Dix nouvelles, dix pages chacune. Je pensais lire ces nouvelles, vite. Et bien pas du tout ! J'ai pris le temps du voyage.
J'ai vu des contrées lointaines avec les mots de
Morand, traversé des mers et mis les pieds sur des îles paradisiaques. Au détour, des revenants me sont même apparus. Je me suis aussi amusée des tours joués par des escrocs chinois à des Occidentaux pédants. Et j'ai été touchée par l'histoire de "L'enfant de cent ans" et la description veloutée des femmes, ainsi que celle des danseuses de la cour du roi d'Indrapura.
"On pouvait suivre toutes les ondulations, à travers chacun de ces corps, jusqu'au bout des orteils. Les doigts eux-mêmes y participaient - et c'était peut-être ce qu'il y avait de plus beau dans toute la représentation -, pouce et index pressés l'un contre l'autre, les autres doigts fléchis jusqu'à toucher le poignet. Appuyant contre leur taille ces doigts retournés comme des pétales de jasmin, elles imitèrent la forme d'une araignée." (p.82)
Bien sûr, ces nouvelles doivent être restituées dans leur temps, écrites en 1927, cela précise le regard de l'auteur, diplomate français en mission en Asie et en Océanie. Reste que l'écriture est précise, quand bien même il a été traduit en français (en 1987) puisque l'auteur avait choisi l'anglais pour les rédiger afin de les présenter à des éditeurs de
New-York.