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EAN : 9782246002635
475 pages
Grasset (01/06/2001)
3.97/5   34 notes
Résumé :
La Chine a changé. Le fils du consul a grandi. Après quelques pages qui rappellent la vieille cité de Tcheng Tu, magnifiée par la magie de l'enfance, d'un seul regard, il s empare du haut plateau du Yunnan : . mon lac, mes temples, mes remparts, mes montagnes, ma ville »; Tout le burlesque tragique de la Chine d'antan, mais qui s'étend aussi à la Chine nouvelle, à la Chine de la Révolution. Chine des années folles, où, pour la première fois, les Blancs ont peur. Ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Après Monsieur le consul qui lui avait valu le prix Interallié, Lucien Bodard poursuit le récit de ses souvenirs d'enfance. C'est toujours aussi fascinant, les pages tournent comme dans un bon roman policier et tout est passionnant : la Chine et les Chinois, aussi bien que les Bodard et leurs rapports familiaux.
C'est un peu comme si Hervé Bazin avait été invité par Alexandre Dumas à rentrer dans un de ses romans.
Albert, le père, est toujours consul mais la famille a quitté Chendgu pour s'installer à Yunan Fu (Kunming aujourd'hui) la capitale du Yunnan, province frontalière de l'Indochine.
Il rêve toujours de mener à bien la prolongation jusqu'à Chengdu du chemin de fer qui relie Hanoï à Kunming. Nous sommes en 1925 et si les Seigneurs de la guerre sont toujours là, de plus en plus nombreux, toujours aussi avides et sanguinaires, on commence à parler de Sun Yat-sen, de prolétariat, de syndicats et de commissaires politiques. Tchang Kaï-chek est à cette époque « pour tous les Blancs…l'incarnation du bolchevique sauvage ». Mais, dans la Chine éternelle, tout est fugace et les renversements de rôles sont courants et parfois prévus longtemps avant comme le confiera à Albert le consul de Grande-Bretagne, éminent membre de l'Intelligence Service.
La misère et l'horreur quotidienne sont toujours là : «Dans la Chine des campagnes, le respect des anciens c'était souvent une blague, en cas de disette ils mourraient vite» ; Lucien reçoit de son père une gifle « jamais oubliée, jamais pardonnée », sa mère Anne-Marie parée pour une fête somptueuse veut « mourir belle. Vous le savez bien, la mort est sur nous. A chaque instant nous pouvons être égorgés ». Les Seigneurs de la guerre continuent de s'entretuer jusqu'à la victoire du protégé d'Albert. Tous les membres des états-majors rivaux sont décapités, seul un obscur colonel du nom de Chou-teh parvient à s'échapper. Ironie de l'Histoire, c'est ce Chou-teh qui, dix ans plus tard devenu communiste par opportunisme, unira ses maigres forces à celles d'un certain Mao pour lui permettre de résister à l'anéantissement qui lui était alors promis.
La famille Bodard se rend, à l'invitation du gouverneur de l'Indochine, à Hanoï et découvre la « belle vie » de la haute société coloniale. Anne-Marie est courtisée, Albert profite de quelques bonnes fortunes et Lucien accompagne le gouverneur en tournée d'inspection. le chemin de fer ne sera jamais prolongé, Albert navigue encore avec brio dans son panier de crabes du Yunnan; il gagne l'estime et le soutien du gouverneur, bien aidé par la beauté et le charme d'Anne-Marie, laquelle se montre beaucoup plus attentive, presque charmante vis-à-vis de son époux. Lucien a dix ans, sa mère décide que l'heure est venue pour lui de découvrir la France et d'y entamer de solides études. La famille va rentrer ? Albert ne peut pas car le Quai d'Orsay ne lui a pas trouvé de successeur digne de confiance. La mort dans l'âme et la larme à l'oeil, il va devoir laisser la mère et l'enfant rentrer seuls.
« le paquebot manoeuvre pour s'écarter du quai où s'agitent des centaines de mouchoirs, mais le plus large, celui qui remue le plus longtemps c'est celui de monsieur le consul. Anne-Marie et moi sur le pont supérieur du navire nous lui répondons, mais avec des gestes beaucoup plus mesurés. Anne-Marie a ses traits nets et l'oeil luisant. Enfin elle se détourne et je la suis. Nous sommes libres »
Dernière phrase terrible qui annonce le dernier volet de la trilogie intitulé « Anne-Marie », lequel sera couronné du Goncourt…
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Entre récit, roman et biographie ce livre nous replonge dans la Chine et l'Indochine d'il y a 100 ans peu avant l'écroulement de cet ancien monde. Pour le coup, l'espace d'un siècle parait un gouffre. Entre une Chine où l'on se croirait revenu au moyen-âge avec ses seigneurs de la guerre et le règne des colons en Indochine, c'est un autre monde qui nous est décrit sans complaisance par l'auteur, qui l'a vécu en tant qu'enfant privilégié, fils de consul. Les personnages sont intéressants et bien décrits, même si on se perd un peu dans les alliances et rivalités des protagonistes. L'ambiance générale est bien rendue et le livre instructif.
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Lucien, fils d'Anne-Marie et Albert Bodard, consul de France en Indochine dans les années 1920, raconte ses dix ans dans cette lointaine contrée. L'auteur a construit son livre sur fond de récits historiques relatant la montée de l'anti colonialisme qui amènera, plus tard, à la fin de cette "possession" française. Anne-Marie, aristocratique jusqu'au bout des ongles n'est pas très aimante de ce mari qui, cependant, lui apporte une position sociale qu'elle valorise comme personne. Albert est un fin diplomate qui bâtit sa notoriété, tant en métropole que sur place, par une immersion profonde dans la société chinoise. le mari et la femme constituent une sorte d'association d'intérêts que Lucien observe en prenant le parti de sa mère. Obsédé par son plan de carrière, le père n'est soucieux que de l'inextricable dans lequel il se trouve, loin de ceux dont il attend une gratification qui, il le sait, se transformera en couperet si d'aventure ses initiatives se soldent par un échec.
Tandis qu'il nous décrit la complexité de ces situations, l'auteur fait peu à peu émerger, en filigrane, une certaine admiration pour ce père dont, sans doute, il regrette le faible empressement à lui montrer, lorsqu'il était enfant, qu'il comptait en tant que fils et non en tant que marqueur de sa réussite dans la vie.
Entre récit et roman, cet ouvrage est un double témoignage : historique et personnel. Bel exercice de style.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je suis né au-delà des Chines connues, des Chines colonisées, au-delà des terribles gorges du Yang Tsé Kiang à plus de trente jours de jonques de Shanghaï, dans la province du Sseu Tchouan. Une vieille province de quatre-vingts millions d'habitants, séparée du reste de la Chine par les massifs les plus hauts du monde, une province très vieille, très féodale, très superstitieuse, très belle, très riche. C'était encore la Chine antique : les villes, leurs murailles, les champs de riz, les collines, les montagnes, les fleuves immenses, les populations immenses, la misère immense, toutes les fleurs, les rhododendrons et les lis sauvages, et aussi la gaieté. La joie de vivre, la joie d'avoir sa bouchée de riz.
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Qu'Albert Bodard soit conformiste et poltron, c'est une évidence. Mais en même temps il est un aventurier. Un aventurier qui se condamne lui-même à l'héroïsme. Dans un poste, il ne peut rester tranquille. Il lui faut machiner, et ce n'est pas peu de choses que de machiner avec les Chinois.
Comme il est différent des diplomates français de haut rang, de belle prestance, qui ont l'art accompli de ne rien faire, de ne rien entreprendre, de ne rien esquisser, d'esquiver toutes les difficultés par un sourire à la Talleyrand. beaucoup sont peu intelligents sous leurs figures qui se font les miroirs du néant.
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"Mais que faites-vous Anne-Marie ?
Je veux mourir belle.
Que dites-vous ?
Je veux mourir belle. Vous le savez bien, la mort est sur nous. A chaque instant, nous pouvons être égorgés.
Albert veut la prendre dans ses bras. Elle le repousse.
Je n'ai pas besoin de vous pour mourir. Mon fils me suffit."
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C'est peut-être à partir de ce moment-là que je me suis senti plus proche de ma mère et que s'est précisé mon éloignement à l'égard de mon père. Car cette gifle-là, je ne l'ai jamais oubliée, je ne l'ai jamais pardonnée, jusqu'à ce que cinquante ans plus tard je le voie sur son lit de mort.
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J'ai eu une enfance magique. mais il s'agissait d'une magie contrôlée par les règles de la "face", de l'étiquette, des rites. Une barbarie codifiée. la marque de la Chine. Une indifférence de feu.
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Videos de Lucien Bodard (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucien Bodard
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
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