The Leftovers parle de notre époque. C'est même la raison pour laquelle cette série nous touche autant. Nous n'avons pas connu le Sudden Departure et la perte de 2% de la population, mais, pour autant, nous vivons dans l'état suspendu de ces "citoyens résiduels", entre l'attente d'un miracle qui ne vient pas et la résignation à une quotidienneté qui ne nous convient pas. Nous n'avons pas connu le Sudden Departure, mais nous sommes à deux doigts de nous transformer en Guilty Remnants.
Les œuvres anamorphiques comme Hamlet, Twin Peaks ou The Leftovers sont des fictions-vortex, des textes-maelström, qui tourbillonnent autour d'incomplétudes manifestes, toujours en attente d'être comblées par nos relectures et réinterprétations.
(Sarah Hatchuel)
Appartenir aux Guilty Remnants compense le caractère angoissant de la quotidienneté par la puissance du sacrifice et de l'ascèse. C'est de ça dont parle The Leftovers, en profondeur : la vie est insupportable sans orientation ; elle est invivable sans grande vision.
Nous n'avons plus le temps de nous divertir, et nous n'avons certainement jamais eu le temps de nous cultiver. Nous avons besoin de vivre. Une fiction qui ne se conclut pas par "ta vie" n'a strictement aucun sens. Une fiction qui n'a pas métamorphosé notre vie n'a aucune valeur. Pour nous, la vie ne continuera pas comme avant. Il s'est passé quelque chose de terrible, une Genèse, une Apocalypse, et pas de doute : c'était pour nous, cette fois.
Pacôme Thiellement - Infernet. Internet et moi : une confession