Un très beau texte de
Philippe Labro, à lire si possible juste après la découverte de son roman autobiographique: "
Un été dans l'Ouest". le fait d'enchaîner ces deux lectures permet, me semble-t-il, de mieux comprendre la démarche de l'auteur dans ce rendez-vous, voire même ces multiples rendez-vous, certains malheureusement manqués au niveau des relations humaines avortées impossibles à renouveler.
Car sa démarche n'est finalement pas si simple, il revient des années plus tard à Norwood, dans le Colorado, où il passa un été alors qu'il étudiait en Virginie, été de travail forestier à pulvériser les pins Engelmann pour les débarrasser d'insectes parasitaires.
Et si son parcours comporte de très nombreuses références à cet été lointain, devenu mythique, il développe d'autres pensées, d'autres nostalgies et regrets quant aux comportements de sa jeunesse, ses regrets devenant même des remords qui peuvent le torturer.
C'est aussi un extraordinaire rendez-vous avec la nature des Rocheuses, avec les arbres, les fleurs, les oiseaux, les cervidés et les plantigrades, un rendez-vous de vert et de bleu, celui de la houle des forêts qu'il compare à un océan au pied des montagnes. Ce rendez-vous-là est totalement réussi, il séduira les amoureux de nature sauvage, du wild, de ce que l'on appelle "nature writing" et sous cette appellation,
Philippe Labro flirte avec les plus grands, tels
Rick Bass,
Pete Fromm,
Doug Peacock et bien d'autres.
Philippe Labro a aimé cet Ouest, ce "free country", même si la liberté proclamée s'arrête quelquefois à la couleur de la peau, aux différences sociales, et laisse s'exprimer les bassesses humaines, exacerbées quand elles ont pour décor cette extraordinaire nature de l'Ouest.
Quatre étoiles seulement pour distinguer ce rendez-vous très réussi du roman de cet été dans l'Ouest qui m'a paru beaucoup plus abouti et porteur de davantage de sens.
Ce sont deux très beaux textes, à lire sous les pins, les trembles ou les bouleaux, en se laissant pénétrer par cette méditation que l'on rejoindra inévitablement à l'un ou l'autre instant de cette lecture éblouissante.