux dont j’ai entendu parler.
Commenter  J’apprécie          00
Le professeur Melvin Brookman était assis sur une grande chaise au dossier de cuir dans l’antichambre du Bureau ovale. Il se faisait du souci. Dans cinq minutes, on l’introduirait pour parler au président des États-Unis. La patience du président était bien connue. Mais il n’était patient que jusqu’à un certain point. Et, peut-être, justement, Brennan avait-il dépassé ce point.
Qu’est-ce que je vais lui dire ? pensait-il anxieusement. Bon, je peux commencer avec le rapport de Stovin. Le président en a déjà une copie et j’ai l’autre. Mais qu’est-ce que c’est, au nom du Ciel, que ce rapport ? Des légendes, du folklore et des rêves esquimaux. Plus quelques trucs très controversés au sujet des volcans. Ces machins dont Lithman nous rebattait si souvent les oreilles. La seule chose un peu consistante est cet énorme bloc de glace à l’embouchure du Mackenzie. Ça, il l’a vu lui-même. Mais ce n’est même pas aux États-Unis. Et vu d’en haut, en plus. Un bloc de glace qui est peut-être très gros – disons d’une grosseur inhabituelle -, mais qui pourrait fort bien être un énorme iceberg échoué. Et Dieu sait tout ce que cela coûte ! Stovin loue des avions particuliers comme s’il était un prospecteur de pétrole texan. Alors qu’on nous menace de réduire les crédits scientifiques de dix pour cent cette année. Si jamais un journal antigouvernemental tombe là-dessus, nous sommes dans de beaux draps. C’est tout le système qui sera ébranlé !
Mais, bon Dieu, il se passe quelque chose de curieux ! Quelque chose que je sens. Et mon intuition ne me trompe jamais. Ce n’est pas tant ces cinq hivers rigoureux en six ans. Ni les médiocres récoltes. Ni la chute de la température de la mer et de l’atmosphère par rapport au modèle établi par les ordinateurs. Tout cela est déjà arrivé. Ce n’est pas nécessairement, ni même probablement, la fin du monde. À chaque génération, il y a toujours une demi-douzaine de chercheurs pour annoncer la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. Et trois fois plus de journalistes pour sauter à pieds joints sur l’occasion. Mais rien ne se passe – ou plutôt la civilisation meurt un petit peu chaque année et personne ne le remarque.
Pourtant, cette fois, il y a quelque chose de différent. Par exemple, ce qui s’est passé à Hays. Des chercheurs ont travaillé là-dessus et ils ont donné leur avis sous forme de modèle mathématique. Très ingénieux. Peut-être juste d’ailleurs. Mais pourquoi ce genre de chose arrive-t-il maintenant ? Et que dire de ces photographies de satellites ? Alors qu’on n’a rien entendu, pas un seul murmure du côté des Russes. Pas un seul…
Commenter  J’apprécie          10
– Serait-il possible que ce fût une arme ? demanda le président des États-Unis.
Au mur, derrière lui, était accrochée la bannière étoilée avec ses cinquante étoiles dorées. Il regardait, assis à son bureau de la Maison-Blanche, les visages des hommes et des femmes, au nombre de cinq, qui constituaient le Conseil national de la science. Une seule, parmi les personnes qui se trouvaient là en demi-cercle autour de la table ovale, n’en faisait pas partie. Ce conseil national de la science, pensa le président avec amusement, est l’une de mes créations. Au départ – il y avait maintenant trois ans de cela -, sa fondation n’avait été qu’une manoeuvre électorale pour rassurer les intellectuels américains. On établissait ainsi clairement que l’ordre des priorités serait le même, aux yeux du président, pour la science et pour la défense. Le Conseil national de la science avait exactement, en apparence tout au moins, la même importance que le Conseil national de la défense. Malheureusement, les scientifiques ne s’accordaient pas entre eux. Encore moins que les militaires. De plus, il était pratiquement impossible pour un profane de comprendre leurs disputes.
– Est-ce que cela peut être une arme ? demanda de nouveau le président. Ces clichés – il tapota une pile de photographies glacées qui se trouvaient sur son bureau – pris par ce satellite (Big Bird, n’est-ce pas ?) nous montrent ce qui s’est passé dans une région isolée de la Sibérie. Ce pourrait être un bon terrain pour quelque expérience nouvelle. Et voilà que, soudain, cela survient ici. Deux fois en Alaska et maintenant dans le Dakota. Auraient-ils réussi à déclencher quelque chose de ce côté ? Un moyen de provoquer des tempêtes de neige artificielles ? Palsambleu ! – c’était un juron inoffensif qu’il tenait d’Eisenhower – ce serait très, très ennuyeux.
Melvin Brookman, président du Conseil national de la science, remua sur sa chaise. Les politiciens, pensa-t-il, n’ont qu’une chose en tête, les armements…
– Je ne crois pas, dit-il fermement. Qu’en dis-tu, Sto ?
Le président dirigea ses yeux bleu clair vers « l’invité » qui était assis à l’un des bouts de la table, à gauche. C’était donc lui, Stovin, l’homme un peu rude. Celui contre qui un certain nombre de ses assistants l’avaient mis en garde en privé, un à un et confidentiellement cela va sans dire : bon, ce n’était plus un jeune homme, et cela parlait déjà en sa faveur. Le président était las des jeunes hommes dynamiques qui savent comment gouverner le monde et sont impatients de le montrer. Il regarda de nouveau Stovin. Il remarqua la bouche fine, l’impassibilité voulue du visage, les épaules étroites et le dos légèrement voûté. L’index droit de Stovin frappait doucement la paume de sa main gauche. Ce simple geste révélait une grande tension.
– Je suis entièrement de cet avis, dit tranquillement Stovin, ce n’est pas une arme.
Neuf hommes sur dix, pensa le président, auraient certainement sauté sur l’occasion pour dire ce que c’était à leur avis. Pas cet homme-là. Il faudrait lui poser la question.
– Alors, qu’est-ce que c’est ? demanda gentiment le président.
Stovin changea de position et, presque à regret, se mit à parler :
– Avez-vous lu, monsieur le président, le rapport de Melvin sur les « hautes pressions bloquées » ?
Il fit un petit signe en direction du président du Conseil national de la science qui se trouvait à trois sièges de lui.
– Oui, professeur Stovin, je l’ai lu.
– Et qu’en pensez-vous ?
– Il me semble, dit le président, que c’est moi qui vous ai posé la première question.
Pour la première fois, Stovin daigna sourire.
– Je vous demande cela, monsieur le président, simplement parce que je pense que le phénomène dont nous parlons… cette chose qui a tué dix-neuf personnes dans cette commune du Dakota… est une de ces tornades – à petite échelle – provoquées par le changement de sens du courant en anneau en haute altitude dont parle Mel Brookman. Un changement violent dans la structure de l’atmosphère, un refroidissement ponctuel… c’est quelque chose que nous n’avions jamais vu auparavant, bien que Peary ait déjà observé un phénomène qui ressemblait à cela, au pôle Nord.
– Informations douteuses, ne provenant pas d’un scientifique mais d’un explorateur, dit la femme qui se trouvait près de Stovin. Ce ne sont pas des preuves.
Discrètement, le président regarda le plan de table qu’il avait devant lui sur son bureau. Une nouvelle… c’est la première fois que je la vois… professeur Ruth Wakelin, biologiste attachée à la Marine à CalTech. Avec ces yeux et ces cheveux-là, elle a dû être très belle. Les trois autres sont l’agronome Donleavy, le botaniste Chavez de Berkeley et… Breitbarth – le président jeta de nouveau un coup d’œil à son plan – ah ! oui, l’anthropologue. Comme Wakelin, c’est la première fois qu’il assiste à nos réunions.
– Eh bien, si quelques-uns de nos proches se trouvaient dans les cercueils de Hays, dit doucement le président, nous penserions sûrement que c’est la preuve de quelque chose.
Commenter  J’apprécie          00
Le doigt bouge et écrit. Et ayant écrit
S’en va. Ni ta piété, ni ton intelligence
Ne peuvent le séduire pour supprimer
Ne serait-ce qu’une phrase.
Et les larmes jamais ne réussiront à effacer
Un seul mot de ce qui est écrit.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : fin du mondeVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (78) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4900 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}