À Paris, le calme et l’ironie sont la loi et les prophètes. Passer pour un seigneur est enfantin : il suffit de tout prendre avec le sourire, sans jamais t’emporter, comme si la vie était naturellement un jeu. Si tu montres de la hargne, tu te trahis. Tu révèles une hostilité revancharde de mauvais augure. Seuls laissent affleurer la rage ceux à qui le sort n’accorde pas grand-chose. Et ceux-là, crois-moi, à Paris, personne ne leur offrira rien en prime… Il faut te trancher les nerfs. C’est le B.a-ba de la vie en société.
Si on est exaspérés par les gamins qui ne payent pas leur ticket de RER, qui fument dans les wagons et qui mettent les pieds sur les banquettes, c’est aussi parce que pendant trente ans les gauchistes nous ont bassinés avec la violence symbolique de la société, avec le besoin d’écouter nos désirs, avec le mépris de l’école bourgeoise et avec tous leurs fantasmes de beaufs. La liberté individuelle de l’Occident, c’est la beaufitude intégrale. Et les délits minuscules de quelques petits Beurs n’en sont que la petite monnaie. Au lieu de parler de la République à ces gamins, vous devriez leur donner de vraies écoles et de vrais emplois. Ils payeraient leurs tickets de métro.
La télé comme je l’aime, c’est le darwinisme à l’état pur. Pas de pitié pour les menteurs et les calculateurs qui viennent faire leur numéro. C’est ça l’Audimat : poser les questions qui dérangent, aboyer comme des caniches. Et c’est comme ça que la démocratie fonctionne : en harcelant les mauvais pour les remplacer par des meilleurs. On n’est pas là pour faire plaisir à nos invités mais à nos spectateurs. Les hommes politiques, les artistes, les écrivains français sont des nullités. Ce pays est une vieille précieuse ridicule qui ronronne dans ses habitudes et se croit infiniment subtile. Il faut la gifler toutes les semaines.
Le dialogue est une arme. L’eau arrive bien à fendre les rochers. Je crois à la douceur.
Il fallait empiéter sur le territoire de l’autre sans paraître l’envahir. Télérama n’aurait pas reconnu la muflerie habituelle de l’animateur de « Silence, on ment ». Le chacal s’était fait chaton. Avec ça, peu bavard.
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