- Sans spoilers -
Ce roman est aussi bon que sa nouvelle couverture que l'on voit sur ce site est hideuse (je possède la première édition avec une couverture différente). Oui, les goûts et les couleurs me direz-vous.
Azazel est la première enquête d'Éraste Pétrovitch Fandorine. Quel nom étrange m'étais-je dit à l'époque.
Fan de Sherlock Holmes, j'étais en mal de lectures de ce style. Il en existe de nombreuses mais leur qualité est généralement médiocre voire horrible. le personnage étant dans le domaine public, il est allégrement massacré, ridiculisé par des auteurs actuels. Il en prend également plein les dents au cinéma où ses enquêtes sont en réalité résolues par sa soeur, une fillette... Quant à la série moderne Sherlock, la dernière saison nous apprend que tout ce temps, il avait une soeur bien plus brillante qu'il ne le serait jamais. Pauvre Sherlock qui est réduit au rôle d'imposteur ou de bouffon par des gens qui ne l'ont pas créé. Qui est donc l'imposteur ou le bouffon dans ce scénario ? J'ai un avis plutôt définitif sur le sujet.
Éraste Fandorine étant présenté comme le Sherlock Holmes russe, je n'espérais donc rien d'
Azazel en l'ouvrant. J'ai lu les 300 pages d'une traite, heureux d'être emporté dans la Russie de la fin du XIX°, suivant les pas du jeune Fandorine au commencement de sa carrière.
L'enquête est prenante et les enjeux sont intéressants même pour ceux qui ne connaissent rien de la Russie tsariste (je le pense du moins).
Les personnages sont crédibles et ont de l'épaisseur, nous sommes loin de ces vagues silhouettes qui peuplent la plupart des romans du genre. En particulier Fandorine qui sort du lot.
De commun avec Holmes, il possède l'intelligence supérieure, la soif d'apprendre et la capacité d'analyse qui font défaut à ses contemporains. Ses qualités lui vaudront d'être remarqué par sa hiérarchie. Pour le reste, il est très différent et, surtout, plus humain. Comme il est jeune, l'auteur le dote de lacunes cohérentes. Fandorine n'est pas une machine à déduire infaillible et quand il commet des erreurs, le prix à payer peut être élevé.
Je comprends mal la faible note de 3.7/5 sur ce site. Les moins bons ouvrages d'
Agatha Christie (ceux que personne ne se risque à relire) ont une meilleure note.
Azazel tient la promesse faite au lecteur et plus encore. L'immersion dans la Russie de cette époque m'a beaucoup plu. Peut-être mon intérêt pour Tolstoï m'y avait-il prédisposé ? Est-ce que cela peut rebuter des lecteurs ?
Je recommande la lecture d'
Azazel.