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EAN : 9782812201288
195 pages
Ramsay (20/02/2020)
3.58/5   12 notes
Résumé :
En septembre 2012, un éditeur est convoqué chez un notaire qui lui remet un manuscrit confié à son étude il y a très longtemps. Il s’agit d’un roman écrit par une écrivaine. Célèbre à son époque, elle craignait que la postérité ne l’oublie. Elle avait organisé la découverte de cet ouvrage plusieurs décennies après sa mort. L’arrière-grand-père de l’éditeur, un jeune homme qui fuyait l’Italie fasciste était tombé sur une énigme qu’il avait su résoudre et qui l’avait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
" ORAZIO " Christophe MATHO (Éd. Ramsay)

Bonjour à toutes et à tous, toujours le confinement, il faut se dire que l'on va bien finir par arriver à voir la disparition de ce satané virus. En attendant, il faut s'occuper et la lecture est un bien distrayant refuge. C'est à un étonnant et intéressant voyage dans le temps et dans l'espace que je vous convie aujourd'hui. Un joli roman sympa, pas vraiment facile à résumer tant il y a d'entrées.

" Orazio " ou, comment un jeune éditeur issu de l'immigration de quatrième génération, toujours en quête de ses racines nous entraîne, au travers d'un jeu subtil de sauts entre les époques (1874, années 30, 2012 ) et deux pays, plus exactement deux contrées.
C'est par le biais d'une exofiction riche et originale que Christophe Matho nous emmène à la suite de son bisaïeul dans un périple par mer, en train et à pied de la Toscane au Limousin. Comme en écho au monde des lettres dans lequel il vit, il nous gratifie d'une intrusion romanesque et inattendue dans l'univers d'une écrivaine célèbre qui a chanté la Vallée Noire, lui confiant le rôle de structurer le roman par une énigme qu'elle aurait laissée accompagnée d'un manuscrit histoire, de s'assurer qu'au siècle suivant elle ne serait pas oubliée. " ... une oeuvre [qui soit] publiée que dans une centaine d'années. "
C'est à ce jeu un peu périlleux que s'est attelé Christophe Matho, presque une gageure et tout est parfaitement réussi, rondement mené ! L'auteur partage avec nous nombre des connaissances qu'il a accumulées, tant sur l'histoire des deux pays, les légendes et traditions que sur l'univers littéraire de la dame de lettres. L'intrigue tient, tout est savamment orchestré, millimétré irais-je jusqu'à dire. Les différentes parties s'assemblent, s'articulent pour former un tout cohérent. La mécanique est parfaitement huilée, aucun point et ils sont nombreux, ne reste bancal. Les charnières résistent ; on passe d'une époque à une autre sans heurt, et pour nous aider l'auteur, soucieux de son lecteur fait appel à des polices de caractères différentes, des chiffres arabes et romains pour distinguer chapitres et sections. C'est malin !
Ainsi sautons-nous de la Toscane à la Creuse, des horizons proches de Florence aux pittoresques paysages et verdures de la Vallée Noire, en nous offrant le luxe des charmants petits ports corses. Tout a été étudié. Nous sentons que l'auteur a pris plaisir à écrire ce roman, qu'il s'est amusé même, c'est sans doute pour cette raison que le livre est aussi léger, alerte même et cela joue étonnamment pour la tension narrative. La maîtrise parfaite de son sujet donne à l'auteur une agréable liberté qui rejaillit sur le lecteur et fait d'" Orazio " un roman solide. L'auteur nous fait don de somptueuses et fraîches descriptions de la belle et sauvage campagne creusoise. C'est parce qu'il aime tout ce dont il parle que le roman est aussi réussi, son enthousiasme coule entre les pages et nous entraîne. Introduire du fantastique en mêlant un bon brin de terroir, des histoires de meneurs (ou plutôt meneu) de loups, l'histoire des années de l'entre-deux-guerres avec la montée du fascisme en Italie et l'accueil des populations immigrantes pour la France. Revenir sans fausse note au XIXe et au calme de Gargilesse, de Nohant et des petits villages de Creuse, ce n'était pas pari gagné et cela sans compter sur la dose d'humour qui émaille ça et là et à dose régulière les pages.
Le ton est alerte, l'écriture tantôt légère, tantôt plus grave, parfois précieuse, adaptée aux époques, aux paysages, aux situations. Une écriture tout en fluidité en somme ! Une très bonne dose de culture et le tour est joué. Voici un roman qui à coup sûr vous distraira.
Canevas, et j'aurais tendance presque à dire synopsis, tant l'oeuvre est visuelle :
13 septembre 2012, un couple, lui est éditeur, elle l'accompagne, ils sont mariés. Ils sont convoqués chez un notaire pour une étrange histoire de donation laissée par une célèbre écrivaine du siècle passé. Elle résidait le plus souvent possible dans cette belle région qu'est la Vallée Noire, située aux confins du Berry et de l'ancienne Marche. Une certaine Amantine ! (mais est-ce vraiment un pseudonyme ? ) Elle craignait que sa notoriété ne traverse pas le siècle, elle va donc laisser un manuscrit, qui apprend-on en épilogue aura disparu ! (Eh oui, plutôt futé l'auteur !)... Manuscrit accompagné d'une énigme en plusieurs questions sur son oeuvre.
Nous sommes dans une exofiction, ne l'oublions pas, Orazio (bisaïeul de l'auteur) est fils d'une des grandes familles de Toscane. Malgré la montée inexorable du fascisme, couvé par sa mère, il continue à mener une existence dorée. Il tient une boutique de photographe à Lucca, à la différence de son frère aîné Umberto, il ne prend aucunement part aux problèmes de la famille qui comme les autres familles bourgeoises et aisées, avec la montée du fascisme se dirigent vers le déclassement.
Orazio est amoureux de la belle obstinée Giuseppina et s'éloigne de plus en plus de sa famille, ce d'autant plus qu'Umberto semble avoir fait entrer le fascisme dans la maison. Orazio trouve conseil et réconfort auprès du docteur Paoli, un socialiste et père de Giuseppina. L'homme ne verrait pas d'un mauvais oeil une union entre les jeunes gens. D'autant plus qu'à la suite d'un temps d'exil en France sa fille s'était entiché d'un militant communiste assassiné par les miliciens de Mussolini. En mourant le militant a laissé Giuseppina célibataire et mère d'un enfant de deux ans.
Hélas, Giuseppina considère Orazio comme un très bon ami d'enfance, rien de plus. Lui est toujours profondément amoureux et espère. Il est sur le point d'être intronisé franc-maçon, mais au cours de la cérémonie, une descente des fascistes ! La maison du docteur est envahie et au cours d'une courte et violente échauffourée Giuseppina perd la vie. Fou de douleur et de rage Orazio tue un milicien. Il doit fuir ! le Docteur Paoli lui en intime l'ordre. Fuir et gagner la France par tous les moyens s'il veut avoir une chance de survivre. Orazio s'enfuit donc et grâce à la solidarité familiale, cousins proches et lointains, il réussit à passer la frontière. Il a en tête de rejoindre sa soeur partie faire fortune en Amérique et qui a réussi. Mais pour cela, il faut trouver de quoi vivre et amasser suffisamment d'argent pour payer le voyage. Il s'arrêtera en Creuse, plus exactement à Eguzon dans l'Indre où la construction du barrage vient de se terminer. Il fuit ses compatriotes, la crainte de la milice mussolinienne sans doute toujours à sa recherche ! Grâce à la chance, à sa débrouillardise, à l'aide de compagnons d'exil espagnols et autres hommes de bonne volonté il trouvera de quoi s'installer au moins un temps. Il a toujours en tête de gagner Détroit, mais la vie décide. de photographe il se transforme en géomètre. Il rencontre la belle Armance, une fille de caractère comme il les aime et qui lui fait étrangement pensé à Giuseppina. La charmante Creusoise est cultivée semble-t-il, débrouillarde, jolie et célibataire et semble éprouver un véritable coup de foudre pour le sémillant Toscan. Mais que peut-elle bien faire sur ce chantier à occuper cet emploi de cantinière ? Elle a bien sûr un secret qu'elle lui révèle bientôt. Orazio n'en croit pas ses oreilles. Ne serait-elle pas le double de Giuseppina ? Ensemble ils vont découvrir au cours d'un rangement du camp, des caisses contenant un manuscrit et des lettres. Des lettres contenant une énigme ayant trait à l'oeuvre d'une femme de lettres du siècle précédent qui refusait que sa postérité littéraire n'atteigne pas le XXe siècle. L'énigme se présente sous la forme de questions ayant trait à l'oeuvre de la romancière et est dotée d'un petit pécule. Nous l'avons vu Armance est cultivée... Et connait du moins partiellement l'oeuvre de cette grande dame réputée pour sa grande liberté d'esprit et de vie, son intérêt pour les traditions et la culture locale, son goût pour les légendes aussi.
Et justement, les légendes s'en mêlent un peu dans notre roman. Armance n'avait-elle pas parmi ses ancêtres un " meneu " de loups ? Et puis tout le monde, un peu, quand même, là-bas a plus ou moins entendu parler de... et si les loups et leur meneu réussissaient à chasser les fascistes venus pourchasser Orazio ? (C'est symbolique bien sûr !) Mais... et si les amoureux réussissaient à reconstituer l'énigme de la grande dame de la Vallée Noire et si tout finissait bien !
Cela donne un charmant Good Feel Book, mais beaucoup plus que ça encore. C'est mâtiné de bon terroir et de fantastique, les légendes toscanes et creusoises comme les paysages et les femmes se rejoignent. C'est bourré de culture, alerte et frais. La tension narrative est bien au rendez-vous avec un emboitement des parties étonnant de facilité. Pas le temps de souffler, pourtant on prend le temps d'une partie de pêche aux écrevisses, à la truite aussi dans les eaux cristallines, pures et trépidantes de la Creuse ; on séjourne aux côtés d'une grande dame libre, autoritaire et malicieuse, dont la renommée a réussi à traverser les siècles.
Un très bon moment de détente où l'on apprend des tonnes de petites et grandes choses, car le roman en fourmille. Un livre comme je les aime.
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En 1874, une écrivaine célèbre, organise un jeu de pistes, par peur de tomber dans l'oubli. Cette énigme a été résolue dans les années 30, dans la Creuse, par Orazio, un jeune Italien qui avait fui son pays envahi par le fascisme. Quatre-vingts ans plus tard, en 2012, Christophe, un éditeur, accompagné de son épouse, Frédérique, se rend à la convocation d'un notaire. Il est un des descendants d'Orazio et pour cette raison, il reçoit une boîte contenant un manuscrit d'une certaine Amantine. Certains d'entre vous, auront déjà deviné son nom.


Même si le récit concerne essentiellement Orazio, il alterne entre les trois époques. Cependant, la lecture est très aisée, car la police d'écriture change, ainsi que le découpage des chapitres. C'est ingénieux et très agréable.


La fiction semble se mêler à la réalité et j'avoue m'être, plusieurs fois, demandé ce qui était vrai ou non. A la lecture de mon résumé, vous avez certainement compris que l'auteur était un des personnages du roman : Orazio était son arrière-grand-père. Aussi, je m'interroge, par exemple, sur l'éventuelle véracité de certaines scènes telles que celle de l'introduction à la Franc-maçonnerie ou sur la possibilité de l'existence d'un manuscrit caché, pendant plus d'un siècle. Ce mystère titille l'imagination et entretient la rêverie. Et qu'en est-il des meneux de loups ? Est-ce une légende ou ont-ils existé ? J'ai aimé que ce roman ne définisse pas clairement la ligne entre l'imaginaire et la réalité.


La date de résurgence du manuscrit ne semble pas avoir été choisie, au hasard. Il semblerait que l'écrivaine ait anticipé certains éléments de notre monde et prévu que son histoire aurait une utilité, à notre époque, alors qu'elle n'avait plus de raisons d'être, dans les décennies précédentes. C'est un élément qui m'a beaucoup émue, puisqu'il touche à une cause qui me tient à coeur. le texte a valeur de transmission et de mémoire : grâce à l'écrit, des enseignements perdurent.


La suite sur mon blog...



Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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À lire : Orazio

"Ce livre est le premier roman de l'auteur et éditeur Christophe Matho, aujourd'hui directeur éditorial chez Ramsay après avoir exercé ses talents aux éditions Marivole et de Borée. Au début de son récit, il se met lui-même
en scène : Christophe est convoqué par un notaire de Bonnat,
dans la Creuse, lequel lui remet une boîte que son arrière-grand-père, Orazio Franceschi, a reçue en donation d'une vieille dame pour avoir résolu une certaine énigme. Une clause précisait toutefois que ladite boîte ne serait
confiée à ses descendants que quatre-vingts ans après sa mort.
Dans ce récipient, qu'il est forcé d'attaquer au ciseau à bois, l'éditeur
et légataire final découvre un manuscrit intitulé le Meneux de loups. La légatrice ayant pris ses dispositions dans le dernier quart du XIXe siècle et se prénonunant Amantine, beaucoup de lecteurs comprennent à l'instant de qui il s'agit. Mais Christophe Matho fait durer le suspens. Et puis, il reste les pourquoi et les comment, auxquels le romancier répond petit à petit, en remontant les fils du destin, entre 2012 et 1834, époque du voyage de George Sand en Italie en compagnie d'Alfred de Musset. Comme le titre le suggère, son récit est cependant concentré sur Orazio, jeune émigré italien fuyant le fascisme au tout début des années 1930, les époques antérieures ne faisant l'objet que de flash-back. À près une étape à Lyon, le jeune immigré arrive, sur les conseils d'un ami, à Éguzon où il est embauché comme géomètre et ouvrier carrier. Il y apprend les secrets de la pêche, est séduit par une beauté du cru et plonge dans les légendes et les superstitions du Berry, à quelques kilomètres de la maison de Gargilesse où George Sand venait faire la chasse aux papillons…
La fantaisie romanesque et l'imagination sont peut-être les deux qualités les plus saillantes de ce premier livre. Ce sont moins les personnages qui retiennent l'attention que son art pour distiller le mystère et pour entraîner le lecteur dans des univers qu'il apprécie – la Toscane et le Berry – et qu'il connaît manifestement bien. Dans son histoire, la transmission orale appelle la littérature à son secours. En cela, ce premier roman est bien l'oeuvre d'un auteur éditeur."
Frédéric Merle

Chronique parue dans L'Écho du Berry du 19 mars 2020
Un journal à lire impérativement !
Lien : https://www.echoduberry.fr/
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Un beau roman...
Ce que j'ai aimé, c'est évidemment le jeu sur les époques, avec les histoires qui s'emboîtent ; c'est l'histoire de la transmission, de l'hommage au passé (les pouvoirs des meneux de loups) ; c'est bien entendu le mystère joliment sauvegardé du roman sandien... C'est en fait le dépaysement à la fois géographique et historique. La Toscane, la Corse et Eguzon... L'époque de Sand, le temps d'Orazio, 2012... Sans aucun doute, dès qu'on a commencé la lecture, on est captivés et on s'y tient... On lit, on lit, on lit !
J'ai aimé la manière dont s'enlacent les personnages, les époques, les histoires qui se croisent et se prolongent. Il y a quelque chose d'envoûtant, d'ensorcelant, typique des "sorciaux" du Berry.
Il y a de très belles pages sur la description d'Eguzon et de ses environs, un regard franchement bien posé sur le mode paysan, le milieu ouvrier émigré. Christophe Matho a travaillé la vraisemblance de ses personnages, il leur a offert une vraie épaisseur. On ne les oublie pas en refermant le livre. Orazio est attachant, Armance davantage encore, je crois. Et les tableaux de la campagne, les parties de pêche, Orazio et la truite (un bel épisode, comme hors du temps au moment même où il va s'agir de jouer sa vie...)...
Les scènes sont nombreuses à rester en mémoire.
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Pour son premier roman, Christophe Matho allie mystère, histoire et romance en nous faisant traverser trois époques.
Le roman commence en 2012 lorsqu'un éditeur est convoqué par un notaire dans la Creuse. Un éditeur qui se nomme Christophe, une bonne introspection pour l'auteur qui est aussi éditeur aux éditions Ramsay, après avoir officié pour les éditions de Borée et Marivole.

Cet éditeur se retrouve avec un manuscrit trouvé par son arrière grand-père dans les années 30, manuscrit qui avait été caché aux alentours de 1870 avec tout un jeu d'énigmes afin que ce récit soit édité après la mort de l'auteure, souhaitant ne pas être oubliée.

Le récit principal va se situer dans les années 30 où Orazio, fuyant le régime fasciste italien, va devoir fuir en France pour rester là en vie. Nous allons suivre son périple et ses diverses rencontres qui vont le mener vers une jeune Creusoise qui trouvera les énigmes menant à ce manuscrit.

Nous retournerons aussi dans les années 70 du XIXe siècle afin de comprendre la genèse de ce projet.

Un très court roman qui est un condensé d'histoire, de romanesque et d'amour et je salue l'originalité de l'intrigue. Si la période des années 30 est plutôt bien développée, j'aurai aimé que les années 70 du XIXe siècle le soit plus et que la fin soit moins ouverte, cependant, j'ai passé un très bon moment de lecture car j'ai ressenti immédiatement de l'empathie pour le personnage d'Orazio et j'ai aimé suivre son périple plein de rebondissements.

Un premier roman prometteur qui aurait mérité un peu plus de développement mais qui est à découvrir pour découvrir une période historique dont on parle peu.


Lien : https://aufildesevasionslivr..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une promenade à cheval à travers les campagnes embaumées et sous un ciel d’une pureté absolue comptait parmi les événements les plus susceptibles de l’étourdir. Quelquefois, ces promenades à che- val occasionnaient chez elle de courts instants de folie. Elle regretta juste de devoir entreprendre cette balade sous le soleil de plomb d’un après-midi d’août, dans la chaleur toscane. Le périple aurait été bien plus agréable le lendemain au point du jour. Mais il fallait prendre le bateau.
Le ruban de la rivière scintillait à quelques mètres d’elle. Au- dessus, les contreforts de la montagne étaient couverts d’une parure forestière composée d’oliviers et de chênes méditerranéens. Sur le bas, des terrasses réalisées par les hommes accueillaient quelques vignes. Les lignes de ce paysage étaient simples et belles. Elle aperçut une embarcation qui filait sur l’eau, légère comme une libellule. Elle fut vivement impressionnée par ce spectacle gracieux et élégant. Elle ar- rêta son cheval un moment sur la berge et regarda une petite anse où le courant était moins rapide. On apercevait le fond et quelques che- vesnes et même un barbillon, parmi les remous que faisait la rivière.
Elle approchait un village blanc comme un galet, baigné par la rivière qui semblait verte à son approche. Devant le bourg s’éten- daient des champs de blé, des châtaigniers des oliviers et des vignes. L’église avait un clocher de briques rouges dont la cloche s’agitait derrière une cage de bois. Des femmes brûlées par le soleil tressaient de la paille sur le pas de leur porte, tandis qu’à côté d’elles des en- fants se roulent par terre nus, comme dans un tableau de François Boucher.
En s’approchant de l’église, elle aperçut un balai en travers de la porte de la maison de Dieu. Elle se rappela une superstition de l’Italie du Nord que lui avait conté son ami Emilio Gubernati. Pour découvrir une sorcière, les paysans mettaient un balai en travers de la porte de l’église. Si la femme était soupçonnée à tort, elle jetait de côté le balai. Mais si elle était une vraie sorcière, on le savait tout de suite, car elle se mettait alors à cheval sur le balai. Elle se dit qu’en Toscane comme en Berry, le balai incarnait le cheval des sorcières.
À la sortie du village, de jeunes filles étonnées de voir une femme seule se promener à cheval en montant comme un homme cou- rurent vers elle. De robustes fillettes l’entourèrent, comme un essaim d’abeilles, constituant une sorte d’escorte. Des femmes causaient en groupe sur le pas des portes et la regardaient passer avec un sourire aux lèvres.
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On ne voit plus le mal, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas là, prêt à surgir des eaux. En tout cas, toi, tu dois retenir qu’un homme a besoin d’une femme pour réussir ses projets.
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« Mère, ce manuscrit est achevé depuis plus de huit ans. Pourquoi diable ne l'avez-vous toujours pas transmis à un éditeur ? Je suis désolé que vous l'appreniez de la sorte, mais mon idée était de vous convaincre d'aider ce jeune éditeur. […]
- Certes, je lui ai fait cette promesse tant il m'a aidé à illustrer cette œuvre par des mœurs paysannes. Mais je ne lui ai pas dit quand. […]
- Mais quelle est votre idée ? Un œuvre à titre posthume ? Faudra-t-il attendre encore dix ou vingt ans avant que vos lecteurs découvrent l'histoire du Meuneux de loups ?
- Tu me prêtes une vie fort longue mon fils… […] »
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Les secrets de meneurs de loups ne sont que connus que des meneurs de loups et ils ne les transmettent qu’entre maître est apprenti. Pourtant, un meneur m’a révélé un jour un secret.
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Video de Christophe Matho (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Matho
Rencontre avec Christophe Matho, auteur de "Les maîtres de l'affiche 1890-1940" (Éditions de Borée, octobre 2017).
L?affiche est la première véritable expression de la publicité. Alors que nous sommes dans l?ère de la communication dématérialisée, alors que l?affiche est depuis longtemps concurrencée par d?autres médias, elle n?en reste pas moins très actuelle, accrocheuse et populaire.Entre 1890 et 1940, l?affiche a été une oeuvre artistique essentielle. Elle a traversé différents genres : Art Nouveau, Modernisme, Art Déco? Ce livre n?a pas l?ambition d?une encyclopédie ni la prétention d?une oeuvre académique. L?auteur veut simplement partager une oeuvre qu?il vient de découvrir, composée par Mucha, Chéret, Cappiello, tant d?autres affichistes renommés? et aussi par d?illustres artistes dont l?histoire n?a pas tenu le nom. L?ouvrage s?intéresse plus à l?approche sociétale qu?artistique. L?affiche est en effet le témoin de son époque : nouveaux moyens de locomotion, nouveaux loisirs, révolution alimentaire, industrialisation des spectacles? le livre permet de découvrir la France d?il y a cent ans tel qu?elle était vraiment, avec ses fantasmes, ses stéréotypes et ses préjugés. Une France qui pensait fort différemment de celle d?aujourd?hui.
Christophe Matho dirige les collections de plusieurs maisons d'éditions. Il a découvert les affiches de la Belle Époque et des Années folles en allant à la rencontre des collectionneurs pour l'illustration d'ouvrages traitant du début du axe siècle. Il a ainsi constitué un important fonds d'affiches. Une collection qui méritait bien un livre, dont la conception graphique se devait être à la hauteur de ceux qui ont conçu ces oeuvres il y a un siècle.
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