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Sylvain Fourcassié (Collaborateur)
EAN : 9782253033769
221 pages
Le Livre de Poche (10/07/1987)
3.68/5   36 notes
Résumé :
Le journal d'un médecin de campagne.En haute Ardèche, les corps et les caractères, tout autant que le paysage, sont façonnés par le burle, ce terrible vent hivernal qui glace jusqu'au os. Sur ces terres superbes aux abords hostiles, Paul Perrève a exercé la profession de médecin généraliste pendant douze ans. Douze rudes années à parcourir les mauvaises routes des hauts plateaux, douze années éreintantes, rythmées par les naissances, les maladies, les accidents et l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
A l'heure où l'on parle de désertification médicale, de raréfaction des médecins de campagne, ce petit bouquin, que j'ai découvert par pur hasard, tombe à pic. Ce n'est pas un simple roman, plutôt, comme l'annonce la quatrième de couverture, un "journal" dans lequel l'auteur ne cache absolument rien. Rudesse des éléments, des habitants parfois, tout est combiné pour écoeurer le plus convaincu des disciples d'Hippocrate. Sauf, bien entendu, si, comme Paul Perrève, on a ce métier chevillé au corps et au coeur. Imaginez vous sortir en plein hiver vers minuit, lorsque souffle ce vent terrible formant des congères, que la route commence à se glacer sur des chemins qui n'ont du terme "route" que l'appellation, pour aller pratiquer un accouchement dans une ferme perchée dans ces hameaux perdus... Il faut avoir du courage mais aussi de l'humanité.

Dans cette sorte de roman autobiographique, il nous fait part de tous ses ressentis, sans rien nous cacher. le médecin de campagne des années 60 était considéré comme le messie, de même que l'instituteur ou le curé. On comptait sur lui et il ne pouvait se dérober à ses responsabilités. On peut constater, à travers cet écrit, qu'il passait moins de temps à son cabinet que dans sa voiture, toujours par monts et par vaux, allant de ferme en ferme, quel que soit le temps.

Très agréable à lire, ce livre vous en apprendra beaucoup sur ce métier mais aussi sur ces habitants ruraux et sur leurs conditions de vie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Je me suis retrouvée avec "La Burle" entre les mains sur les conseils de mon compagnon. La Burle c'est le nom du vent, vif et glacé, qui balaie les hautes terres de l'Ardèche et qui, par temps de neige, favorise les congères.

Alors, je me suis embarquée dans la 4 CV du docteur Paul PERREVE, médecin de campagne dans les années 60.
Il fallait avoir son serment d'Hippocrate chevillé au coeur et au corps pour assumer son sacerdoce dans cette haute montagne. Travailler jusqu'à 100 heures par semaine, de nuit comme de jour, dans des conditions climatiques parfois extrêmes. C'est aussi l'époque où l'épouse du médecin lui servait de secrétaire et la vieille voiture de maîtresse
Dès le début du récit, le lecteur entre de plein pied dans le quotidien du docteur PERREVE : un coup de fil, en pleine nuit, pour un accouchement dans une ferme de la haute montagne par temps de neige. Paul PERREVE décrit très bien sa peur : la hantise des complications et ses déboires avec sa vieille guimbarde qui va devoir le mener au chevet de la parturiente.
C'est très bien écrit. Il y a des portraits cocasses, mais il y a aussi la misère, la vraie, j'ai eu l'impression par moment de lire "La terre de Zola". sans parler de l'alcoolisme, des croyances, des vieux remèdes de bonne femme, des suicides, des vieux qui doivent quitter leur ferme pour aller à l'hospice. Mais il évoque aussi les veillées, les foires, les jours de marché.
Il y a un chapitre, d'une très jolie écriture, où il dépeint la mort d'un vieux village abandonné et où il aime se rendre de temps en temps.
Il rend aussi hommage à tous ceux qui lui ont témoigné de l'amitié, lui qui était un étranger arrivant de la ville.
Ce médecin aura tenu douze ans et le lecteur ressent l'attachement qu'il aura eu pour cette terre si ingrate et ses habitants.
C'est le très beau témoignage d'un homme pour qui l'engagement était total mais c'est aussi le témoignage d'une autre époque!

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Un médecin au service des petites gens de la haute Ardèche, des patients hauts en couleur, un médecin épique au volant d'une vieille guimbarde sur les petites départementales, des drames et de l'humour... Une très belle surprise que je croyais réservé aux fans de régionalisme alors que c'est un petit chef-d'oeuvre universel.
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Voici le témoignage d'un médecin de campagne exerçant durant les années 50 sur les plateaux de la Haute Ardèche. On découvre au fil des pages et des tournées avec sa vieille voiture un paysage souvent hostile. On va à la rencontre de la population paysanne qui vit pour la plupart dans un dénuement total.
Malheureusement, il y a que peu de passages sur cet aspect pour avoir de trop nombreuses pages sur les routes enneigées, les soirées autour d'un barbecue. Il s'apitoie sur son sort trop souvent en montrant les défauts de ses patients avec pour moi tout l'orgueil d'un médecin de cette époque. Dommage.
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Deuxième version du 1er écrit de 1981. Témoignage très frais, parfois poètique, avec beaucoup d'humour, de sa découverte professionnelle d'une partie de la population de l'Ardèche du nord, celle du Haut-Vivarais. Récit de la vie des médecins de campagne des années 1960-1970 qui n'étaient pas préparés à cette vie solitaire, dans des coins reculés de France. très bon livre qui se lit d'une traite.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Mais la misère n'est pas un décor. Elle marque d'une empreinte pathétique, indélébile les visages et les corps où elle s'est installée. La misère, ce sont ces yeux grands ouverts d'enfants apeurés, qui me scrutent derrière des visages barbouillés de morve et de crasse. Ils sont là, ces enfants, dans leurs habits aux couleurs incertaines, fanés, usés, reprisés, trop longs ou trop courts, maintenus par des boutons dépareillés, par des ficelles de lieuse ou des bretelles délabrées. Ils sont là sous leurs tignasses sombres et laineuses que de maladroits ciseaux ont coupées, avec leurs mains sales, leurs genoux écorchés, leurs jambes couvertes d'impétigo, les pieds dans des brodequins sous lacets.
Et ce vieillard assis sur un tabouret à traire, emmitouflé sous une épaisse couche de gilets, de vestes et de cache-nez, un vrai portemanteau ; le menton appuyé sur sa canne sculptée, il m'épie de son œil rougi qui coule en permanence.
La femme debout auprès de ses enfants porte une jupe retenue par un élastique qui apparaît à la taille, un tricot de laine constellé de taches. Encore jeune, déjà les marques de la vieillesse s'inscrivent sur son visage fatigué, usé, sans âge, sur son regard que ternit l'indifférence, n'exprimant plus depuis longtemps la plus fugace émotion.
Un enfant se cache le visage contre sa jupe en me lorgnant à la dérobée ; doucement la femme le repousse, d'un geste doux comme une secrète caresse.
La misère est silencieuse. Les enfants, la femme, le vieillard me regardent et se taisent. Ni bonjour ni rien. Le vieux a bien marmonné quelque chose, mais c'était peut-être une injure. La femme s'essuie les mains sur la jupe et passe la porte de la chambre contiguë sans même m'inviter à la suivre.
Dans ces misérables tanières il n'y a bien souvent qu'une chambre sans chauffage encombrée de lits de fer, de matelas à même le sol, de berceaux aux planches mal jointes. C'est peu de dire qu'on y est à l'étroit. Pour arriver jusqu'au malade, il faut se frayer un passage entre les obstacles, enjamber une couche où dort un gosse.
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"Le Haut Vivarais - années 60 - médecin de campagne"

Dans ce haut Vivarais, le contrôle des naissances n'est pas encore entré dans les mœurs ; à l'école, on apprend le catéchisme comme la table de multiplication. Or la religion enseigne qu'il est bon de faire des enfants alors on fait des enfants. Ce n'est d'ailleurs pas sans fierté que mes clientes m'annoncent leur petit douzième, leur gracieux quatorzième...... Moi qui vois comment ils vivent, qui n'ignore rien de leur détresse, j'essaie bien de leur donner des conseils de modération, à quoi mes braves paysans me rétorquent qu'ils vont "remonter leur outil au grenier"! Le résultat, c'est que, quelques mois plus tard, je me retrouve au pied du même lit, aussi angoissé que ce soir.
- Que voulez-vous, docteur, m'affirma un jour une enfanteuse chronique, mon mari, il est si fort qu'il me met enceinte rien qu'en me regardant!
Certes, il en est bien quelques uns qui tâchent, par des méthodes expéditives, de remédier à l'excès de naissances comme ce mari simplet et brutal qui donne des grands coups de pied dans le ventre de son épouse chaque fois qu'elle lui annonce une nouvelle grossesse!
La barbarie n'est quand même pas la règle.
Je sais par des on-dit, qu'on a toujours recours à des méthodes aussi archaïques que dangereuses. De l'eau savonneuse à l'aiguille à tricoter en passant par les décoctions de plantes...
Il m'arrive parfois d'avoir à en traiter les fâcheuses conséquences. Pour faire face, les malheureuses qui viennent me trover dans ce triste état m'inventent des histoires :
- J'ai dû trop forcer en rentrant le bois, docteur.
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"Les gens de là-haut, eux, savent bien ce qu'est la burle. Un vent dur et glacé qui balaye quatre mois de l'année le plateau et les pentes du Haut-Vivarais. Les gens de là-haut, mais pas l'étranger, pas le touriste, qui ne connaissent du pays que les sentiers faciles et ensoleillés, bordés d'airelles et de digitales.
Pourtant la burle appartient au pays, elle en est le souffle vital et les êtres vivants doivent se plier à ses caprices, à ses débordements.
Il faut l'avoir entendue pleurer de sa voix grave dans les bois noirs. Il faut l'avoir vue, faisant jaillir du sol, un incendie glace, dénuant l'herbe figée de givre. Il faut l'avoir sentie sur le visage et les mains. Ses aiguillons vous engourdissent les doigts, vous mettent les larmes plein les yeux. Son souffle vous hurle à l'oreille.
La burle sculpte des rides de neige qui s'accumulent en dunes mobiles pour devenir de profondes congères. les chemins creux se comblent, bloquant les fermes égarées, tandis que le sommet des cols devient un piège pour l'automobiliste imprudent. La burle est sans partage. Quand elle apparaît, les humains se ferment derrière la barrière rassurante des murs de granit et des doubles fenêtres. les animaux domestiques se serrent dans les étables obscures et les bêtes sauvages cherchent refuge dans les sillons profonds et l'épaisseur des bois."p.11-12
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Un jour que mon stéthoscope s’engloutissait dans les plis d’une énorme poitrine, je m’enquis auprès de ma malade :
« Dites-moi, avez-vous connu cette jolie première communiante qui ressemble à une madone ?
— Mais, docteur, c’était moi.
— J’aurais dû m’en douter, vous lui ressemblez encore beaucoup », eus-je l’à-propos de lui murmurer.
Depuis, j’évite de questionner, je préfère rêver…
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Je ne pense pas que cette particularité esthétique trouble nos belles et les gens du pays. Pas plus qu’on ne fait attention aux infirmes, aux disgraciés. Ils font partie du désir. Si la coutume leur accole un sobriquet, le bossu, la patte folle, le bigleux, le bas-du-cul, ce n’est pas pour se moquer, mais pour savoir, tout bonnement, de qui on cause. – p.131
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Paul Perrève, médecin de campagne
Paul PERREVE raconte ce que fut sa vie de médecin de campagne en haute Ardèche. Il évoque la dureté de la vie paysanne, qui l'inspira pour son livre " La burle" (édition Esperluette). Paul PERREVE évoque la pratique de la médecine de campagne, et les mutations sociologiques dont il fut le témoin. Il décrit la dureté du paysage ardéchois : les vents du nord (La burle), les champs pentus,...
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie: ingénieurs, techniciens (95)
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