41 pages – LCI/71
Pour me remettre de mes mauvaises émotions de la lecture précédente, un petit tour dans le Jura, une nuit de tempête formidable.
4 amis d'enfance sont partis chasser et le mauvais temps les a empêchés de rentrer, réfugiés dans une grotte, ils sont invités par celui que la région surnommé “le gentilhomme”, homme entouré d'une aura néfaste et de son chien qui aboie en silence, les superstitions sont tenaces.
Sa gentilhommière est sinistre par ce temps de fin du monde et cerné par un cercle aride, à peine éclairé par le feu et les bougies. le narrateur, curieux et dubitatif, met les pieds dans la “mauvaise chambre” !
Leur hôte se sent dans l'obligation de leur raconter ce qui lui est arrivé dans cette chambre pour les mettre en garde !
Le titre dévoile le coeur de l'histoire je n'ai donc pas été surprise mais j'ai beaucoup aimé retrouver la légèreté de plume de Leroux qui arrive à faire ressentir les émois et les peurs des jeunes gens. le portrait du “gentilhomme” est saisissant de justesse, il serait facile d'en faire un portrait-robot !
Challenge MAUVAIS GENRE 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge XIXè SIECLE 2021
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Le coup de tonnerre fut si violent que nous pensâmes que le coin de forêt qui poussait au-dessus de nos têtes avait été foudroyé et que la voûte de la caverne allait être fendue, comme d’un coup de hache, par le géant de la tempête. Nos mains se saisirent au fond de l’antre, s’étreignirent dans cette obscurité préhistorique et l’on entendit les gémissements des marcassins que nous venions de faire prisonniers. La porte de lumière qui, jusqu’alors, avait signalé l’entrée de la grotte naturelle où nous nous étions tapis comme des bêtes, s’éteignit à nos yeux, non point que l’on fût à la fin du jour, mais le ciel se soulageait d’un si lourd fardeau de pluies qu’il semblait avoir étouffé pour toujours, sous ce poids liquide, le soleil.
La porte poussée, je ne remarquai tout d’abord rien d’extraordinaire. Mais je fus saisi par une odeur indéfinissable, une odeur qui n’était point seulement « de renfermé », une odeur effacée et lointaine, aigre et brûlante. Je croyais être sûr de n’avoir jamais senti cette odeur-là. Elle n’était point désagréable.
Et, je ne sais pourquoi, je m‘amusais aussitôt à l’idée que cette odeur était peut-être bien l’odeur du Diable. Mais j’en fus pour mon idée, car ayant deviné au fond de la pièce, sur la droite, la forme de la vaste cheminée qui, montant de l’âtre sis au-dessous de nous, dans la salle, se continuait jusqu’au toit en se rétrécissant à travers plafonds et planchers, mon esprit positif imagina aussitôt qu’une telle odeur me venait ; par quelque interstice, d’une telle cheminée.
— Mais c’était Petit-Leduc, s’écria Makoko… Et vous avez eu le cœur de rejeter le garçon dans la montagne, la nuit, en plein hiver ! C’est vous qui l’avez tué !…
— Oui, certes !… fit l’homme, simplement, c’est moi qui l’ai tué… Et vous voyez que cela m’a rendu hospitalier, Messieurs…
— Et pourriez-vous nous dire pourquoi vous l’avez chassé de votre maison ? gronda sourdement Makoko, dont le poing féroce semblait se préparer à assommer ce singulier hôte.
Sans hâte, le gentilhomme posa sur nous son regard mort.
— Parce que ma maison porte malheur… dit-il… Est-ce que ce n’est pas ce qu’on raconte dans la montagne ?…
La chambre était vaste, occupée dans son milieu par un lit très simple à colonnettes, mais qui, s’il datait réellement comme je le présumais de Henri III, pouvait être d’une grande valeur. De lourdes tentures d’un vert décoloré pendaient aux deux fenêtres.
Dans un coin, il y avait une commode du premier Empire à table de marbre. Au-dessus de cette commode une étagère-bibliothèque, et dans cette bibliothèque, une douzaine de vieux ouvrages dont je lus quelques titres : Judas et Satan, Le Sabbat, L’Envoûtement tel qu’on le pratiquait au Moyen-Âge, Les Sorciers du Jura…
Je ne pus m’empêcher de sourire à cette accumulation de littérature diabolique et je me disposais à me retirer quand je fus arrêté par l’attitude de l’armoire à glace. (...) On eût dit un meuble ivre, cherchant un équilibre qui lui échappait. Décollé de la muraille, il se penchait vers moi comme s’il avait décidé de me tomber dans les bras. Logiquement, de par le simple exercice des lois de la pesanteur, cette armoire devait, me semblait-il, continuer son inclinaison jusqu’à ce qu’elle eût rencontré le carreau de la chambre, en un fracas nécessaire.
Gaston Leroux : Le Fantôme de l’Opéra (1964 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 octobre 1964. “Le Fantôme de l'Opéra” est un film radiophonique de Jean-François Hauduroy adapté, en 1964, du roman éponyme de Gaston Leroux écrit en 1910. Ce fantôme, qui hante les sous-sols de l'Opéra Garnier, n'en est pas vraiment un. Il nous effraie et nous terrifie car c'est un personnage de chair et de sang. Erik, le “fantôme” de l’Opéra, personnage tout à fait extraordinaire, dont le rôle est tenu ici par un acteur non moins extraordinaire, Alain Cuny, avec également Danièle Ajoret, René Farabet et Jean-Roger Caussimon dans le rôle du Persan.
Résumé :
Des événements étranges ont lieu à l'Opéra : le grand lustre s'effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l'évidence : un fantôme ou un homme machiavélique nommé Erik hante le théâtre. Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Peu après, les directeurs de l'Opéra se voient réclamer 20 000 francs par mois de la part d'un certain « Fantôme de l'Opéra » qui exige aussi que la loge numéro 5 lui soit réservée.
Au même moment, une jeune chanteuse orpheline nommée Christine Daaé, recueillie par la femme de son professeur de chant, est appelée à remplacer une diva malade, la Carlotta. Elle incarne une Marguerite éblouissante dans “Faust” de Gounod. Or, elle est effrayée. Au vicomte Raoul de Chagny, qui est secrètement amoureux d'elle, elle confesse une incroyable histoire. La nuit, une voix mélodieuse l'appelle : elle entend son nom et cela lui suffit pour inspirer son chant. En outre, l'ange de la musique visite fréquemment sa loge. Elle affirme avoir entrevu l'être qui l'accompagne dans son art. Mais Raoul et Christine ne tardent pas à découvrir que cette voix est celle du fameux fantôme nommé Erik, un être au visage hideux. Ancien prestidigitateur, il s'est réfugié dans son royaume souterrain, sous l'Opéra, pour y composer une œuvre lyrique. Passionnément épris de la jeune Christine, il l'enlève et l'emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs.
Raoul de Chagny, aidé d'un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions. Mais la persévérance du jeune Raoul et le courage de Christine, prête à sacrifier sa vie pour sauver le jeune homme, dont elle aussi est éprise, poussent Erik, le fantôme de l'Opéra, au repentir.
Interprétation : Danièle Ajoret (de la Comédie Française, Christine Daaé), Alain Cuny (Erik), René Farabet (Georges / Raoul de Chagny), Jean-Roger Caussimon (Le Persan), Christian Lude (Firmin Richard, le nouveau directeur), Hubert Deschamps (Armand Monchardin, le nouveau directeur), Jeanne Frédérique (Madame Giry).
Avec le concours de René-Jacques Chauffard, Raymond Pélissier, Raymond Jourdan, Micheline Bona, Dominique Jayr, Pierre Decazes et René Renot.
Bruitages : Robert Maufras
Réalisation : Claude Roland-Manuel
Sources : France Culture et Wikipédia
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