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Michelle Giudicelli (Traducteur)
EAN : 9782267020496
571 pages
Christian Bourgois Editeur (03/09/2009)
4.38/5   13 notes
Résumé :
« Il doit être minuit parce que les bruits, ceux du jardin, ceux de la maison et ceux de ma femme qui a fait partir les chiens en les fouettant légèrement avec une branche.

- Fichez-moi le camp

elle a attaché la chienne en chaleur dans le garage et je parie qu’elle s’est couchée parce que pas de lumière dans le couloir ni dans la chambre dans laquelle je ne pénètre plus depuis des siècles, je reste ici très loin d’elle avec tout ce sile... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avec « Je ne t'ai pas vu hier à Babylone » Antonio Lobo Antunes pousse à l'extrême son travail d'écriture. Il nous donne à lire un livre doublement difficile, parce qu'il révèle l'intériorité âpre de personnages profondément détruits et parce qu'il utilise des procédés littéraires inédits.
Ce livre, de chapitres en sous chapitres, de minuit à cinq heures du matin, de personnage en personnage, égraine des heures interminables d'insomnie. C'est un véritable labyrinthe polyphonique dans lequel Antonio Lobo Antunes nous invite à entrer. Tous les soliloques s'apparentent à d'épouvantables cauchemars dans lesquels il est vraiment difficile de démêler le vrai du faux. Tous les protagonistes sont liés à « l'homme », personnage principal de ce livre. Tous les protagonistes sont aussi des êtres profondément détruits. « L'homme », cet abject agent de la police politique de Salazar, spécialiste des liquidations et tortures, veille, il semble craindre la vengeance de ses anciens collègues. Il songe à sa soeur aînée qui l'a élevé et qu'il a perdue de vue, il voit et revoit interminablement le couvercle du cercueil qui s'abat et écrase le visage de sa mère. La mort de celle-ci, alors qu'il était encore enfant, a provoqué un traumatisme aux conséquences funestes. Anna Emilia, maîtresse de « l'homme » et femme d'un policier bestialement assassinée par son amant, songe à sa fille suicidée à quinze ans après le meurtre de son père. Alice, femme de « l'homme », délaissée et frustrée de son désir de mère, revoit son terrible père propriétaire terrien et revit l'avortement qui lui a été imposé par son mari. Des gens blessés par la vie, malades de leur enfance, des vies tristes, végétatives, animales ; des images infiniment douloureuses de mort, de tortures, de violences, d'abandon, de rejet, de meurtre, d'avortement, de solitude – mêlant confusément, à l'aube de la vieillesse, en forme de bilan, passé et présent – tourmentent sans répit tous les acteurs de ce drame.
Chaque narrateur – une seule, longue et unique phrase par chapitre – prend la parole. Ce sont de longs monologues non linéaires, répétitifs, sans cesse interrompus, obsessionnels (poupée, chêne vert, boucle d'oreille, bicyclette, coups de cuillère sur une boite de fer blanc, planètes éteintes…). le propos est parfois incohérent, celui d'un malade mental ? le texte est fracturé, complexe et servi par une ponctuation difficile. Un réseau de métaphores monomaniaques – chiens, oiseaux, arbres – passe dans le récit d'un personnage à l'autre ; les morts prennent la parole ; faut-il envisager la possibilité d'une narratrice unique ? Anna Emilia, au dernier chapitre, revendique ce rôle et affirme qu'elle a menti. Lobo Antunes lui-même aussitôt et très brièvement – à la Hitchcock –apparaît.
« Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone » est d'une lecture difficile, mais c'est le prix à payer pour suivre au plus prêt les pensées des personnages. On ressent leur douleur, leurs angoisses, leur solitude, leur dérèglement. On entrevoit la possible banalité de la monstruosité. Certes, on gagne en lucidité mais on ne retrouve pas, me semble-t-il et c'est là ma seule réserve, tout ce qui fait la richesse, la beauté habituelle de la langue de Lobo Antunes.

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Première expérience avec Lobo Antunes et assurément la plus grande claque littéraire de ces dernières années. Ce n'est plus un livre c'est une expérience, c'est le passé indicible que avec lequel on essaye de s'arranger depuis des années qui vient vous ronger à la nuit tombée, c'est le récit qui se perd, se répète, s'effiloche et finit par vous faire pleurer comme un enfant. C'est l'âme même de ce que doit être la littérature en tant qu'art pour moi.
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Dans l'obscurité d'une nuit sans étoiles, les personnages de ce roman ressassent leurs vagues à l'âme. Dans cette insomnie, les heures passent lentement distillant au fur et à mesure l'amertume des regrets du passé. Chaque bruits étouffés, chaque objets, chaque bibelots sont autant de vanités qui les renvoient à leurs pensées lugubres : défunts dont les souvenirs s'estompent et se dématérialisent, poids de la culpabilité qui les hantent, présent comme une chape de plomb étouffante qui les emprisonnent, doute sur l'utilité de leurs propres existences, poids du monde social. A l'aide d'une écriture emprunte de poésie l'auteur arrive merveilleusement bien à retranscrire à l'écrit ces épisodes angoissants et dépressifs où les idées se bousculent de manière anarchique dans la tête pour tourner en rond de manière presque incessante, où l'on se complet à inventorier ses échecs, où l'on s'abreuve jusqu'à la lie au breuvage de l'aigreur. Un roman d'atmosphère, sous forme de comptine macabre, méditative et nostalgique dont la littérature portugaise est la spécialiste, qui ne se lira certainement pas d'une traite mais qui fera forte impression. Un livre pour lecteur en pleine forme…
Lien : http://au-chat-pitre.izibook..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Tout ça parce qu'en automne personne n'arrive à dormir, on finit par devenir jaune de la couleur du monde qui commence en septembre sous le monde rouge, le silence cesse de s'affirmer, il écoute, il s'attarde sur les objets les plus insignifiants pas sur les coffres et les armoires, sur les bibelots, sur des coffrets, ce n'est pas nous qui l'entendons, c'est lui qui nous entend, il se cache dans notre main qui se referme, dans le pli tissu, dans les tiroirs où rien ne loge sauf des épingles, des boutons, on se dit
- je vais enlever le silence de là
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Et si pour comprendre les racines de la violence, on écoutait ceux qui traquent la violence et ceux qui s'y adonnent ? Quitte à plonger au coeur du mal…
« Mon nom est légion » d'Antonio Lobo Antunes, c'est à lire en poche chez Points.
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