L'exigence demande une certaine persévérance…
Après plus de trente ans à écrire,
Elmore Leonard a enfin connu la consécration en 1984 avec le prix
Edgar Poe du meilleur roman pour le roman «
La Brava » court mais o combien dense. Cet écrivain américain, ami de
Westlake, nous a malheureusement quittés le 20 aout dernier à l'âge de 87 ans en laissant des dizaines d'ouvrages, à la fois portant sur le western à ses débuts et sur le polar par la suite.
Connaissant la renommée de l'auteur, je n'avais jamais encore découvert ses livres jusqu'alors et, comme une funeste coïncidence, j'ai terminé la lecture «
La Brava » en lisant hébété que cet écrivain venait de rendre son dernier souffle de vie.
Raison de plus pour promouvoir ce grand roman !
Des les premières pages de ce récit, de nombreux personnages se télescopent dans un hôpital de Delray Beach.
En effet, en compagnie de son ami «
La Brava », Maurice
Zola vient chercher aux urgences une ancienne actrice Jean Shaw arrêtée par les policiers en état d'ébriété sur la voie publique. Dans le Hall d'accueil des urgences,
La Brava se trouve obliger malgré lui d'assommer un grand blond qui souhaitait embarquer Jean Shaw en se faisant passer pour un policier du nom de Richard Nobles. Il faut dire que Nobles l'avait bien cherché en injuriant et en bousculant la surveillante des urgences sous les yeux de «
La brava » interloqué.
Pour mieux comprendre le contexte, Joseph
La Brava, dit Joe, est un ancien des services secrets américains et désormais photographe tandis que Maurice, vieil homme plutôt riche a priori, est propriétaire d'un hôtel « Della Robbia » et semble vivre de ses rentes. Coïncidence incroyable, Jean Shaw s'avère être une actrice plutôt connue dont
La Brava était amoureux à l'âge de 12 ans sans qu'elle ne le sache évidemment. Et tous vont loger dans le « Della Robbia » pendant quelques temps…
De son coté, Richard Nobles, ancien flic et vigile, est un petit escroc faisant affaire avec Cundo Rey, gogo-dancer et réfugié cubain. Et nos deux lascars préparent un gros coup, histoire de pouvoir se la couler douce un bon moment au soleil !
A vous de découvrir comment tout ce beau monde va interagir non loin du « Della Robbia » dans cette région du sud de Miami Beach…
Pour un roman qui s'avère plutôt court, j ‘avoue avoir eu un mal fou au début à comprendre ces personnages, ce qu'ils étaient et surtout ce qu'ils cherchaient à obtenir. Heureusement, à la moitié du roman, l'épais brouillard se dissipe comme par enchantement lorsque l'auteur nous dévoile la face cachée de nos personnages dignes du grand
Hitchcock. A partir de cet instant, le spectacle littéraire nous émerveille et chaque dialogue se déguste avec gourmandise.
Si comme moi vous ne comprenez pas bien la première partie de cet ouvrage, surtout persévérez et je vous garantie que vous serez récompensé de vos efforts par une lumineuse seconde partie où
Elmore Leonard démontre tout son formidable talent de conteur et de dialoguiste.
Une fois achevé la lecture, je me suis replongé irrésistiblement dans les trente premières pages pour mieux apprécier le début de ce récit que j'avais eu tant de mal à assimiler.
Pour conclure, je ne peux que vous encourager à découvrir ce roman noir original et parfaitement ciselé. Merci Monsieur Leonard d'avoir autant résisté à la facilité d'écriture dans un tel roman et de porter le roman noir à des sommets de la littérature.
A coup sûr, je n'oublierai pas de sitôt ce nom et me plongerai avec bonheur dans «
Maximum Bob » ou «
La loi de la cité » prochainement…