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Ely Halpérine-Kaminsky (Traducteur)
EAN : 9798637109128
159 pages
Auto édition (14/04/2020)
4.43/5   7 notes
Résumé :
Récit d’un voyage mouvementé de Russes égarés dans « le territoire des Cosaques du Don, près de Novotcherkask », sous une tempête de neige, la nuit.

« La tourmente était si forte, que c’est à peine si, en baissant tout à fait et en retenant de mes deux mains les pans de mon manteau, je pus, à travers la neige en mouvement que le vent soulevait de dessous mes pieds, faire les quelques pas qui me séparaient du traîneau...»

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
A propos d'Une Tourmente de neige de Léon Tolstoï, oeuvre de jeunesse

Le 24 janvier 1854 tolstoï, qui a vingt-cinq ans, est pris dans une tempête de neige alors qu'il revient du Caucase, sur le chemin de la maison, Iasnaïa Poliana. Il erre toute la nuit et risque d'être enseveli. Il se promet, s'il réchappe à cette tourmente, d'en tirer un récit. Sauvé, il note dans son journal : " Pour réussir dans la vie, il faut être brave, résolu et garder son sang-froid".

Deux ans se passent : tolstoï rejoint l'armée de Crimée ; il fait le siège de Sébastopol, au cours duquel il écrit les Récits de Sébastopol ; ces Récits paraissent dans le Contemporain et ont un vif succès ; puis tolstoï part pour Pétersbourg.

En janvier 1856, deux ans après la nuit de la tempête, il commence à écrire Une Tourmente de neige. La nouvelle paraît en mars de la même année dans le Contemporain.

Info remontée par Bienstock et Biriukov


28 mars 2024
On a toujours quelque chose à dire sur une critique un peu ancienne.
Bon, Tolstoi a écrit deux tempêtes de neige : une la présente écrite dans sa jeunesse et parachevée en 10 jours en février 1856 où il est question d'une chose vécue pendant l'hiver 1854-55 , le narrateur face aux éléments qui se déchaînent et qui lui font perdre son chemin dans la Russie profonde ; la deuxième qui est plus un conte : Maître et serviteur écrit en 1895, soit 40 ans plus tard, et là c'est une tout autre histoire puisqu'il est question, alors que la neige s'épaissit jusqu'à ne plus voir la route, le maître sur une affaire pressente n'en fait qu'à sa tête et bien imprudemment s'engage dans forêts et champs enneigés par des chemins tortueux pour acheter un bois à un marchand, accompagné de son boy, sans compter sur un troisième personnage dont on ne parle pas, mais qui est pourtant bien présent, le cheval. La sort de l'un va dépendre du sort de l'autre au cours de péripéties assourdissantes…

Mais revenons à la première tempête de neige. Je l'avais franchement oubliée en quatre ans. En lisant les lignes suivantes émanant probablement de Michel Aucouturier que voici : « Ces nouvelles témoignent de l'art de Tolstoi d'accorder moins d'importance aux événements et plus de caractère aux images poétiques , mettant l'accent sur les personnages et les relations entre seigneurs et paysans : dans Lucerne.., dans les Deux hussards ..,
Michel Aucouturier, directeur de collection chez Gallimard signe une longue préface à ces textes réunis où la poésie l'emporte. En 35 pages, c'est toute l'expertise du grand spécialiste de Tolstoi en France qui apparaît : elle s'impose, à moi absolument !

Je ne sais pas à vrai dire pourquoi ce texte si beau, si « naturel » avait échappé à mon attention ces dernières années. Il devait être en sommeil, alors que je me suis porté sur les autres récemment comme les Deux Hussards et le Cheval par exemple.

Ce qui me remet en selle est aussi le sentiment par rapport à la neige que j'ai valorisée dans un certain nombre de peintures et qui remontent aussi aujourd'hui comme par hasard. Une d'elles pourrait très bien illustrer la Tempête de neige !..
Ce texte est un récit semi-autographique inspiré d'un épisode réellement vécu par l'auteur alors qu'il revenait du sud en direction d'Iasnaia Poliana.

« Vers sept heures du soir, après avoir bu le thé, je quittai le relais dont je ne me rappelle plus le nom, mais je me souviens que c'était quelque part sur le territoire de l'armée du Don, près de Novotcherkask. Il faisait déjà nuit lorsqu'enveloppé dans la pelisse et le tablier, je m'assis dans le traîneau à côté d'Aliochka …
« La petite clochette commençait à s'éteindre ; un petit courant d'air frais, à travers quelque ouverture de la manche, me glissait dans le dos, et je me souvins du conseil du maître de poste de ne pas partir dans la crainte d'errer toute la nuit et de geler en route.. »

Certes, mais se le rappeler alors que l'équipage semblait engagé dans sa course sans équivoque , n'était pas de nature à altérer cette crainte. En relisant ce passage, j'en vois un autre presque diabolique, ce jeune joueur de banjo dans Délivrance, dégénéré de son état assis sur un pontet qui voit passer les quatre aventuriers venant de la civilisation à bord d'une embarcation, qui semble visiblement leur échapper : c'était en fait le signal que les choses allaient se gâter pour eux. Cet air de banjo leur était offert, mais pour le pire.



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Le narrateur voyage en troïka, guidé par un yamchtchik, la nuit. Bientôt une tourmente de neige les aveugle. Les voilà égarés dans l'immense steppe désolée, territoire des cosaques du Don.
Une formidable nouvelle encore qui m'a embarquée dans l'aventure. le dépaysement est total dans cette immensité glacée. Les descriptions saisissantes, d'une incroyable précision. Vous êtes aux côtés du narrateur, emmitouflés vous aussi dans une chouba, les cils gelés, les yeux rougis. Inquiets, angoissés, Et ce cocher, ce yamchtchik qui ne sait pas, qui ne sait rien. Faut-il retourner ? Faut-il continuer ? Perdus ! Et puis vous entendez derrière les petites clochettes de plusieurs troïkas qui vous rejoignent et vous dépassent bientôt. le moral remonte, Il faut les suivre...

Lu sur la beq dans la traduction d'Halpérine-Kaminsky 1886 ( 58 pages)
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Leurs clochettes se moururent. Un petit courant d'air froid, s'insinuant par quelque ouverture de la porte, me glaça le dos, et je me rappelais le conseil que le maître de poste m'avait donné de ne point partir encore, de peur d'errer toute la nuit et de geler en route.
-N'allons-nous pas nous perdre ? dis-je au yamchtchik.
Ne recevant pas de réponse, je lui posai une question plus catégorique :
-Yamchtchik, arriverons-nous jusqu'au prochain relais ? Ne nous égarerons-nous pas ?
-Dieu le sait ! me répondit-il sans tourner la tête. Vois comme la tourmente fait rage ! On ne voit plus la route. Dieu ! petit père !
-Mais dis-moi nettement si, oui ou non, tu espères me conduire au prochain relais, repris-je ; y arriverons-nous ?
-Nous devons y arriver...dit le yamchtchik
Il ajouta quelques paroles que le vent m'empêche d'entendre.
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Je me retournai. Les pristiajnaïas gris et frisés, allongeant le cou, retenant leur souffle, et la bride en désordre, trottaient sur la neige. Philippe, faisait claquer son knout et arrangeait son bonnet. Le petit vieux, les pieds en l'air comme avant, était étendu au milieu du traîneau.
Deux minutes après, les troïkas firent craquer le plancher devant la maison du relais, et Ignachka, tournant vers moi son visage hérissé de glaçons et soufflant le froid, me dit tout content :
-Nous vous avons mené, tout de même, barine !
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Pour ce qui est du lien avec la nouvelle de Pouchkine La Tempête de neige publiée vingt ans plus tôt, à part le titre je ne le vois pas, selon ce qu'en dit Le traducteur Michel Aucouturier, selon la définition de Goethe, une nouvelle au sens classique du terme est le récit d'un évènement extraordinaire. Celle de Pouchkine est le mariage par erreur , béni par le pope d'une petite église de campagne, d'une jeune femme, enlevée contre le gré qui forme le sujet de ses parents (..) La tempête de neige n'est que le prétexte à une intrique. Or chez Tolstoï, c'est elle-même dans ce qu'elle a de plus ordinaire (pour le pays et la saison) qui forme le sujet. Les péripéties d'une traversée nocturne de la steppe hivernale balayée par le vent et la neige, et d'où tous les repères ont disparu, sont loin de ce que les formalistes appelaient un "sujet", c'est-à-dire une intrigue. Ce sont pourtant elles qui nous tiennent en haleine tout au long du récit minutieux qui nous font partager au fil des minutes et aux heures les sensations du narrateur, ses impressions et ses rêveries ..
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La tempête de neige, on le voit, n'est que la motivation réaliste de l'évènement tout à fait exceptionnelle que raconte le récit. Or chez Tolstoï, c'est elle-même, dans ce qu'elle a de plus ordinaire (pour le pays et la saison), qui forme le sujet. Les péripéties d'une traversée nocturne de la steppe hivernale balayée par le vent et la neige, et d'où tous les repères ont disparu, sont loin de ce que les formalistes appelaient un "sujet", c'est-à-dire une intrigue. Ce sont pourtant elles qui nous tiennent en haleine tout au long du récit minutieux qui nous fait partager au fil des minutes et des heures les sensations du narrateur, ses impressions et ses rêveries : les images de la plaine disparaissant sous son tapis de neige, de l'horizon bouché par la chute des flocons, du ciel noir où apparaît parfois la lune, la vue des chevaux lancés à l'aventure dans le grand désert blanc par un cocher qui a perdu sa route, les silhouettes et les voix des autres cochers du convoi - toutes ces images qui se succèdent sous son regard alternent avec celles qui envahissent sa conscience assoupie, se superposant d'abord au réel, puis se mêlant et se substituant à lui. Tolstoï mène ici à son terme le projet qui avait inspiré cinq ans plus tôt, avant même Enfance, son premier essai littéraire, de caractère quasi expérimental, une Histoire de la journée d'hier, inachevée, dont le brouillon s'est conservé dans ses papiers : celui de suivre tout au long d'une journée comme les autres, et jusqu'à son assoupissement progressif, le cheminement de la conscience, ses caprices et ses intermittences.

L'efficacité de ce type de narration sans sujet repose sur un art que beaucoup plus tard, le poète Boris Pasternak définira ainsi : "Toute sa vie et à tout moment, (Tolstoï) posséda la faculté de voir les choses dans leur qualité unique et définitive d'un instant particulier, dans leur fond et dans leur relief, comme nous les voyons bien rarement : dans l'enfance ou sur la crête d'un bonheur qui renouvelle tout de fond en comble, ou dans le triomphe d'une grande victoire spirituelle"
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Neige

"N'allons nous pas nous égarer ? dis-je au postillon. Mais ne recevant pas de réponse, je posai la question plus clairement.
-Eh bien, postillon ! Arriverons-nous jusqu'au relais ? Ne nous égarerons-nous pas ?
- Dieu le sait, me répondit-il sans tourner la tête. Vois comme la neige commence à tomber, on ne voit rien du tout sur la route, Seigneur notre père !
(..) "Selon moi, il vaudrait mieux retourner, me dit Aliochka, il n'y a rien d'amusant à errer.
-Dieu Seigneur ! En voilà de la neige ! On ne voit rien de la route, les yeux sont tout à fait aveuglés.. Dieu Seigneur !" marmonnait le postillon
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