Un livre pour décevoir les touristes et les accrocs aux news. Un livre pour enchanter les voyageurs de l'intemporel et du savoir. Un livre pour appréhender les différences et les permanences. Un livre pour l'éloge des frontières et l'universalité de la culture. Un petit grand livre dans une collection qui contient beaucoup de pépites.
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3 voyages ; l'Iran en 2004, la Chine en 2003 et le Vietnam en 2003 qui rendent compte de la culture de ces pays et de la notion de frontière. Intéressant mais déjà passé...
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Le court-circuit progrès-régression; le prétendu choc des civilisations, cette mystification qui devient réalité par le biais du mensonge ; la continuelle transmutation de la lutte pour la liberté en oppression, la nécessité et la difficulté de la laïcité, les choses dernières et l'éphémère actualité quotidienne effacée par l'arbitraire de l'information : les problèmes brûlants du monde ressortent dans ces pays avec une particulière intensité et impriment une tonalité particulière au voyage. Les phénomènes inhérents à tout voyage la fuite, le retour, l'immoralité, la fraternité, le risque, la cruauté du voyager prennent, avec ces itinéraires, d'autres tons, de nouveaux accents, des nuances différentes.
L'éthique de la responsabilité, qui pense non seulement à la pureté des idéaux mais aussi à leurs conséquences pour les autres, est l'un des fondements de la vie civile et de la démocratie. Mais on ne sent jamais autant qu'en voyage combien est fort le risque qu'elle ne se dilue en complicité involontaire ou du moins en neutralité coupable. Les résidents, les sédentaires, sont obligés de faire à fond leurs comptes avec la réalité au sein de laquelle ils vivent, sans se dérober, comme peut, en revanche, facilement le faire celui qui, la nuit suivante, dormira sous d'autres cieux. Voyager est immoral, disait l'inflexible Weininger. Mais il le disait au cours d'un voyage...
Une spiritualité authentique - quand elle ne se pervertit pas en sa propre caricature qui la nie, comme il advient avec les fondamentalismes - est toujours universelle, elle n'appartient pas seulement à ceux qui la professent explicitement en tant que fidèles et pratiquants.
L'eau, dans la baie d'Along, est couleur de jade, dense sans être trouble, d'une tiédeur tropicale; une dernière gorgée d'été, un été qu'on ne ressent pas comme une saison passagère, mais plutôt comme une façon d'être, un état. Des îles enchanteresses et des rochers sertissent le vaste golfe; la barque effleure des grottes mouvantes et friables, boueuses.
Les sociétés qui imposent une morale répressive sont responsables aussi des vices qu'elles génèrent, responsables surtout d'augmenter, en ne voyant partout que perversion, la fascination obtuse pour la perversion ou ce qui est présumé tel. Tout est pur pour les purs, dit l'Évangile. Mais Nietzsche ajoute que pour les porcs, tout est porc.
Lors de l'émission “Hors-champs” diffusée sur France Culture le 16 septembre 2013, Laure Adler s'entretenait avec l'écrivain et essayiste italien, Claudio Magris. « L'identité est une recherche toujours ouverte, et il peut même arriver que la défense obsessive des origines soit un esclavage régressif, tout autant qu'en d'autres circonstances la reddition complice au déracinement. » Claudio Magris (in “Danube”)
Claudio Magris, né à Trieste le 10 avril 1939, est un écrivain, germaniste, universitaire et journaliste italien, héritier de la tradition culturelle de la Mitteleuropa qu'il a contribué à définir. Claudio Magris est notamment l'auteur de “Danube” (1986), un essai-fleuve où il parcourt le Danube de sa source allemande (en Forêt Noire) à la mer Noire en Roumanie, en traversant l'Europe centrale, et de “Microcosmes” (1997), portrait de quelques lieux dispersés dans neuf villes européennes différentes. Il est également chroniqueur pour le Corriere della Sera.
Il a été sénateur de 1994 à 1996. En 2001-2002, il a assuré un cours au Collège de France sur le thème « Nihilisme et Mélancolie. Jacobsen et son Niels Lyhne ».
Ses livres érudits connaissent un très grand succès public et critique. Claudio Magris a ainsi reçu plusieurs prix prestigieux couronnant son œuvre, comme le prix Erasme en 2001, le prix Prince des Asturies en 2004, qui entend récompenser en lui « la meilleure tradition humaniste et [...] l'image plurielle de la littérature européenne du début du XXIe siècle ; [...] le désir de l'unité européenne dans sa diversité historique », le prix européen de l'essai Charles Veillon en 2009, et le prix de littérature en langues romanes de la Foire internationale du livre (FIL) de Guadalajara, au Mexique, en 2014. Claudio Magris est également régulièrement cité depuis plusieurs années comme possible lauréat du prix Nobel de littérature.
Thèmes : Arts & Spectacles| Littérature Contemporaine| Littérature Etrangère| Claudio Magris| Mitelleuropa
Sources : France Culture et Wikipédia
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