Frédéric Jaccaud nous avait déjà montré avec « Les dystopies du numérique » qu'il n'était pas seulement un remarquable romancier mais qu'il pouvait produire des essais incontournables.
Cette fois-ci il s'attaque à un sujet un peu plus ludique, celui des monstres fantastiques au cinéma ( mais pas seulement)
Il va nous retracer l'histoire de l'image du monstre de puis le cinéma muet jusqu'aux années actuelles en s'attardant bien entendu sur l'époque Universal qui fit les nuits agitées de pas mal de boomers qui les ingurgitaient avec avidité lors du « Cinéma de Minuit » cher aux nostalgiques.
C'est peu de dire que ce livre est un enchantement qui réveillera les cauchemars délicieux des lecteurs. Les ombres de Lon Chaney, Boris Karloff ou James Whale reviendront hanter vos nuits au détour des pages de
Frédéric Jaccaud qui se garde cependant de nous abrutir d'érudition.
Il nous narre aussi l'histoire de quelques films et éclaire de cette façon mieux encore la mentalité des contemporains de l'oeuvre( le focus sur le « Nosferatu » de Murnau en surprendra plus d'un -J'avoue avoir ignoré longtemps le sort de ce film maudit il m'a donné très envie de la revoir.
D'autres films don par exemple l'inattendu « La Cible » de
Peter Bogdanovitch bénéficient de ce traitement ; On trouvera des focus également sur des comics et sur une oeuvre d'art qui éclaire encore mieux le propos de l'auteur.
Car le propos de celui-ci ne s'arrête pas à l'époque d'Universal . Il va suivre l'évolution de l'image du Monstre dans les décades suivantes depuis sa décadence comique comme dans la série des Abbott et Costello jusqu'à la renaissance de Hammer et l'apparition des nouveaux monstres de « Orange Mécanique » de
Stanley Kubrick et la transformation des anciennes figures avec le « Dracula » de Francis Ford Coppola.
Enfin
Frédéric Jaccaud nous invite à une vrai réflexion sur l'image du monstre tel qu''elle a été véhiculée jusqu'ici . Et on découvre qu'elle en dit autant sinon plus sur l'évolution et l'état de nos sociétés que bien des discours et études universitaires.
En résumé un livre éclairant et passionnant à ranger dans vôtre bibliothèque.
Et puis il y a l'iconographie. Rien que pour elle, ce livre est nécessaire. Ces reproductions d'affiche nous font revivre un temps ou le choix d'une séance s'effectuait à la simple vision de ces oeuvre ou l'on pouvait avoir l'impression que les crocs de Chistopher Lee allaient sortir du bout de papier pour se jeter à nôtre gorge. Un grand merci à la Maison de l'Ailleurs pour ces images et un énorme bravo pour le choix. On tiendra là un ouvrage de référence accessible à tous.