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EAN : 9782842712372
223 pages
La Musardine (27/10/2004)
3.19/5   27 notes
Résumé :
"Je suis une "travailleuse du sexe", comme diraient mes consœurs américaines. Et cela, beaucoup de journalistes qui ont écrit des articles sur moi ou m'ont invitée sur des plateaux de télévision semblent l'avoir oublié. Les médias ont beaucoup parlé de mon "discours intellectuel", de ma démarche, parfois de mon féminisme, et trop souvent de mes études de philosophie. Comme s'ils s'étaient raccrochés à des choses rassurantes qui leur permettaient d'oublier ce qui les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sorti il y a maintenant une quinzaine d'années, le Porno Manifesto de Ovidie m'intrigue depuis un moment. Alors je l'ai lu. Et je ne l'ai pas regretté malgré ce que j'ai à en redire.

Aux alentours de 1998-2000, la jeune Ovidie commence une carriére d'actrice X. Rapidement qualifié « d'intello du X » à cause de ses études de philo, sa démarche est souvent, voir toujours mal comprise. C'est simple : le cinéma pornographique, c'est mal et c'est bas. Pourquoi une personne à priori intelligente irait se fourvoyer là dedans ? C'est du moins l'esprit de journalistes qui mettent donc sa démarche sur le dos d'une thése. Dés le départ, elle affirme donc que c'est faux et qu'elle l'a fait parcequ'elle en avait tout simplement envie. Ensuite, chapitre par chapitre, elle va s'employer à démontrer que le cinéma pornographique (qu'elle différencie clairement du « matériel pornographique visible à la chaine sur le net) n'a rien de dégradant, ni de déshumanisant.

Ses arguments sont clairs, nets et ne souffrent d'aucune contestation possible. Elle connait le milieu, et nous pas. Sur ce point, on ne peut en aucun cas la contredire et je n'ai de toute façon jamais eu (du moins depuis que je pense, et ne suis plus une idéologie préconçue) de visions négative du cinéma pornographique. Je n'ai jamais compris ces documentaires larmoyants où de jeunes femmes pleurent en disant qu'elles n'ont pas le choix et sont obligés de faire du X contre leur gré. Et lire ce livre à confirmer ce que je pensais. L'écriture est simple, direct. Là où ce livre me cause un probléme, c'est uniquement par son aspect « fourre-tout » (sans mauvais jeux de mots) avec à la pelle des biographies allégés d'actrices, des interviews d'actrices et d'acteur, des retours sur des boites de prod. En soi, Tout ou presque est intéressant mais manque de cohésion. A mon sens du moins (Rappelons que ce blog ne refléte que MON avis). D'où le fait que je vous conseille Hardemment (la faute est volontaire !) ce livre malgré tout !
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La nouvelle session du club de lecture « Une chambre à nous » tourne autour de la sexualité et plus particulièrement des travailleur·euse·s du sexe, dont Porno Manifesto fait partie ! Comme j'avais déjà découvert et apprécié le travail d'Ovidie dans Libres ! Manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels fait avec Diglee, mais aussi dans un autre médium avec son documentaire Là où les putains n'existent pas, j'étais fort partante pour en découvrir plus.

Je ne me suis jamais trop penchée sur le milieu du cinéma pornographique, et Ovidie explique clairement ce qu'il en est, et surtout, ce qu'il n'est pas. Elle déconstruit ainsi de nombreux préjugés et fait part de son expérience, en tant qu'actrice ou en tant que réalisatrice. Même si elle cite parfois quelques sources, pour s'y appuyer ou pour les démonter point par point, Porno Manifesto reste un récit d'expériences (au pluriel puisqu'elle y intègre des entretiens avec d'autres acteur·rice·s) et une remise en contexte plus qu'un essai sociologique ou une recherche approfondie.

Ainsi, Ovidie relie tout au long de son livre la pornographie à sa conception du féminisme. Parfois, ses propos me semblent beaucoup trop tranché voire fallacieux, mais au moins cela amène à réfléchir. Je pense qu'il est aussi important de garder à l'esprit que ce livre a été écrit il y a plus de quinze ans et que depuis, je n'en doute pas, le féminisme d'Ovidie a lui aussi changé.

Par exemple, elle répète à plusieurs reprises que le féminisme qui promeut l'émancipation des femmes grâce à l'électro-ménager n'a rien de féministe. Je suis tout à fait d'accord pour dire que l'invention du micro-ondes n'a donné ni liberté ni égalité aux femmes, mais déjà je trouve la manière d'exprimer les choses bien condescendante (comme si avoir une voiture faisait d'une femme une mauvaise féministe) voire hypocrite (se lancer des fleurs parce qu'on n'a pas de télévision… quand on fait des films… permettez moi de tiquer). de plus, si Ovidie mentionnait le lave-linge quelques paragraphes plus tôt, comme exemple d'électro-ménager dont il ne fallait pas se féliciter puisque cela ne changeait rien à l'oppression des femmes, bizarrement, elle ne se vante pas de ne pas en avoir. Je trouve qu'il est très facile de reprocher ce que l'on veut aux inventions technologiques, sans admettre qu'elles ont fait gagner un temps fou aux femmes d'alors, pour qu'elles fassent autre chose que de frotter du linge.

Dans la même veine, l'autrice a tendance à énoncer ce qui est pour elle le « vrai féminisme » avec beaucoup d'aplomb et je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle avance : si pouvoir être nommée au poste de ministre et pouvoir devenir cheffe d'entreprise n'est pas une libération totale, ce n'est certainement pas une libération nulle.

J'étais agréablement surprise que les personnes transgenres soient mentionnées, mais une fois encore, c'est finalement pour dénoncer ce qu'elle considère comme un « faux féminisme », le féminisme « politiquement correct », dont je trouve la dénomination fallacieuse par ailleurs. Après, nul doute cela part-il d'une bonne intention d'Ovidie qui préfère parler de ce qu'elle connaît, et donc de son expérience de femme cisgenre. Mais faire des raccourcis en disant que les féministes pro-sexe renient tou·te·s la binarité du genre me semble facile, et faux.

Pour revenir au sujet de la pornographie, Ovidie précise dans sa conclusion qu'elle parle bien tout au long de son livre de cinéma pornographique, qu'elle oppose au matériel pornographique.

Pour moi ce propos aurait été bien mieux placé en début de livre, en introduction plutôt qu'en conclusion, puisque je n'ai pas arrêté au cours de ma lecture, de me dire que justement, elle ne faisait pas état de la pornographie dégradante. Bon, je n'ai toujours pas vraiment compris ce qui fait que de la pornographie est plus un matériel que du cinéma selon Ovidie, mais ça m'a au moins éclairé sur ce point. Il me semble qu'il faut également resituer le livre à l'époque de son écriture où Internet était nettement moins répandu, alors qu'aujourd'hui, toutes sortes de pornographies dégradantes sont disponibles d'un clic…

Comme je le précisais plus haut, Ovidie entend défaire les stéréotypes de la pornographie, dont le fait que les actrices soient des victimes qui n'auraient pas le choix ou pas l'envie de faire ce travail. Elle explique très bien que c'est parfaitement infantilisant et condescendant de penser que les actrices ne sont que des victimes, alors qu'Ovidie explique qu'elles sont tout à fait consentantes et maîtresses de leur corps.

Le passage que j'ai le plus apprécié du livre est probablement celui des interviews de trois acteur·rice·s de cinéma pornographique, qui présentent les réalités des situations et de leurs expériences. En tant qu'homme, Titof peut également témoigner que ce n'est pas simple pour autant, particulièrement parce qu'il accepte sa bisexualité et que ce n'est pas chose facile dans ce milieu (pour un homme).

Cette lecture était donc très enrichissante, en partie parce que je n'étais pas toujours d'accord avec la façon que l'autrice a de présenter le féminisme, mais surtout pour l'éclairage que cela donne sur le milieu du cinéma pornographique.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Tenter de dédramatiser, étudier le sujet sous un angle plus intellectuel et soulever les problématiques inhérentes à ce secteur, voilà les objectifs d'Ovidie, ancienne actrice X et réalisatrice de films pornographiques.


L'idée de départ est excellente. En effet le porno est souvent la cible d'attaques virulentes de la aprt de ses détracteurs et souffre d'une image peu reluisante auprès de nombreuses personnes. Etant une facette de nos sociétés actuelles, l'idée de l'auteur d'exposer son point de vue et son expérience sur la question était fort judicieuse.


Hélas! On a trop l'impression d'un survol rapide du sujet, sans approfondissement véritable et avec un parti prit certain. Ovidie assène ses vérités ("le porno c'est bien, ceux qui ne l'aiment pas sont des cons" pourrait-on résumer) sans forcément chercher à véritablement convaincre le lecteur curieux. Dès lors si vous êtes déjà amateur de pornographie vous ne pourrez être que confirmé dans vos idées de départ. En revanche si vous souhaitez approfondir le sujet, si vous cherchez des réponses à vos questions, ce livre ne vous sera pas nécessairement d'une grande utilité. Au final on se retrouve avec une oeuvre se voulant sulfureuse mais qui déçoit grandement de part son contenu.


Une lecture correcte mais dispensable.
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"Porno manifesto" secoue les idées reçues sur la pornographie. Ovidie se définit comme "une travailleuse du sexe". Elle récuse le discours misérabiliste qui enferme les actrices du hard dans un ghetto. Elle critique le "féminisme moderne" et ses "conquêtes", expliquant, par exemple, pourquoi elle ne prend pas la pilule, ue façon de déresponsabiliser les hommes. Elle répond point par point aux adversaires de la pornographie, démonte leurs arguments, raille leur puritanisme, démolit le "porno chic", se démarque des femmes sulfureuses (Angot, Millet, Breillat). Comme pièces à l'appui, Ovidie fait le portrait de quelques illustres pornostars comme Bette Dodson, la "reine de la masturbation", ou Dorrie Lane, "vulvarévolutionnaire", s'explique sur son film "Lilith", s'entretient avec Coralie Trinh Thi, co-réalisatrice de "Baise-moi".
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Il suffit de lire "L'Histoire du viol du XVIe au XXe siècle" pour se rendre compte que le viol n'a pas attendu les films de Marc Dorcel pour être fréquemment commis. Stratégie de possession en temps de guerre, ou simple marque de domination entre individus, il s'est pratiqué de tous temps, et ses motivations premières demeurent globalement les mêmes. Il est l'expression sexuelle du désir de soumettre l'autre.
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Ce que je critique n'est pas la pratique de l'échangisme, du fétichisme, ou du bondage en elle-même, mais le phénomène de mode, révélateur de cet état de consommation du sexe, qui réduit la relation sexuelle à un acte masturbatoire qui devient jouissance égoïste et non partage d'un état émotionnel.
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Symboliquement, on peut remonter à la création du monde pour retrouver la première femme féministe. Il s'agit bien entendu de Lilith, la première femme d'Adam, et première à refuser la soumission à l'homme. Étroitement lié à l'image maléfique de Lilith, celle qui a le droit de vie et de mort sur les nouveaux-nés, le féminisme, non encore nommé ainsi, est associé au crime de sorcellerie. Ainsi les bacchantes de l'antiquité, les "physiciennes" et autres femmes du Moyen Age furent appelées "sorcières". Aux différents noms des féministes pro-sexe on peut en rajouter un autre : "Sorcières."
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Il est rare qu'une scène hard ne soit pas "menée jusqu'au bout". Elle doit toujours se terminer par l'éjaculation triomphante de l'homme. Et si possible sur le visage. Car lorsqu’elle atterrit sur le visage et dans les yeux, on ne peut être qu'assuré qu'elle a bien eu lieu. Cette convention n'est pas uniquement caractéristique du cinéma X européen. Elle est révélatrice d'une norme hétérosexuelle hors porno. Le rapport sexuel s'arrête lorsque l'homme jouit. Si la femme a eu suffisamment de plaisir avant, tant mieux. Sinon, tant pis pour elle.
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Prendre la pilule, c'est considérer que la contraception est une affaire de femme. C'est déresponsabiliser l'homme. "T'inquiète pas chéri, je m'occupe de tout." Il est sûr que face à un homme irresponsable, il vaut mieux assurer ses arrières et avaler son petit comprimé. Mais d'un point de vue féministe, là n'est pas la solution. Car, dans une relation hétérosexuelle, la contraception devrait concerner autant l'homme que la femme qui, plutôt que de s'empoisonner tous les jours à petit feu, devrait avoir conscience qu'elle se fait avoir.
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Vidéo de  Ovidie
13 juin 2022 « C’est une sorte de dystopie ou les rapports de genre sont inversés, dans un monde dirigé par des femmes et où les hommes font office de chair fraiche. » On a adoré écouter Ovidie nous parler de sa série, Des Gens Bien Ordinaires, disponible sur CANAL+
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