Un livre essentiel pour moi. La proposition 1 ou il est question de la crise écologique que nous connaissons et l'enjeu qu'elle représente et la proposition 3 "Penser le climat comme la solution au problème économique" sont indispensables me semble il à toutes réflexions actuelles.
Que nos politiques lisent ce livre, tel est mon souhait !!!
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L'auteur fait d'abord un récit de l'évolution géopolitique, économique et écologique du monde depuis un demi-siècle. Il montre comment l'écologie, le capitalisme, le terrorisme, le repli communautaire et l'accroissement des inégalités sont tous liés. Il explique ensuite que la crise écologique n'est pas comme les très nombreuses crises qu'a connues l'humanité contemporaine : nous n'avons qu'une seule terre ! Il n'y a pas de retour à la normale après le cataclysme. Puis, il dit que si l'on ne réforme pas l'ultralibéralisme galopant, la course à la croissance, la surconsommation, etc. qui régissent et gangrènent le monde, nous ne serons pas en mesure de relever le défi écologique préoccupant auquel nous faisons face. Très intéressant !
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Il y a quelque chose de terriblement fascinant dans le constat que les classes dirigeantes continuent comme si de rien n'était. Nulle part en leur sein on ne perçoit de volonté sérieuse de réduire les inégalités, de remettre la bride sur le cou des marchés financiers, d'orienter l'économie dans une direction réellement écologique. La campagne présidentielle au sein de la première puissance mondiale a pu se dérouler toute une année sans presque que soit évoqué le changement climatique. Partout, la croissance et les "réformes structurelles" restent l'alpha et l'oméga de la pensée économique. Le monde du début du XXIe siècle subit la classe dirigeante la plus stupide de l'histoire. Tout se passe comme si, par confort, par aveuglement, par impéritie, par égoïsme, elle attendait des événements qu'ils précipitent eux-mêmes le désastre qu'on aura vu venir et qu'elle n'a pas voulu tenter d'empêcher.
L'optimisme de l'idéologie du progrès a été critiqué de longue date, au début du XIXe siècle par Georges Sorel, puis par des contempteurs de la technique parmi lesquels Jacques Ellul. Mais la perspective philosophique ouverte par Hans Jonas en 1979, se fondant sur les effets d'une puissance humaine démesurée, a marqué un renversement dans la perception commune de l'avenir. Le "progrès" supposait que la situation générale de l'humanité ne pouvait aller qu'en s'améliorant. Mais, avec la catastrophe écologique, il devient évident que l'action humaine détruit les conditions de son épanouissement et que la tâche de l'avenir consiste à éviter cette destruction.
Le fait que la planète soit occupée par sept milliards d'humains comme vous et moi est une formidable chance : cela signifie sept milliards d'intelligences, de coeurs, de passions, d'envies de rire et d'aimer. Sept milliards d'imperfections, aussi, d'égoïsmes, de médiocrités. Mais globalement, comme vous et moi, ces sept milliards d'humains veulent bien faire.
La mondialisation, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle s'est faite, est aussi une chance. Elle permet une expansion nouvelle de l'imaginaire. Comme le note Arjun Appadurai, "les ressources dont tous les hommes disposent pour entreprendre de se construire n'ont jamais été plus grandes, plus abondantes". Le savoir porté dans les cerveaux et les mémoires de ces sept milliards d'humains est immense : toutes les idées sont là pour assurer le meilleur avenir - ou le pire, certes.
Il n'est pas jusqu'à la gravité du défi écologique qui ne soit une promesse : puisque aucune partie du monde ne peut échapper seule au changement climatique, c'est ensemble que la société humaine doit se sauver. Défi magnifique que de s'élever en s'unissant.
Tout est prêt pour que tout empire. (Hervé Kempf)
La situation de la biodiversité est tout aussi alarmante. Espèces et écosystèmes sont détruits à une vitesse semble-t-il jamais observée dans l’histoire de la vie sur Terre. Reptiles, amphibiens, oiseaux, requins, éléphants, papillons, ne sont que les emblèmes malheureux d’une extermination générale. Ce ne sont pas seulement les espèces qui disparaissent : les effectifs des populations de quatorze mille vertébrés ont fondu de 58 % entre 1970 et 2016. Les habitats ne sont pas plus ménagés : la moitié des zones humides mondiales a disparu au XXe siècle. Les forêts tropicales ont perdu 300 millions d’hectares depuis 1980. Quant aux espaces sauvages, c’est-à-dire libres de perturbation humaine, leur superficie a diminué d’un dixième en vingt ans seulement. Les océans, qui occupent 71 % de la surface du globe, sont assaillis par le réchauffement, la pollution, la surpêche. Une étude a montré qu’au rythme actuel de croissance des rejets en mer on pourrait trouver en 2050 plus de plastique, en poids, que de poissons !
(..) Il faut continuer tenacement à résister, à chercher des alliances, à démonter les mensonges, à analyser lucidement ce qui se passe, à transmettre ce que l’on sait à proposer les solutions (…)
D’abord croire ce que l’on sait (...)
C’est simple en parole et difficile en fait. Parce que le confort est encore très grand et que le système continue à fonctionner efficacement, parvenant à masquer les trous qui se multiplient dans la carlingue. Tous nos piaillements d’alerte n’ont aucun effet sur le pilote, si bien qu’impuissants nous continuons nos activités comme si de rien n’était.
Il faut croire ce que l’on sait et agir en conséquence. Il n’y a pas de demi-mesure, pas de terrain neutre, pas d’entre-deux : il faut être radical parce que la situation est radicale
Débat Crise des énergies, on rebat les cartes avec Hervé KEMPF, Aurélien PORTELLI, Antoine de RAVIGNAN, Nathalie LAZARIC au 35e Festival du Livre de Mouans-Sartoux