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Jacques Mailhos (Traducteur)Henri Peretz (Éditeur scientifique)
EAN : 9782707133700
360 pages
La Découverte (10/04/2002)
3.68/5   14 notes
Résumé :
S'appuyant sur une longue expérience de chercheur et d'enseignant, Becker propose dans ce livre des façons de penser la réalité sociale pour la saisir et l'étudier. Loin d'enfermer le lecteur dans un moule, Becker montre à travers des cas précis comment réfléchir aux diverses étapes de la recherche en évaluant les conséquences des choix que nous faisons. Quelle représentation d'un phénomène social avons nous empruntée ? Comment concilier l'étude d'un cas particulier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je pensais que cet ouvrage allait être agréable à lire et surtout qu'il allait m'apprendre tout un tas de choses sur une certaine réflexivité méthodologique en sciences sociales, mais il n'en fut rien.
Moi qui d'habitude adore la plume de Becker, là, j'ai été grandement déçue car l'ouvrage est tout simplement illisible. Trop de longueur...
Il est rare que j'abandonne un livre mais là je l'ai refermé sans l'avoir fini et ce n'est pas faut d'avoir essayé plusieurs fois.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Considérez que ce que vous étudiez n'est pas le résultat de causes, mais le résultat d'une histoire, d'un récit, de quelque chose comme "d'abord ceci s'est produit, puis cela, puis cela encore, et c'est comme ça qu'on en est arrivé là". Cette approche nous fait comprendre l'apparition d'un phénomène en nous montrant les étapes du PROCESSUS qui l'ont engendré, plutôt qu'en nous montrant les conditions qui en ont rendu l'apparition nécessaire.
Mais on ne cherche pas à élaborer des histoires spécifiques du genre de celles que les romanciers et les historiens élaborent. On ne s'intéresse pas aux spécificités qui distingueraient notre histoire de toutes les autres. On cherche au contraire à élaborer des histoires typiques, des histoires qui fonctionnent à peu près de la même manière à chaque fois qu'elles se produisent. On ne cherche pas les effets invariants des causes, mais des histoires où toutes les étapes répondent à une logique, une logique qui peut parfois se révéler aussi implacable que la logique des causes. De ce point de vue, les événements ne sont causés par rien d'autre que l'histoire qui les a conduits à être ce qu'ils sont.
[...] Il ne s'agit pas ici d'une simple question de vocabulaire qui consisterait à substituer le terme de "processus" à celui de "cause". Cette approche implique véritablement une méthode de travail différente. Vous voulez comprendre comment un couple se sépare? Ne cherchez pas [...] les facteurs qui [...] différencient les couples qui se séparent de ceux qui restent ensemble. Intéressez-vous plutôt, comme Dianne Vaughan à l'histoire de la rupture, à toutes les étapes de ce processus, à la manière dont ces étapes sont liées entre elles, à la manière dont chacune crée les conditions propices ou nécessaires à la suivante - bref, essayez de fournir "la description en termes conceptuels des processus au cours desquels les événements se produisent". L'explication de la rupture réside en ce que le couple est passé par toutes ces étapes, non en ce que ses deux membres étaient tel ou tel type de personnes.
[...] On constate de manière empirique que des gens de toutes sortes passent par toutes ces étapes et qu'il ne semble pas exister de type particulier de personne susceptible de le faire, ni de situation spécifique qui pousserait les participants à le faire. [...] Ce processus [de séparation] est le même, que le couple soit marié ou non, hétéro ou homo, de classe populaire ou de classe moyenne [...].
Les histoires de processus n'ont pas de but prédéterminé. Elles peuvent avoir plusieurs fins possibles [...], dont certaines ne produisent pas le phénomène que nous voulions expliquer. Le couple, par exemple, peut finalement ne pas se séparer. A mesure que l'histoire se déroule, vous voyez apparaître tel ou tel facteur contextuel ou tel ou tel ensemble de circonstances qui rendent probable que l'histoire continuera à se dérouler sur un mode qui mène à la rupture. Mais cette issue n'est pas certaine. La seule chose certaine, c'est que les histoires qui aboutissent à une rupture empruntent toutes ce chemin. (p. 109-111)
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Ne demandez pas "Pourquoi?" ; demandez "Comment?"
[...] En interviewant les gens, je me suis rendu compte que je déclenchais systématiquement chez eux une réaction de défense lorsque je leur demandais pourquoi ils faisaient telle ou telle chose. Quand je demandais à une personne pourquoi elle avait fait telle chose [...], elle avait l'impression que je lui demandais de se justifier, de trouver une raison vraiment valable pour expliquer l'action en question. Mes "Pourquoi?" recevaient systématiquement des réponses brèves, défensives et pugnaces [...].
A l'inverse, quand je leur demandais comment telle chose s'était produite [...], les personnes interrogées répondaient longuement, me racontaient des histoires pleines de détails intéressants, faisaient des récits qui mentionnaient non seulement les raisons pour lesquelles elles avaient fait telle ou telle chose, mais également les actions d'autres personnes ayant contribué au résultat auquel je m'intéressais [...].
[...] Mes "Comment?" donnaient plus de marge aux personnes interrogées ; [...] ils leur permettaient de répondre exactement comme elles voulaient [...]. Ils n'appelaient aucune "bonne réponse", n'avaient pas l'air de chercher à trouver le coupable de telle ou telle mauvaise action ou de tel ou tel résultat regrettable. Ils ne trahissaient qu'une sorte d'intérêt distant : "Tiens! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé en route pour que tu arrives si tard au travail?". Mes "Comment?" ne "téléphonaient" pas le type de réponse attendu (dans le cas du "Pourquoi?", une raison justifiée par une intention). En conséquence de quoi ils invitaient les gens à inclure dans leur réponse ce qu'ils estimaient être important pour l'histoire, que j'y eusse pensé de mon côté ou non. (p. 105-107)
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Il n'y a fondamentalement rien de mauvais dans les schémas de base de la pensée sociologique. Le problème, c'est que les sociologues ne les utilisent pas lorsqu'ils le devraient. Ils se créent leurs plus gros problèmes, et font leurs plus grosses erreurs, lorsqu'ils oublient la manière dont ils sont censés faire les choses. Et ils l'oublient parce qu'un engagement politique ou une inclination de tempérament les pousse à considérer le problème de manière étroite et à oublier toute l'étendue des possibilités que leurs théories fondamentales pourraient leur montrer s'ils y étaient attentifs [...].
[...] Exemple : les théories de la déviance. La soi-disant révolution de la "théorie de l'étiquetage" n'aurait jamais dû être nécessaire. Ce n'était ni une révolution intellectuelle, ni une révolution scientifique [...]. Aucun paradigme fondamental de la sociologie ne fut renversé. La "définition de la situation" [...] exige, par exemple, que nous comprenions la manière dont les acteurs voient la situation dans laquelle ils sont impliqués, et que nous découvrions comment ils définissent eux-mêmes ce qui est en train de se passer, afin de comprendre ce qui entre en jeu dans la production de leurs activités. Si les criminologues et les autres professionnels qui ont étudié ce qui allait plus tard recevoir le nom de "déviance" avaient fait cela, ils se seraient régulièrement enquis du point de vue des criminels, au de lieu de présupposer que les criminels ont des troubles de la personnalité ou qu'ils sont issus de milieux pathogènes. Ils auraient alors compris qu'il fallait qu'ils s'interrogent sur le mode d'action des forces de l'ordre au lieu de le considérer comme allant de soi.
La théorie de l'étiquetage n'a pas été une révolution, mais bien plutôt une contre-révolution, un retour conservateur à un courant de la pensée sociologique de base qui, d'une manière ou d'une autre, s'était perdu dans la pratique de cette discipline. (p. 73-76)
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Un des plus grands obstacles à la production de descriptions et d'analyses correctes des phénomènes sociaux découle du fait que nous pensons connaître par avance la plupart des réponses. Nous considérons beaucoup de choses comme allant de soi parce que nous sommes nous aussi, après tout, des membres adultes et compétents de notre société, et que nous savons ce que tout adulte compétent sait. Nous avons, comme on dit, du "sens commun". Nous savons par exemple que les écoles servent à éduquer les enfants et que les hôpitaux servent à soigner les malades. "Tout le monde" sait ça. On ne remet pas en question ce que tout le monde sait ; ce serait stupide. Mais comme notre objet d'étude est précisément ce que tout le monde sait, nous devons le remettre en question, ou tout au moins suspendre tout jugement à son sujet, et aller voir par nous-mêmes ce que font les écoles et les hôpitaux, plutôt que d'accepter d'emblée les réponses conventionnelles. (p. 142)
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Lorsqu'il interviewait les membres d'une organisation, [Everett Hughes] leur demandait, avec son air du Midwest le plus innocent : "Vous trouvez que les choses sont mieux ou moins bien qu'avant par ici?" C'est une question géniale : presque tout le monde a quelque chose à y répondre, elle fait sortir les problèmes saillants de l'organisation et elle ne préjuge de rien - ni des choses qui pourraient être mieux ou moins bien qu'avant, ni de ce que l'on entend exactement par mieux ou moins bien. (p. 155)
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Vidéo de Howard S. Becker
Conférence Les mondes de l'art de Howard Becker par Jean-Louis Fabiani En France ce que Wolfgang Lepenies appelle la troisième culture ces sciences sociales coincées entre le littéraire et le scientifique est paradoxalement assez peu reconnue la culture générale semble en effet trop souvent pouvoir s'en dispenser C'est un paradoxe dans la mesure où la France est avec Comte Tocqueville et Durkheim notamment l'un des berceaux de ce pan considérable de la pensée Sise entre les rues Emile Durkheim et Raymond Aron la Bibliothèque Nationale de France a décidé de lancer un cycle dédié aux grands livres qui dessinent une bibliothèque idéale des sciences sociales Il s'agit d'inviter à lire et relire quelques-uns de ces grands ouvrages en compagnie d'un chercheur contemporain manière de replacer ces livres dans l'histoire des idées mais aussi et surtout de souligner leur pertinence contemporaine les usages qui peuvent en être faits Cycle proposé par Sylvain Bourmeau Par Jean-Louis Fabiani sociologue directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
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