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André Masson (Illustrateur)
EAN : 9782714302595
125 pages
José Corti (30/11/-1)
4.43/5   23 notes
Résumé :

Certes, il me dure d'être condamné à cette malédiction de l'épaisseur. Ce corps comme une outre plombée, pourrissant comme tout ce qui a ventre, et toute la servitude humaine dans ce mot, mot qui décapite les étoiles, le plus dérisoire, le plus clownesque que recèle le langage, graviter.

Que lire après Liberté grande - La terre habitable - Gomorrhe - La sieste en Flandre hollandaiseVoir plus
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Liberté Grande : recueil rédigé entre 1941 / 1946 .

Une poetique de l ' APESANTEUR , de la SUSPENSION , de la LÉVITATION soutenues par le TOUT AUTRE de l ' Ex - centricité , de la Tangente , voire de la Vitesse et par une trajectoire materielle " Célestielle " et inverse à la Norme et au Dogme communs mis en place par l ' ambiance ideologique de la Révolution Nationale de Vichy, puis ensuite celle liée à la " Libération " : on nomme LA GRAVITATION , capture attractive dans le sillage de l ' orbe tracé par un champ gravitationnel , courbure de la soumission servile à la PESANTEUR.


A l'' OPPOSÉ : l ' envol, la célérité, l ' ambiguité de l ' amphibologie du Double en un Un, le Secret , la Clandestinité , plus forts et plus fortes que la Mort , le Temps, la Pesanteur opprimante, écrasante, que le servage.

Cette activité CORSAIRE du double visage célébrée par :

--- l ' aventurier individualiste ombrageux : vergiss mein nicht , gang, le vent froid de la nuit, scandales mondains, ( salon meublé ).

--- le corsaire ou flibustier : couvent de Pancrator , l ' appareillage ambiguë, pour galvaniser l ' urbanisme, passager clandestin, au bord du beau bendéme.

--- les maraudeurs ou pirates terrestres, aventuriers nomades, errants : Grand Hôtel , Written in water , Isabelle Elizabeth, Bonne promenade du matin .

--- des individualités Esthètes Esotero - révolutionnaristes , pionniers singuliers : Robespierrre : Jacques Roux , Saint - Just -- langues de feu oraculaire-- la barrière de Ross, les nuits blanches.


---- le fantôme , errant ou passant, ombre d' Hermés et de Mercure : le grand jeu, un hibernant, les affinités électives, la vallée de Josaphat.

Sous le signe soustrait du Génie de l ' Air.




La sieste en Flandre hollandaise :
▪︎ l ' etat de ludion vécu par catalepsie subjective et surcharge d' angoisse , liées à un double conflit terrifiant : mental et historique , la possibilité d' une troisième guerre mondiale de Dévastation totale, comme Futur hypothéqué.

▪︎ la Flandre hollandaise identifiée elle aussi à une autre forme materielle de point sublime pour l ' esprit ( second manifeste du surrealisme ) où pressions et contre - pressions s' annulent , et libérant, là encore, le corps et l ' esprit , de toute pesanteur, et donc d' attraction fatale, en un moment historique particulièrement tendu.


Deux autres miniatures textuelles , rajoutées par l ' editeur José Corti , lors de la reedition du recueil - liberte grande - au début des années 60 : Paris à l ' aube , les hautes - terres du Sertalejo , présentent une orientation capitale , et la part active Gracquienne à la contribution de l ' élaboration d' un " surrealisme nouveau ", dans le sillage du groupe historique méconnu --- le groupe du Clair de Terre , 1945 / 1946.


Paris à l ' aube : une intrication compositionnelle complexe autour de la Ville de Paris , allégorisée dans la forme corporelle d' une Femme Endormie , renvoyant au sommeil de la Capitale , et au choix du moment de l ' Aube , pour se livrer à des " reconnaissances " - l ' aube y étant un " entre - deux " , proche encore de la nuit noire , et de sa désertification, et cependant, dans le jour naissant, semie - éclairée.

Se marque ainsi l ' etat subjectif d' Inconscience , par la narcose.
Il s' agit donc d ' explorer et de reconnaître, d' arpenter, de fouiller, de cartographier, l ' univers soustrait à la vigilance , à la veille , de s' emparer des soubassements et de la psyché et de la Ville , en partie cachés , maintenus clandestins et inconnus : parties, domaines , ressorts, au propre et au figuré.

Cette activité, implicitement, proposée comme une finalité surrealiste possible : dresser un état des lieux - subjectifs, disciplinaires, voire geo - urbains de la capitale, du point du seul désir , comme aiguillon.

--- ainsi, il n ' y aurait de Vérité qu ' au revers infini de toute apparence phénoménale , et de naissance subjective nouvelle qu ' au travers de la " spectrification " de l ' Ancien , sous la forme subjectivo - corporelle de la nudité totale, ou larve , dans laquelle s' éveiller, a nouveau, en la conscience nouvelle.



Les hautes terres du Sertalejo : une réverie narrative, totalement imaginée et imaginaire, donc phantasmatique, sur la Cordillere des Andes, comme point sublime en l ' esprit de l ' intersection entre l ' infini multiple du Site et l ' infini de l ' Esprit , au coeur de la finitude des corps.

Est aussi la narration d' une expérience de la fusion en l ' esprit avec l ' infini , par l ' illimitation subjective créée par la dissolution éprouvée de la limitation corporelle comme moule de la subjectivité consciente initiale.

Cette expérience , cette illimitation, passage extatique à l ' infinité multiple, comme épreuve initiatique " surrealiste ".




La terre habitable :

▪︎ la paix gagnee des Hauteurs, terre travaillée, pacifiée, et armée.
Ses villages abrités et dormants derrière leurs enceintes et leurs murailles aux sentines en terrasses cultivées pour toitures, le miracle d' une Paix Andine à l ' ombre de ses canons huilés.

Solaire.



Gomorrhe :

▪︎ sur un chemin commun d ' évasion , excentrique , ( hors du sillage ou de l ' orbite urbaine , soumise à un feu de l ' enfer, par bombardements ) , une rencontre attrayante , dans l ' indetermination énigmatique suspensive et de la relation nouvelle engagée et du lien entretenu par le protagoniste et récitant avec la causalité , ayant créée l ' échappée libre.







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Le magique recueil de poèmes en prose de Julien Gracq.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/16/note-de-lecture-liberte-grande-julien-gracq/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
BONNE PROMENADE DU MATIN

Quelques encablures à peine de ma chambre, j'étais parfois surpris, à peine entamée ma promenade matinale, par des éclats dissonants de cuivre provenant d'une gracieuse maisonnette de briques en démolition. Sur les thèmes choisis de ce mystérieux orpheon des ruines, j'imaginais derrière cette façade de plâtras tristes toute une théorie de tonnelles ingénues et matinales, où des électriciens en cotte rouge, de blondes marcheuses des trottoirs de l'aube, des cortèges au sérieux travesti professionnel face au soleil levant dissipaient à part soi leurs brumes nocturnes dans quelques-unes de ces chopes d'etain ouvragees qui font si belle figure au premier plan d'une vaccinale d'opéra-comique. Se figure-t-on rien de plus charmant, avant le départ hâtif vers le travail sous les brandebourgs et les galaxies avenantes d'un bleu de chauffe, que le choeur rafraîchi de rosée, evante de girandoles éteintes, qu'elevent vers le soleil ces machinistes ingénus pour tout le jour condamnés à une dissimulation d'apaches dans les coulisses les plus poussiéreuses d'une ville moderne ?
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Comme la figure de proue d’un vaisseau à trois ponts fourvoyé dans ce port de galères, au-dessus de la Méditerranée plate dont le blanc des vagues semble toujours fatigué d’un excès de sel se levait pour moi derrière une correcte, une impeccable rangée de verres à alcools, le visage de cette femme violente. Derrière, c’était les grands pins mélancoliques, de ceux dont l’orientation des branches ne laisse guère filtrer que les rayons horizontaux du soleil à cette heure du couchant où les routes sont belles, pures, livrées à la chanson des fontaines. On entendait dans le fond du port des marteaux sur les coques, infinis, inlassables comme une chanson de toile au-dessus d’un bâti naïf de tapisserie balayé de deux tresses blondes, circonvenu d’un lacis incessant de soucis domestiques, avec au milieu ces deux yeux doux, fatigués sous les boucles, la sœur même des fontaines intarissables. On ne se fatiguait pas de boire, un liquide clair comme une vitre, un alcool chantant et matinal. mais c’était à la fin un alanguissement de bon aloi, et tout à coup comme si l’on avait dépassé l’heure permise – surpris le port sous cette lumière défendue où descendent à l’improviste pour un coup de main les beaux pirates des nuits septentrionales, les lavandières bretonnes à la faveur d’un rideau de brumes – c’était tout à coup le murmure des peupliers et la morsure du froid humide – puis le claquement d’une portière et c’était la sortie des théâtres dans le Petrograd des nuits blanches, un arroi de fourrures inimaginable, l’opacité laiteuse et dure de la Baltique – dans une aube salie de crachements rudes, prolongée des lustres irréels, la rue qui déverse une troïka sur les falaises du large, un morne infini de houles grises comme une fin du monde – c’était déjà l’heure d’aller aux Îles. (« Les nuits blanches »)
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PLEINE EAU

Le cri d'un coq traîne par les rues vides, dans cette chaude après-midi de juin où il n'y a personne. Le silence, profond comme un grenier à bleu abandonné, gorgé de chaleur et de poussière. Quel désoeuvrement sois les voûtes basses de ces tilleuls, sur ces marteaux de portes où baillent mille gueules de bronze ! Quel après-midi de dimanche distingué, qui fait rêver de gants noirs à Cristina de dentelles aux bras des jeunes filles, d'ombrelles sages, de parfums inoffensifs, des steppes arides du cinq à sept ! Seul un petit nuage, alerte, blanc, - comme le nageur éclatant porté sur l'écume ombre soudain de stupidité la foule plantée sur la plage - couvre de confusion tout à coup le paysage endormi et fait rêver d'extravagance au fond de l'avenue un arbre qui n'a jamais encore volé.
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INTIMITÉ

[...]
Le sommeil des persiennes sur l'aquarium de la chambre basse ranime doucement le globe aux fleurs d'orange comme un oeuf nocturne au creux des charmes, la main qui tienne le loquet de fer, l'horloge qui éclabousse l'enclume du silence. Le marécage et le clair de lune brouillé des étables festonnent la nuit fleurie qui monte du creux des armoires, le parfum de grotte et de suaire moisi, le terrier rèche du lit de ménage, la nudité mystique de l'épouse auprès du lis consommateur des nuits noires.
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Il y avait, toujours chargé au plein cœur de la ville, ce quartier tournant projetant par saccades vers les routes de banlieue le flot de ses voitures comme le barillet d’un revolver. C’est de là que nous partions pour les voyages-surprises et les soirs bordés d’églantines, les beaux matins des documentaires de pêche à la truite qui brassent à poignées tout un saladier de pierreries. Les doigts serrés sur le bordage de tôle, et le fleuve d’air sculptant un bec d’aigle et la majesté d’une figure de proue sous le casque de toile blanche. Au bout des robes blanches sur chaque boulevard d’huile noire, une forêt qui s’ouvre en coup de vent comme la mer Rouge – à l’enfilade de chaque flaque solaire, le lingot de glace que tronçonnent les massifs d’arbres – au bout de chaque branche, une fleur qui se déplie dans un claquement de linge – au bout de chaque bras, la rose brûlante d’un revolver. (« Gang »)
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Vidéo de Julien Gracq
À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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