Jack London écrit des articles , assez bien payés, sur des combats de boxe et il est l'un des premiers à franchir le cap et à prendre un boxeur pour héros d'un récit . C'est le cas de ces deux nouvelles mais aussi du roman
La Vallée de la Lune sur lequel je ferai un compte rendu.
Ce sujet, le mode de la boxe, est provocateur à l'époque, en ce début du XX ème dans les années 1905-1910, considéré même comme vulgaire. Pourtant la lecture de ces nouvelles, le Jeu du Ring et La Brute de cavernes, ne suscite pas de dégoût ni de sentiment de médiocrité. Il n'y a pas de sujet noble en littérature, ce qu'on lit en ce moment le prouve bien,
Jack London écrit aussi à une autre époque.
les deux nouvelles prennent place dans le monde de la boxe de ces années-là en Californie, avec deux héros en apparence très différents. Joe Flemming, le boxeur du Jeu du Ring, est une sorte d'ange de la boxe, dont les manières, assez raffinées, le distingue des autres boxeurs, des brutes. du moins c'est souvent ainsi qu'il est vu, sans doute un peu par le regard de son amoureuse Geneviève Pritchard. Elle considère la boxe comme sa rivale dans le coeur et l'esprit de Joe, On peut lui donner raison si l'on considère la fin de l'histoire. Bref, elle assiste, cachée et déguisée en homme, à travers un judas aux combats de Joe. En effet, à l'époque il est interdit aux femmes d'y venir. Les combats sont racontés en détail avec des termes très précis sans que cela alourdisse le récit. Il plane pourtant dès le début une menace que la fin justifie. Il y a aussi le dilemme, si l'on peut dire, de Joe partagé entre son amour de la boxe, rémunérateur, et celui qu'il éprouve pour Geneviève. Cela se traduit en termes simples :" Il faudrait sacrifier à cet être, exigeant et concret, une partie des joies du ring."
La seconde nouvelle, La Brute des cavernes, est l'histoire de Pat Glendon, une sorte d'homme sauvage, de la nature plutôt, un être intelligent pas perverti par la ville disons. Il vit en autarcie dans les montagnes de Californie avec son père. Ce dernier le confie à un manager de boxe car il le sait très doué. Pat n,'est pas un "simplet" qui sait frapper, contrairement à ce que l'on pense de lui au départ. Il porte en lui une sorte de pureté naturelle qui lui fait expédier les combats très vite alors que le monde de la boxe veut les faire durer devant un public demandeur et aussi en raison d'accords financiers secrets que Pat ignore.
Sa route croise celle de Maud Sangster, une jeune femme sportive et indépendante, reporter au Courrier Journal de San Francisco. Elle va l'interviewer et lui ouvrir les yeux sur ces combats arrangés et l'univers de la boxe. La nouvelle se termine sur un clin d'oeil, le ton léger tranche avec la précédente.
Des lectures intéressantes pas seulement par le thème choisi et ces sportifs qui deviennent des héros littéraires mais aussi par le regard porté sur les femmes à l'époque.