Belle traduction de ce roman en vers. le début de cette oeuvre est magique en arabe et coule dans nos oreilles :Yakoula Leila fi Iraki a Maridatan (Ils nous ont dit que Leila était malade en Irak).
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Le plus beau des livres d'amour me disait mon ami Dibrazza. Mais il n'est pas facile pour nous lecteurs occidentaux d'adhérer à ce style de narration nourris et bercés que nous sommes par nos "Lancelot et Guenièvre, Tristan et Iseult, Roméo et Juliette" qui nous sont si familiers.
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"Voilà déjà vingt ans, Laylâ, que je t'espère,
Aux mêmes lieux trempés de mes larmes, à flots.
Ton amour de mon coeur malade est le bourreau.
Mais contre l'ennemi, s'il est aimé, que faire ?
Je vais où va Laylâ, et puis elle me laisse.
Telle est la vie : on se rejoint, se désunit.
J'ai, passée à mon coeur, je crois bien, une laisse :
Laylâ me traîne ainsi partout, et je la suis.
La nuit est mon chemin, mon voyage : il me semble
être le fou dont tout le corps se désassemble."
"Guérira-t-il de toi, ce coeur à la torture ?
Te revoir ? mais la flèche de mort va plus vite.
Je suis désir, amour, tremblement, déchirure :
Plus je veux m'approcher, et moins tu m'y invites.
Je suis le passereau dans la main d'un enfant :
Elle le presse, il goûte aux vasques de la mort.
L'enfant joue : à cet âge on ne sait pas encore
S'apitoyer sur l'autre. Et pour l'oiseau, comment,
Quand on a si peu d'aile, échapper en volant ?
Je sais, moi, mille endroits vers où guider mes pas...
Mais où aller, mon coeur, si tu ne me suis pas ?"
Je me souviens, Laylâ ! Les années d’autrefois !
Et tous ces jours ! Ô joies sans entrave, insouciance !
Vous passiez, jours, pareils à l’ombre d’une lance,
Et plus rapide encor votre ombre, avec Laylâ !
Vous étiez le bonheur… Ah, que j’étais heureux !
Je me souviens ! Thamdîn : on voyait luire un feu.
C’était Laylâ ! À Dhât al-Ghadâ, nos montures,
Pressées par les amis, couraient, forçaient l’allure.
L’un de nous, œil perçant, dit : “Je vois une étoile,
Là, seule, vers le sud, au cœur noir de la nuit !”
Et moi : “Non ! C’est Laylâ, ce feu qui brûle et luit…
"Chez elle la beauté est vin, vin la salive,
Vin le plus velouté la douceur de ce teint.
C'est ainsi, tout compté, qu'elle assemble trois vins
Dont un seul vous enivre, ou l'ivresse ravive."
"Par ta vie ! C'est l'instant, entre tous, où tes yeux
Pleurent Laylâ, au vent qui souffle du midi.
Aimer ceux avec qui je vis, je ne le peux :
Loin du camp, le seul être à aimer est parti.
Quand le vent souffle et monde, au plus haut, je me sens,
Avec lui, au plus haut, proche parent du vent."