Quel délicieux petit ouvrage que celui-ci ! Bourré d'humour et de clins d'yeux avec beaucoup de tendresse si ce n'est pour trois écrivains que, dès son prologue, Javier Marías dit ne pas porter dans son coeur. Car il s'agit de nous croquer en quelques pages le personnage d'écrivains qui l'ont touché ou marqué. Et c'est bien davantage réussi, me semble-t-il, que dans son précédent essai Littérature et fantôme.
Je me suis, une fois encore, régalée de l'élégance de cette écriture, fût-ce en traduction.
Un très net bémol toutefois à l'éditeur Gallimard.
Ce livre, initialement écrit en février 1992, a été retravaillé par Javier Marías sept ans et sept mois plus tard, comme il l'écrit dans son prologue. Les deux versions s'accompagnaient de photographies, choisies, dans la première édition, par l'éditeur mais dans la seconde, par l'auteur en personne.
Dix-sept ans ou dix ans après, Gallimard nous offre une traduction de la première édition et sans photo aucune. C'est un peu dénaturer le propos de l'auteur qui a, spécifiquement, voulu choisir la photo des écrivains qu'il décrivait. Il me faudra donc acheter la versions espagnole.
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Marías était un grand lecteur et il nous offre dans ce recueil une vingtaine de mini-biographies d'écrivains passés à la postérité.
L'auteur espagnol s'est amusé à décrire ses homologues comme des personnages de fiction, en mettant l'accent sur des fragments de vie et des traits de caractère inusités, souvent peu glorieux. Si la plupart de ces portraits sont empreints d'affection, trois figures (Joyce, Mann et Mishima) échappent à l'empathie de Marías (il annonce ses couleurs dès le prologue). Sans remettre en question le talent de ces sommités, il leur reproche de se prendre terriblement au sérieux et il souligne à gros traits le ridicule de leur posture. Son humour est alors plus grinçant (et jubilatoire avouons-le). Je comprends mieux pourquoi j'ai été incapable d'aller au bout de la montagne magique.
Chaque notice se termine sur les circonstances de la mort de l'auteur portraituré. Maintenant que Marías a lui aussi disparu, je regrette de ne pouvoir lire un jour une note autobiographique écrite sur le même modèle, envoyée de l'au-delà.
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Javier Marias parle de son livre 'Comme les amours' au festival Passa Porta en 2012.