Le philosophe J. Guitton dialogue avec les frères Bogdanoff, qui lui servent de caution scientifique. Les auteurs passent en revue des paradoxes et surprises que les sciences physiques et biologiques ont récemment fait apparaitre. Ils évoquent le Big Bang, l'apparition sur la Terre des molécules organiques, le caractère insaisissable de la matière (au niveau microscopique), les concepts si peu intuitifs de la mécanique quantique, etc... Sur ces sujets qui soulèvent des questions très difficiles, dont les scientifiques n'ont pas les réponses, il y a deux attitudes possibles. Ou bien on décrit la réalité physique telle qu'elle est, sans aucun souci métaphysique. Ou bien on cherche une compréhension intime (mais purement philosophique) du "pourquoi ?"
C'est évidemment dans cette seconde démarche que s'inscrit J. Guitton. Il examine avec sérieux les failles dans notre appréhension du réel, qui mettent en doute notre perception naïve et spontanée (mécaniste et matérialiste) de la Nature. Dans la foulée il cherche à rattacher toutes ces "failles" à un Principe immanent, qui serait tout à la fois créateur de l'Univers et présent actuellement en toute chose, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. le concept de "l'intelligent design", maintenant à la mode outre-Atlantique, est explicitement cité dans le livre. Ce Principe, selon J. Guitton, c'est Dieu - mais il ne se hasarde pas à en énumérer les attributs. A la fin du livre, J. Guitton résume sa pensée, par ces trois propositions: "L'esprit et la matière forment une seule et même réalité. le Créateur de cet univers matière/esprit est transcendant. La réalité en soi de cet univers n'est pas connaissable". le philosophe donne ainsi sa conception, on peut y adhérer ou simplement y réfléchir.
Ce livre paru en 1991, relativement court, se présente comme une suite de dialogues. Pour peu qu'on dispose d'un minimum de culture scientifique, on le lit assez facilement. Selon moi, cet ouvrage a le mérite de pointer avec exactitude diverses difficultés conceptuelles dans les sciences physiques et de méditer intelligemment sur leur interprétation. Toutefois, par le ton qu'il emploie et dans sa hâte à "tirer" les lecteurs vers sa conception de Dieu, il peut irriter certains d'entre eux.
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Avant le temps de Planck rien n'existe. ou plutôt: c'est le règne de la totalité intemporelle, de l'intégrité parfaite, de la symétrie absolue: seul le principe Originel est la, dans le néant, force illimitée, sans commencement ni fin. le créateur, conscient d'être celui qui est dans la totalité du néant va décider de créer un miroir à sa propre existence. La matière, l'univers: reflets de sa conscience, rupture définitive avec la belle harmonie du néant originel. Dieu vient, en quelque sorte, de créer une image de lui-même.
Jean Guitton
Ce qui pouvait se suffire à soi-même pour l'éternité décide suite à une intuition transcendée de se diluer dans sa corporéité en s'inondant de soi dans l'espace et le temps.
Je suis celui qui suis.
La singularité, le mur de Planck, la fusion infinitésimale associant sur un même visage l'ombre du tout non révélé métamorphosé en luminosité corporelle.
Le duplicata simultané et accompli de son non être associé à sa volonté de se réaliser par son déterminisme progressif dans l'infini de son univers.
Un miroir hors du temps entre le tout en un, la contemplation inertielle d'une perfection de soi à priori, immobile, absolue et spontanée et sa volonté de venir au monde en visitant séquentiellement l'intégralité de sa lucidité constituant les différentes modules de son histoire.
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Peut-être suis-je hermétique à la philosophie mais là, c'est vraiment fumeux.
Si vous voulez lire un bon livre de créationnistes, autant lire ceux de Denton.
http://www.babelio.com/livres/Denton-Levolution-a-t-elle-un-sens-/527376
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On peut même aller plus loin encore pour essayer de comprendre les physiciens lorsqu'ifs affirment que le tout et la partie sont une seule et même chose. Voici un exemple frappant : celui de l'hologramme. La plupart des gens qui ont vu une image holographique (laquelle s'obtient en projetant un faisceau laser à travers la plaque sur laquelle une scène à été photographiée) ont eu l'étrange impression de contempler un objet réel en trois dimensions. On peut se déplacer autour de la projection holographique et l'observer sous des angles différents, tout comme un objet réel. Ce n'est qu'en passant la main au travers de l'objet qu'on constate qu'if n'y a rien.
Or, si vous prenez un puissant microscope pour observer l'image holographique d'une goutte d'eau,par exemple, vous allez voir les micro-organisme qui se trouvaient dans la goutte originelle.
Ce n'est pas tout. L'image holographique possède une caractéristique encore plus curieuse. Admettons que je prenne une photo de la Tour Eiffel. Si je déchire le négatif de ma photo en deux et que je fais développer une des deux moitiés, je n'obtiendrai, bien sûr, qu'une moitié de l'image originelle de la tout Eiffel. Or tout change avec l'image holographique. Pour aussi étrange que cela puisse paraître, si on déchire un morceau de négatif holographique pour le mettre sous un projecteur laser, on n'obtiendra pas une « partie » de l'image, mais l'image entière. Même si je déchire le négatif une dizaine de fois pour n'en garder qu'une partie minuscule, celle-ci contiendra la totalité de l'image. Gela montre de façon spectaculaire qu'il n'existe pas de correspondance univoque entre les régions (ou parties) de la scène originale et les régions de la plaque holographique, comme c'était le cas pour le négatif d'une photo habituelle. La scène tout entière a été enregistrée partout sur la plaque holographique, de sorte que chacune des « parties » de la plaque en reflète la totalité. Pour David Bohm, l'hologramme présente une analogie frappante avec l'ordre global et indivisible de l'univers.
Un honnête homme armé de tout le savoir à notre portée aujourd'hui se devrait d'affirmer que l'origine de la vie paraît actuellement tenir du miracle, tant il y a de conditions à réunir pour la mettre en oeuvre.
Revenons à votre clef. La première chose dont nous sommes désormais certains, c'est que cette clé est faite de vide. Un exemple va nous permettre de mieux comprendre que l'univers entier est essentiellement composé de vide. Imaginons que notre clé grandisse, jusqu'à atteindre la taille de la Terre. A cette échelle, les atomes qui composent la clé géante auraient à peine la taille de cerises.
Mais voici quelque chose d'encore plus étonnant. Supposons que nous prenions dans la main l'un de ces atomes de la taille d'une cerise. Nous aurions beau l'examiner, même à l'aide d'un microscope, il nous serait absolument impossible d'observer le noyau, bien trop petit à une telle échelle. En fait, pour voir quelque chose, il va falloir à nouveau changer d'échelle. La cerise représentant un atome va donc grandir à nouveau pour devenir un énorme globe haut de deux cents mètres. Malgré cette taille impressionnante, le noyau de notre atome ne sera pourtant pas plus gros qu'un minuscule grain de poussière. C'est cela, le vide de l'atome.
affirmer qu'il existe, telles des images dans un miroir, une myriade d'autres mondes parallèles au nôtre, c'est supposer que non seulement tout ce qui est possible, mais également tout ce qui est imaginable, advient réellement.
(J. Guitton)
Au fond, rien de ce que nous pouvons percevoir n'est vraiment « réel », au sens que nous donnons habituellement à ce mot. D'une certaine manière, nous sommes plongés au cœur d'une illusion, qui déploie autour de nous un cortège d'apparences, de leurres que nous identifions à la réalité. Tout ce que nous croyons sur l'espace et sur le temps, tout ce que nous imaginons à propos de la localité des objets et de la causalité des événements, ce que nous pouvons penser du caractère séparable des choses existant dans l'univers, tout cela n'est qu'une immense et perpétuelle hallucination qui recouvre la réalité d'un voile opaque.
Jean Guitton et les
papesJean GUITTON compare les qualités respectives des
papes Jean XXIII et Paul VI.