Ecrit pa run écrivain fou et lu par un lecteur pas (encore) fou, ce livre est incompréhensible.Devrait être fourni avec un mode d'emploi.
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Grâce à leur blanc fumier au parfum de santal, aux victimes qu’ils laissent intactes et dont ils ne dévorent que la langue, à leurs sifflements perçants qui brisent les roches, à leurs plumes noires à bout blanc plantées dans les fissures, formant comme des arabesques, comme une écriture, nous savons qu’ils existent… Et soudain, toujours lors d’une de ces nuits les plus noires, sur un pinacle abrupt, nous voyons, dressé, féroce et impassible, un Condor qui prend feu… Ses flammes produisent un éclat si vif que tous les autres animaux, croyant enfin venue l’aube tant attendue, s’éveillent. Les fleurs de la Sierra s’ouvrent avec véhémence, les insectes, dégourdis, proclament la nouvelle chaleur, des cascades de bourdonnements, des battements d’élytres parent cette aubade, triste, car le Condor brûle. Sa matière est si dense, si ancienne, que les flammes mettent quarante jours à la dévorer. Lui, fier, vit jusqu’au dernier instant. Quand il n’est plus qu’un squelette carbonisé, il accompagne la dernière flamme d’un long sifflement grave, sombre, qui nous arrache l’âme, puis il tombe mort. Un Condor de moins, une solitude en plus…
« Je veux être tout pour vous. Je veux être le pain et le lait, le toit qui vous protège et l’air que vous respirez. Je veux être votre berceau, votre lit et votre cercueil. Je veux être la table et l’armoire. Je veux être le désir et l’objet de vos désirs. Je veux être le cœur, l’amour, l’amant et l’aimé. »
« Là où il n’y a pas opposition, il ne peut y avoir connaissance. Il est hautement improbable que le poisson ait conscience de l’eau avant qu’on ne le sorte de cette dernière. Comment une statue de sel pourrait-elle s’immerger dans la mer afin de connaître sa profondeur ? Tout ce qui est nécessaire est possible. Toute soif crée son eau. Aujourd’hui, plus que jamais, je vous promets un voyage vers l’impossible. »
Saluez le buste héroïque et orgueilleux de notre Général et regardez-moi à côté de lui, comparez… Pourtant, tout comme vous, j’étais nourrie d’illusions… J’ai été sa première femme. Ensemble, nous avons construit ce pays. Je l’ai aidé à bâtir ce chemin. Que d’espoir, que d’énergie ! Il n’était encore qu’un tronçon, limité, de terre fertile et parfumée. Nous l’avons nourri avec de l’asphalte, nous l’avons caressé, nous en avons lissé la surface, comme nous l’aurions entrepris pour le plus cher de nos fils. Nous y avons fait l’amour afin que nos orgasmes le comblent d’énergie. Et nous avons cru que ce bonheur n’aurait pas de fin.
Les choses existent lorsque nous y croyons… La foi est une arme à double tranchant ; elle peut parfois engendrer des monstres. Aussi devons-nous ignorer par tous les moyens ce phénomène subversif qu’on appelle Nature. Définitivement, nous ne croyons pas en ces explosions muettes ! Elles n’existent pas ! Nous ferons en sorte que cet accident, comme tous les autres – y en a-t-il eu d’autres ? –, s’efface de nos mémoires.