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sur 799 notes
Ce livre est un drôle de bâtiment construit sur de drôles de fondations.
D'une part la Suède pays natif d'Henning avec un portrait d'une Suède pas vraiment touristique, au sud du lac Hansesjön, avec "ses fermes désertes, ces villages isolés tombant en ruine, parfois sauvés in extremis par des Allemands et des Danois qui transformaient les maisons en résidences de vacances",
D'autre part sur les convictions du jeune Henning vis à vis de ce qu'a été la Chine pour lui comme pour certains autres de la même génération, sur ce régime qui a pour certains été l'espoir ... puis les désillusions :
"A l'époque, je m'étais laissé attirer comme une mouche par un morceau de sucre dans une secte qui me promettait le salut. On ne nous encourageait pas au suicide collectif à l'approche de l'apocalypse, mais à abandonner notre identité individuelle au profit d'une ivresse collective, où un petit livre rouge avait remplacé toute réflexion".

Ce drôle de bâtiments a été construit en Afrique, pays d'adoption d'Henning, pays qu'il a vu évoluer avec une présence de plus en plus oppressante de la Chine. Je lui laisse la parole car il expliquera beaucoup mieux que moi ce qu'il a vu et ce qu'il a voulu décrire :
"Le roman que je viens d'écrire s'appelle «le Chinois». Depuis quelque temps, je suis effrayé de voir comment les Chinois se comportent en Afrique. Ils me font l'effet de nouveaux colonisateurs, ce qui m'est d'autant plus pénible que j'ai grandi dans l'idée que la Chine aidait les pays africains à se libérer. Et si j'ai écrit ce livre, c'est parce que sur ces agissements je sais des choses que l'on ignore généralement. J'ai vu les Chinois à l'oeuvre, au Mozambique et ailleurs en  Afrique. La Chine a un problème de surpopulation rurale. Ses 200 millions de paysans ne cessent de s'appauvrir, et un jour ils risquent de se révolter et de «prendre la Bastille», c'est-à-dire de s'attaquer au Parti communiste. Les dirigeants chinois envisagent donc d'exporter le problème et de transplanter en Afrique les paysans les plus pauvres (pas moins de 4 millions d'entre eux!) pour qu'ils y cultivent la terre. C'est une forme terrible de colonisation, et c'est exactement ce qu'ont fait les Portugais autrefois au Mozambique.
On peut faire subir n'importe quoi aux pauvres. Et, bien sûr, les dirigeants du Mozambique tireront de cette politique chinoise un profit financier. Dans les années 1960, pendant mon adolescence, la Chine jouissait d'un immense prestige. Mao était parvenu à nourrir 1 milliard d'habitants. Mon prochain livre a donc aussi pour objet ma propre désillusion. Il y a cinq ans, la Chine a fait une donation au Mozambique, et en a profité pour y envoyer sa propre main-d'oeuvre. Une rumeur a bientôt couru selon laquelle ces travailleurs chinois maltraitaient leurs homologues africains déjà sur place, mais le scandale a été étouffé. Cet incident a été pour moi un déclic: je me suis lancé dans des recherches en Chine et en Afrique qui ont abouti à ce livre."

Alors nous voilà avec ce drôle de livre, est ce un roman, un polar, une enquête journalistique ... un peu tout ça à la fois.
Le récit est bien fait, juste ce qu'il faut de surprise, de retournement de situation pour nous appâter jusqu'à la fin...
Au travers d'une fiction, Henning nous interpelle au delà du monde réel depuis qu'il est passer de l'autre côté, il nous interpelle au travers de la littérature pour que nous n'oublions pas d'être vigilant sur ce qui est en train de se passer sur un continent que nous apercevons de notre balcon !
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Il est des auteurs que l'on retrouve avec plaisir, et qui déçoivent parfois un peu (cf. Joyce Carol Oates avec Une troublante identité). C'est le cas avec ce Mankell plutôt sans saveur, à mon goût.

Pourtant, l'intrigue était accrocheuse. Un meurtre de masse - la décimation d'un village entier - est découvert au fin fond de la Suède. L'affaire ébranle le pays, d'autant qu'il y a très peu d'indices, si ce n'est le fait que toutes les victimes sont parentes, ainsi qu'un mystérieux ruban rouge retrouvé sur les lieux du crime. Birgitta Roslin, une juge fatiguée, a perdu ses parents adoptifs dans le massacre. Par hasard, elle retrouve la piste du ruban, qui la conduit en Chine, dans les méandres de la corruption d'Etat, autour d'une affaire qui dépasse largement la simple vengeance.

Alors, pourquoi ça ne marche pas ? Déjà, Birgitta est bien gentille, mais ce n'est pas Wallander ; et la policière en charge de l'enquête, Vivi Sundberg, est totalement antipathique. Ensuite, Mankell veut trop en faire, et, si les thématiques sont passionnantes (le coolie trade, cet esclavage des Chinois enlevés puis vendus ; la transition économique chinoise, envisagée dans toute la brutalité de ses conséquences sociales ; les tensions internes au Parti Communiste Chinois ; l'essor de l'influence chinoise en Afrique - on retrouve bien là le Mankell qui réside à Maputo la moitié de l'année), il n'en demeure pas moins qu'on frise par moments l'ennui (le très long récit de l'épopée du jeune Chinois) voire l'indigestion.

En bref, un Mankell sans conteste original, mais assez mineur. Si vous ne connaissez pas, le mieux est de commencer par des titres classiques, qui ont fait leurs preuves, comme La lionne blanche ou le retour du professeur de danse.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Le Chinois est le deuxième roman d'Henning Mankell sans Kurt Wallander. Il a été écrit avant le dernier épisode de Kurt, mais la traduction française est sortie après ce dernier roman (l'homme inquiet) . L'intrigue mêle une enquête contemporaine et des flash-backs, l'ensemble faisant un tout (bien entendu, sinon on n'en serait pas là !).

C'est particulièrement bien réussi, et cela permet aussi de faire son deuil de Kurt. A déguster.
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C'est vrai que le titre est trop explicite, mais c'est la traduction à moins que "chinois" sans l'article ou le ruban rouge auraient laissé un peu de suspens. Mankell nous entraîne malgré nous, malgré la police locale,malgré tout en Chine car on a tous acheté du suédois même si la juge n'habite pas loin de l'aéroport Kastrup (essayez la traversée Copenhague Malmö en train) au Danemark. On est pris et c'est parfait dans cette incroyable histoire qui voyage dans le temps et autour du monde plusieurs fois.Quelle intelligence et quelle adresse. C'est un livre à lire toute affaire cessante.
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Henning Mankell a terminé d'écrire le chinois en janvier 2008. Dans les premières pages, il décrit un massacre épouvantable, 19 personnes d'un petit village suédois exécutées à l'arme blanche. le genre de crime inimaginable dans la paisible Scandinavie ? le romancier n'est pas visionnaire, mais comment ne pas penser à ce qui s'est passé en Norvège en juillet dernier, même si les circonstances ne sont pas comparables. Après un démarrage aussi sanglant, nonobstant l'absence du commissaire Wallander, le lecteur s'attend à une enquête traditionnelle, mais ce n'est pas vraiment à ce qui va suivre. Très vite, Mankell va nous faire voyager. Dans le temps et dans l'espace. Aux Etats-Unis, vers les années 1860, à l'époque de la construction des voies de chemin de fer transocéaniques, en Chine, à la même période, puis à l'époque moderne, et enfin en Afrique australe, notamment au Mozambique. le chinois est-il un thriller ? En partie seulement, et c'est loin d'être le principal intérêt du livre. C'est quand le roman se transforme en réflexion géopolitique qu'il devient réellement passionnant. Avec une vision de la Chine plutôt terrifiante, tant sur le plan intérieur (Orwell n'est pas loin) qu'extérieur, avec la volonté hégémonique d'un pays qui vise à coloniser l'Afrique, sur des bases économiques, s'entend, ce qui lui permet de régler un certain nombre de problèmes explosifs tels que la paupérisation des paysans chinois et les révoltes qui en résultent. Ce n'est pas non plus en visionnaire que Mankell écrit, cette politique est déjà en marche, mais il la raconte avec une précision glaciale et imagine une stratégie d'expansion tout ce qu'il y a de plus crédible, avec les luttes d'influence concomitantes dans les plus hautes sphères de Beijing. Et l'aspect policier dans tout cela ? Il est bien là, s'effaçant parfois, pour réapparaître au gré d'une intrigue un brin tarabiscotée, qui permet de tout relier : 1860 à 2008, de la Suède à la Chine. Une des grandes qualités du livre, et ce n'est pas une surprise de la part de l'auteur, c'est la finesse psychologique de ses personnages. Ils sont assez nombreux à occuper la scène, une bonne dizaine, le caractère central étant une juge suédoise, Birgitta Roslin, qui, sans être chargée de l'enquête, se retrouve mêlée à l'intrigue et même plus étroitement qu'elle ne l'aurait souhaité. Birgitta a quelques traits communs avec ce bon vieux Wallander : des problèmes de santé, la peur de vieillir, une honnêteté qui confine parfois à la naïveté. Elle n'est pas juge par hasard, Mankell en profite pour enfoncer le clou sur un thème qu'il a déjà souvent abordé : la déliquescence du modèle suédois confronté à la mondialisation et à une violence de plus en plus prégnante (où l'on revient à la tuerie évoquée plus haut). de bien des façons, le chinois est un ouvrage engagé, qui peut faire grincer des dents (le portrait de Mugabe, le leader du Zimbabwe, dictateur patenté, est étonnamment bienveillant), qui certes use parfois de raccourcis rapides dans son intrigue de polar, mais qui est prenant de bout en bout, en dépit d'un style sans éclat particulier, et qu'on ne lâcherait pas avant la fin pour un empire. Fût-il du Milieu !
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De souvenir de Suédois, personne n'avait jamais vu un tel massacre. Dix-neuf personnes, principalement des vieillards, assassinées à l'arme blanche, certaines découpées avec une cruauté inouïe. Toutes habitaient le même petit village de Hesjovallen, dans le nord de la Suède, et toutes ont été assassinées durant la même nuit. L'enquête est confiée à Vivi Sundberg, inspectrice dans la proche ville de Hudiksvall. Comme souvent chez Mankell, l'originalité du crime qu'ils sont amenés à résoudre semble tétaniser des policiers qui, pour ne rien arranger, ne disposent pas du moindre début de piste. Vivi Sundberg, célibataire, la quarantaine bien enveloppée, est une policière de terrain, elle a accumulé pas mal d'expérience tout au long de sa carrière et son obstination à découvrir la clé de cette incroyable affaire n'a d'égale que sa détermination à ne pas la voir lui échapper pour être confiée à des policiers venus d'ailleurs. Car, hormis un ou plusieurs hommes mus par une incompréhensible folie, qui peut bien vouloir décimer à la machette tout un village suédois peuplé de paisibles retraités? S'il est quelqu'un qui doute de la thèse du ou des tueurs fous, c'est Birgitta Roslin, juge à Helsingborg. En congé de maladie, elle se rend à Hesjovallen pour mener sa propre enquête -les parents adoptifs de sa propre mère figurent parmi les victimes- et découvre un indice la menant à un restaurant chinois de Hudiksvall. Sans manquer de s'attirer les foudres de Vivi Sundberg, Roslin va mettre au jour une tout autre histoire que celle que les médias relaient à l'envi, et qui arrange sans doute trop bien les autorités, pressées de voir tomber l'affaire dans les oubliettes.

Au départ d'un crime hors-norme, c'est à une incursion dans des domaines historiques et géo-politiques tous liés au thème de la colonisation et de l'esclavage que nous entraine cette fois Henning Mankell. En nous contant, dans une longue et passionnante digression au milieu de l'enquête policière, le périple de trois frères chinois obligés, à la fin du 19ème siècle, de quitter leur pays, il nous brosse un tableau tout sauf idyllique de la construction de la ligne de chemin de fer reliant l'est à l'ouest des Etats-Unis, chantier durant lequel des centaines d'esclaves chinois et noirs furent traités comme du bétail. En rebondissant ensuite, dans une aussi longue mais beaucoup plus lourde seconde digression, sur le parcours actuel d'un homme d'affaire chinois, l'auteur aborde l'extension de l'influence de la Chine, en pointant ce qui semble bien être une nouvelle ère de colonisation de certains pays d'Afrique. Effrayés par le désir de plus en plus incontrôlable de milliers de paysans chinois de profiter pleinement des bienfaits du capitalisme, une partie de la classe dirigeante du pays envisage clairement d'envoyer quelques-uns de ces paysans en Afrique afin d'y trouver espace, travail et donc sources de revenus. Mais tous au Parti ne sont pas de cet avis et c'est ce combat entre pro- et anti-colonisation que Mankell nous propose de suivre, nous entraînant de réunions de membres éminents du Parti en voyages d'affaires au Zimbabwe. Cette partie-là du récit, qui n'est pas inintéressante, mais qui se révèle trop longue, trop démonstrative et trop répétitive, alourdit considérablement l'ensemble, et fait tomber le rythme de lecture à celui d'un essai tout en plombant considérablement le suspense au point que la conclusion de l'affaire de Hesjovallen nous paraît trop attendue, trop prévisible et sans saveur. C'est d'autant plus enrageant que tout, du début fracassant dans le village suédois à la fin du périple des trois frères, se révélait parfaitement mené, mystérieux et glaçant à souhait. A trop vouloir pointer les dérives du capitalisme qui l'indignent –à raison d'ailleurs- Mankell semble en avoir oublié son lecteur qui, s'il n'est pas réticent aux à-cotés instructifs, n'a pas besoin qu'on lui répète la même chose au long d'une centaine de pages pour capter le message. Un très bon écrivain ne fait hélas pas nécessairement un très bon pédagogue.
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J'avais beaucoup aimé "les chaussures italiennes" de Mankell, qui est dans un tout autre registre que ce livre.
Je n'ai pas encore lu les romans avec Kurt Wallander. Et je ne sais pas si après la lecture de ce roman, je vais franchir le pas car je n'ai pas aimé ce livre.
Déjà, mauvais point pour la juge, qui mène sa propre enquête, et cela ne fait pas vraiment sérieux. de plus, elle est vraiment très douée. Elle découvre des éléments que la police est incapable de trouver, et à de très bonnes déductions avec très peu d'éléments. C'est déjà pour moi assez rédhibitoire.
Après, les discussions sur son passé engagé m'ont laissé totalement indifférent. Je me suis ennuyé lors de ces passages.
Et puis le fond de l'histoire est assez bancal et la raison de ces meurtres assez irréaliste.
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Le Chinois est un roman indépendant d'Henning Mankell. Un massacre est commis dans un village paisible du nord de la Suède. L'auteur entraîne son lecteur dans un grand périple. Périple historique d'abord, qui nous remonte à la fin du XIXème siècle, sur la trace des Chinois venus mourir dans les plaines américaines, pour construire le chemin de fer. Périple géographique enfin, où l'on voyage de Suède à l'Afrique, en passant par les Etats–Unis, l'Angleterre et, bien–sûr, la Chine. Henning Mankell nous plonge aussi dans la géopolitique, au coeur des conflits chinois entre la vieille garde communiste et les nouveaux dragons avides de richesses et dans une Afrique de plus en plus convoitée par l'Empire du Milieu. Ce roman est très intéressant mais, malheureusement, on s'y perd un peu et l'intrigue souffre de quelques longueurs. Il n'en demeure pas moins un bon polar.
Lien : http://www.polardesglaces.com/
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A Hesjövallen, petit village au centre de la Suède, non loin de la Mer Baltique, 19 personnes sont massacrées à l'arme blanche en une seule nuit. La police qui arrive sur les lieux n'a jamais rien vu de tel. Très peu d'indices sur place et les enquêteurs pensent rapidement qu'il s'agit de l'oeuvre d'un fou. Pour Birgitta Roslin, juge à Stockholm, tout est trop bien organisé pour que ce soit le fait d'un esprit malade. Avec comme seul indice, un ruban rouge chinois, Birgitta se lance dans une enquête qui prend ses racines loin dans le passé.

Après deux lectures de Mankell, je me suis lancée dans le chinois - qui est le 1er roman post-Wallander. On va dire que j'ai aimé presque tout le roman... tout le début, l'implication de Birgitta, sa situation personnelle, son lien avec des victimes, son couple vacillant, ce massacre stupéfiant sur des villageois sans histoire, est très prenant. Ensuite l'auteur nous emmène sur La route de Canton, dans le passé, suivre l'histoire de San, Guo Si et Wu, trois frères en exil, partis de leur village natal, en 1863... On finit même par se retrouver en Amérique au moment du far west et en Chine aujourd'hui... Oui Henning Mankell nous fait voyager, aussi bien dans le temps que sur la planète. Tout finit par s'emboîter parfaitement à la fin du roman ! Par contre, j'ai eu un gros moment de vide à partir du moment où Birgitta arrive en Chine. Et plus, je lisais, et plus je me rendais compte que j'avais un problème avec ce pays et ces habitants...
Lien : http://revoir1printemps.cana..
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Henning Mankell est un écrivain suédois né en 1948 à Stockholm. Très vite abandonné par sa mère, il est élevé par son père, juge d'instance. Il est le gendre d'Ingmar Bergman dont il a épousé en secondes noces la fille Eva. Il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique où il a monté une troupe de théâtre. Il est connu internationalement grâce à la série policière des enquêtes de Kurt Wallander mais ce roman, le Chinois, qui date de 2008, ne fait pas partie de cette série.
« Par un froid matin de janvier 2006, la police de Hudiksvall, dans le nord de la Suède, fait une effroyable découverte. Dix-neuf personnes ont été massacrées à l'arme blanche dans un petit village isolé. La policière Vivi Sundberg penche pour l'acte d'un déséquilibré. Mais la juge de Helsingborg, Birgitta Roslin, qui s'intéresse à l'affaire car les parents adoptifs de sa mère sont parmi les victimes, est persuadée que ce crime n'est pas l'oeuvre d'un fou. »
Un bouquin un peu bizarre ou curieusement ficelé qui finalement, à la réflexion quand j'écris ce billet, n'emporte pas mon adhésion totale. le roman est découpé en quatre parties, la première est réellement superbe, d'emblée nous sommes plongés dans un carnage qui met en appétit l'amateur de polars, le rythme est enlevé, on se cale dans son fauteuil pour suivre une enquête traditionnelle ponctuée, on imagine, des roublardises qu'un grand écrivain comme Mankell ne manquera pas de semer sous nos yeux. Et patatras ! Surprise, surprise ! Nous ne reviendrons en Suède qu'à la fin du livre, pour un épilogue haletant certes, mais discutable quant aux péripéties décrites.
Entretemps, c'est-à-dire l'essentiel du texte, nous serons allés aux Etats-Unis en 1863, assister à la construction du réseau ferroviaire par les immigrés Chinois (d'où le titre du roman), puis à Pékin dans la Chine d'aujourd'hui avec un détour par l'Afrique, au Zimbabwe et au Mozambique, dans les pas d'une délégation chinoise d'investisseurs.
Ce qui devait être à mes yeux, un polar, s'avère un roman de géopolitique dont la Chine est l'acteur principal. On sent l'écrivain assez remonté contre la société occidentale qui ne cesse de critiquer les autres pays (le président Mugabe au Zimbabwe, Mao en Chine) mais qui semble oublier un peu vite que c'est elle, lors des époques coloniales à travers le monde, qui a implanté les germes du grand bordel qui en découlera. Henning Mankell livre son analyse de la politique économique Chinoise moderne (à laquelle on n'est pas obligé d'adhérer), tiraillée entre « les tenants de l'ancien idéal communiste et un courant qui n'avait plus qu'un lien très superficiel avec ce qui avait fondé la République populaire » : en investissant sur le continent Noir, « d'immenses surfaces pourraient être peuplées par nos pauvres. Nous mettrions ainsi en valeur l'Afrique, tout en éliminant chez nous une menace. » Au passage et comme d'habitude, l'écrivain glisse quelques piques sur le soi-disant modèle Suédois et ses institutions et s'interroge sur ce que deviennent nos idéaux de jeunesse avec les années qui passent.
Pour en terminer, je ne sais pas quoi penser de ce roman, même si je ne n'en pense pas de mal. le bon point, je ne me suis pas ennuyé, loin de là ; ça se lit vite et bien ce n'est pas mal écrit, il y a du suspense parfois. le mauvais point, l'intrigue strictement policière est entachée de coups de pot ou de hasards bien venus pour l'héroïne… mais qui moi, m'agacent. Et puis surtout, il y a cette construction qui surprend, donnant l'impression de lire plusieurs livres, imbriqués sous un titre unique.
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