Comme tout petit français n'ayant jamais suivi de cours sur la culture Russe, il y a une difficulté avec les noms complets + patronyme qui me donne l'impression qu'ils sont tous pareils à la lecture, mais en même temps qui font voyager par leur sonorité.
Vu que c'est un roman policier, pendant la lecture ça aurait été l'occasion de noter qui est qui et leur rapport aux uns et autres, ce qui aurait permis d'y voir plus clair, comme notre enquêtrice Anastasia Pavlovna Kamenskaïa, dit Nastia.
On y découvre dans cette Russie, son climat très rude, qui nous fait passer pour des petits joueurs lors des périodes de grand froid par chez nous.
Mais aussi cette grande pauvreté pour cet immense pays. (À se demander qu'à l'inverse un petit pays à une plus grande rapidité de croissance car il n'aurait pas besoin de faire des milliers de kilomètres pour livrer sa cargaison.) Ceci engendré par de maigres salaires qui lorsqu'ils sont payés, n'assurent pas de manger à sa faim. Ce qui fait qu'il est plus facile d'accepter des pots de vin, ou des bouteilles de vodka, on devrait dire.
Il y a une certaine curiosité de voir le système communiste, les bons comme le mauvais côté.
Mais comme partout c'est le bureau du renseignement qui dirige le pays, les forces armées, la politique,… tout. Vu qu'ils sont au courant de tout, et disposent de tous les moyens. Que ça soit CIA, KGB, Mossad…
L'originalité de ce livre se trouve dans la façon qu'ont les assassins de commettre leur crime. Si ça avait été aux USA, ça aurait eu moins de goût qu'ici.
Nous sommes déjà assez « pantins » dans notre existence. Mais si la police utilisait ce moyen-là, ils résoudraient des affaires sans bavure, sans perte de temps et surtout sans injustice.
Tous ces crimes sur fond de politique qui comme on le voit est une sphère impitoyable à qui aura la couronne, non pas pour faire le bien au petit peuple, mais pour son propre compte (bancaire) comme dans beaucoup de pays.
Ce qui reste le plus horrible dit dans ce livre, ce sont les hôpitaux psychiatriques qui ont pour rôle de s'occuper des personnes mentalement dangereuses. Ici comme tant d'autres pays ils utilisent ces HP pour transformer en légume des gens en leur «shootant » de drogues. Ils tuent « légalement » des innocents, en général des personnes « sain d'esprit ».
Donc il faut être mentalement dérangé dans sa tête pour faire ça sur autrui. Et ça concerne ceux qui créent les drogues dans des labos publics, privé, ceux qui construisent ces prisons-laboratoire. le personnel qui sont diplômés et ont une éducation normalement qui ferait d'eux des gens conscients, ainsi que le gouvernement et les services d'ordre.
Si ces HP étaient des lieux où l'on y va pour se faire soigner et guérir, ça se saurait. Non ! On y met les gens pour les condamner au silence en leur détruisant le cerveau, le poste de contrôle de l'esprit, transformant ces gens en zombie emprisonné dans un corps vivant. Et tout ça est « légal. »
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Pour sa quatrième enquête, Anastasia Kamenskaïa, l'héroïne de l'auteur, escorte un ancien condamné pour lui éviter d'être tué ou récupéré par des personnages politiques en quête de ses talents pour asseoir leur pouvoir.
Après un troisième livre qui m'avait paru moins réussi que les deux précédents, Marinina revient à son héroïne (après une parenthèse de plusieurs livres consacrés à un autre héros) au meilleur de sa forme. L'intrigue est très politique, révèle quelques arcanes du pouvoir en Russie et dresse un portrait d'une société en quête d'une nouvelle identité, dans la post Union Soviétique des années 90 devenue démocratie.
Un bon cru de l'auteur. Certes l'intrigue est compliquée, on s'y perd un peu, il faut le reconnaître, mais on apprend aussi beaucoup de choses sur la société russe, et c'est pour ça que le polar demeure sans doute un des meilleurs vecteurs littéraires pour traiter des questions sociales. Nastia, l'héroïne, est toujours aussi attachante, jetée en pleine action alors qu'elle ne rêve de faire fonctionner son cerveau à faire des recoupements en criminologue/profileuse de génie. Souvent drôle, avec un regard acerbe jeté sur un pays complexe, l'auteur livre aussi sans en avoir l'air de belles et intelligentes réflexions sur la nature humaine.
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Bon polar où on retrouve enfin Anastasia Kamenskaïa dans une intrigue qui nous dévoile les bas-fonds des services secrets russes.
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p.358-9.
-Et qu’est-ce que tu voudrais ? Assister au triomphe de la justice et qu’à la fin le criminel démasqué demande un verre d’eau et s’écrie : « Ciel, je suis fait. Voici ma confession… »
-Eh bien…oui, quelque chose dans ce genre. On souhaite toujours que les bons gagnent.
-Tu sais, Liocha, Tatiana est un juge d’instructions qui sait mieux que quiconque qu’une victoire totale des bons n’arrive jamais de nos jours. Elle écrit sur des choses qu’elle connaît, non par ouï-dire, mais grâce à sa triste expérience professionnelle.
-Non, s’obstina Alexeï en trempant adroitement les filets de poisson successivement dans un œuf battu et dans de la farine. Il y a des lois du genre. Et plus généralement des lois littéraires. La littérature ne doit pas être une réplique exacte de la vie réelle, autrement elle ne servirait à rien. Si dans un roman tout est comme dans la vie, à quoi bon le lire ? Autant regarder par la fenêtre. Le but d’un polar ne doit pas être de raconter que Vassia et Petia, totalement ivres, se sont entre-tués pour une bouteille. Il n’y a rien d’extraordinaire là-dedans : on voit ça tous les jours dans la réalité et ce n’est pas intéressant. Qui a besoin de réalisme, aujourd’hui ? La télé nous en déverse des avalanches tous les jours. Et la victoire du bien sur le mal n’est pas habituelle actuellement. C’est ça ce que je veux lire. Pour conforter mon esprit de combativité.
p.308-9.
Les criminels constituent une partie de la population. Même pas la plus mauvaise. Seulement une partie. Mais la milice n’est pas non plus la meilleure fraction de la population. Ni son élite. Et si la proportion d’individus peu instruits et pas très bien formés s’élève, elle augmentera simultanément dans tous les groupes de la société. Quant aux personnes douées, capables et ayant une formation professionnelle de grandes qualité, il est tout à fait normal qu’elles s’orientent vers des branches où leurs talents leur rapporteront le plus. En d’autres termes, le monde des affaires et du commerce, mais certainement pas la fonction publique sous-payée. Donc, il y a autant d’idiots parmi nous que parmi nos adversaires, et nous n’avons pas d’avantage intellectuel sur eux. Au contraire, comme il y a plus de possibilité de gagner de l’argent dans le monde du crime organisé, leurs recrues sont plus futées que les nôtres et prennent peu à peu l’avantage de l’intelligence. Voilà pour l’arithmétique.
p.258-9.
Vladimir était resté à l’hôpital. Le plan du président était de l’y laisser pourrir le temps d’en faire un invalide, abêti et à moitié fou, d’en faire quelqu’un qui ne reconnaîtrait plus personne et ne se souviendrait plus de rien. […] Lorsqu’il était entré dans cet établissement, situé non loin de la station de métro Oktiabrskoïe Pole, il était encore un officier du KGB en pleine santé et jouissant de tous ses moyens. Trois mois plus tard, c’était à peine si ses jambes le soutenaient. Il ne voyait presque rien : à cause des médicaments qui lui piquaient les yeux, il avait un début d’exfoliation de la rétine. Il était faible et souffreteux mais, à part de légères pertes de mémoires, son cerveau fonctionnait toujours normalement.
p.62-3.
- Et comment ! s’écria-t-elle avec un rire sincère. Je suis une femme ! À moins qu’en deux ans vous n’ayez oublié ce que ça veut dire. Nous percevons le monde environnant par la parole, mais nous attachons peu d’attention aux actes. L’homme peut donner son salaire à sa femme, lui faire des cadeaux, être sobre et ne pas la tromper, mais s’il ne lui répète pas son amour trois fois par jour, elle trouvera qu’il se conduit mal avec elle. Et dans l’autre sens, c’est pareil. Il peut faire pis que pendre, couchailler à droite et à gauche et même la battre, mais s’il lui répète constamment à quel point elle est belle et combien il l’aime, elle pensera qu’il adore et sera prête à tout lui pardonner.
p.241.
Sans compter que la peine capitale n’est plus applicable dans le pays. En revanche, s’il est reconnu irresponsable, on l’internera dans un hôpital psychiatrique dont il ne sortira jamais. Et ça, tout le monde le sait. Même si, par miracle, il était libéré un jour, ce serait avec le cerveau brisé et les muscles atrophiés. Je ne connais personne qui accepterait de s’y laisser enfermer volontairement. Les camps sont pénibles et difficiles, mais la vie continue. Dans les hôpitaux où on enferme les criminels irresponsables, on ne trouve que terreur, douleur et souffrance. Et lorsque les drogues auront fait leur effet, ce sera une totale indifférence et une existence végétative.
Payot - Marque Page - Alexandra Marinina - Le Requiem