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EAN : 9782846263894
100 pages
Au Diable Vauvert (24/11/2011)
3.63/5   15 notes
Résumé :
Dans Signal / bruit, un réalisateur de cinéma apprend qu'il est atteint d’un cancer.
Son plus grand film, le chef-d’œuvre qu’il écrivait, devait raconter l’histoire d’un village terrorisé le 31 décembre 999, persuadé que la nouvelle année apporterait la fin du monde. Ce film ne verra jamais le jour, mais le réalisateur continue à l’imaginer et le tourne dans sa tête.
Se développe alors en parallèle l’approche de deux apocalypses, l’une fictionnelle et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un homme d'une cinquantaine d'années vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer qui présente déjà une grosse tumeur. Cet homme est réalisateur de films et il s'apprêtait à commencer le travail préparatoire pour son prochain film. Il se repasse régulièrement quelques séquences dans son esprit avant d'entamer le travail d'écriture du script. Ce film s'intitulera "Apocatastase" et se déroulera le 31 décembre de l'an 999. L'histoire commence avec une conférence de presse durant laquelle il répond à une question sur sa durée de vie qu'il lui reste quelques mois à vivre.

La scène passe ensuite au commentaire de sa radiographie lorsqu'il apprend le diagnostic, puis chez lui alors qu'il lit et que son esprit vagabonde vers l'une des scènes clefs du film à venir. Il repasse chez son médecin et le lecteur le découvre sortant du cabinet devant sa voiture sur laquelle a été apposé un sabot. Il prévient sa productrice qu'il sera en retard au rendez-vous et il est submergé par une crise de douleur sous un feu rouge alors qu'il se rend au commissariat pour payer la contravention.

Je pourrais continuer longtemps comme ça l'enchaînement de saynètes qui constituent ce récit sans parvenir à donner une idée du récit. Ce dernier repose sur une structure de 11 chapitres de 6 pages chacun environ, chaque chapitre étant séparé du suivant par une double page composée d'une illustration majoritairement abstraite et de morceaux de phrases absconses. Cette forme est imputable au format de publication d'origine : 6 pages mensuelles dans Face, un magazine anglais, pages parues en 1989 & 1990.

Le rapport signal sur bruit (signal to noise) désigne la qualité de la transmission d'une information par rapport aux parasites. Neil Gaiman et Dave McKean ont construit leur histoire pour illustrer ce principe de ratio : ils ont parsemé la narration de digressions qui n'en sont peut-être pas ; charge au lecteur de déterminer les éléments qui constituent le signal (l'histoire principal, voire le message) et ce qui constitue le bruit. Dans l'une des introductions, Dave McKean donne une piste en indiquant que ce que l'un des lecteurs avait pris pour le signal, n'était autre que des collages aléatoires de morceaux de phrases effectués par un logiciel.

Pour moi, le signal le plus fort a trait à l'acte de création, tel qu'il transparaît au gré des réflexions du réalisateur. McKean indique également que Neil Gaiman a repris cette idée des recherches effectuées par McKean sur les dernières années de Sergei Eisenstein, le réalisateur du film le cuirassé Potemkine. L'histoire dans l'histoire (dispositif cher à Neil Gaiman) qu'est le film en préparation sert plus à suivre un acte de création qu'à développer une quelconque thèse millénariste. Or pour Gaiman et McKean, l'acte de création n'est pas seulement leur gagne-pain, c'est également leur raison d'être. du coup ce qu'ils disent sur le sujet profitent de leur expérience personnelle et de leurs ambitions artistiques, ce qui tire vers le haut leur propos. le récit n'a pourtant rien d'artificiel, il ne s'agit pas pour Gaiman et McKean d'écrire un mémoire sur la création artistique. le personnage du créateur n'a rien de superficiel, c'est un individu que le lecteur reconnaîtrait s'il le croisait dans la rue. Quand bien même sa fin est inéluctable, le réalisateur est attachant et son cheminent intellectuel provoque tout de suite l'empathie du lecteur. Les réflexions du réalisateur sur son art sont consubstantielles des événements qu'il vit. Il est lui-même en train de décoder les signaux que lui envoie la réalité pour capter le signal le plus fort et en nourrir sa création artistique. En cela, il rappelle la quête pour "L'identification des schémas" de William Gibson, l'un des besoins vitaux propres à l'être humain.

Dave McKean utilise tous les styles à sa disposition (depuis le croquis le simple jusqu'au photomontage rehaussé à l'infographie) pour mettre en images la vie physique du réalisateur et sa vie intérieure. Au gré des besoins du scénario, le lecteur peut se retrouver face à des contours évoquant des peintures préhistoriques, une page composée aux trois quarts de reproductions d'une radiographie du poumon, d'une pleine page rendue à la peinture d'un homme assis en train de lire, d'une page composée de clichés d'une femme se tenant dans un escalier, de 4 pleines pages dédiées chacune à un portrait en pied d'un des guerriers de l'apocalypse, etc. Là encore l'énumération de techniques et de visions envoutantes ne permet pas de se faire une idée de la force de ces images. Dave McKean est le maître e la juxtaposition d'éléments que rien ne semble lier, mais dont le rapprochement fait naître des associations d'idées que les mots ne peuvent pas retranscrire.

Assez étonnamment, le récit se clôt de manière tout à fait satisfaisante. McKean explique dans l'introduction que Gaiman et lui ont pu compléter le récit à 2 reprises lors de ses rééditions successives. Ils ont donc ajouté une scène se déroulant une dizaine d'années après le décès du réalisateur et mettant en scène sa productrice qui explique quels éléments de l'oeuvre du réalisateur sont passés à la postérité. Ce constat se déroule bien évidemment en 1999, soit juste avant l'avènement d'un nouveau millénaire. À mon goût, Gaiman et McKean ont réussi à atteindre l'objectif que se fixe le réalisateur dans le récit : créer une forme nouvelle qui innove par rapport au système.
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Existe-t-il un rapport entre les apocalypses collectives et les apocalypses individuelles ? Appréhende-t-on différemment le deuil de soi-même et du monde lorsque, dans un cas, il concerne l'humanité, et dans l'autre, la seule sphère de son individu ?


Le duo Gaiman/McKean s'interroge sur cette question dans leur roman graphique signal/bruit. Jamais apocalypse ne semblera plus attirante que dans cet ouvrage aussi riche visuellement que formellement.


L'histoire est celle d'un réalisateur de cinéma qui apprend qu'il est atteint d'un cancer alors même qu'il venait d'avoir l'idée du scénario de son prochain grand chef d'oeuvre. Etonnamment, l'idée de ce film fait écho avec la situation du réalisateur puisqu'elle aborde le thème de la mort : le 31 décembre 999, à la veille du premier millénaire, quel degré de terreur avait pu atteindre les habitants d'un petit village isolé, persuadés de voir approcher la fin du monde ?
Il faut se souvenir que cet album a été initialement publié en 1992 en Angleterre –à l'approche du passage de cap d'un nouveau millénaire- et que les spéculations à ce sujet étaient alors légion. L'est toujours autant le phénomène pandémique du cancer –question qui ne posait toutefois pas encore en 999.


Le réalisateur s'éloigne et se rapproche à chaque fois de sa réalité. Il se sait condamné, et accepte de ne pas avoir le temps de réaliser son chef d'oeuvre et de le transmettre au public. Il ne se résigne toutefois pas complètement à l'idée d'enfermer son scénario dans un placard et commence à réaliser le film dans sa tête, visualisant toute la progression de l'histoire à mesure que le temps s'écoule pour lui aussi. Ainsi, il n'abdique pas totalement face à sa maladie, et trouve une échappatoire qui lui permet de se couper du monde l'espace de quelques heures. Cela n'empêche pas ses interrogations de revenir sans cesse. Les apocalypses –globales ou individuelles- se répondent. le monde est chaotique, ce que traduit le titre de l'ouvrage : à un signal doté de sens –acte déclencheur à la portée rationnelle- succède le bruit –ensemble de sons discordants et sans cohérence. Nouvelle définition de l'apocalypse ?


La lecture de cet album fait d'ailleurs courir le risque d'être envahi par le bruit… Sa forme est dense : visuellement, le graphisme transporte dans un univers sombre et électrique –rejeton froid des systèmes virtuels. Mais le texte rivalise avec cette atmosphère visuelle : très présent, il évite toutefois le bavardage, et chaque nouvelle page apporte matière à réflexion. Là où court le risque de voir émerger le bruit, ce serait lorsque le lecteur, plus absorbé tantôt par le texte, tantôt par l'image, oublierait de superposer les deux pour obtenir cet ouvrage intégral qu'est signal/bruit. Un autre risque, peut-être, tient au statut expérimental de cet album. La couverture au graphisme électrique pourrait nous porter à croire que nous allons nous plonger dans la lecture d'une histoire nerveuse nous présentant des apocalypses plus dévastatrices les unes que les autres. Ce n'est pas du tout le cas et l'histoire se déroule dans le plus grand calme, seulement rendue angoissée par la prédiction des désastres à venir –l'un réel : le cancer ; l'autre fantasmé : la fin du monde. Plus proche du roman que de la bande dessinée, signal/bruit ne se dévore pas mais se lit progressivement, avec toute la retenue qui sied à ceux qui savent que leur dernière heure est venue.



Lien : http://colimasson.over-blog...
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Pour une raison inexplicable (et probablement inexcusable), j'étais totalement passé à côté de cet album publié par l'éditeur « Au diable Vauvert ». Depuis la lecture de « Cages », qui est un des meilleurs albums que j'ai eu l'occasion de lire, je suis pourtant grand fan du travail de Dave McKean. le voir ici associé à Neil Gaiman, avec qui il a notamment déjà travaillé sur l'incontournable « Sandman », me laisse encore plus dubitatif concernant l'origine de cet oubli.

« Signal to noise » est un récit paru en 1992 chez VG Graphics, qui relate les derniers jours d'un cinéaste qui espère achever le scénario de son ultime film avant qu'un cancer ne l'emporte. Après avoir appris qu'il ne lui restait plus que quelques mois à vivre, les pensées de l'homme naviguent entre le sujet de ce film devant aborder la fin hypothétique du monde en 999 après J.C. et la fin de son propre monde…

En proposant de suivre les dernières pensées de ce personnage, Neil Gaiman invite à réfléchir sur la mort, sur la peur et sur les rêves inaboutis. Si ces textes de Neil Gaiman, qui invitent une nouvelle fois à plonger au plus profond de l'âme humaine, valent évidemment le détour, ils font surtout écho aux superbes planches de Dave McKean. Mêlant peintures, dessins, photographies et autres techniques, l'artiste propose une nouvelle fois un voyage visuel de toute beauté et totalement déstabilisant.

Une oeuvre incontournable pour tous les fans de ces deux auteurs d'exception !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Signal To Noise relate les derniers mois d'un cinéaste atteint d'un cancer en phase terminale. Celui-ci décide malgré tout d'écrire le script d'un nouveau film qu'il sait ne jamais pouvoir réaliser. Son sujet : l'histoire des habitants d'un village perdu en Europe centrale qui attendent l'Apocalypse, le jour du 31 décembre 999. L'idée est plutôt alléchante. Un réalisateur qui se meurt et décide d'investir ses dernières forces dans une oeuvre d'art pour arracher un peu quelque chose à l'Eternité. Un parallèle pertinent entre cet homme qui attend sa propre mort et ses personnages de l'An Mil persuadés que leur monde va disparaître quand sonneront les douze coups de minuit. le résultat laisse malheureusement sur sa faim. La BD se transforme en une série de réflexions existentielles, parfois pertinentes, souvent hermétiques, disloquées au milieu de planches tellement travaillées qu'elles finissent par devenir indigestes. McKean mélange le dessin traditionnel, la photographie, les collages et les superpositions de textures, comme il l'avait fait dans Arkham Asylum. Graphiquement, le résultat est impressionnant, mais sur la longueur cet exercice arty devient pénible et finit par noyer complètement une histoire pourtant prometteuse. En revanche, l'éditeur a eu l'excellente idée d'inclure trois « nouvelles » au début du livre : Hackers, une double page de McKean publiée dans le magazine The Face en 1989, Déconstruction et Frontières (sur un texte écrit par Gaiman) où le travail éclaté et protéiforme du dessinateur fonctionne parfaitement. le mieux est l'ennemi du bien ...Un conseil d'écoute musicale: http://bobd.over-blog.com/2015/09/de-bruit-et-de-bruit-signal-to-noise-vs-signal-to-noise.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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roman graphique où un homme se trouve aux prises avec un cancer et un dernier film, les dernières choses qu'il aurait à exprimer.
Très fort, comme passant par de petits événements et très inspiré dans ses réflexions (sur les murs par exemple) et très beau par sa richesse formelle et ses couleurs. Une expérience très intense.
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critiques presse (1)
Sceneario
23 janvier 2014
Un album passionnant et émouvant qui ne laisse pas indifférent. Une œuvre à part, essentielle dans le parcourt de ces deux artistes hors norme.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le titre lui-même est contradictoire, aujourd’hui nous sommes entourés par tant de bruit qu’il devient virtuellement impossible d’y détecter un quelconque signal. Et quand bien même nous parviendrions à nous y orienter, puis à trouver ou à reconnaître les vrais signaux, saurions-nous y répondre ? A quoi peut bien servir une quête si nous sommes incapables de reconnaître le but quand nous l’atteignons ?

-Jonathan Carroll, Introduction à l’édition originale-
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J’étais dans une librairie la semaine dernière. Je cherchais quelque chose à lire et là, caché en silence parmi les autres livres, se trouvait un ouvrage sur « Comment survivre à la catastrophe mondiale du 31 décembre 1999 » -des conseils survivalistes pour tenir le coup pendant le krach de la civilisation. Je l’ai pris et examiné, et il semblait aussi ancien et étrange qu’un parchemin étrusque glissé entre un Danielle Steel et un Tom Clancy –fossile d’un temps passé, fragment, débris. Nous avons survécu. Nous allons bien.
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« Quand j’étais professeur, une des premières choses que je disais chaque année à mes étudiants était de ne jamais, jamais lire une introduction avant d’avoir lu le livre. Pour une raison perverse, le préfacier ne manque jamais de vous raconter l’intrigue […] ou vous parle de personnages et de situations avec lesquels vous n’êtes pas familiers car, merveille des merveilles, vous n’avez pas encore lu le livre.

-Jonathan Carroll, Introduction à l’édition originale-
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Je vois la cicatrice à la base de mon pouce, où je me suis coupé, enfant, sur une bouteille cassée. Ici est écrit mon passé. Et mon futur ? Je scrute ma main, guettant l’avenir dans ce réseau de courbes et de pistes. Illisibles, toujours. Je retourne au passé.
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Quand on finit quelque chose, il y a ce sentiment de victoire, qui ne ressemble à rien d’autre. Aucun mot pour ce sentiment qu’on a réussi à rapporter quelque chose de l’éternité, arraché au flanc d’un dieu consentant.
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