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EAN : 9782370734730
Allary Editions (11/01/2024)
5/5   6 notes
Résumé :
Pourquoi éprouvons-nous le besoin de danser ? Qu'est-ce qui se joue dans la danse ?
Une enquête philosophique dans les coulisses de l'Opéra.
Nous ne connaissons aucune société humaine sans danse.

Mais pourquoi éprouvons-nous le besoin de danser? Pourquoi certains mouvements nous émeuvent-ils, nous procurent-ils un tel sentiment de vie ? Que nous apprend cet art sur les liens entre discipline et liberté ?

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
D'où vient l'impulsion de danser ? Que vaut l'idée selon laquelle trop réfléchir empêcherait de bien danser ou à l'inverse celle que bien danser irait de pair avec l'inaptitude à réfléchir ? La danse est l'apanage de la bipédie dit l'auteur citant la parade nuptiale des oiseaux de paradis remarquée par Darwin comme exemples de conduites renvoyant, pour le règne animal, à cette pratique humaine unique (L'origine des espèces, 1859). Pratiquée sans doute depuis la nuit des temps préhistoriques et dans toutes les cultures, entre fêtes et rituels, la danse reste aujourd'hui un langage universel des corps.

N'est-elle qu' "un art sans ouvrage" (Aristote) ? Qu'un simple "ornement de la durée" comme l'architecture et la peinture sont "des ornements de l'espace" et ne relève-t-elle que de l' idéal "de beauté, de perfection et d'expressivité" décrit par Paul Valéry ("Degas, danse, dessin", 1938), ce leg de l'Antiquité gréco-romaine valorisant la plastique des corps ? D'où vient la danse classique et quelle est son histoire ? En quoi cette discipline se distingue-t-elle d'autres pratiques, sportive ou artistique comme le théâtre, l'écriture, la peinture ? Pourquoi fascine-t-elle toujours ?

Simples questions posées par le directeur de la rédaction de Philosophie Magazine, Alexandre Lacroix qui font entrer le néophyte et l'amateur dans la spécificité du geste et du mouvement dansé et chorégraphié au fil de déambulations à travers l'univers feutré secret de l'un de ses temples institutionnels, l'opéra Garnier. Une immersion "in situ" de l'auteur pendant un an qu'il raconte ici, témoin des entraînements, répétitions, filages ou préparations des spectacles. Les performances physiques, l'endurance des danseurs, leur discipline s'imposent d'abord à lui. Puis les défis cognitifs et mnésiques auxquels sont soumis les artistes ainsi que les paradoxes d'un art qui place ces derniers entre liberté et contrainte, fusion et dissociation du corps pour atteindre le Graal d'une interprétation partagée en public laissant apprécier et transparaitre leur originalité propre.

La danse est observée dans le registre classique (Le rouge et le noir, programmation 2021/22) ou contemporain (Pina Baush et Merce Cunningham) quand l'auteur s'attarde auprès du chorégraphe Mats Ek (Another Place, programmation 2021/22) et sur le travail de deux étoiles aux personnalités différentes dont les trajectoires sont dévoilées au fil des pages : Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion. Leurs voix mais aussi leurs silences se font entendre, leurs corps en mouvement regardés, admirés, émeuvent, interrogés par l'auteur, dans un texte dont la dimension humaine palpable est au moins équivalente à la portée conceptuelle du livre. Situations, propos et réflexions font écho à la riche mise en abîme théorique qui illustre le sujet et où s'invitent neuro-scientifiques, philosophes, penseurs du vitalisme (Bergson), psychanalystes et psychologues, écrivains et chorégraphes...

Bref, la danse apparaît ici en majesté essentiellement comme un art de la relation porté par l'engagement et le désir d'accomplissement d'artistes d'exception au sein d'un collectif qui ne l'est pas moins. La philosophie qu'on aime.
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J'ai adoré, j'ai envie de dire, ce roman sur la danse avec comme principaux personnages Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion et avec, comme décor, l'Opéra de Paris. J'ai tout aimé dans ce livre, de la dédicace à la dernière phrase.

Et pourtant, ce livre n'est pas un roman. C'est une enquête philosophique, un essai sur la danse. On découvre les parcours de deux danseurs étoiles. Les difficultés, les motivations, les passions de ces grands danseurs. Leurs habitudes aussi, leur façon de travailler, de mémoriser. On pénètre dans l'opéra pour y découvrir ses rouages. On y retrouve les danseurs, les chorégraphes, l'envers du décor. J'ai adoré.

Et puis, il y a toute la partie philosophique qui vient “éclairer” la lecture. Aussi fluide qu'un ballet. Avec citations, extraits, paroles et questionnements. Braquée comme un projecteur sur les pas de danse non pas pour expliquer mais pour faire réfléchir. Ce livre m'a ému. le parcours difficile des danseurs m'a ému. Les réflexions philosophiques m'ont interpellée. Tout m'a “parlé”. Est-ce qu'on peut le dire comme ça ? J'ai été émue car même si je ne suis pas danseuse, ces réflexions s'appliquent au questionnement de la vie, à la motivation. J'ai eu envie de prendre des notes, relever des citations, des philosophes autant que des chorégraphes. J'ai beaucoup appris et pas seulement sur la danse.

Ce livre est un enchantement. J'aime la danse. Oui. Et je ne sais pas danser. J'aime ces ballets classiques, j'aime ces ballets modernes. Et je n'en vois pas assez. J'adore l'Opéra Garnier. Je suis ce genre de personne qui lorsqu'elle arrive à Paris, descend à la station Métro Opéra, et à la sortie du métro, se plante devant l'Opéra pour prendre LA photo. A chaque fois, l'émotion est là. A l'extérieur. En pensant à l'intérieur. Les statues dorées sur le toit. Les colonnes. Les inscriptions. La foule sur les marches les soirs de ballets et même en journée. Il y a un dôme magique qui entoure ce monument.

J'ai eu la chance de m'asseoir dans cet opéra magnifique et de voir Ludmila Pagliero danser Mayerling. L'effet de troupe, d'unité, dans un ballet comme celui-ci, est une évidence. Lorsqu'on assiste à un ballet on ne voit pas la perfection de chaque pas, la connexion des danseurs, mais on les ressent. C'est justement tellement parfait qu'on l'oublie et qu'on se laisse porter. En tant que spectateur, on est là pour assister à la finalité de ce qui représente pour chaque danseur un travail de titan. On vient assister au “spectacle” pour profiter de cette perfection. Est-ce que ces danseurs savent qu'on est en état de transe de les voir danser aussi bien ? Et pour Another Place avec Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion, il y a cette fluidité, cette souplesse et toujours une évidence, une connexion, une émotion.

Et pour rebondir sur le passage sur les traces et les traversées (page 220), je souhaite souligner que les traces qui restent dans la mémoire des spectateurs à l'issue d'un ballet sont indélébiles. Tous ne sont pas blasés, et je me pose plutôt du côté de la petite dame en chapeau de feutrine bleue.

Aujourd'hui, j'en sais un peu plus sur ce qui se joue dans les coulisses et dans les têtes de “nos” danseurs. Il me tarde d'aller, très vite, leur rendre visite.

Merci à Allary Editions, à Babelio et ces masses critiques qui me surprennent à chaque fois, et merci aux danseurs pour tout ce qu'ils nous apportent de plaisir et d'émerveillement.
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Superbe découverte dans le cadre de l'opération masse critique de janvier. Merci Babelio.
En effet je n'avais encore jamais lu un ouvrage d'Alexandre Lacroix et je ne suis pas familière du milieu de la danse. Et pourtant je me suis très rapidement plongée dans les réflexions philosophiques de l'auteur sur le sujet : pourquoi ressent-on le besoin de danser ? Comment reussit-elle à concilier mouvement et immobilité ? Discipline et folie ? En quoi est-elle un art plus proche de nos origines profondes ? Quel rapport entretient-elle avec l'immortalité ?
J'ai beaucoup aimé l'écriture "vivante " de ce livre car Alexandre Lacroix ne cite pas des auteurs poussiéreux dans de longues réflexions - même si bien sûr il reprend les écrits classiques sur la question - mais alimente toujours son propos d'études récentes (par exemple de la recherche en neurobiologie) ou d'observation des pratiques de danseurs professionnels ou d'échange avec eux
(il y a même un passage très interessant sur la manière dont les danseurs procèdent pour mémoriser les différents styles de chorégraphie). C'est d'ailleurs de cette manière qu'on rencontre Ludmila Pagliero et Stephane Bullion, deux grands danseurs très différents - Ludmila la flamboyante et très professionnelle danseuse étoile et Stéphane son discret et intense partenaire dans un exigeant ballet. Decouvrir leur parcours de vie ( là je préfère vous laisser lire) a aussi été un moment fort de ma lecture.
J'ai été touchée par le récit tout en retenu de leur vie et de leur carrière, de leurs choix et de leur besoin de danser.
Ce livre m'a beaucoup plu par l'humanité avec laquelle il a été écrit et m'a inspiré beaucoup de respect pour les danseurs professionnels.
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Une très forte nécessité intérieure. Pourquoi danser ?
D'emblée, Alexandre Lacroix adopte le point de vue rationnel du reporter : je redoute un livre savant qui présage des envolées didactiques avec les cadres historiques d'usages et les lourdeurs du genre...
Heureusement, cette posture académique est une astuce pour aborder avec des êtres de chair et d'âme toutes les questions, lui autoriser même des évocations quasi fusionnelles voire omniscientes . Osant les digressions descriptives ou les sursauts narratifs des feuilletons radiophoniques, il fusionne les intervenants en économisant les précisions diacritiques : "Ce que tu cherchais là-bas, c'est ce dépouillement, cette simplicité ? Oui ! Quand tu vis dans la nature pendant une semaine, t'es ramené à des actions élémentaires."
Ce qu'il éveille, par ces jeux d'écriture, c'est une vérité émotionnelle commune à chacun : ses larmes sont là, retenues. Elles ne coulent pas. Elles contiennent l'histoire de sa vie.
L'écriture d'Alexandre Lacroix n'est pas savante ou travaillée : elle est soignée et libre, entièrement dédiée à son objet qui est l'élan artistique : une peur et une joie d'être en union avec la vie enracinées dans la divine enfance !
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
28 février 2024
Pendant un an, l’écrivain français Alexandre Lacroix a eu le privilège de suivre deux danseurs étoiles de l’Opéra de Paris, Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion, dans leur travail quotidien. Une immersion exceptionnelle qu’il raconte, à la faveur de ses questionnements et à la lumière de plusieurs penseurs, dans son essai “La danse – Philosophie du corps en mouvement”.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
26 février 2024
Un texte hybride et singulier du philosophe, entre enquête au Palais Garnier et théorie d’un art.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Comment ne pas voir que le déferlement des passions les plus noires, les plus inexorables, court sans cesse sous l'apparente simplicité du vers de Racine ? Comment ne pas sentir qu'un langage clair exprime l'ombre qu'il rejette, qu'il l'indique pour ainsi dire en creux ? Les arbres aux silhouettes impeccablement taillées ne sont-ils pas les plus inquiétants ? Ainsi le style classique n'est peut-être pas fondé sur la négation du désordre - on devrait plutôt le comparer à un vase, d'une ligne élégante, destiné à contenir le chaos et à le rendre présentable. La danse classique n'est vraiment belle, et convaincante, que dans la mesure où elle recèle une énergie sauvage. (p. 118)
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Comment alors exprimer quelque chose d'universel avec son corps ? Ce défi ne peut être relevé qu'en apprenant à se séparer de son corps et à l'envisager lui-même comme une chose, une forme en trois dimensions évoluant sur la scène - et c'est là, je dirais, l'étonnant paradoxe de la danse : pour danser à la perfection devant un public, il faut à la fois n'avoir aucun recul sur ce que l'on est en train de faire, se débarrasser de toutes les interférences de l'esprit critique ou de la réflexion, donc à être profondément associé à son corps, ne plus penser qu'à travers lui, et simultanément en être séparé, détaché, ne pas lui accorder plus d'importance que, mettons, un mot du dictionnaire ou un tube de peinture. C'est uniquement cette distance qui permet au corps d'accéder à la dimension symbolique. Cela nous conduit au-delà des definitions de Paul Valery examinées plus haut : lorsqu'on danse, il faut à la fois fusionner avec son corps dans le temps et le traiter comme une chose dans l'espace !
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Mais alors pourquoi Mallarme ajoute-t-il que la danseuse "ne danse pas "? Peut être est-ce une manière de rappeler que, si je suis conscient de danser, si je m'y applique, je ne danse pas vraiment. Je me mets à danser précisément quand j'oublie ce que je suis en train de faire et que j'entre en contact avec autre chose, avec le son, avec une dynamique vitale, quand mes mouvements s'accordent à des flux qui me sont étrangers. La danse est une activité très particulière dans laquelle le sujet habituel à l'action se dissout. Et si vous n'êtes pas prêt à consentir à cette disparition, vous ne pouvez tout simplement pas danser. Il ne vous reste plus qu'à aller chercher un verre et faire tapisserie.
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Si les danseurs, qui sont quand même les premiers concernés, n'ont pas grand-chose à dire sur leur art, comment serais-je en mesure de le faire à leur place ?
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Nous croyons que nous agissons pour laisser des traces, alors que ce sont nos actions elles mêmes qui ont de la valeur. Et puis, une trace n'est rien sans la transmission. Ton livre, si personne ne le lit, s'il n'exerce aucune influence, qu'est-ce qu'il vaut ? Et le tableau, si personne ne le voit ? La lecture, l'influence ou le regard, ce sont encore des traversées, la transmission n'est possible que comme traversée . C'est une rivière, un flux, tout s'écoule. ..Moi je crois que la danse nous force à modifier nos priorités et nos échelles de valeurs, à comprendre que la traversée compte davantage que la trace. En fait la danse remet les choses à l'endroit.
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Lorsque Philosophie magazine s'est lancé en 2006, avec une petite équipe de journalistes emmenée par un rédacteur en chef et un éditeur novices, Alexandre Lacroix et Fabrice Gerschel, les chances de succès étaient minces. Peu de moyens financiers, quasiment aucune publicité… mais un projet à la fois utopique et évident : associer philosophie et journalisme afin d'éclairer les grands enjeux de l'actualité, dans toutes ses dimensions, et rendre accessible 2 500 ans de patrimoine philosophique pour un public non initié, auquel nous ne demandons aucune connaissance préalable, juste de la curiosité. Aujourd'hui, alors que nous travaillons sur une nouvelle formule, nous faisons naturellement appel à vous. Que vous soyez abonné, lecteur, ancien lecteur, ou que vous ne nous connaissiez pas encore !
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