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EAN : 9782070726301
176 pages
Gallimard (22/04/1992)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Quatrième de couverture

Yachar Kemal et Alain Bosquet se sont rencontrés au sommaire d'une revue américaine, dès 1957. Depuis la publication en France de Mèmed le Mince, ils entretiennent une amitié vive et véhémente. De leurs rencontres et de leurs pugilats est née, en 1984, l'idée d'un dialogue plus exhaustif. Comme ils ne parlent pas la même langue, ils se sont écrit longuement. Ces entretiens se sont terminés en 1989 : il a fallu les revoir, les r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un volume d'entretiens relu en avril 2019,...que l'on m'a offert en 1992,
période où je lisais avec une passion totale cet écrivain turc !...
Un immense écrivain-conteur, journaliste ( aux mille petits métiers),
au parcours engagé , rempli d'épreuves, tumultueux, nous est
restitué à travers les questions détaillées, précises de son grand ami,
Alain Bosquet....

Un ouvrage précieux car il rend un double hommage et pas des moindres:
Hommage à l'Amitié entre deux écrivains, chacun aux confins d'un monde si différent ! : Alain Bosquet, franco-russe, et Yachar Kemal, "barde" oriental !!...qui nous parle de leurs univers littéraire et géographique"...spécifiques, à chacun !

Un amour de la vie et de la nature, développé à l'extrême chez Yachar Kemal, en dépit de son pays, La Turquie, où la violence est et... reste très présente ...sans omettre ses curiosités insatiables pour les coutumes, le talent des bardes , les spécificités de sa terre natale, de sa double langue (Kurde et turque...), ses engagements politiques et humanistes...,sa volonté d'un monde plus juste, plus humain où la pauvreté, l'exploitation de l'homme par l'homme seraient endigués, refreinés... dans toutes les mesures possibles !

"Mon rêve était de devenir un homme de science, de me consacrer à la recherche sur les cultures d'Orient, le folklore, l'ethnographie. Pour y parvenir, j'avais décidé de réussir mes études au lycée et à l'université, et d'apprendre une langue occidentale. Je m'y suis employé, ce qui ne m'a pas empêché d'atterrir sur les champs de coton de Cukurova, en fin de course.
A partir de ce moment, je n'eus qu'une seule idée fixe: écrire un peu mieux, chaque fois. Il n'est pas exagéré de dire que, tout ce temps-là, je n'eus de préoccupation que pour le conte, la poésie et le roman. Même mon engagement politique était lié à cette passion de la littérature. Saisir le monde, pouvoir aller plus loin dans la recherche de la réalité, parvenir à conjuguer le réel et la narration." (p. 67)

Kemal nous parle aussi des ses admirations littéraires, dont une vénération sans réserve pour Dostoïevski...Stendhal, Cervantès, Tchekhov, etc., de ses exigences permanentes quant à son métier d'écrivain, essentiel
à ses yeux... non pas par souci premier de notoriété, mais comme un idéal d'Humanité...élargie...

" Pour moi, rien ne devait faire obstacle aux efforts des hommes qui oeuvrent pour développer leurs propres valeurs, et en créer d'autres. La plus grande valeur de l'homme n'est-elle pas sa volonté créatrice ?
(...) Les cultures ne devaient pas se détruire les unes les autres: elles devraient se nourrir mutuellement" (p. 102)

Excusez ces transcriptions nombreuses d'extraits significatifs, qui permettent de donner une idée très juste de l'ampleur de cet écrivain turc...
écrivain, artiste, poète et "socialiste" convaincu, ce qui pour lui va de pair avec ses textes !

Un ouvrage très riche, "prodigue" pour tous les passionnés de Yachar Kemal, mais aussi pour tous les lecteurs curieux, intéressés par la littérature
et l'histoire turques... Une mine d'informations, d'analyses percutantes qui ouvrent, agrandissent les horizons.... culturels et humains !

"Le règne de la parole était sacré pour moi: je croyais à sa puissance. Je devais lutter sur deux fronts pour des valeurs qui m'étaient sacrées. Contre la pauvreté, atteinte fondamentale à la dignité de l'homme, d'abord: celui qui ne s'insurge pas contre elle, qui accepte l'exploitation, ne pouvait être un homme digne de ce nom. La parole, le verbe ensuite: valeurs aussi importantes que le simple fait de vivre. J'aurais tout donné pour le respect de ces deux concepts sacrés: puissance de la parole et refus de la de la pauvreté. le pain quotidien, une chambre pour m'abriter et écrire ...juste cela ! (p.76)

N.B : une autre pensée pour un autre grand écrivain ,dans mon Panthéon personnel... qui par son parcours aussi très impliqué, exigeant tant littérairement que socialement, apparaît comme un frère spirituel de Yachar Kemal..., et je songe inévitablement à Panaït Istrati !
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Tout sur l'art de conteur de l'aède turco-kurde Yachar KEMAL -- ou comment inventer un monde qui se superposera à "notre" monde réel ! Textes d'entretiens entre Yachar Kemal et Alain Bosquet, se connaissant depuis 1957 : deux ans après l'émergence du roman légendaire "Mémed le Mince" (1955) à Istanbul...

173 pages d'échanges passionnants qui se termineront en 1989 et feront l'objet de cette première publication en "collection blanche" chez Gallimard, en 1992, traduits par Altan Gokalp.

Ah, ces belles traductions françaises du turc si agile de "notre" universel Yachar, par Guzine Dino, puis Münevver Andac ou Altan Gokalp...

N'est-ce pas là d'ailleurs la plus solide des ANTIDOTES "anti-littérature-de-grandes-surfaces" (à la David Foenkinos, of course... ) pour cette vénérable institution que reste "notre" bonne Maison-Gallimard ?

Vertiges de la "Littérature lente"... et en voilà Une qui chante toujours si juste, et depuis toujours... depuis les roselières de la Tchoukour-Ova, cette "plaine creuse" de l'Anatolie ! Yachar le barde l'a inventée...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
L'homme ne récrée-t-il pas les mondes qui lui sont inaccessibles dans un univers de rêve, et selon son désir ? Ne récrée-t-il pas la peur et l'amour, afin de vivre dans le paradis ou l'enfer qu'il vient de créer ? L'imaginaire a ce sens-là dans mes romans.
J'ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie, et beaucoup d'entre eux m'ont servi de modèles pour mes personnages. Mais tous mes personnages, c'est moi qui les ai créés dans mon travail d'écrivain. Bien sûr, je désire aller vers le réel, mais ce n'est pas la quête centrale dans mon travail. Je veux créer un monde d'imaginaire et de narration, faire quelque chose de différent : réaliser ce royaume de l'imaginaire par la parole. Cela dit, je sais que je ne suis ni le premier ni le dernier parmi ceux qui créent des univers de parole. C'est avant tout une démarche professionnelle, pour moi, comme elle l'a toujours été. Les "sages familiers" qui m'entouraient étaient aussi des hommes de métier. Homère était un vrai professionnel ; les "Homère" turcs et kurdes de mon époque sont aussi des professionnels. Leur art consiste à créer des mondes, en racontant des histoires. Ce ne sont ni des mystiques ni des charlatans ni des mendiants vagabonds, mais les maîtres d'un art que nous avons en partage. Ce sont des hommes d'honneur gagnant leur pain avec la parole. Ils étaient des personnes presque sacrées, dans le milieu où ils évoluaient.

[Yachar KEMAL, "Entretiens avec Alain Bosquet", traduit du turc par Altan Gokalp, éditions NRF-Gallimard (Paris), collection "Blanche", 1992 — pages 43-44]
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Le règne de la parole était sacré pour moi: je croyais à sa puissance. Je devais lutter sur deux fronts pour des valeurs qui m'étaient sacrées. Contre la pauvreté, atteinte fondamentale à la dignité de l'homme, d'abord: celui qui ne s'insurge pas contre elle, qui accepte l'exploitation, ne pouvait être un homme digne de ce nom. La parole, le verbe ensuite: valeurs aussi importantes que le simple fait de vivre. J'aurais tout donné pour le respect de ces deux concepts sacrés: puissance de la parole et refus de la pauvreté. Le pain quotidien, une chambre pour m'abriter et écrire ...juste cela ! (p.76)
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Fixer quelque chose pendant des heures était une de mes manies d'enfance (...)
Cette façon de me plonger dans la contemplation éperdue, des abeilles par exemple, s'est reportée sur d'autres centres d'intérêt : le travail des charpentiers et la fournaise des forgerons m'enchantaient autant que l'observation des abeilles. Le spectacle durait des jours, pour moi.C'était comme si j'étais venu au monde pour jouir de son spectacle, sans rien faire d'autre que de contempler. (p. 25)
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Y.K.- Depuis que je me connais, j'ai toujours voulu écrire. J'ai tout subordonné à cette passion. Bien sûr, j'ai exercé mille petits métiers pour gagner ma vie : gardien de canaux d'irrigation dans les rizières, conducteur de tracteurs, maître d'école, puis à nouveau cueilleur de coton, manoeuvre de moissonneuse-batteuse ou conducteurs d'engins, ou encore graphiste d'enseignes. Mais je n'avais qu'un but : écrire. Mes occupations étaient aussi une propédeutique à l'écriture. Je voulais m'enrichir par l'expérience de la vie, par les livres. J'avais la passion de la nature, et de son observation, mais partager la vie des gens était aussi quelque chose de vital pour moi. J'avais enfin la passion du socialisme. L'exploitation de l'homme par l'homme, la famine, le fait que les hommes ne gagnent pas assez malgré leur travail me blessaient profondément; je m'insurgeais contre le mal et l'injustice (...) (p. 72)
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Mon rêve était de devenir un homme de science, de me consacrer à la recherche sur les cultures d'Orient, le folklore, l'ethnographie. Pour y parvenir, j'avais décidé de réussir mes études au lycée et à l'université, et d'apprendre une langue occidentale. Je m'y suis employé, ce qui ne m'a pas empêché d'atterrir sur les champs de coton de Cukurova, en fin de course. A partir de ce moment, je n'eus qu'une seule idée fixe: écrire un peu mieux, chaque fois. Il n'est pas exagéré de dire que, tout ce temps-là, je n'eus de préoccupation que pour le conte, la poésie et le roman. Même mon engagement politique était lié à cette passion de la littérature. Saisir le monde, pouvoir aller plus loin dans la recherche de la réalité, parvenir à conjuguer le réel et la narration. (p. 67)
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