Chasse au trésor, culture aïnou et nature sauvage… Rarement un pitch n'aura autant tenu ses promesses ! J'ai pour coutume de dire qu'il ne faute jamais jauger une série à l'aune de son seuil tome 1, mais que penser quand ce tome 1 d'une série qui cartonne au Japon est excellent ?
Saichi Sugimoto, surnommé « l'immortel », est un rescapé de la guerre russo-japonaise de 1904-1905 sans le sans le sou qui participe tardivement mais vaillamment à la ruée vers l'or d'Hokkaido pour se refaire financièrement. Sauf qu'il apprend l'existence d'un trésor de 75 kilos d'or volé à la résistance aïnou à la colonisation japonaise qui résoudrait tous ses problèmes d'argent… le problème c'est qu'il doit retrouver les 24 prisonniers en cavale ayant la carte au trésor tatoué sur leurs corps !
La série démarre pied au plancher entre slasher animalier et survival septentrional, car notre héros doit arracher sa première proie à un ours mangeur d'hommes et il ne doit la vie sauve qu'à une petite chasseuse aïnoue nommé Ashirpa.
Leur duo au centre de la série fonctionne immédiatement et merveilleusement bien : l'innocente et le dur à cuire, la néophyte et le vétéran, l'optimiste et le cynique, l'héritière de techniques ancestrales et le self-made-man qui a appris sur le tas dans les pires batailles des pires régions qui soient… A l'ex-soldat l'argent, à la petite chasseresse la vengeance, mais il est clair que l'un comme l'autre cache de lourds secrets quant à leurs motivations réelles.
Entre eux et le fameux trésor tant convoité, le terrible Sans Visage et ses complices menés par un samouraï de l'ancienne armée shogunale, survivant du légendaire Shinsen Gumi, les barbouzes de l'armée et des services secrets du nouveau régime, et toutes les organisations mafieuses du pays… Il est clair qu'ils auront fort à faire !
La série faite la part belle à la nature sauvage entre rêveries et espaces vierges, mais aussi et surtout aux millénaires traditions aïnoues qui sont dévoilées et expliquées par petites touches (miam le ragoût d'écureuil aux anémones ^^). Pour ne rien gâcher les dessins sont très maîtrisées, et associent de manière assez audacieuse le old school et le modernisme : c'est un vrai plaisir pour les yeux car on alterne fluidité du découpage et précision des détails sans sacrifier à l'expressivité des personnages. Décidément les mangakas d'Hokkaido ne font rien comme les autres : si je ne savais pas pour "Le Bon, la Brute et le Karaté", j'aurais juré que Satoru Noda et Buichi Terasawa avaient tiré leur histoire de carte au trésor tatouée sur des êtres humains d'une légende aïnoue… Et je suis prêt à parier qu'on va piocher dans les thématiques sociales pour ne pas dire socialistes de "Kamui Den", le célèbre manga dédié à un ninja aïnou défenseur de la veuve et de l'orphelin en croisade contre le Japon capitaliste (qui a été édulcoré par Masashi Kishimoto pour devenir "Naruto" ! ^^)
Entre "The Revenant" et "Brides Stories" je recommande très vivement à tous et toutes ce coup de cœur qui m'a pris par surprise, et ce même si vous n'êtes pas amateurs de mangas à la base !
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Soldat de la guerre russo-japonaise au début du XXe siècle, Saichi Sugimoto est surnommé "L'immortel" du fait de son extraordinaire survivance à de multiples affrontements. À la fin des combats, démobilisé, il va tenter par divers moyens de réunir une forte somme d'argent afin de tenir une promesse faite à un ami mort au front.
Mais l'orpaillage ne rapporte plus rien, et le seul espoir de faire fortune semble être la rumeur faisant état d'un magot aïnou astucieusement caché par un prisonnier qui aurait tatoué des fragments de la carte au trésor sur ses codétenus.
L'aventure peut commencer dans les forêts hostiles d'Hokkaido.
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Alors, comment dire ça poliment ? Je ne suis "pas vraiment fan" de mangas, c'est pas faute d'avoir essayé, mais je n'arrive pas à aller plus loin que les 5 premières pages (j'ai dû m'y mettre trop vieux ou un truc comme ça, j'ai pas les codes pour apprécier ou y voir autre chose que du grotesque).
Et ce fut également le cas avec Golden Kamui.
La première fois.
Car à la seconde, bien décidé à faire confiance à mon libraire, interpellé par la quatrième de couverture tout en "chasse au trésor" et "survival" — absents des 5 première pages gerbofères (oui j'invente des mots) qui m'avaient encore une fois amené à l'abandon — , et intrigué par les notes et avis de cette série sur Babelio, j'étais bien décidé à aller plus loin, quitte à rédiger une critique sans note.
Grand bien m'a pris, comme dirait l'autre !
Golden Kamui fut une véritable révélation. Satoru Noda (ou Noda Satoru, enfin l'auteur quoi) a réussi la gageure de concilier ma personne et le Manga ! Et ce n'est pas rien. (Lian Hearn et le Clan des Otori avaient déjà réussi le haut fait quasiment impossible de me faire apprécier la culture japonaise). Pour 20 entamés, 1 terminé. Chapeau à lui.
Aventure, Action, Culture, Ethnologie, Humour, Suspense, Intrigue, tout se marie parfaitement dans ce tome 1 pour offrir une histoire de laquelle je n'ai pas pu lever les yeux, décrocher mon regard, me détourner, jusqu'à la dernière page.
J'ai lu après coup la critique d'Alfaric dans le détail et j'y ai trouvé cette ligne qui, sans que je puisse comprendre comment il est possible de réussir à affirmer cela sans se tromper, me paraît franchement prophétique : "je recommande très vivement à tous et toutes ce coup de coeur […], et ce même si vous n'êtes pas amateurs de mangas à la base !". Mais c'est exactement ça. Et je penserai maintenant à agiter cet ouvrage sous le nez de tous ceux qui me diront ne pas aimer les mangas. Puisque, comme je l'ai dis, je n'y connais moi-même rien en manga, je ne sais pas comment les décoder, les analyser, les apprécier. Et bien ça n'est pas un problème avec Golden Kamui puisqu'on s'en cogne ! le truc est génial et fout une grande claque dans la tronche en balayant tous nos doutes et toutes nos réserves. On est là face à un début de série d'une extrême qualité, avec toutes les finesses requises, qui prévient toute incohérence, répond à toutes nos questions, et coupe la chique à toutes les mauvaises intentions que pourraient avoir ceux qui — comme moi — n'avaient qu'une envie : abandonner un manga de plus pour allonger le cou en arguant "je n'aime pas ça".
Alors, bien sûr, en bon manga "seinen" (? ado / jeune adulte) on passe par certaines cases incompressibles (que je retrouve assez régulièrement dans mes tentatives désespérées de rapprochement avec ce genre et qui me font gerber à chaque fois) faites de tripailles à l'air, de baïonnettes à travers des orbites, de bouts de cerveaux façon puzzle, et autres goretés impropres à la consommation. Mais c'est suffisamment rare pour en devenir anecdotique, et la totalité du récit se focalise sur des choses bien plus intéressantes.
Nous avons affaire à un personnage principal, un héros limite imba (côté assumé qui me rebutera s'il n'est pas mis à mal, mais je gage que ce sera certainement le cas puisque rien de "fantastique" ne fait surface dans cet ouvrage, juste de la chance, de la maîtrise et de la volonté) en quête d'argent (le tout sur fond d'amour délaissé pour de nobles raisons, d'amitié et d'honneur). Rapidement mis sur la piste d'un fabuleux trésor, notre sympathique héros va devoir survivre dans les froides forêts de l'île d'Hokkaido. le manga nous régale alors également d'informations documentaires, sans rapport avec l'histoire mais permettant de mieux comprendre le contexte et la réalité qui s'y trouve (je ne saurais comment nommer ce procédé qui me semble propre aux mangas) et j'ai par exemple beaucoup apprécié la mention de Bergmann ou les informations sur la langue aïnou (avec un lexique motivé qui titillerait Saussure et Guiraud) ou sur leur culture (croyances, mythes, savoirs ancestraux, on en apprend énormément et la biblio en fin de tome est plutôt conséquente pour de la "fiction").
On en vient à un autre point fort du récit : avoir fait en sorte que Saichi-imba soit aidé dans son entreprise par une enfant Aïnou bien plus à l'aise et débrouillarde que lui dans cette nature (à première vue, ou en tout cas pour lui) hostile. Les deux héros sont très différents mais également très complémentaires et la petite fille joue souvent le rôle d'enseignante auprès de son grand élève dans le rôle de la poule ayant trouvé un couteau. Mais on trouve également une relation quasi fraternelle entre eux, due notamment à une différence d'âge salvatrice (sans quoi on serait vite tombé dans une daube niaise sauce cervelle d'écureuil) et l'inversion des rôles dans le "coup du crayon mou" m'a fait exploser de rire !!
À côté de cela, on tient une histoire solide, portée par une intrigue en béton avec ses complexités et ses multiples acteurs. Un trésor dont la carte aurait été morcelée et les fragments tatoués sur une vingtaine de prisonniers en cavale : voilà qui n'est pas commun ! Surtout quand les ex-membres d'un groupe militaire d'élite (pour moi Shogun c'était le nom d'un volet de Total War ou celui d'un magasin de déco/meubles… #pastaper), des malfrats de tous ordres et même un ancien samouraï sont eux aussi sur la même piste, avec moins de scrupules.
Des dessins très jolis et détaillés concernant les paysages, costumes et décors. Un peu moins ma tasse de thé lors des scènes d'action ou concernant les expressions des personnages. Carrément pas à mon goût dans les premières pages plus "gores".
Saupoudrez le tout d'un loup gigantesque, représentant d'une race pourtant disparue, d'une vague de froid qui fait claquer les arbres à vous hérisser les poils, de chasse aux collets avec prises étonnantes, d'art de la tannerie sur peau humaine à rendre envieux les pires chaotic evil d'Athkatla (^^), et vous obtiendrez un excellent tome, une très bonne histoire et une grande surprise "même si vous n'êtes pas amateurs de mangas à la base" ;)
J'aurais bien quelques reproches à lui faire (notamment sur la taille de la cavité buccale d'un certain roi de l'évasion) mais franchement, vu le niveau du tout, le diable dans les détails peut bien retourner s'y cacher.
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Ce titre m'intriguait énormément et franchement, je ne m'attendais pas à aimer ce manga, à être passionnée par l'histoire, manga qui est très différent de ce que je lis d'ordinaire. On adhère ou non à ce genre, mais ça l'a fait avec moi.
Ère Meiji. Sugimoto est un soldat qui a survécu miraculeusement à la guerre contre la Russie, marqué par de multiples cicatrices et affublé du surnom de "Sugimoto l'immortel". Après la guerre, il tente de survivre comme il peut sur l'île d'Hokkaido, espérant trouver de l'or pour rentrer chez lui et tenir sa promesse faite à un ami soldat décédé, de prendre soin de sa femme et de son enfant (femme que Sugimoto a aimé plus jeune), mais de l'or, il n'y en a plus, du moins c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il entende une drôle d'histoire de trésor si bien gardé et caché, dont la carte est tracée sur le corps de prisonniers en fuite sous forme de tatouages. Et justement, l'homme qui lui en a parlé est l'un d'eux mais malheureusement pour lui, se fera tué par un ours alors que Sugimoto fait face à la bête. Il va être sauvé par une jeune fille, une indigène aïnou du nom d'Ashirpa qui va tuer l'ours (qui ne faisait que défendre sa progéniture) mais le danger reste bien présent car c'est un autre ours qui a tué l'homme au tatouage, un ours qui a changé ses habitudes (il n'hiberne plus en hiver et a goûté à la chair humaine), ce qui veut dire qu'il va revenir pour récupérer son repas. Ashirpa et Sugimoto vont alors s'allier pour l'occire, et aussi pour trouver ce trésor qui appartient à la tribu de la jeune fille et qui a coûté la vie à son père; l'un étant motivé pour l'or et l'autre pour la vengeance, lui fera le sale boulot et elle s'occupera de leur survie. Va donc s'ensuivre une chasse au trésor, une chasse à l'homme, une course contre la montre car d'autres personnes sont aussi sur cette piste.
Le duo Ashirpa/Sugimoto fonctionne très bien malgré le fait qu'ils sont issus de deux mondes et de deux cultures différents, je peux même dire que c'est l'un des points forts de l'histoire. A mes yeux, Ashirpa est une enfant, elle doit bien avoir une dizaine d'années et pourtant, elle est tellement mature qu'on dirait une adulte. Elle a des connaissances de fou et heureusement que Sugimoto l'a avec lui car il ne survivrait sans doute pas! Entre les deux, les rôles sont presque inversés, Sugimoto étant l'enfant qui a tellement à apprendre. Et d'un autre côté, heureusement que Sugimoto est là pour veiller sur elle quand ils sont confrontés à des humains car lui a le sang-froid pour les tuer.
C'était fascinant de découvrir le peuple aïnou, peuple que je ne connaissais absolument pas, vivant dans le Nord du Japon. Ils ont tant de connaissances sur la nature, la faune et la flore, des traditions étranges, un rapport aux esprits et aux dieux tout particulier... Ils sont tellement fascinants que pour ma propre culture générale, j'ai été faire des recherches sur internet.
Nous évoluons vraiment dans une nature très rude, très sauvage, hivernale et dangereuse. Les dangers sont multiples et variés: on peut très bien mourir de froid, mourir de faim ou être tué par des animaux sauvages. En parlant d'animaux, il est beaucoup question de chasse et de dépeçage, de cuisine alors pour moi qui adore les animaux, c'était assez difficile à regarder surtout vu le réalisme des dessins.
C'est très violent et ce dès les premières pages et ça annonce la couleur direct. Il y a des scènes assez gores et choquantes, c'est clairement pour public averti. Après, je sais que nous avons tous une sensibilité différente mais voilà, pour ma part, j'ai vu des choses horribles dans les mangas sans que ça me fasse quelque chose mais là... je ne sais pas, ça m'a pris aux tripes (ouh le mauvais jeu de mot!).
Graphiquement, c'est incroyablement beau, trop bien fait et j'applaudis la minutie des détails. Les dessins des animaux sont bluffants de réalisme! le mangaka a vraiment fait un travail de recherche, s'est documenté pour que ce soit le plus réaliste possible et le plus enrichissant possible aussi bien pour l'histoire que pour le graphisme.
En bref, c'est un manga surprenant, intéressant, glauque et violent! On a un mélange de course contre la montre, de chasse à l'homme, de chasse au trésor, de survie en territoire hostile, entre autres choses! Une saga que je continuerai sans aucun doute! Belle surprise!
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Avec un graphisme académique détaillé et une mise en scène épique à souhait, le lecteur n’aura que peu d’occasion de souffler dans cette course poursuite de papier, au cadre aussi original que peu connu en Occident.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Mélange d’ultra-violence, de grands moments paisibles et de découverte, cette quête s’annonce longue et risque bien de tenir en haleine le lecteur.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Arborant de solides atouts, Golden Kamui démarre sur des bases toniques et séduisantes qui en font le récit « feuilletonnant » le plus prometteur de cette rentrée.
Lire la critique sur le site : BDGest
Nouvelle pépite de l'éditeur Ki-oon, "Golden Kamui" vous plonge dans une aventure mêlée d'histoire, de sociologie et de rites ancestraux. Arborant le thème de la survie en territoire hostile, ce manga cartonne au Japon et débarque enfin chez nous !
Lire la critique sur le site : ActuaBD
- La viande est étonnamment douce, elle même un petit arrière-goût sucré de noisette... Et les bouts de cartilage qui croquent sous la dent donnent une texture surprenante !
- Hinna, hinna !
- Ça veut dire quoi ?
- C'est un sorte de remerciement destiné à la nourriture qu'on ingère... Chez les Aïnous, on l'habitude de le dire en mangeant !
- Hinna...
- Glands, kiwaï, raisin, miel... La montagne regorge de bonnes choses ! Mais l'ours qui a tué un homme est condamné à se nourrir de chair humaine pour le restant de ses jours ! Comme il ne craint plus les hommes, il devient agressif et dangereux... Il se transforme en "wen-kamui", une sorte d'esprit maléfique !
- Tout ça pour avoir le malheur de découvrir combien les humains sont faibles...
"Ni push hum" signifie en langue aïnou "le bruit des arbres qui se déchirent"... Ce phénomène est provoqué par une baisse soudaine de la température qui entraîne le gel des éléments liquides contenus dans les arbres et la fissure de leur tronc.
C'est le son d'une vague de froid d'une température inférieure à -30°C.
Le peuple aïnou avait coutume de mélanger différents ingrédients pour renforcer l'effet du poison dont il enduisait ses flèches. Chaque clan possédait ses recettes, qui se transmettaient dans le plus grand secret.
Les ours bruns sont assez rapides et endurants pour traquer biches et cerfs... Certains témoins affirment même en avoir vu courir aux côtés d'un camion lancé à 60 km/h.