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EAN : 9782940648566
144 pages
BSN Press (09/12/2021)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Et si l’écriture de Céline, ses choix de genres et de style étaient profondément solidaires de ses idées nationalistes et racistes? Une telle hypothèse suppose de ne pas concevoir le style d’un écrivain comme un pur jeu de formes, fût-il des plus virtuoses. Cet essai, issu des longues recherches menées sur l’auteur de Voyage au bout de la nuit, prend appui sur un examen du pseudonyme et de la scène de parole bien particulière qu’élabore l’écrivain. Celle-ci peut nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sur Babelio, on s'écharpe assez peu entre pro-vax et anti-vax (quoique…) mais chroniquer Céline, en revanche, c'est s'assurer nombre de commentaires enfiévrés. Aussi est-ce avec beaucoup d'intérêt et de curiosité que j'ai parcouru ce court traité d'un universitaire dont j'espérais bien qu'il répondrait à la fameuse question existentielle de tout lecteur qui se respecte : bon, alors, l'oeuvre et son auteur, séparables ou pas séparables?
Le livre s'ouvre sur une passionnante étude du pseudonyme de l'écrivain qui commit un premier livre sous le nom de Des Touches avant d'opter pour Céline, prénom de sa grand-mère maternelle. Or, choisir un nom de plume c'est évidemment commencer à s'inventer comme écrivain et, pour Céline, ébaucher une posture qu'il ne cessera de travailler. En choisissant la lignée maternelle, il tourne le dos à un grand-père paternel agrégé et écrivain, refuse la littérature académique et choisit sinon d'inventer du moins de porter au plus haut l'oralité de la langue. Et il va prolétariser non seulement son style mais son état civil, se présentant comme l'enfant du peuple qu'il n'a jamais été.
En quoi la volonté célinienne d'effacer toute trace bourgeoise de ses origines peut-elle nous aider à comprendre ce qu'engage la notion d'auteur ?
Jérôme Meizoz tient d'abord à nous faire reconnaître qu'il n'existe qu'un seul Céline: impossible selon lui de dissocier l'auteur des pamphlets de celui des romans, ni même de faire la différence entre « Le Voyage » et les romans ultérieurs. Parce que le pseudonyme signe la posture et parce que l'oralisation revendiquée est moins un coup de tonnerre stylistique dans le ciel compassé de la littérature que l'expression d'une cohérence idéologique, et même, osons le jeu de mots lacanien, d'une coherance. Bien rance.
Céline n'est pas le premier à avoir imaginé une stylistique de l'oral. Vallès l'avait déjà fait. Mais chez Céline, ce choix rencontre une thématique présente dès la thèse écrite par le docteur Destouches: « La Vie et l'oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis ». le scientifique dont il analyse le travail est présenté dans cette thèse comme un homme solitaire, non reconnu par ses pairs. Avant même d'être écrivain, Céline imagine donc un prophète de la vérité, seul contre tous, auquel il s'identifiera dans toutes ses oeuvres ultérieures. Lui aussi, comme Semmelweis, ose dire ce que nul ne veut entendre, et le transfert de l'oral dans la langue écrite que Céline choisit d'opérer relève de la même logique: l'écrivain authentique est le seul à dire ce que personne ne veut entendre parce que les élites bien-pensantes méprisent le peuple dont l'oral est la langue. le peuple, émanation de la vraie France, parle vrai, sans philtre: il parle franc.
Le style de Céline, donc, exprime toujours la même idée au-delà des oeuvres mêmes, la défense par l'oral du vrai peuple (français) contre l'élite intellectuelle abrutie par la prétention livresque (juive, forcément)et il est vain de vouloir extraire certains de ses livres de cette idéologie unifiée par le style.
Oui mais, la valeur ajoutée de l'art, diront certains, signifie que Céline se soucie moins de déporter des Juifs que de sauver la littérature. À ceux-là, Meizoz rappelle qu'au nom de l'esthétique Gallimard a publié un éloge d'Anders Breivik. Si les intentions de l'auteur du pamphlet sont officiellement répugnantes et ne méritent pas qu'on s'y attardent, celles de l'éditeur sont à rechercher du côté d'une certaine autonomie de l'art qui pourrait ignorer les conséquences de ses oeuvres, car brillant dans le ciel éthéré des idées et refusant d'être considéré à l'aune du langage commun: peu importe ce que je dis puisque je le dis bien.
Résumons: pour Meizoz, être un artiste n'exonère de rien et le style de Céline signe en lui-même une idéologie bien putassière. Fermez le ban.
Alors clairement le bouquin est intéressant. Un peu trop répétitif. Flirtant parfois avec la mauvaise foi. Mais il ne m'a pas entièrement convaincue. Je crois fermement que la littérature est à la fois poison et contrepoison, que l'oeuvre ne coïncide jamais totalement avec son projet, et que la polysémie règne. « Voyage au bout de la nuit » suinte de compassion et de haine de soi pour n'être pas capable d'aimer l'humanité à la hauteur de ses souffrances. (Et maintenant, j'ai vraiment très envie de relire « Mort à crédit » pour vérifier que je ne me suis pas faite entuber d'avoir adoré ce roman, ado.)
De toute façon, la question de l'oeuvre et de l'auteur est toujours aussi bête. Peu importe l'homme, seuls les livres comptent : sont-ils bons?
Pour ce qui est du « Voyage », oui. Parce que l'argot y est une façon de répudier l'héroïsme et l'oralité une volonté de refuser le secours de l'esthétique à l'humaine condition.
Je ne pense donc pas que le style puisse être étudié indépendamment de l'oeuvre ni réduit à une posture. Ou bien, si c'est vraiment le cas, c'est que l'auteur ne vaut rien et peut disparaître dans la plus totale indifférence.
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Me voici avec une lecture particulière, une masse critique Babelio, quelques choix divers, parmi, Coulisses du nom propre (Louis-Ferdinand Céline) de Jérôme Meizoz, un essai choisit comme une singularité naturelle croissante de mon appétit de connaissance, éveillant surtout ma curiosité toujours en alerte, de Louis-Ferdinand Céline, j'ai lu l'essentiel, le sésame incontournable, passe partout de la littérature française, Voyage au bout de la nuit, je n'oublie pas l'écriture vorace et orale, l'absurdité des événements et la méchanceté de la classe populaire, ces pauvres sans honte dans l'horreur !
J'ai dans ma bibliothèque ces pamphlets controversés, toujours interdits de publication en France, qui attendent sagement ma lecture, cette part d'ombre qui ternit l'image de ce médecin-écrivain, ces propos antisémites, lui vaudront un procès en 1950, les éditions Gallimard tentant de les introduire dans la Pléiade mais en 2018, face à la difficulté et aux controverses, met son projet à l'arrêt sachant qu'en 2031, tous ces écrits tomberont dans le domaine public et au Canada sont édités sous le titre Écrits polémiques en 2012, cet essai tende de faire la radiologie entre pamphlets et romans avec ce côté raciale qui pourrit le personnage vis-à-vis de l'auteur, à travers l'analyse de la pseudonymie dualiste Destouches/Céline , de son style face à la géologie de son environnement et sa nature propre, ces lectures aussi, cette analyse sera complexe par sa profondeur et mettre en abime l'époque assez antisémites et des enjeux politiques. A travers les âges, la haine de l'autre est toujours une nécessité, la stigmatisation d'un peuple, d'une religion, d'une population, d'un pays et autres différences, la haine s'expose facilement, c'est le paradigme de la faute de l'autre ou de la suprématie naturelle, ce rapport de force et de pouvoir, tous est prétexte à la haine des autres, souvenez-vous, les vaccinés et les non vaccinés en cette année 2022. L'oeuvre de Céline a cette ambivalence des romans aboutis et de ces pamphlets étant des brouillons selon certain et pour les autres, une continuité idéologiques et esthétiques des romans aux pamphlets, deux pensées s'affrontent, cet essai répondra-t-il à cette polémique ou laissera encore planer le doute !
Dans l'avant-propos, Jérôme Meizoz du Pamphlet de 1937, Bagatelles pour un massacre, couche une pensée qui me glace par sa bêtise et sa haine, cet antisémitisme qui pullule dans tous les tracts de l'époque, de la surenchère de connerie : « écriture française repose sur le substrat biologique aryen dont les juifs seraient privés. C'est pourquoi, Proust n'écrit pas en français, mais dans une sorte de français « enjuivé » ». Son style comme le dit Céline est « franc grossier », j'avoue que Proust à cette prose poétique comme une ode musicale qui enchante les esprits, à l'opposé par aussi les thèmes aussi, l'un des salons et ce monde bourgeois, l'autre la France profonde et sa langue dite argotique. Cet essai littéraire assez universitaire dans sa conception se laisse peu apprivoisé, la lecture est presque un recommencement, Jérôme Meizoz se répète, semblant se perdre dans des analyses, celle de ces pseudonymes, laissant entrevoir la schizophrénie littéraire de l'auteur, ce personnage Céline et de l'homme Destouches Louis, l'un et l'autre s'entremêle parfaitement dans un Docteur Jekyll et M. Hyde, de ces correspondances par ces Romans, comme Mort à crédit, une biographie autofictionnelle, où ce style qu'il a opté dès le début, vomir la bourgeoisie et parler au peuple dans une prose populiste, une écriture très orale, un style argotique aussi, une vision plutôt anti bourgeoise, pour narrer la France du bas, celle qu'il n'a jamais été, mais Céline cache Louis Destouches, renie son côté paternel, demande à sa mére de lui promettre de ne pas lire Son roman Mort à crédit, la décrivant comme une mére peu à son avantage comme cette enfance de souffrance qu'il exagère pour toucher un public différent mais cette langue différente ne touche pas certain comme Maurice-Ruben HAYOUN, lui préférant Balzac ou Châteaubriand, pour ma part cette langue ouvrira la voix de certain de nos auteurs contemporains comme Virginie Destemptes et son Baise-moi, d'autres vont s'engouffrer dans la réduction de la langue à celle orale pour pondre des oeufs littéraire pour une sorte d'appauvrissement de la langue et de style, pour une ouverture vers une littérature populaire, où Christine Angot laisse l'autofiction et une prose sèche, brutale, orale narrer l'inceste et une vie qu'elle offre comme une psychanalyse, à défaut de Céline et de son oeuvre, même sa thèse de 1924 sera republiée en 1936 sous le pseudonyme de Céline, La Vie et l'Oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis, surfant sur la vague du succès pour venir donner le médecin comme otage des autres oeuvres de Céline, voulant les confondre, les réunir, les unir, Jérôme Meizoz souligne la métamorphose du texte en 1936 par cette volonté de repositionnement idéologique , anticommuniste , puis légèrement antisémite, au-delà du récit scientifique, le génie Célinien littéraire entremêle le hongrois incompris et la prose orale de Céline, déstructurant le texte de la thèse à la cause Célinienne .
Jérôme Meizoz n'apporte aucune réponse, Céline, comme beaucoup d'auteurs ont leurs identités propres, celle prosaïque qu'a choisi Louis Destouches est ce parti pris et sa forme antisémite est dans ses gènes, elles ouvrent surement l'identité du moment puis s'effritant avec la conjecture historique, comme celle actuelle avec cet islamiste et tous les propos nationalistes, comme le souligne Richard Millet et son texte sur L'éloge littéraire d'Anvers Breivik, les temps changent et l'adversaire change, l'écrit reste et sa prose, chacun aura son avis, j'en ai aucun, je n'aime pas la haine des autres même littéraire, je n'aime la polémique aussi, pour ternir une oeuvre pour une phrase souvent mal interprétée, et ces revers de langues qu'on tente de salir selon l'opinion idéologue….
Un essai qui est assez peu intéressant pour ma part, juste pour m'ouvrir vers Mort à crédit et le lire comme une mascarade autobiographique, noircit pour la valeur qu'il veut défendre, une forme de mensonge littéraire.
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Faut-il séparer l'homme de l'artiste ?

Finalement c'est un peu la question éternelle, de Céline à Polanski. L'avis de Meizoz est assez tranché, et à vrai dire, je ne le partage pas entièrement. Peut-être est-ce monstrueux de ma part, mais je lirai les essais qu'il critique avec intérêt. La littérature et les humains son trop complexes pour être rangés dans la case "infréquentable" et marqués à jamais du sceau de l'infamie.

Cela dit, la démonstration de ce court essai est très bien menée et marque des points intéressants : je pense notamment à toute la réflexion du début autour du nom de Céline, parfaitement argumentée et très claire. La fin de l'ouvrage m'a un peu moins convaincue cela dit. Mais pour un essai de littérature, il a l'avantage d'être très accessible et compréhensible par tous... même ceux qui n'auraient pas lu Céline et souhaiteraient se pencher sur cette figure controversée qu'est l'écrivain.

Allez, maintenant il ne me reste qu'à lire Voyage au bout de la nuit...
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Vidéo de Jérôme Meizoz
Jérôme Meizoz présente son roman "Malencontre", en librairie dès le 7 avril 2022.
RÉSUMÉ
Tout le monde l'appelle le Chinois. On se moque doucement de lui, de ses poèmes, de ses «théories à la con». L'année de ses quinze ans, il s'est épris de Rosalba. Elle, elle n'a rien vu, rien su et épousé l'héritier de la prospère Casse automobile. Au fil du temps, cet amour non partagé s'est librement déployé dans l'esprit fertile du Chinois. le jour où Rosalba se volatilise, la police diffuse sans succès un appel à témoins. Pour comprendre cette histoire dont il perd sans cesse le fil, le Chinois interroge les proches de la disparue. Toutes leurs voix dessinent l'inquiétant motif d'un miroir éclaté. Anti-polar et célébration de l'imagination amoureuse, Malencontre oppose à l'âpreté du réel les forces de l'humour et de l'invention.
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