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EAN : 9791090971233
112 pages
Les défricheurs (12/01/2024)
4.17/5   9 notes
Résumé :
Cette édition comprend un supplément : Atelier de l'auteur.

Dernier danseur sur corde d'Arménie, le vieux Vazguen, cherche désespérément un jeune apprenti pour transmettre et perpétuer la tradition millénaire des Pahlevans. Mais ses recherches dans les orphelinats du pays échouent. Jusqu'au jour où une enfant d'à peine cinq ans, Tamar, s'impose à lui. La coutume interdisant aux femmes d'exercer, Vazguen décide de faire passer Tamar pour un garçon.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voici un très beau texte lu d'une traite, poétique , émouvant à souhait , pétri d'intenses émotions , fragile, comme sur « un fil »tendre et court .

Il conte les aventures , chagrins, douleurs , péripéties de deux artistes , danseurs sur le fil , des «  Pahlevan » , nom donné en Arménie, aux danseurs de corde, le lien entre le ciel et la Terre, entre Dieu et les Hommes comme le dit le grand- père de L'histoire : Vasguen, fameux danseur devenu un homme âgé, aux genoux qui lui font mal, aux jambes qui vacillent , des pattes d'araignées maigres et desséchées .

Résigné, vantard , bonimenteur, revêche et exigeant jusqu'à l'obsession il parcourt les orphelinats à la recherche d'un digne successeur, obligatoirement un garçon.. .
Mais ce sera une fille «  Tamar » très jeune , insolente et déterminée , au regard aiguisé , habile comme un singe, passionnée par cet art,,qui n'a pas peur , qui n'a pas peur ...sur le fil..elle marche les bras tendus pour garder l'équilibre en murmurant toujours .. «  Moi seule . le plus Grand Pahlevan. » Je deviendrai le plus grand Pahlevan du Monde ... »

Bien sûr Vasguen oblige Tamar à s'entraîner sans relâche , à se maîtriser encore et encore, à mentir sur son genre et son âge .
Elle hésite entre révolte, affection et rêves d'évasion...

Elle a la grâce juvénile de son corps long et fin, elle s'élance sur le fil légère et vive comme l'oiseau, court sur la flèche , si haut , si rebelle, si vraie .

Émouvante histoire de transmission de «  L'art des danseurs sur fil, »art populaire arménien , les auteurs Ester Mann et Lévon Minasian nous livrent un joli conte , de «  la poésie pure » sur fond tendre, décalé , lumineux et grave de cette Arménie douloureuse aux contours âpres, rudes, entre le poids palpable de l'Histoire et la vitalité d'une jeunesse tournée vers la modernité , pleine d'espoir , où l'amour n'a pas d'âge, de sexe et de sang , c'est l'Amour ...
Roman Poète , de toute beauté : Prix Leopold Senghor du premier roman francophone 2019.
Enfin ce n'est que mon avis, bien sûr !
«  Le vent du soir vient enfin de se lever. Une main frissonnante , traversant le feuillage des arbres, permet à la ville engluée dans le bitume de s'ébrouer , de sortir de sa gangue de chaleur . »
«  Le soleil lance des aiguilles de lumière , essorant de chaleur la place désertée du village , seul le clapotis régulier de la fontaine offre sa musique rafraîchissante à la soif des passants. »
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Vazguen est vieux. Il est l'un des derniers pahlevans du pays. Mais il n'exerce plus vraiment... Ce qu'il désire, c'est trouver un enfant – L'enfant – qui pourra danser sur la corde, prendre la relève et perpétrer cet art en décrépitude. Il parcourt donc les orphelinats à la recherche du garçon providentiel.

Mais alors que Vazguen semble avoir épuisé toutes ses cartouches sans parvenir à mettre la main sur cet enfant élu de Dieu, c'est une petite fille qui vient se planter, yeux dans les yeux, devant lui et qui le supplie de l'emmener.

Elle, c'est Tamara Hagopian. le vieux la prend sous son aile, et elle devient Tamar. Car pahlevan, c'est un art de garçon. Entre ce grand-père et sa petite-fille, les relations sont houleuses. Il y a chez elle une rébellion en couvaison, une soif de découverte du monde, pour elle qui ne connaît que "la corde". Mais également une quête de ses origines et l'entrée dans la puberté avec la revendication de son genre et de son corps, pour elle qui a été élevée comme un garçon. Une confrontation générationnelle : entre Vazguen et Tamar les liens se tendent à l'extrême. Mais pourtant le passé et l'avenir doivent se nourrir l'un de l'autre pour avancer.

Des thèmes donc intéressants, et un récit poétique, et pourtant je suis bien embêtée pour donner mon avis sur cette lecture. Je n'ai été ni emballée, ni déçue, d'où ma note moyenne.

La lecture est fluide, certains passages sont accrocheurs, et j'ai ressenti une réelle empathie pour Tamar.

Toutefois, la plupart des scènes et des dialogues m'ont paru tronqués ou inachevés. J'ai eu plusieurs fois l'impression d'être interrompue en cours de route, et hop on redémarre sur une autre scène, dans un autre lieu et un autre temps, sans avoir eu la finalité (parfois lors de scènes ou dialogues très intenses, de disputes ou d'émotions fortes, ce qui est assez frustrant).

J'ai eu le ressenti global de n'avoir fait qu'effleurer l'histoire : l'art des pahlevans, qui est central ici et qui m'était complètement inconnu, n'est jamais vraiment expliqué et n'est que trop rarement mis en scène. Il y a souvent des mentions de montage du matériel, de la musique qui accompagne, de son histoire etc, mais peu de détails et de scènes où Tamar est sur la corde. Difficile pour le lecteur lambda de se le représenter avec précision, de le replacer dans son contexte et d'en mesurer l'impact.

Merci aux éditions Les Défricheurs et à l'opération Masse Critique pour cette découverte.
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Le vieux Vazguen cherche dans toute l'Arménie la perle rare : le garçon qui deviendra le nouveau danseur sur corde, le nouveau pahlevan. En vain.
Sauf que la petite Tamar vient le trouver et plante son regard déterminé dans le sien.
Voilà que cinq ans plus tard, c'est elle qu'il annonce sur scène... Mais les temps sont durs et la réalité n'est pas à la hauteur des rêves de la jeune adolescente. Pourtant, elle a l'énergie des enfants qui refusent de se laisser enfermer dans un destin trop étroit.

Ce roman est celui de la transmission tout autant que celui du choc des générations. le vieux monde et le nouveau luttent chacun pour leur survie, à coeur et a corps perdus, et ne voient pas que l'un est la solution de l'autre. Alors ils se défient et s'affrontent, s'opposent et se font souffrir dans une égale incompréhension. Et il faudra bien des blessures et des larmes pour qu'enfin ils parlent le même langage. Mais ne sera-t-il pas alors trop tard pour la réconciliation ?

Tout à la fois reportage sur une coutume ancestrale que j'ignorais et discours transversal sur l'incommunicabilité entre les âges, ce roman a quelque chose de vraiment singulier par son sujet, mais aussi d'universel dans son regard sur cette adolescence chaotique.

Et même si le recours systématique aux dialogues m'a parfois paru poussif en terme de rythme, ce récit m'a fait indéniablement voyager et m'a touchée par la sensibilité à fleur de peau de cette Tamara Hagopian, tiraillée entre cet art séculaire en péril et son insatiable appétit de vivre.

Enfin, je ne peux m'empêcher de lire en ce personnage le symbole éclairant d'une Arménie en pleine mutation, pour ne pas dire en pleine contradiction, à L Histoire douloureuse, jusqu'aux conflits actuels qui le secouent et le déchirent dans l'indifférence générale.

Je termine sur une critique du choix éditorial quant à la couverture : elle laisse à penser que c'est un roman pour enfant. Il n'en est rien.

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Je n'écris pas que des chroniques !
Découvrez mes deux romans :
"Le soleil ne brille pas pour tout le monde"
"Les Naufragés" (Coup de ❤ du jury 2023 du Carré des Écrivains De Marseille)


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Je dois dire que j'ai passé un très bon moment à suivre les aventures des personnages et leur relation impossible. Ce sont deux très beaux portraits d'artistes.J'ai apprécié le style, le ton résolument poétique. Je l'ai lu il y a plus de deux semaines et des images très fortes m'en reste. Cela m'a remémoré les émotions que j'avais pu ressentir lors des scènes d'envol de "Mr Vertigo" de Paul Auster! Aurélien
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Très beau roman, de la poésie pure. Cela me rappelle la Strada, J'ai pensé à ce superbe film en lisant le roman. Ce sont deux poésies qui se ressemblent bien que le Fil des anges soit encore plus émouvant.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
«  Le soleil lance des aiguilles de lumière, essorant de chaleur la place désertée du village , seul le clapotis régulier de la fontaine offre sa musique rafraîchissante à la soif des passants. »
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Les raisins encore verts, mais déjà lourdement formés pendent sur les fils de la pergola, bricolée avec de vieux tuyaux de récupération. Un lit métallique au sommier défoncé servant de sofa est accolé au mur de la maison sous l’ombre bienfaisante d’un noyer. Dans un coin est stocké tout le matériel de funambules : cordes, barres, ressorts entre un bric-à-brac d’objets accumulés au fil des années. Tamar, désœuvrée, erre dans la cour. Elle s’assoit sur le banc en tapant du pied gauche le rythme de la musique qu’elle chantonne doucement. Elle aimerait avoir un téléphone comme toutes les adolescentes qu’elle voit quand elle va en ville. Elle pourrait ainsi écouter toutes les musiques qu’elle veut. Elle a souvent demandé au vieux, mais il dit que c’est une dépense inutile, un gadget pour enfants de riches.
Le bruit d’un moteur la sort de son désœuvrement, Tamar se lève. C’est la Mercedes noire du fils des voisins, un ancien modèle, s’alourdissant sur les amortisseurs. Montant sur le banc, elle observe le va-et-vient de la famille à travers les barreaux de la palissade. Elle connaît bien Lévon, sa femme Ani, un peu moins la jeune fille. Tamar sait qu’elle s’appelle Loussiné, mais elle vient peu souvent voir ses grands-parents. Il y a le mouvement simple et libre de ses longs cheveux roux quand elle se dirige vers l’entrée de la maison. Tamar regarde ces cheveux, la beauté rousse, éclatante en traînées de lumière qu’elle laisse derrière elle. Loussiné se jette dans les bras de sa grand-mère.
— Tatik djan, comme tu m’as manquée !
— Qakhtsér, tu es le sucre de mon âme.
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Dans un geste de libération, de provocation audacieuse, Tamar enlève son chapeau, d'u coup, libérant ainsi de longs cheveux qui retombent en cascades de soie rousse, presque rouge. C'est plus qu'une perruque, c'est toute sa féminité enfin réalisée qui coule en elle. Cette joie, les paumes ouvertes vers le ciel, offertes à la vie. Tout ce qu'elle est vraiment.
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