Ralph Roberts, récemment veuf, souffre d'insomnie. Il s'endort tous les soirs à la même heure pour s'éveiller de plus en plus tôt chaque matin. Incapable de se rendormir, incapable de récupérer les heures de sommeil. Rien n'y fait. La fatigue s'empare de lui, lui fait apercevoir de drôles de fumées qui entourent les gens et qui, selon la couleur et la forme, lui indiquent l'état d'esprit et de santé de la personne. Il n'est pas le seul insomniaque. Loïs Chassey, « cette sacrée Loïs », membre elle-aussi du « Club des Vieux Croulants de Derry », l'est également et tous deux perçoivent tout un univers d'auras colorées en mouvement. Ils voient également des « Docs Chauves » armés de ciseaux ou d'un scalpel rouillé avec lesquels ils coupent les panaches colorés des êtres vivants. Sont-ils en train de perdre la tête, ou sont-ils propulsés par leurs insomnies à un autre niveau de conscience?
Mais à Derry, évidemment, personne ne semble rien remarquer alors que la tension monte, autour du débat sur l'avortement, du libre choix des femmes et sur la venue de cette féministe acharnée, Susan Day.
La lutte entre l'Intentionnel et l'Aléatoire semble sur le point de s'achever. Sauf si Ralph, 70 ans, insomniaque, se transforme en centurion - justicier et lutte contre le Roi Pourpre…
A première vue, « Insomnie » de
Stephen King n'est peut-être pas le livre le plus passionnant de l'auteur et doit même se révéler carrément déroutant pour le lecteur néophyte. le rythme du livre est lent, le personnage principal est vieux, l'observation du cadre de vie est méticuleuse.
Stephen King crée comme toujours sa propre mythologie, transforme les trois Parques en trois docs chauves, faisant de l'état d'insomnie un sas d'entrée pour des niveaux supérieurs de perception, développant comme toujours un univers particulier où l'on retrouve ses réflexions personnelles sur l'existence du mal et sur son intolérable présence. Mais ce n'est pas tout,
Stephen King s'aventure encore et toujours dans son observation critique de la société américaine avec sa mentalité conservatrice et son comportement face à l'avortement, la violence conjugale et la vieillesse.
Personnellement, je le trouve captivant et le rythme qu'il acquiert vers la fin est irrésistible. Là, King se lâche dans ses délires mystiques et s'adresse particulièrement aux initiés car dans ce livre, on rencontre quelques subtiles anecdotes qui font référence à d'autres livres de l'auteur mais là, il faut en avoir lu pas mal pour savoir de quoi on parle. Lorsque vous aurez pris de la bouteille, vous relirez « Insomnie » avec un autre oeil.
« Insomnie » est surtout un superbe livre fantastique, haletant et qui peut se lire tout seul.