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EAN : 9782842059644
95 pages
Les Belles Lettres (19/10/2006)
3.57/5   7 notes
Résumé :
" En 1991, peu après avoir écrit L'Empire du Bien, j'ai entrepris de composer, à mes heures perdues, ce bref "dictionnaire" intime où je voulais rassembler et confronter quelques notions qui m'étaient chères, certains de mes concepts préférés, et même deux ou trois néologismes qui sont le fruit des cogitations de ma vie. On trouvera aussi, dans ce dictionnaire, l'esquisse de quelques figures qui me tiennent à cœur (Jouvet, par exemple), mais auxquelles je n'ai jamai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Bouquin beaucoup trop court. Certes, il serait plaisant qu'une lecture de Muray ne prenne jamais fin, mais cet ouvrage est un succédané plus frustrant qu'autre chose, une sorte de pensée condensée qu'on aimerait écarteler par tous les côtés si seulement on pouvait se procurer des compléments pour apaiser la faim. Oui mais voilà, la biblio de Lyon P-D cache les bouquins de Muray. On se promène le coeur léger dans les rayons, croyant à moitié à l'aura dite culturelle du lieu, mais parmi les romans ou la philo, pas un Muray, sinon cette petite brochure ridicule, histoire de dire : on l'a fait, ouf, on a mis Muray en rayon, passons à autre chose, Frédéric Lenoir ou Michel Onfray par exemple.


C'est l'esprit rempli d'amers soupçons que j'attendis qu'un clodo libère un des ordinateurs de l'espace numérique pour faire ma petite recherche. Mes doutes ne tardèrent pas à se vérifier. Les bibliothécaires de Lyon P-D connaissent bien Philippe Muray mais ils ont relégué ses ouvrages au silo tandis que sur les étagères phares de l'espace « actu et tendance » se pavanent d'agaçants ouvrages traitant de véganisme, de charge mentale, d'esclavagisme néo-colonial et de clitoris. Non seulement un individu en mal de littérature (c'est-à-dire en mal de négativité) ne pourra jamais tomber par hasard sur un livre de Muray mais en outre, si toutefois il lui venait le bonheur de découvrir autrement cet écrivain (ici par exemple https://xn--rflchir-byac.net/ ), il lui faudrait patienter trente minutes dans les couloirs aseptisés de la biblio pour qu'on lui ramène le graal pendant que dans les salles vidées de leurs ouvrages, se promènent quelques nègres en mal de revues pornographiques.


L'étonnement n'est qu'un exercice de dilatation nerveuse. Rien de surprenant à ce que Muray soit relégué aux oubliettes des institutions hyperfestives, bienveillantes et optimistes. le contraire m'aurait déçue car il m'aurait fallu évaluer à la hausse l'opinion qui est la mienne au sujet des institutions. Mais toutefois, ne lisez pas ce portatif. Commencez plutôt par les exorcismes spirituels, si vous le voulez bien.
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Philippe Muray rend hommage à Voltaire en donnant ce titre de Portatif au petit répertoire alphabétique qu'il rédigea à un moment charnière de son oeuvre. Voltaire, dans la mesure où il prit à rebrousse-poil certains conformismes en place, est un patron bien choisi pour un auteur qui, à la fin du XX°s, s'attaqua aux évidences d'une société médiatique et progressiste obligatoire. Si, comme Voltaire, Muray est à l'origine d'une nouvelle doxa, il est encore trop tôt pour le dire.

Paradoxalement, ce petit ouvrage n'introduira pas efficacement à la pensée de l'auteur, car il résume certains concepts-clés qui n'ont de sens que dans les essais, plus largement développés. le lecteur ignorant de son oeuvre, et a fortiori le lecteur de mauvaise foi, fera bien de laisser ce volume de côté. Il faut avoir lu les articles, argumentations et analyses de l'auteur, pour saisir tout le sel des petits textes qui composent ce livre, et reconstituer grâce à eux ses souvenirs de lecture. Comme "Etc" de Renaud Camus, "Le Portatif" est un mémento, pas une initiation.
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Ce petit ouvrage est un Abcd'aire dans lequel philippe Muray revient sur ses principales thèses élaborées dans ses précédents ouvrages et à venir.
L'ouvrage est Dixit l'auteur, inachevé, se qui ne là pas empêché de le publier. Comme quoi on peut êtres réactionnaire et proposé au publique un ouvrage inachevé. Personne n'est parfait...
Réac en chef, si j'ose dire, Philippe Muray en est même un cliché qui aime à manier l'humour cynique, une vision pessimiste du monde et une ironie qui se veut fine et pertinente. Mais c'est aussi un orgueil bien présent que traduit son amour immodéré pour les néologismes et les phrases longues.
Ironie de la vie, j'emprunte ce livre à la bibliothèque de ma ville et je m'aperçoit qu'il est criblés de crayons à papier (une fois de plus) surligné, encadré et même annoté !
Quelle ironie ! Est ce donc là le publique de Muray ? Est il non comprenant ? non pratiquant ? ou non adhérant de ce qu'il vient de lire ? voila donc une bonne raison de, à l'instar de Muray, détester son époque...
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Un condensé de la pensée de Philippe Muray. Caustique, dérangeant, souvent très bien vu...
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
(Absent, s'absenter).
... Une autre attitude des approuveurs du monde est la dégradation systématique des grandes figures du passé. Ce type de révisionnisme est moins dénoncé que les autres parce qu'il s'exerce, en général, dans le bon sens, le sens de l'amélioration enthousiaste de l'humanité dans son ensemble. Tout jeune, essayant de comprendre la passion de mes congénères pour Sartre, j'ai voulu le lire, moi aussi. L'entreprise sartrienne de dégradation obstinée de ceux dont il parlait (Baudelaire, Tintoret, Mallarmé, Flaubert, etc.) m'a presque tout de suite, et pour toujours, dégoûté de son oeuvre. Ce grand encenseur du monde (du monde tel que son progressisme le voulait), ce grand bénisseur fut aussi, et logiquement, un haïsseur de l'Histoire. De l'Histoire, c'est-à-dire de l'immoralité pluri-millénaire. Auteur politiquement correct par excellence (c'est pour ça, bien entendu, que la connaissance américaine de la littérature française moderne s'arrête à lui et à Beauvoir), jugeur universel, procureur multilames, vertuiste de la plus détestable espèce, prince des cabotins du cordicolisme* le plus militant, Sartre laisse une oeuvre exceptionnelle en ce sens que, pour la première fois depuis la fin de la grande littérature religieuse, l'appréciation morale (accompagnée bien sûr de la médisance la plus pointilleuse) y domine tout : ... Sartre gratte le passé comme s'il s'agissait de sa propre plaie. Sur fond de prédication ("La littérature doit se rendre compte qu'elle existe dans un monde où des enfants meurent de faim", etc.), sa méchanceté moralisante annonce l'avenir. Notre présent. (...) La seconde moitié de ce siècle, époque où la dictature du Bien (conformisme, mesquinerie, surveillance, jugement moral) a commencé à s'épanouir sans retour, l'a reconnu comme son maître.

pp. 17-19

*cordicolisme : concept forgé par l'auteur, qui désigne la dictature du Coeur, de la sensiblerie et des bons sentiments.
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Les conneries des années 60-70 ont fait des petits. Le gauchisme, mouvement puritain, est un des moments forts de l’évolution de la société vers la soumission enthousiaste à la Transparence. Déguisé a posteriori par les médias en « révolution sexuelle », le gauchisme quotidien faisait déjà de la fin du secret un dogme fondamental. Plus d’hypocrisies dans la vie conjugale. Plus de mensonges. Plus de liaisons cachées, c’est-à-dire bourgeoises. […] La nudité obligatoire (je me souviens de M. qui n’arrêtait pas, pendant les dîners, sous n’importe quel prétexte, de soulever son pull et de nous montrer ses seins) n’avait rien d’érotique. Elle était une des manifestations du nouvel ordre moral en train de se chercher.
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Article "réactionnaire" :
... Les nouveaux imbéciles vous intitulent nouveau réactionnaire...
Marx définissait le réactionnaire comme celui qui cherche à faire tourner la roue de l'Histoire en arrière. Je ne cherche nullement à faire tourner la roue de l'Histoire en arrière pour la bonne raison que cette roue, elle est désormais carrée.
Je ne pense pas que c'était mieux avant ; je dis que c'était mieux toujours.

p. 71
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Ce sera facile d’être athée au XIXe ou au XXe ! C’était beaucoup plus coton du temps de Rabelais et d’Erasme. Les mots eux-mêmes manquaient, les termes les plus simples : « rationalisme » (qui date du XIXe), « déisme » (fin XVIIe), « théisme » (fin XVIIIe), « absolu », « relatif », « scepticisme » (apparaît au XVIIIe en remplacement de « pyrrhonisme »), « libertinisme » (XVIIe), « tolérance » (début XVIIe), bien entendu « esprit fort » (lancé par Helvétius), et par-dessus tout « libre pensée » (sponsorisé par Voltaire). Les formes syntaxiques interdisaient la véritable spéculation philosophique et religieuse […]. Les sciences et les techniques nouvelles (l’imprimerie) ne savaient pas encore qu’elles étaient en train de périmer un monde. Le doute lui-même ne pouvait s’exprimer que dans les formes de la vieille rhétorique consubstantielle au système que l’on mettait en doute (la critique des médias peut-elle se faire entendre aujourd’hui hors des médias ?). Le « naturel » n’était pas plus séparé du surnaturel que le réel ne l’est en ce moment du médiatique. On croyait aux fééries médiévales, au merveilleux, aux miracles et aux sabbats des sorciers, comme aujourd’hui à l’Europe, au Bien, à l’astrologie, aux périls du tabagisme passif, à la guerre du Golfe et aux nouvelles technologies. L’incroyance, comme de nos jours, ne pouvait s’avancer que masquée, hésitante, presque inconsciente d’elle-même. Une autre incroyance. La même incroyance.
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Un Journal ne devrait même pas être diffusable sous le manteau, même pas avouable, fût-ce à une seule personne. Le Journal, c’est l’art de l’inavouable. Posséder cet art de l’inavouable, c’est démontrer qu’on connaît exactement les limites de ce que peut supporter la société officielle et pestilentielle ; c’est donc connaître la société et c’est l’essentiel. Il faut avoir beaucoup à dissimuler pour avoir quelque chose d’intéressant à montrer. La valeur d’une œuvre publique devrait pouvoir se mesurer à tout ce qu’elle suppose d’enfoui sous elle, de planqué, de clandestin.
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Philipe Muray n'a pas eu droit de son vivant à l'attention que son talent aurait justifiée. Mais un comédien a contribué à le venger. Savez-vous de qui il s'agit ?
« Exorcismes spirituels » de Philippe Muray, c'est à lire en poche chez Tempus.
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