qui en principe est une suite de «
Faserland » (2019, Phébus, 160 p.).
En 1999,
Christian Kracht se réuni avec quatre autres écrivains à l'Hotel Adlon à Berlin. Avec Joachim Bessing, Eckhart Nickel, Alexander von Schönburg et
Benjamin von Stuckrad-Barre, ils projettent de jeter les bases d'une « pièce situationniste ». Cette réunion est retranscrite dans le livre « Tristesse Royale » (2001, Ullstein Taschenbuch Verlag; 201 p.) qui ne rencontre pas le franc succès éditorial escompté. Plus tard,
Kracht qualifiera cet évènement de « grosse erreur ». le texte aura toutefois l'effet de renforcer l'existence d'une « popliteratur » fondée sur une équipe d'écrivains, dont
Kracht serait en quelque sorte à la tête pensante. Tout le monde n'est pas
André Breton, ni
Guy Debord pour faire tendance, ni même CF Ramuz pour faire plus simplement hélvète.
Alors que le narrateur de «
Faserland » parcourait l'Allemagne en train ICE, là c'est en voiture que cela se passe. Un homme d'âge moyen nommé
Christian Kracht, se rend à contrecoeur à Zurich pour rejoindre sa mère malade et sénile. Arrivé à son luxueux domicile à Zurich, la vieille femme à moitié ivre l'accueille avec des reproches. Il décide cependant, après que Frau
Kracht ait retiré une forte somme d'argent à la banque, d'embarquer sa mère pour un voyage à travers la Suisse. Et le lecteur repart dans une histoire à la fois comique et spectaculaire d'une famille avec ses démons. Existe t'il une culpabilité de la honte d'être riches. Mais ce sont les restes de
l'origine de la fortune familiale, soit l'argent nazi. le roman dresse un portrait touchant d'une mère toxique et de son fils intoxiqué avec les relations mère-fils. La critique dit de ce livre. « La réalité, dans son cas, est définitivement la haine de la Suisse, de ce qu'il trouve être un pays débauché et abîmé par l'argent. La Suisse prend cher dans ce roman, un peu à la manière de ce que
Thomas Bernhard infligeait à l'Autriche ».
On connaissait les « Ponk et Replonk », qui sont du Jura, puisque situés à La Chaux de Fonds. Ville dont Francis Blanche a mis en garde ses lecteurs « Ami qui visite la Suisse / Malheur à toi si tu confonds / Pour éviter La Chaux-de-Fonds / Il faut passer par Saint-Sulpice ». Ils ont même traduit leurs cartes postales en allemand. C'est une façon d'exporter l'humour. D'eux j'adore « le Percement de l'Arc de Triomphe » et l'album de la cavalerie de montagne suisse, avec des chevaux à pattes inégales de chaque côté. Un faible aussi pour l'album de « La Face Cachée du Léman » avec en particulier, une vue de son point le plus élevé. de plus, je ne manque pas de m'offrir leur calendrier, qui m'octroie chaque année un 13ème mois supplémentaire.
Bref
Christian Kracht revient en Suisse en plein coeur du monde qu'il a quitté ou fui. C'est la terre de son enfance, Gstaad, Zurich, les glaciers, les banques. Lieu qu'il déteste, mai lieu auquel il appartient. On y croise le fantôme d'un grand-père nazi et plus ou moins sadomasochiste, les traces du gotha des années 1980 entre les chalets du Saarland, devenus depuis les fastes des nouveaux riches russes, avant que la Confédération ne les exile à Dubaï, mais conserve leurs avoirs à Zurich. Il y a en plus du grand-père, l'ombre d'un père allemand qui ne vaut guère mieux. Mais dont les cendres ont été dispersées sur le lac de Hambourg quelques années plus tôt, Ainsi que le grand personnage du livre, la mère, moitié sénile, mais riche, épave alcoolique qui aime à citer Talleyrand et se nourrit de vin blanc à trois francs et fromage en pate moisi. Tournée automobile à travers les paysages alpestres. « Ces sommets glacés, le ciel blanc, les glaciers, dix mille ans de glace. La montagne m'est insupportable ». Pas trop loin des lacs, avant de rêver et de fantasmer sur les grands lacs, où la vieille dame voudrait « voir une dernière fois les zèbres ».
C'est la fuite en avant « J'ai attrapé la maman, le déambulateur, la bouteille de vodka et les pilules, je suis monté dans le taxi et nous sommes partis pour une folle balade à travers la Suisse. Ils tirent leur arc gaiement, gaiement, grotesquement. Jetez l'argent des poubelles ».
Bref, l'existence d'une « popliteratur » fondée sur une équipe emmenée par
Christian Kracht et reprenant des thèmes et de fragments littéraires ou non, ainsi que leur mise en
oeuvre sous une nouvelle forme via une description superficielle caractérise cette nouvelle littérature allemande. Cependant le caractère subversif initial semble avoir été perdu en route pardes protagonistes issus d'une classe supérieure et de CSP++. le fait d'avoir euun père qui était le bras droit d'Axel Springer, le manat de l'édition n'est certainement pas étranger au succès d'estime vu par les critiques.