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EAN : 9782080712103
283 pages
Flammarion (31/05/2004)
3.7/5   82 notes
Résumé :
"Le plus grand plaisir qui soit après amour, c'est d'en parler". Nul n'en a mieux parlé, et plus intensément, que cette "Belle Cordière" dont le Débat de Folie et d'Amour, les Elégies et même les Sonnets sont encore injustement méconnus. Ses contemporains ne s'y sont pourtant pas trompés, qui avaient vu en elle une autre Sapho, capable de créer un nouveau langage poétique. Cette édition moderne des Ouvres complètes (la seule à comprendre les Ecrits de l'originale) p... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur. »

Louise Labé (1524-1566)

Je me souviens ...
La découverte de Louise Labé, XVIème siècle, l'une des rares femmes de l'époque poétesse et ... lyonnaise de surcroît (ma région !).

Je me souviens ....
Comme une révélation, un coup de foudre littéraire !
Mes quinze printemps touchés par ce poème d'un autre temps et pourtant ...

Je me souviens ....
À l'aube de mes premiers amours, la résonance des mots : alchimie violente et sensuelle à la fois ... la passion amoureuse dans toute sa dualité.

Indéniablement, mon poème préféré !

Et vous, quels sont vos poèmes d'amour préférés ?
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La Sapho du XVIème siècle! Une grande amoureuse, une grande poétesse, rompue aux lois sévères du (nouveau à cette époque) sonnet, venu d'Italie, pratiquant l'oxymore et l'anaphore avec une élégance toute naturelle: en 14 vers, elle consume brillamment toute sa ferveur , tout son talent, avec une générosité unique.
Il faut relire Tant que mes yeux pourront larmes épandre...C'est, pour moi, un des sommets de la poésie renaissante.
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On ne connaît ordinairement que quelques sonnets frappants et sublimes de Louise Labé, mais cette édition, ce mince volume de ses oeuvres complètes, donnera au lecteur une image plus globale de cette personnalité, de cette femme de lettres comme il y en eut au XVI°s. La lettre liminaire, qui dédie tout le recueil à Clémence de Bourges, est un programme féministe comme ce siècle en produisit quelques-uns, sous la plume de Marguerite de Valois ou Marie de Gournay. le "Débat de Folie et d'Amour" révèle les qualités de prosatrice de Louise Labé. D'autre part, les Elégies fournissent un heureux pendant aux magnifiques sonnets, d'un pétrarquisme tragique et expressionniste, qui méritent bien leur célébrité. Enfin, la partie des Hommages d'autres poètes à Louise Labé donne à lire des textes inconnus, en français, italien, latin ou grec. C'est toute une culture humaniste que ce volume nous donne à retrouver.
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Je come back dans la poésie du XVIe (siècle, pas arrondissement), avec encore un bouquin que j'aurais dû finir il y a six mois ; vous commencez à savoir que j'aime pas vraiment trop ça. Pourtant, avec Louise Labé, c'est l'ardance et la fouguositude des Grands Rhétoriqueurs qui s'en va pour laisser place aux années 1650 : nettement moins de cabrioles littéraires, d'ornements et de fioritures, ici on va droit au but plutôt que de laisser passer la forme avant le fond (les jeunes, de nos jours, même pas foutus de nous pondre une figure de style...). Si on est pas encore ici sur du romantisme anglo-saxon nageant dans l'expérience du sublime et n'hésitant pas à jouer sur un certain aspect nébuleux, on se rapproche de cette poésie sentimentale que j'aime, se voulant naturelle, ancrée dans les sens et leur beauté, avec les douleurs et les plaisirs de leur subjectivité. Labé nous parle sans détour de ce qu'elle ressent, angoisse, douleur, solitude, amour serein voire flamboyant ; reconnaissons-lui déjà ça, à une époque où on disait que les femmes ça savait même pas écrire la poésie correctement (ce qui me rappelle d'ailleurs un gag de Gotlib...). On pense à la pauvre Pernette du Guillet, qui s'est faite à la même époque taxer de tchoin par tous les bien-pensants de salon comme de comptoir...
Du reste, Labé n'hésite pas non plus à se lancer dans la philosophie quand ça lui chante, et imagine un récit mythologique dans lequel elle fait dialoguer Amour et Folie, l'un étant alors traditionnellement associé à l'homme et l'autre à la femme. Forcément, on se dit qu'il faut préférer l'Amour, mais l'autrice fait raisonner la Folie (!), et parvient à nous faire découvrir que les choses ne sont pas si simples que ça...
Du reste, ces "Oeuvres complètes" ont le mérite d'être à la fois courtes et exhaustives, nous dressant le portrait d'une femme fragile mais vaillante, sans cesse en recherche de beauté et luttant contre la douleur qui pourtant lui conférera sa part d'immortalité. Pour un peu, moi stéphanois chauvin, je finirais par apprécier la poésie lyonnaise...
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Lyon, au début du XVI° siècle, est le lieu intellectuel français. Ici, pas d'Université et de contrôle tout puissant de l'Eglise. Les idées circulent, quelles viennent d'Italie ou des pays réformés.

Ces dans ce climat que vont s'épanouir des Génies poétiques et notamment celui de certaines femmes comme Louise Labé. Egérie d'un mouvement humaniste, elle ose dire le désir au féminin à une époque où la femme doit se taire et obéir. Elle ose parler des souffrances morales et physiques, bref dire que l'amour est une puissance universelle plus forte que l'ordre établi.

Elle mettra en scène cette puissance à travers des dialogues allégoriques ou des sonnets, pièces qui sont peut-être celles qui nous touchent encore le plus.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
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Tant que mes yeux pourront larmes épandre
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre ;

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces chanter ;
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre,

Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
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O dous regars, o yeux pleins de beauté,
Petits jardins, pleins de fleurs amoureuses
Ou sont d'Amour les flesches dangereuses,
Tant à vous voir mon œil s'est arresté !

O cœur félon, o rude cruauté,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant j'y ai coulé de larmes langoureuses,
Sentant l'ardeur de mon cœur tourmenté !

Donques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ses yeux recevez :
Mais toy, mon cœur, plus les vois s'y complaire,

Plus tu languiz, plus en as de soucis,
Or devinez si je suis aise aussi,
Sentant mon œil estre à mon cœur contraire.
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Tout aussitôt que je commence à prendre
Dans le mol lit le repos désiré,
Mon triste esprit, hors de moi retiré,
S'en va vers toi incontinent se rendre.

Lors m'est avis que dedans mon sein tendre
Je tiens le bien où j'ai tant aspiré,
Et pour lequel j'ai si haut soupiré
Que de sanglots ai souvent cuidé fendre.

Ô doux sommeil, ô nuit à moi heureuse !
Plaisant repos, plein de tranquillité,
Continuez toutes les nuits mon songe ;

Et si jamais ma pauvre âme amoureuse
Ne doit avoir de bien en vérité,
Faites au moins qu'elle en ait en mensonge.
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Tant que mes yeux pourront larmes épandre

Tant que mes yeux pourront larmes épandre
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre ;

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces chanter ;
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre,

Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
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Videos de Louise Labé (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Labé
Lecture par l'auteur Rencontre animée par Sophie Joubert
« Que ce livre joyeux vous accompagne partout, qu'il essuie vos larmes afin d'en faire couler d'autres plus grosses et plus pleines, qu'il vous éclaire dans vos nuits de plein jour, qu'il vous dévoile un horizon d'événements, qu'il vous trahisse. Ce n'est pas un livre en fait mais un kit de survie en territoire hostile. Un couteau suisse. Écrivez dessus, cornez des pages, lâchez-y vos sanglots, il sert à ça, ce livre. »
Philippe Torreton nous propose un “Voyage dans le chant du monde”, plus de 150 poètes réunis sur cinq siècles de poésie : Charles Baudelaire, François Cheng, Jean Cocteau, Paul Eluard, Louise Labé, Jean de la Fontaine, Gérard de Nerval, Germaine de Staël, Louis Aragon, Aimé Césaire, Andrée Chedid…
À lire – Philippe Torreton, Anthologie de la poésie française – Voyage dans le chant du monde, Calmann-Lévy, 2022.
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