Après qu'
Hector Obalk eut écrit ce livre en 1990, il connut (raconte-t-il avec la verve qui lui est propre dans la préface de la nouvelle édition en 2001) "neuf ans de traversée du désert"; éreinté par
Nicolas Bourriaud,
Philippe Dagen et presque toute la presse (sauf Art press), boycotté ensuite par la plupart des magazines d'art, houspillé en public par
Thierry de Duve et
Pierre Nahon, il avait commis un crime de lèse-majesté. Il conclut cette préface ainsi : "D'un côté, la pseudo-démonstration, toujours idéologique, qui me semble illégitime. de l'autre, le jugement péremptoire (assassin s'il est contre, poétique s'il est pour) qui reste injustifié. Je continue pourtant de croire qu'il existe un autre terrain, ni pamphlétaire ni poétique, bâtard mais rigoureux, à la fois logique et lyrique, qui s'appelle la critique d'art - et qui définit ma vocation." Voilà qui nous ramène du côté du billet d'il y a quelques jours.
Il faut relire ce livre remarquablement écrit avant d'aller voir l'excellente exposition sur Warhol 1961/1964 au Kunstmuseum de Bâle (jusqu'au 23 janvier). Il faut le relire car ce n'est pas un pamphlet, mais une démonstration logique, argumentée, détaillée tendant à démontrer que Warhol fut, pour résumer, un génie, mais un génie de la publicité et non de l'art. C'est une démonstration basée essentiellement sur les textes et dires de Warhol : l'intérêt de l'exposition de Bâle est de se baser sur les oeuvres et leurs sources, et de ne guère faire confiance aux textes, vu la propension de l'artiste à dire tout et son contraire, ou à dire le contraire de ce qu'il faisait.