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Serge Paugam (Préfacier, etc.)
EAN : 9782130563297
416 pages
Presses Universitaires de France (05/10/2007)
3.85/5   13 notes
Résumé :

Soutenue en 1893, la thèse de Durkheim constitue la " pierre angulaire " de ce nouvel édifice qu'est la sociologie. Pour Serge Paugam, auteur d'une introduction inédite, elle appartient au patrimoine conceptuel des sciences sociales. " Durkheim aborde, à travers les métamorphoses de la notion de solidarité, la question du lien social. Il offre ainsi un cadre analytique pour analyser à la fois le processus de différe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le thème de l'ouvrage est l'évolution des sociétés en fonction d'un ensemble de règles de solidarité qui lui donne sa cohésion. L'ouvrage a trois parties : La fonction de la division du travail ; Les causes et les conditions ; et Les formes anormales. La morale n'est pas nommée dans le titre et les sous-titres mais elle est partout : le mot est cité au moins une fois dans 132 pages d'un ouvrage qui en compte 353. Cet ensemble de règles qui maintient la société, c'est en effet la morale, et la morale évolue avec la société comme le montre l'évolution du droit depuis l'invention de l'écriture. La solidarité sociale est un phénomène tout moral qui, par lui-même, ne se prête pas à l'observation exacte ni surtout à la mesure […] il faut donc substituer au fait interne qui nous échappe un fait extérieur qui le symbolise et étudier le premier à travers le second. Ce symbole visible, c'est le droit (p 68). Et de fait Durkheim crée une anthropologie juridique où il renverse la finalité du droit : Un acte est criminel quand il offense les états forts et définis de la conscience collective. […] Il ne faut pas dire qu'un acte froisse la conscience commune parce qu'il est criminel, mais qu'il est criminel parce qu'il froisse la conscience commune. Nous ne le réprouvons pas parce qu'il est un crime, mais il est un crime parce que nous le réprouvons (p 82). La morale n'est autre chose que la conscience collective du groupe dont nous faisons partie […] Il est impossible que les offenses aux sentiments collectifs les plus fondamentaux soient tolérées sans que la société se désintègre ; mais il faut qu'elles soient combattues à l'aide de cette réaction particulièrement énergique qui est attachée aux règles morales (Livres II et III, p 136).
Les deux formes consécutives de la solidarité sont la solidarité mécanique (Ce mot ne signifie pas qu'elle soit produite par des moyens mécaniques et artificiellement. Nous ne la nommons ainsi que par analogie avec la cohésion qui unit entre eux les éléments des corps bruts, par opposition à celle qui fait l'unité des corps vivants, p 122), et la solidarité organique. La première est celle des peuples primitifs, où la société est indifférenciée, ses membres ayant tous les mêmes fonctions. La seconde régit les sociétés depuis le néolithique, et la révolution industrielle l'a rendue massivement plus complexe. Dans la solidarité organique, la spécialisation est non seulement la règle mais la condition même de la vie sociale, de même que l'ensemble des organes est nécessaire à la survie d'un organisme. Durkheim souligne que la solidarité organique permet le développement de la personnalité individuelle : Il en est tout autrement de la solidarité que produit la division du travail. Tandis que la précédente implique que les individus se ressemblent, celle-ci suppose qu'ils diffèrent les uns des autres. La première n'est possible que dans la mesure où la personnalité individuelle est absorbée dans la personnalité collective ; la seconde n'est possible que si chacun a une sphère d'action qui lui est propre, par conséquent une personnalité (p 122). Les règles à sanction répressive, grosso modo le droit pénal, protègent la solidarité mécanique ; les règles à fonction restitutive, grosso modo le droit civil, les complètent dans la solidarité organique.
Ces règles doivent continuer à évoluer : une crise économique, un coup de bourse, une faillite même peuvent désorganiser beaucoup plus gravement le corps social qu'un homicide isolé […] un acte peut être désastreux pour une société sans encourir la moindre répression (p 75). Cette évolution de la morale et du droit est très lente, et cette lenteur est facteur de désordre, de dérégulation, d'anomie : Nous ne souffrons pas parce que nous ne savons plus sur quelle notion théorique appuyer la morale que nous pratiquions jusqu'ici ; mais parce que, dans certaines de ses parties, cette morale est irrémédiablement ébranlée, et que celle qui nous est nécessaire est seulement en train de se former. Notre anxiété ne vient pas de ce que la critique des savants a ruiné l'explication traditionnelle qu'on nous donnait de nos devoirs et, par conséquent, ce n'est pas un nouveau système philosophique qui pourra jamais la dissiper ; mais c'est que, certains de ces devoirs n'étant plus fondés dans la réalité des choses, il en est résulté un relâchement qui ne pourra prendre fin qu'à mesure qu'une discipline nouvelle s'établira et se consolidera. En un mot, notre premier devoir actuellement est de nous faire une morale (livres II et III, p 144-5).
Ce texte fondateur de la sociologie Française est l'oeuvre d'un théoricien qui revendique son statut scientifique : Ce livre est avant tout un effort pour traiter les faits de la vie morale d'après la méthode des sciences positives (p 41). Nous devons prendre sur nous de n'admettre aucune explication qui ne repose sur des preuves authentiques (p 45). Pourtant il n'utilise pas d'enquête et se contente de citer quelques sources anthropologiques et les divagations craniométriques de l'époque (p 64-5). Mais il est articulé puissamment, en quoi il diffère de la sociologie de Georg Simmel. Il donne ses définitions et ses méthodes et soigne sa construction et sa pédagogie. C'est un grand livre.
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Nous ne souffrons pas parce que nous ne savons plus sur quelle notion théorique appuyer la morale que nous pratiquions jusqu'ici ; mais parce que, dans certaines de ses parties, cette morale est irrémédiablement ébranlée, et que celle qui nous est nécessaire est seulement en train de se former. Notre anxiété ne vient pas de ce que la critique des savants a ruiné l'explication traditionnelle qu'on nous donnait de nos devoirs et, par conséquent, ce n'est pas un nouveau système philosophique qui pourra jamais la dissiper ; mais c'est que, certains de ces devoirs n'étant plus fondés dans la réalité des choses, il en est résulté un relâchement qui ne pourra prendre fin qu'à mesure qu'une discipline nouvelle s'établira et se consolidera. En un mot, notre premier devoir actuellement est de nous faire une morale.
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Nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif. Si nous séparons avec soin les problèmes théoriques des problèmes pratiques, ce n’est pas pour négliger ces derniers : c’est au contraire pour nous mettre en état de les mieux résoudre.
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La science n'est autre chose que la conscience portée à son plus haut point de clarté
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Être une personne, c'est être une source autonome d'action
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Il ne faut pas dire qu'un acte froisse la conscience commune parce qu'il est criminel, mais qu'il est criminel parce qu'il froisse la conscience commune.
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