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EAN : 9789973580375
256 pages
Elyzad (24/05/2012)
3.57/5   22 notes
Résumé :
Le henné, entre autres usages, sert à réaliser des tatouages sur les mains des jeunes mariées.
Aussi symbolise-t-il, dans les pays du Maghreb, l'emprise de la tradition, les mariages arrangés... Est-ce le destin promis à Kenza ? Depuis toujours, Kenza se sent différente des autres, en rien semblable à sa mère ou à ses camarades de classe. Habitée par un vif désir de connaissance, elle fera tout pour atteindre son but et échapper aux conventions de son milieu ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Kenza, proche de la trentaine est médecin à Tunis et toujours célibataire. Indépendante, elle ne cherche pas - et repousse même - les avances des hommes qui l'entourent; son ambition, faire de la recherche...Ses parents, un père éduqué et une mère villageoise, la pressent pour qu'elle prenne un époux et s'inscrire ainsi dans la tradition de la femme mariée qui devient mère par la suite et s'accomplit dans cette vie. Seule sa grand mère Khadidja semble comprendre la crise intérieure que vit sa petite fille. Mais la possibilité d'obtenir une bourse pour un an d'étude à Paris et le mariage arrangé qui se profile, vont bouleverser son avenir et ses valeurs intimes, lui offrant le choix de la résignation ou celui de l'affranchissement de la tradition.

Entre descriptions très poétiques - des paysages notamment - et celles beaucoup plus froides des sentiments, Cécile Oumhani évoque les tiraillements de la jeunesse tunisienne, éduquée et intellectuelle. Comment concilier tradition familiale et épanouissement personnel, respect des coutumes et ambition professionnelle, comment s'abstraire de la famille et s'affirmer en tant qu'individu, indépendant et libre ? Des questionnements qui sont le fil conducteur de ce court roman.
Une odeur de henné dont le titre évoque la préparation au mariage, quand les paumes des mains des futures mariées sont ornées de dessins et d'arabesques à valeur symbolique, illustre le trouble que peut ressentir la jeunesse tunisienne, séduite par la réalisation individuelle et le besoin de l'ailleurs, dans une société encore très patriarcale et traditionnelle.
Un roman intéressant dans un style quelquefois poétique mais qui dans l'ensemble reste un peu distancié et épuré.
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Après ma découverte des éditions Elyzad grâce au titre de Leïla Sebbar, Fatima ou les algériennes au square, c'est avec plaisir que j'ai renouvelé l'expérience avec cette maison d'édition tunisienne que je vous encourage à découvrir.

Dans ce livre, nous partons à la rencontre d'une femme, d'une religion et, surtout, du choc des cultures.
Kenza est une jeune tunisienne de trente ans, instruite, médecin de campagne, qui n'est toujours pas mariée et vit encore chez ses parents. Femme indépendante, elle a grandit entre un père instituteur et son bureau rempli de livres et une mère ancrée dans la tradition. Mais un jour, tout son équilibre est bouleversé lorsqu'un ami de la famille fait officiellement sa demande. Pour elle, ces fiançailles arrangées sont une opportunité : elle va ainsi pouvoir partir un an pour des recherches scientifiques à Paris. Une occasion à ne pas manquer pour une trentenaire tunisienne avide d'émancipation.

Ce livre est un petit bijou littéraire, où le style est aussi excellent que le contenu. le personnage de Kenza représente l'envie de liberté qui est inconsciemment bridée par la tradition culturelle et religieuse. En Tunisie, la jeune femme est plutôt étonnante puisque presque vieille fille et particulièrement instruite et utile à la société. Mais à Paris, quel choc pour elle de découvrir que les femmes peuvent regarder les hommes dans les yeux, qu'elles peuvent sortir seules le soir sans besoin de rentrer préparer le repas, etc.
Le choc des cultures est le sujet fondamental du roman. Peu à peu, Kenza va subir une transformation radicale en décidant de porter le voile et de se renfermer sur elle-même. L'amour qui se met sur son chemin va engendrer de la culpabilité envers tout le système culturel et religieux dans lequel elle baigne depuis sa naissance.

L'auteur nous offre un livre court et passionnant sur les traditions musulmanes et leur appréhension dans pays occidentaux. le plus de cette histoire est d'aborder le sujet du côté d'une musulmane et non d'un français.
Le style d'écriture est fluide et poétique, ce qui rend la lecture très agréable.

En conclusion, je vous conseille vivement ce livre mais aussi cette maison d'édition tunisienne, Elyzad, qui vous proposera une littérature orientale de très bonne qualité !
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Kenza est une jeune femme médecin dans un hôpital de campagne en Tunisie. Depuis toujours, elle se sent différente, de sa famille et de ses connaissances au village. Grâce à son père cultivé, elle a pu étudier et choisir un métier qu'elle aime. Mais maintenant qu'elle est médecin, sa famille entend bien la faire rentrer dans le droit chemin : prendre un mari, faire des enfants et tenir une maison. Kenza se révolte d'abord et finit par accepter de se fiancer à condition qu'elle puisse partir un an à Paris pour travailler dans la recherche. Kenza vit alors une année riche en découvertes, chocs culturels et émotions. Va-t-elle trouver la liberté qu'elle recherche ?

Une odeur de henné, publié en 1999, est le premier roman de Cécile Oumhani. Ce n'est pas le premier que je lis de cette auteure franco-britanno-tunisienne : j'avais beaucoup aimé le Café d'Yllka, publié aux éditions elyzad. C'est avec plaisir que j'y ai retrouvé la même belle écriture poétique et imagée :

"Elle marche, portée très loin de la foule qui se bouscule par la perspective qui s'ouvre à elle. La clameur des étourneaux nichés dans les ficus de l'avenue principale accompagne sa rêverie et l'isole des passants. Elle accueille l'éclat des gerbes de rose et de glaïeuls aux étals des fleuristes comme une autre bouffée de joie venue célébrer une journée très particulière. Elle repousse avec insouciance les oeillades des jeunes gens. L'arrogance de ces hommes qui remettent en question son droit de marcher seule dans une rue ne l'irrite même plus. Elle est déjà ailleurs, chargée d'une mission autre, sous des instances dont ils ne soupçonnent pas l'existence."

Le personnage de Kenza ne peut que toucher le lecteur, et surtout une lectrice. Elle est jeune, belle et intelligente, elle se révolte contre sa condition de femme destinée à se marier, à élever ses enfants et à s'occuper de sa maison. Elle est écoeurée, et le lecteur comme elle, par toutes les odeurs qui lui rappellent cette condition : l'odeur des tajines, des pâtisseries que les femmes cuisinent à longueur de journée, l'odeur du sang du mouton que l'on égorge et l'odeur du henné que l'on applique sur les mains des jeunes fiancées.

Alors, quand elle se rend à Paris, on pourrait croire qu'enfin, elle trouve cette liberté tant souhaitée. Pourtant, le choc est rude : elle est surprise par le comportement des hommes et des femmes dont les différences semblent gommées (le compagnon de son amie française, Claire, cuisine !), gênée par la spontanéité des rencontres, des contacts. Et surtout, elle est troublée par la naissance de sentiments inconnus envers un homme, Jacques, qu'elle rencontre. Pour se protéger, elle se renferme sur elle-même et sous le foulard et la tunique noire qu'elle choisit de porter.

Puisque ce n'est pas à Paris qu'elle trouve la liberté, elle choisit de quitter ce pays qui n'est pas le sien et de retourner auprès de sa famille et de son fiancé qui l'attend. Elle accepte en toute conscience son mariage, sans pour autant perdre la liberté de ses pensées. Alors, on peut être déçu ou interloqué par cette fin, car on n'aurait pas fait les mêmes choix que Kenza, et pourtant on admire son courage.

Ce roman fait la part belle aux femmes, à travers le personnage rebelle de Kenza mais aussi de Khadija la bédouine, sa plus proche amie et son exemple, qui ne quitte jamais ses pensées. Il y a aussi Faten, l'amie égyptienne qui partage la chambre de Kenza à Paris, soumise à la volonté de son frère au Caire qui l'oblige à porter le foulard, et qui ne fera pas les mêmes choix que Kenza. C'est aussi un roman universel qui aborde des questions toujours actuelles : la condition des femmes, leur droit à l'éducation, le port du voile. Une très belle lecture que je vous conseille vivement !
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Une écriture délicieuse, sensuelle et poétique, qui met en scène en Tunisie une petite fille puis une jeune femme originale, qui se sent différente dès son plus jeune âge ; très douée pour les études et soutenue par son père, instituteur, Kenza devient médecin. Enfant elle aime aller avec sa grand-mère Khadija qui connait les plantes de la montagne et les remèdes traditionnels ; la petite fille révulsée par le sacrifice de l'Aïd et qui est si bonne élève, obtient un privilège que personne d'autre n'aura : l'accès à la bibliothèque, aux rayonnages des livres lus et conseillés par le père.
Les choses se gâtent quand Kenza devient trentenaire ; le poids des traditions la rejoint et son père, qui fut très fier de sa fille et de sa réussite, est de l'avis de ses frères, elle doit se marier et avoir des enfants ; tiraillée entre sa différence et son désir d'indépendance d'une part - surtout ne pas être comme sa mère - et son amour pour sa famille, son attachement à son pays, que peut-elle faire, que doit-elle faire ?
Les chapitres dans lesquels Kenza fait le point sur sa vie et se souvient, commencent très joliment par " En ce temps que Kenza voudrait vaincu..." ou "En ce temps que Kenza croyait révolu..." ; ce ne sont pas que des formules, Kenza est bel et bien partagée au plus profond d'elle-même.
Un jour au retour d'une garde harassante à l'hôpital, une femme est là qui parle mariage avec sa mère ; plus tard, c'est le père de Sami, un ami de ses frères, qui viendra demander sa main ; Kenza est cernée.
Une occasion de faire de la recherche à Paris lui offre le voyage en Europe que beaucoup lui envient et un répit de quelques mois. Après il faudra bien prendre une décision ...
L'ensemble est subtil et passionnant, le destin d'une femme tunisienne à la fin du XXème et au début du XXI ème siècle.
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C'est toujours un grand plaisir d'ouvrir un livre de Cécile Oumhani.
Kenza est devenue médecin avec le soutien de son père, enseignant, qui ne lui a jamais refusé l'accès à la bibliothèque familiale. le seul problème, en plus d'être une femme, est qu'elle n'est toujours pas mariée et, dans la campagne tunisienne, ce n'est pas bien vu. Ses parents, son père y compris, aimerait la voir mariée avec enfants et ainsi perpétuer la tradition. C'est ainsi que se présente un ami de ses frères qui la demande en mariage. C'est un homme genre self-made-man qui se veut plus européen que tunisien et c'est ce qu'il apprécie en Kenza, une femme « moderne » et affranchie des diktats religieux. Soit, mais c'est quand même lui qui fait construire la maison où ils vivront sans en référer à sa future femme. Kenza ne se voit pas jouer les maîtresses de maison, pourtant elle accepte le mariage, surtout lorsque le fiancé lui accorde le droit de partir à Paris poursuivre ses études pour une spécialisation médicale dans la recherche, son souhait le plus cher.
En Tunisie, elle passe pour une femme affranchie, portant robe européenne et cheveux non couverts, mais arrivée à Paris, elle se perd, n'a plus les codes. Sa soif de liberté est prise au piège de son éducation. Elle se heurte à beaucoup d'obstacles qui sont en elle, son éducation ne lui permet pas de s'émanciper. Elle se cache derrière son travail, puis derrière un voile, elle qui trouvait arriérée ces femmes voilées. Bref, comme le hérisson, tous les piquants sont dehors alors qu'à l'intérieur d'elle-même c'est la pagaille, voire un gigantesque maelström. Même l'arrivée de Jacques, dans sa vie ne la dégèlera pas. Oui, ils sont très attirés l'un par l'autre, mais elle est fiancée au pays et, pour mieux fuir, elle s'enferme derrière son voile et ses tenues austères.
Ne se sentant pas à l'aise à Paris, une fois son diplôme en poche, elle retourne chez elle, toujours voilée. Son fiancé ne semble pas trop d ‘accord « Quand je t'ai connue, tu étais normale, enfin, tu t'habillais comme la plupart des femmes de ton âge… C'est ce qui m'avait pu en toi… Alors si tu veux te marier avec moi, il faut que tu enlèves ton foulard. »
A l'intérieur, toujours le Vésuve, la guerre. Un torrent de contradictions se déverse dans son âme, elle est perdue et donc, se referme encore plus sur elle. A son retour, elle apprend la mort de sa grand-mère maternelle Khadija, son repère, son phare qui lui permet d'aller au-devant des convenances tunisiennes et un rempart, une digue cèdent.
Le retour au pays permettrait-il d'y voir plus clair ?
Cécile Oumhani à travers le portrait de cette femme cultivée, active, fait le portrait de toutes les femmes, pas seulement arabes, qui veulent évoluer, changer leurs conditions. Les difficultés d'adaptation, le choc des cultures, la non possession des nouveaux codes de vie, font apparaitre les contradictions, les peurs, l'envie de retourner dans le cocon familial ou un autre abri. Elle nous montre combien il faut de force pour s'arracher de ce cocon. Elle n'oublie pas les femmes plus soumises, plus traditionnelle telle Zina, sa mère, l'étudiante portant foulard et robes ternes et, Khadija sa grand-mère.
Une fois de plus, je suis séduite par la plume de Cécile Oumhani qui nous fait mieux comprendre la Tunisie, l'écartèlement des tunisiens entre modernisme et traditions et, de ce fait, la montée de l'islamisation.
Les éditions Elyzad sont, pour moi, source de lectures très intéressantes ;
Une odeur de henné, initialement paru en 1999 est régulièrement réédité en format poche. Il faut savoir que ce format, chez Elyzad, est d'une très belle qualité.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"C'est à son mari qu'on juge les qualités d'une épouse..." La phrase lancinante revient à intervalles réguliers dans la bouche des femmes. Un précepte fondamental à leurs yeux...Kenza le ressasse aux petites heures du matin. Elle prête à l'évocation de l'épouse idéale les traits de Saïda. Rite des vêtements, le matin, puis le soir. Saïda lave, étend, repasse, reprise, range. Saïda ouvre l'armoire vernie, la referme, sans voir dans la glace sa mine lasse, recrue de l'ennui du service de l'ombre. De l'armoire, elle sort le slip, les chaussettes, la chemise, le pantalon, la veste. Elle les dispose sur le lit. Elle les place de manière à ne pas froisser le linge soigneusement repassé. L'homme est là, au-delà du pli méticuleux, encore tenu à distance par l'odeur du savon qui uniformise les attributs de chacun. Ensuite, il y aura les enfants à préparer et il faudra les presser pour arriver à l'heure à l'école...
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L'été était aussi la saison des mariages. Le vent brûlant soulevait une poussière jaunâtre sur la route de montagne où résonnaient les tambours et les hululements des femmes. Leur cortège formait une ligne pourpre qui ondulait dans la lumière de l'après-midi. L'enfant avait vu parmi elles, le cheval qui transportait le palanquin rouge. Elle l'avait scruté, fascinée par les pans de tissu qui dissimulait la mariée aux regards.
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Elle se souvient qu'elle sera seule aussi, quand elle sera en France, hors de portée des épanchements de sa mère. Bientôt elle sortira du bain et elle retrouvera la lumière du jour; la clarté des visages qu'aucune vapeur ne vient plus dissimuler. Les corps seront à distance, les chairs soustraites au regard et au toucher et le ciel sans limites.
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La mer est grise, sombre. elle se meurt en longues franges d'écume aux confins de la terre, tour à tour fauve ou noire. Le cœur de Kenza cogne dans sa poitrine. Ainsi l'autre rive est déjà là, prête à la reprendre en son sein.
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L'enfant ne met plus de noms sur les visages qui ont veillé les premières années de sa vie, qui ont été la toile de fond des moments importants, ceux que l'on vivait tous ensemble.
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Vidéo de Cécile Oumhani
[Auteurs Elyzad - Confinement] - Cécile Oumhani partage avec nous l'histoire réelle qui a inspiré son #roman "L'atelier des Strésor" et vous en lit un #extrait. Retrouvez-la ce Vendredi 3 Avril sur notre page Facebook pour un #live à partir de 18h.
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