"La catastrophe planétaire menace à tout moment : arrêtons-nous un instant et réfléchissons sérieusement à ce que nous sommes en train de faire."
Deon Meyer, écrivain de thrillers policiers, révèle dans une interview qu'il est très préoccupé par l'avenir de la planète et que l'écriture de cette dystopie était pour lui essentielle.
« Je pense que les humains forment une espèce qui survivrait probablement à une catastrophe globale… parce qu'ils ont déjà démontré qu'ils pouvaient survivre au pire. Mais j'ai voulu voir comment ils s'y prendraient s'il fallait repartir à zéro. Est-ce qu'il est possible de régler les problèmes d'inégalités sociales qui nous ont menés où nous en sommes ? de cesser de détruire l'environnement en menaçant la survie même de la vie sur la planète ? »
Dans un roman qui nous plonge dans l'utopie d'une communauté idéaliste avant de nous faire basculer dans des scènes d'actions inspirées de Mad Max, il nest pas difficile de rester scotché par une narration parfaitement rythmée.
L'auteur a choisi de faire table rase du passé, non pas en détruisant une partie de la planète, mais en effaçant simplement 95 % de la population humaine par une pandémie. Certes les conséquences de cette perte de main d'oeuvre sont massives et les infrastructures sont à l'arrêt. de petits groupes, plus ou moins animés de bonnes intentions, sillonnent le pays en quête de nourriture.
On découvre alors nos deux héros : un père et son fils de 13 ans.
Le père est un érudit et un pacifiste : il rêve de rassembler une communauté multi-ethnique avec des hommes et des femmes de bonne volonté. A de multiples reprises, le roman se met en mode roman d'apprentissage puisque le jeune Nico va découvrir les faiblesses de son père, comme son refus de la violence difficile à concilier avec le mode survie.
A certains moments, les rôles vont basculer et Nico aura le sentiment de devoir protéger son père. Une histoire de passage à l'âge adulte pour l'adolescent qui choisira d'être un combattant, exceptionnel faut-il le préciser. D'autant qu'il choisira Domingo, un redoutable guerrier, comme père d'adoption.
Parallèlement, les voix de tous les personnages principaux et de bon nombre des personnages secondaires apparaissent dans les enregistrements du "projet d'histoire d'Amanzi". Elles permettent d'aborder essentiellement les menaces qui pèsent sur la communauté et anticipent ou accompagnent les scènes d'action.
Il est vrai qu'on ne pourra échapper aux stéréotypes du genre : les tentatives autoritaristes de prise du pouvoir , les expéditions dangereuses pour le ravitaillement, les méchants qui tuent par plaisir, les batailles héroïques, mais
Deon Meyer utilise un contre-pouvoir qui va modifier la teneur du propos. Ce contre-pouvoir déborde de sentiments positifs comme la solidarité, le partage, l'esprit d'initiative, l'ingéniosité, la loyauté et l'amitié.
Car ce qui l'intéresse réellement, et il l'a déclaré, c'est d'accompagner cette force de résilience, cette capacité à innover et ce désir de projection qui anime cette communauté qu'il a créée. Pour cette raison, les étapes de la reconstruction sont décrites précisément, que ce soit du point de vue matériel ou du point de vue. philosophique.
Il n'hésite d'ailleurs pas à se référer à
Spinoza, et s'appuie sur les réflexions de
Yuval Noah Harari, auteur du best-seller
Sapiens, une brève histoire de l'humanité. Les discussions sur la démocratie s'intègre parfaitement dans cette démarche qui se révèle plutôt positive.
La conclusion du roman, que je n' ai pas vu arriver, me laisse cependant avec des interrogations plutôt perturbantes, ce qui vaudra 4 étoiles plutôt que 5.