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Marie Hooghe (Traducteur)
EAN : 9782213613529
169 pages
Fayard (15/01/2003)
4/5   6 notes
Résumé :
Au début des années 1970, un petit garçon est élevé par ses grands-parents dans un village de Flandre où les vieilles rancunes sont tenaces, la guerre mal digérée.
La grand-mère du garçon partage son temps entre son métier de couturière et sa passion pour les morts : derrière les vitres de l'armoire du salon, elle range et époussette sa galerie de photos des défunts de la famille. Parmi cette collection, le portrait de Marcel, décédé quelques dizaines d'année... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On sait tous que la réaction devant des événements exceptionnels peut être très différente d'un homme à l'autre, d'un pays à l'autre. Il y a toujours ceux qui se taisent, collaborent et ceux qui dénoncent, se battent.
Je vous propose un roman qui pourrait porter en sous-titre : Quand on choisit le silence...........

La Flandre, un pays qui dans les années 70 vit encore sous le poids d'une histoire que beaucoup voudraient oublier.
Une ville flamande comme les autres, une maison qui « ressemblait à toutes les autres de la rue : plus très d'aplomb après deux siècles d'occupations, de tempêtes et de guerres ».
Une famille flamande presque comme les autres.

Le narrateur vit chez sa grand-mère, une maîtresse femme qui « a rarement tord », elle connaît tout le monde dans la ville, Andréa, elle occupe toute la place dans ce roman.
La vie s'écoule doucement « personne ne se déplaçait librement dans la maison. Chacun suivait le chemin de son habitude »

Dans une petite ville les langues vont bon train, quand Mademoiselle Veegaete, l'institutrice, vient pour renouveler sa garde robe, c'est l'effervescence car c'est une cliente privilégiée, on sort le service à liséré d'or, les magazines de mode. Ces jours là le narrateur voudrait « être une petite souris qui voit tout et n'oublie rien ».

Parfois on fait des visites « la grand-mère nous avait empaquetés, le grand-père et moi comme une cargaison vivante », l'occasion de découvrir de nouvelles photos : « Une multitude de visages d'hommes (...) Au dessus des têtes, une houle de bras levés »
Ce jour là le narrateur découvre qu'il ressemble à Marcel.

Le même Marcel qui trône dans la vitrine où la grand-mère aligne les photos de tous les morts de la famille. « Dans leurs cadres chic, pareils à de précieux carrosses ils paraissaient faire la queue à la douane ».
Une kyrielle de tantes, d'oncles, tous disparus. Chaque photo raconte une histoire. Andréa époussette les cadres avec soin, elle va entretenir leurs tombes au cimetière. Elle raconte sans se lasser l'histoire de chacun. Sauf pour Marcel, parce que,Marcel, si il y a bien sa photo dans la vitrine, il n'y a aucune tombe à fleurir au cimetière et personne ne connaît la date de sa mort.
L'enfant aime le grenier et tout ce qu'il y trouve, c'est sa curiosité qui va déclencher la tempête, quand pour un travail scolaire il se sert d'une lettre ornée d'un aigle magnifique...

Un roman court, sobre et habile pour restituer cette part de l'histoire longtemps cachée. le monde de l'enfance est décrit avec virtuosité et est empreint de trendresse mais le passé que l'auteur explore à travers ce récit est plein de culpabilité et de honte.
Voici ce que dit l'auteur dans une interview :
« Marcel était pour moi l'occasion de m'exprimer en tant qu'arrière-petit-neveu d'un collaborateur mort en Russie, sur le front de l'Est. Âgés de vingt ans, mes grands-parents ont sympathisé avec les Allemands. Ce passé a marqué mon enfance, même si je suis né vingt ans après la fin de la guerre.» © La Libre Belgique 2003

La langue est superbe et la traduction a value à Marie Hooghe un prix bien mérité.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Marcel c'est le récit d'un secret de famille vu par des yeux d'enfants .
Marcel c'est le jeune frère de la grand - mère du narrateur , dont on parle peu , sa photo trône avec les autres photos des morts de la famille , photos dans des cadres dont la grand mère prend grand soin .
Marcel a choisi le mauvais camp pendant la guerre , il a fait la guerre au côté des allemands , par idéalisme , par fidélité à ses idées , il rêvait de combattre le communisme mais surtout il rêvait d'une Flandres puissante .
L'auteur ne prend pas parti , il se positionne en tant qu'enfant qui écoute , interprète , ne comprend pas tout , il va fouiller dans le grenier de ses grands parents , découvrir des objets , des livres , des lettres appartenant à Marcel , Marcel qui n'est pas revenu du front de l'est , Marcel à qui il ressemble .
L'enfant tend l'oreille , il comprend confusément qu'il s'agit d'un secret .
Ce livre est un pan de l'histoire de la Flandres , il n'explique pas mais est tout en nuances .
En temps de guerre , il est parfois difficile de rester fidèle à ses idées .
C'est une très belle lecture .
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Il y a dans Marcel de l'écrivain belge Erwin Mortier, qui écrit en néerlandais bien qu'il parle et écrive le français — ce qui lui a permis d'apprécier la traduction qu'a faite Marie Hooghe de son roman et pour laquelle elle a obtenu le prix Amédée Pichot —, quelque chose du Chagrin des Belges d'Hugo Claus. Probablement parce qu'y est traité le déchirement des personnages avec pour tout témoin un enfant qui ne comprend pas.

Comment, en effet, pourrait-il comprendre ces sentiments qui ne sont pas les siens, l'attachement de sa grand-mère à ses morts, cette guerre dont son oncle Marcel n'est jamais revenu et sur lequel semble porter le poids d'un lourd secret?

Dans ce village de Flandre où il est élevé par ses grands-parents, alors que le spectre de la dernière guerre plane encore alors que nous sommes au début des années 70, le jeune garçon écoute, regarde, retient. Il finira bien par dénouer les fils entourant le choix de Marcel et à lui seul, par un geste symbolique, fermera la parenthèse, ce que nul ne semble être en mesure de faire. Parce qu'il faut un coeur d'enfant pour le faire.

Un très beau roman d'atmosphère que celui d'Erwin Mortier, avec lequel vous pouvez faire connaissance en visitant ses pages, si vous lisez le néerlandais.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand tous les portraits avaient été époussetés , la grand - mère repliait les ailes de verre de son armoire . Elle avait de nouveau tout ravivé , ordonné et ratissé . Empilé preuve par preuve , pour et contre la mort , sa rivale mais aussi sa plus fidèle alliée . La Faucheuse lui enlevait ses proches puis les lui rendait , figés dans des attitudes qui ne se révoltaient jamais contre sa loque à poussières .
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C'était un dimanche de fin mai . La grand- mère nous avait empaqueté , le grand - père et moi , comme une cargaison vivante . Elle avait encore astiqué mes chaussures en vernis noir , alors que ma mère l'avait déjà fait . L'odeur sucrée du cirage montait en volutes le long de mes jambes . La chemise du grand - père était tellement amidonnée qu'elle craquait , comme si elle allait éclater , dès qu'il bougeait les bras .
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Personne ne se déplaçait librement dans la maison. Chacun suivait le chemin de son habitude
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Marcel était pour moi l'occasion de m'exprimer en tant qu'arrière-petit-neveu d'un collaborateur mort en Russie, sur le front de l'Est. Âgés de vingt ans, mes grands-parents ont sympathisé avec les Allemands. Ce passé a marqué mon enfance, même si je suis né vingt ans après la fin de la guerre
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la grand-mère nous avait empaquetés, le grand-père et moi comme une cargaison vivante
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Video de Erwin Mortier (1) Voir plusAjouter une vidéo

Erwin Mortier : Marcel
A l'occasion du Salon du Livre de Paris, dont les invités d'honneur sont la Flandre et les Pays-Bas, l'émission est réalisée en Belgique. Depuis le musée Docteur Guislain, à GAND, Olivier BARROT présente le livre de Erwin MORTIER "Marcel", édité par Fayard. Un roman traduit du néerlandais par Marie HOOGHE.Interview de Erwin MORTIER (en néerlandais, traduction sous-titrée) par Olivier...
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