La narratrice arrive en Californie, à Venice. Elle est accro aux médicaments qui la fait planer, ses petites chéries comme elle les appelle. Un jour, elle fait une crise et décide de se désintoxiquer. Il y a une baraque sur la plage, rouge et moche, c'est un centre de réhabilitation pour drogués, elle s'y rend. le chemin sera dur et long avant de retourner à une vie normale.
Le titre est un peu décalé, le contenu tout autant. le lecteur suit les pensées d'une jeune femme surnommée Frenchie dans sa période de désintoxication. Dans cette baraque, elle rencontre beaucoup de monde, des gentils, d'autres moins. Il y a des interactions avec la narratrice, elle se sent d'abord à l'écart des autres. Puis, elle essaye de s'intégrer. Les autres lui conseillent de se trouver un sex friend, car c'est un côté essentiel. le temps passe, certains retombent dans leurs travers, d'autres pas. le roman assez particulier car les pensées de Frenchie s'enchainent, parfois sans cohérence, elle pense, elle rêve d'une relation idéalisée, ne comprend pas untel… Parfois, on perd le fil, mais il y a pas mal d'humour dans ce roman. Ses petites chéries, il n'en sera finalement pas beaucoup question par la suite. Un livre étrange mais qui donne de l'espoir.
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J'ai vu la couverture, bizarre, un peu moche en fait. le titre, bizarre aussi, un peu longuet. Et le nom de l'auteure, complètement inconnu de moi et franchement à rallonge... La quatrième de couverture m'a plu, je me suis dit : « Ou tu vas détester, ou tu vas adorer ».
La narratrice est française. Elle a 36 ans, est journaliste.Elle échoue sur une plage, sans savoir trop pourquoi elle est venu en Amérique : des vacances ? le boulot ? suivre un amant du moment ? Elle vit au rythme des prises de ses "petites chéries" comme elle appelle ses pilules de drogue. Quand le roman débute, on sent que cette liberté que revendique haut et fort la narratrice est en fait un esclavage total à la drogue.
Elle rejoint un centre de réhabilitation tenu par Isaac, sorti de prison six ans auparavant : cet ancien tox a décidé d'aider les autres. Il a dégoté des "sponsors" un peu mystérieux, et peut accueillir plus de 60 personnes dans sa baraque rouge et moche.
La réhabilitation passe par l'abandon des biens matériels dans un premier temps. Puis vient le sevrage, brutal, mais accompagné par tous les habitants de la baraque, qui veillent , nourrissent et lavent le nouvel arrivant. Ensuite, du travail leur est proposé, par étapes, jusqu'au départ. Tout est organisé, même le droit de s'envoyer en l'air, même la possibilité de dire ses quatre vérités à un autre habitant de la maison. L'organisation pour la maîtrise. Vers la guérison. Il y a des échecs, mais le fait est que ça marche souvent aussi.
Surtout, tout repose le la notion de libre arbitre : on ne pousse pas les autres à guérir, c'est un choix personnel.
La narratrice va devoir faire face aux décisions qu'elle a prises jusqu'ici, , se rendre compte qu'elle se sent très seule en fait, et qu'elle est dans la fuite permanente. Elle n'en était pas malheureuse parce qu'elle planait et s'était convaincue que c'était elle qui maîtrisait tout. Quelles ruines va-t-elle trouver à sa descente de son paradis artificiel ? Comment est sa vie "réelle" sans les couleurs de ses "petites chéries" pour adoucir les journées de boulot, les conflits avec ses copines, les ruptures avec ses amants ? Qui est encore auprès d'elle, d'ailleurs, que la drogue n'a pas découragé, éloigné ?
Les décollages, le manque, les délires, le mensonge, le sexe : tout est offert, nu, sans artifice. J'ai beaucoup aimé la façon d'écrire de l'auteur, que j'ai trouvé agréable et fluide. C'est comme un discours, avec beaucoup de virgules, de points de suspensions, de bouts de phrases parfois tronqués : ce texte pourrait être lu, d'une traite, il est fait pour ça.
J'ai donc été totalement emballée par ce roman. Un coup de coeur !
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La narratrice de ce roman qui n'est autre que l'auteure elle même, se demande ce qu'elle fait sur cette plage californienne. Est-elle venue à Los Angeles pour des vacances ou pour travailler ? Elle ne sait plus....
A 36 ans cette journaliste parisienne a l'esprit tellement dévasté par l'énorme quantité de comprimés en tout genre avalés pour se défoncer , qu'elle ne sait pas non plus ce qui la pousse à pénétrer dans la baraque rouge repérée sur la jetée. Elle ne sait pas plus pourquoi elle y reste malgré les méthodes peu orthodoxes employées par ce centre de désintoxication. La vie dans cette maison est un enfer: promiscuité, humiliation, épuisement sont le quotidien. Elle pourrait partir, les portes restent grandes ouvertes cependant elle y résidera pendant une année, le temps de redevenir clean , d'apprendre à s'ouvrir à la différence et surtout de se retrouver.
L'écriture de ce roman n'est pas des plus agréables: les phrases courtes, le rythme saccadé des dialogues, l'absence de chapitres créent une atmosphère oppressante, à la limite angoissante et propulsent sans ménagement le lecteur au coeur de cette communauté déglinguée de " camés sans came".
Le livre de Marie-Gisele Landes-Fuss est à l'image de la baraque, moche comme tout mais c'est avec regret qu'on tourne la dernière page.
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Une petite angoisse me saisit. Le monde de dehors, sans came, ça fait quoi ? Ca me ferait quoi, aujourd'hui, sans came, de me mélanger à la foule des barbus à sandales, et des mémés à bicyclette, sur le trottoir matraqué de soleil ? D'entrer dans le Delicatessen et de dire : "Je voudrais un soda !" Eh bien, je ne sais pas. Mais comment est-ce que je pourrais savoir ? Saleté de baraque.
"J'ai 47 ans !" qu'il dit à brûle-pourpoint. Comme si ça allait me faire quelque chose. Ça ma fait. Pas à cause des 47 ans. A cause de ce qui se passe dans ses yeux. L'image du vieux rêve à la con qu'il a du se trimbaler avec lui pendant ses cavales, à l'ombre de ses planques, derrière les barreaux de St-Quentin. le vieux rêve à la con d'avoir une bonne femme. Le vieux rêve du vieux rêve, mais ça, évidemment, ça n'a pas grand-chose avec moi. N'empêche. D'un coup, ça me fais plaisir d'être son rêve...[...] Une petite flamme s'allume au fond des prunelles marron clair. Brusquement, je vois ses autres yeux, derrière. ses yeux qui tabassèrent Salomon. Ses yeux sans reflets, comme ceux des tueurs de cinéma. Une petite peur me serre l'estomac. Et là, ma vieille, l'Elton, je le trouve beau pour la première fois.
Quelquefois, je me demande si je suis une romancière authentique. Qui vit les choses pour pouvoir les écrire, après. Ou une ratée de la littérature. Qui vit les choses faute d'être capable de les écrire.
Connasse, tu l'as cherché.Atterri, d'un autre, au milieu de la chambre. Mais qu'est-ce que je vais faire, sans lui ? Tu l'as cherché. Bousilleuse. Malade. paumée. Flinguez-moi. Ça, il était à deux doigts. Comme je la passais, la porte, ses yeux m'avaient fait reculer d'un pas. Ses yeux qui n'étaient plus que deux points sans reflets, comme ceux des tueurs de cinéma. Mais il ne m'avait pas tué. Il avait fait pire. Il avait dit : "Fous le camp, salope !".
Mais qu'est-ce qui me disait que je me donnerai une chance d'essayer ? ...Ce que je me donnais, pour l'instant, et au kilo, c’était du cinéma dans ma tête...Je m'imaginais, filant en douce, tenaillée par le manque. Mes jambes grelottantes me conduisaient jusqu'au ponton. Et, naturellement, il était là, planté dans le soleil, mon petit soleil à moi. Avec son Levi's sale et sa mèche dans l’œil... "Ah, voilà la Française ! Justement, j'ai de nouvelles pilules ! Des turques !" s'écriait-il. Sa main versait dans la mienne une pluie de petites chéries rouges et bleues. J'avalais le tout. Et, ah, le monde était bon et beau à nouveau. vive l'Amérique. Vive la France...Et je passais encore trois semaines de vacances du tonnerre sur la plage grise. Et, un matin, un avion glorieux me ramenait enfin dans mon beau pays.