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Sylvie Cohen (Traducteur)
EAN : 9782070440757
416 pages
Gallimard (27/05/2011)
3.49/5   67 notes
Résumé :
Bonjour Alec ! Si tu n'as pas détruit cette lettre à l'instant même où tu as reconnu l'écriture sur l'enveloppe, c'est que ta curiosité est plus forte que ta haine ou que ta haine a besoin d'être alimentée."
Ainsi commence la première lettre d'Ilana à son ex-mari, Alec, après sept ans de silence. Il est devenu un intellectuel de renommée internationale et vit aux États-Unis. Elle s'est remariée à Michel Sommo, un juif sépharade religieux, et vit en Israël.<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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La boite noire, c'est un dispositif qui enregistre toutes les informations (particulièrement dans les avions) mais ça peut s'appliquer à un tas de choses. En fait, c'est ce qui reste. Et c'est un peu le propos de cette histoire que nous raconte Amos Oz. Dans son livre, La boite noire, c'est une longue série de lettres que s'échangent quelques personnages troubles, un trio amoureux insolite et leurs accolytes, à mi-chemin en Jérusalem et les États-Unis.

Tout commence avec Ilana, qui brise un long silence en écrivant à son ex-mari pour lui demander de l'aide (lire ici de l'argent). C'est que leur fils de seize ans a été expulsé du kibboutz où il était éduqué et on veut de lui nulle part. C'est devenu un géant bouillon et brouillon, impulsif et violent. Alexandre Gidéon (Alec) répond positivement à sa demande par l'entremise de son avocat Zakheim. le nouveau mari, Michel Sommo en rajoute et lui écrit à son tour pour en demander davantage. Après tout, c'est lui qui subvient aux besoins de l'adolescent depuis un bon bout de temps. Éventuellement, le jeune Boaz se permet de communiquer directement avec lui, puis avec Ilana et Michel quand il s'enfuit à nouveau.

J'ai trouvé le début assez difficile. Pas tant par le vocabulaire ni par le style, non, plutôt par l'atmosphère. Les premières lettres sont pleines de rancoeur, de mépris, de douleur, de mots durs (même quand ils ne sont pas écrits, on peut les lire entre les lignes). C'était très négatif, même si c'était approprié. N'est-ce pas ainsi que s'adressent des anciens amoureux, surtout quand la séparation, le divorce fut pénible. Et quand l'argent est en jeu. Quand à Michel, il me semblait avare, ne rechercher que cet argent. C'est un défaut qui me répugne.

Puis les personnages s'ouvrent un peu plus. On comprend leur peine, leur coeur dur, leurs aspirations. Et les manipulations auxquelles chacun est disposé à s'abaisser pour obtenir ce qu'il veut. C'est fou ce que les gens peuvent révéler dans des lettres, dans des messages intimes. Surtout, dans ce qu'ils ne disent pas. Puis, ils baissent leur garde et laisse des sentiments s'échapper, se raviver, évoluer. Amos Oz se livre à du grand art, avec des personnages travaillés, qui ont chacun leur personnalité propre, qu'on arrive à saisir et dont on perçoit les voix unique. Criantes de vérité !

Les lettres d'Ilana révèlent un coeur de mère prête à tout pour protéger sa progéniture, sa famille. Celles d'Alec, un coeur blessé (dans son amour ou dans son orgueil ?). Celles de Boaz, une révolte intérieure, une indécision, une immaturité. Quand à Michel Sommo, ça m'a pris plus de temps à le cerner, surtout que j'étais agacé par sa manie de tout rapporter à Dieu, à sa religion, à la supériorité juive, tout le temps à citer des passages de la Torah ou des proverbes hébreux. C'est mon côté laïc qui ressortait.

Au final, La boite noire est un roman intimiste. Il y a très peu de personnages qui gravitent autour de ceux mentionnés plus haut, alors il faut s'accrocher à eux. Surtout qu'il y a peu d'événements, à peine quelques rebondissements, alors il faut s'immerser sans se laisser distraire, si on ne veut pas manquer un détail un état d'âme, un indice qui permet de mieux comprendre un personnage et anticiper ses réactions. D'ailleurs, les dernières du roman, je les ai trouvées un peu mouichi-mouichi, mais chacun ses goûts.
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Cela commence avec une lettre d'Ilana, Jérusalem à son ex-mari , Chicago, lui enjoignant d'intervenir pour l'aider à remettre dans le bon chemin leur fils qui donne des signes de rébellion inquiétants. le nouveau mari d'Ilana s'en mêle, et somme lui aussi l'ex mari d'intervenir selon ses propres préceptes d'orthodoxie religieuse. La correspondance, d'abord venimeuse, s'installe entre les ex-époux qui, ouvrant la boite noire après le crash de leur mariage, en extirpent tout le fiel avant d'atteindre aux causes profondes de leur échec.

C'est assez contre-intuitif car une lettre est un format de narration plutôt statique par essence, et pourtant le roman épistolaire, quand il est bien fait, peut amener beaucoup de dynamisme au récit, avec son rythme syncopé qui permet accélérations, arrêts sur image et retours dans le temps. Ainsi qu'une proximité immédiate et plus profonde avec le ou les auteurs des missives.
C'est exactement ce qui se passe avec ce formidable roman qui nous plonge dans l'intimité d'une famille juive désunie bien qu'indéfectiblement liée, remonte le fil de son histoire en même temps que celle d'Israel des années 40 à 80, peint dans toute sa beauté naturelle mais également toute sa complexité et sa violence latente.

Un voyage en Terre sainte, dans l'histoire et dans l'intimité d'un couple qui se lit d'une traite.
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Publié en 1986, lauréat du prix Médicis étranger en 1988, c'est le septième roman d'Amos Os. Il s'agit d'un roman épistolaire.

La première lettre émane d'une femme, Ilana. Elle écrit à son premier mari, Alec, avec qui elle a perdu contact après un divorce orageux. Elle fait appel à lui pour venir en aide à leur fils, Boaz. L'adolescent renvoyé de l'école où il était scolarisé a des problèmes avec la justice et risque de finir dans un établissement pour délinquants. Un échange s'établit entre les deux ex-époux, la voix du nouvel mari de Ilana, Michel se mêle très vite à ce duo. Plus épisodiquement, Boaz intervient, ainsi que Manfred, l'avoué d'Alec. Nous découvrons progressivement les différents protagonistes, leurs histoires, ce qui s'est joué entre eux. Mais aussi leurs attitudes devant l'existence, leurs choix ontologique pourrait-on dire, ce sur quoi ils fondent et justifient leur existence. Alec est un intellectuel, critique vis-à-vis de la religion et mettant en cause la politique menée en Israël, en particulier vis-à-vis des Arabes. Michel est un juif pieux et pratiquant, militant dans un parti d'extrême droite. Ilana étant sans doute plus dans la sensation et la sensibilité. Elle est une sorte de pont improbable, en même temps qu'un sujet de conflit entre les deux hommes.

Mais en révélant par bribes les existences de ses personnages, Amos Oz suggère que ces choix, aussi rationnels et tranchés qu'ils puissent paraître, sont aussi des postures, des façons de se défendre, de rendre la vie supportable. Et que les personnes ne se résument pas à cela, Que les contradictions habitent chacun, et qu'un dialogue, aussi impossible qu'il le paraisse, n'est jamais exclu. Qu'il y a une sorte de communication à un niveau plus profond qui peut exister, en dehors des mots, des idées exprimées.

C'est un roman brillant, maîtrisé de bout en bout. La forme du roman épistolaire permet de dévoiler les personnages et ce qui les habitent progressivement, avec des nombreux non dits, naturels dans des lettres écrites à des personnes qui connaissent une histoire que le lecteur découvre petit à petit. Et il y a aussi la possibilité de contradictions, de mensonges, de jeux, puisqu'on parle à un autre, que l'on veut persuader, manipuler, séduire, vaincre. En même temps une forme de sincérité naît progressivement, se confronter à l'autre peut devenir aussi se confronter à soi-même. le roman qui peut apparaître à certains moments comme une question de manipulation, avec une part de cynisme, même si ce n'est pas toujours le même personnage qui apparaît comme le manipulateur, finit par dépasser ce registre et terminer par une vraie émotion.

Un très grand livre.
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Roman épistolaire, trio amoureux, un fils d'un premier lit quelque peu chahuteur, un second mari religieux ultra. Mais surtout tant de haine, de ressentiment, de rapports sadiques ou, à tout le moins, toxiques. L'auteur est israélien et situe son histoire à Jérusalem entre religiosité, haine ou défense des Palestiniens, qui, sans nom, sont simplement des Arabes ou moins. Les goys ne valent pas beaucoup mieux. Cependant, tout aurait pu se passer ailleurs, cela ne serait pas différent. Je n'ai pas aimé ce venin distillé tout au long du livre entre les protagonistes. On a l'impression non pas de sortir du livre sali, mais, en tout cas pas, on n'en sort pas grandi. Loin de là. Je ne conseille pas.

Premier livre de cet auteur souvent présenté comme 'nobelisable'. Sans doute y a-t-il mieux dans son oeuvre.
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La boîte noire d'Amos Oz est dans l'Israël des années 75 un échange épistolaire entre plusieurs personnages. Essentiellement entre deux ex-époux Alex et Ilana et le nouveau mari Michel et avec accessoirement des courriers du fils Boaz né du premier mariage et ceux d'un chargé d'affaire et administrateur de biens  d'Alex; ancien ami d'enfance de celui-ci qui lui sert de boîte aux lettres et de détective privé

Cette boîte noire, image, sert entre les deux divorcés d'échanges qui restituent leur vie passée. Ils font la part belle aux déchirements anciens ravivés et revisités
réactualisent ces sentiments ou l'amour et l'affection ont toujours leur place. En ce qui concerne Ilana avec beaucoup d'états d'âme et crises de nerfs, des demandes d'argent réitérées elle tente de regagner Alex avec déclarations d'amour et de soumission intégrale. Pour lui c'est un mea culpa global reconnaissant l'échec de la relation causé sa conduite intellectuelle froide et sans amour et une lâcheté affective maladive.


Autour deux gravitent le nouvel époux Sommo intégriste juif séfarade, sioniste qui s'immisce dans l'ancien couple et se permet de juger à grands coups de versets bibliques et aphorismes nationalistes, le fils ayant mal vécu la situation de ses parents qui cherche sa voie par des sentiers obscurs épicuriens et parfois violents et l'administrateur qui fait affaires avec tout le monde.

Ce livre met en scène des rapports humains et conflictuels qui lient et opposent, surtout, les uns et les autres. Lettres qui ont forme de monologues où chacun se justifie, culpabilise ou /et raisonne l'autre, demande pardon et qui éclairent d'un point de vue original le lecteur sur des relations emberlificotées Portrait détourés mais incisifs : celui d'Alec assez alarmant celui d'Ilana assez stérile et navrant.

Les deux thèmes principaux tournent autour des sentiments et de l'argent le tout pris dans une logique de poker menteur. Joué à cinq c'est le raffinement. On a du mal a évaluer la sincérité des uns et des autres. Toutefois tous semblent être pas « trop mauvais » insupportables certainement mais pas exécrables.
Les liaisons ici sont plutôt pleurnichardes. On est loin de Merteuil et De Valmont.

Au delà de l'intrigue Oz et de ce dédale de sentiments paradoxaux et humains, dresse un état d'Israël des années 75

Quelle la réalité pour ce nouveau pays ?
Les rapports entre l'état et les religieux y sont abordés et mettent en évidence une corruption des fanatiques nationalistes , un mépris, voire haine, évident de ceux-ci pour les arabes.
une vie, pour ceux qui se sont fait une joie de faire leur alya, pas aussi heureuse qu'escomptée mais plutôt étriquée on vit chichement, à l'étroit.
Cette image de la société israélienne donne surtout l'impression que , bien que les juifs vivent ensemble , tous leurs problèmes sont loin d'être résolus car ils sont aussi bien d'ordre sociétale qu'étatiques.

Ce roman épistolaire n' a pas très bien vieilli. l''empathie pour les personnages implique un sentiment de compassion auquel il est difficile d'adhérer. le style un peu larmoyant et lyrique des deux divorcés laisse plutôt indifférent «  je t'aime moi non plus » Bon et après . Curieusement ce sont les charges religieuses de Sommo qui donnent de l'attrait au livre Excessif et de très mauvaise foi, apanage du fanatique, quémandant de l'argent mais pas pour lui pour le pays, maudissant cet argent mais en faisant usage sans retenu, pleurnichant, moralisant, insultant, médisant, manipulateur, menaçant et plus … ce personnage est le plus intéressant de l'ouvrage car il est savoureux malgré ses défauts. L'analyse critique en filigrane de l'état hébreux ,bien sentie, redonne à ce livre un certain intérêt.

Ce qui est étonnant, par contre, c'est cette fin laissée à Sommo, personnage plutôt négatif mais aussi bouffon suffisant, qui conclu par un extrait de la bible. Qu'est- ce que cela signifie pour Amos Oz ? Mystère!


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Imagine qu'il est un peu plus de dix-neuf heures, un soir d'été à Jérusalem. Les montagnes flamboient au soleil couchant. Une dernière lueur semble dissoudre les ruelles en les dépouillant de leurs pierres. Le gémissement d'une flûte arabe s'élève du wadi par-delà peines et joies ; on pourrait croire que l'âme des collines, laissant là son grand corps, désire participer de ce voyage nocturne.
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Pour ce qui est de "l'humilité", la racine en est humilis - humus, soit la terre. La terre est-elle vraiment humble? Chacun croit pouvoir en faire ce que bon lui semble, la fouiller, la retourner, l'ensemencer, mais au bout du compte, c'est toujours elle qui engloutit ceux qui pensaient la posséder. Dans le silence éternel, elle demeure.
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Bonjour Alec ! Si tu n'as pas détruit cette lettre à l'instant même où tu as reconnu l'écriture sur l'enveloppe, c'est que ta curiosité est plus forte que ta haine ou que ta haine a besoin d'être alimentée.
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Si tu as le courage d'en entendre davantage, sache qu'à mon avis, mieux vaut supporter les pires souffrances plutôt que d'en infliger une seule, à Dieu ne plaise!
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La faute porte en elle-même son châtiment.
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Videos de Amos Oz (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Amos Oz
1/10 Amos Oz : Ailleurs peut-être (France Culture - Adaptation radiophonique). Diffusion sur France Culture du 20 juin au 1er juillet 2016. Photographie : Arad. Amos Oz. 2004 © MICHA BAR AM / MAGNUM PHOTOS. La vie de tous les jours dans un kibboutz imaginaire des années 60, décrite par un des plus grands écrivains israéliens contemporains. Roman traduit de l’hébreu par Judith Kauffmann. Adaptation : Victoria Kaario. Réalisation : Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière. Ce feuilleton en dix épisodes est l’adaptation du premier roman d’Amos Oz, « Ailleurs peut-être », publié aux Éditions Gallimard. Amos Oz y dépeint la vie des membres d’un kibboutz imaginaire, celui de Metsoudat-Ram, dans les années soixante. Sur le fil d’une année, Ezra, Reouven, Bronka, Noga et les autres, s’aiment, se trompent, se quittent, font des enfants, légitimes ou pas. Et ces drames intimes qui jalonnent le récit n’entravent en rien la marche de la vie collective, rythmée tant par les célébrations communistes que par les rumeurs qui empoisonnent la vie des villageois. 1er épisode : Un village idyllique, Messieurs-dames 2ème épisode : Le charme de la banalité quotidienne 3ème épisode : Le Premier Mai 4ème épisode : Puissance du mal 5ème épisode : Deux femmes 6ème épisode : Soirées poétiques 7ème épisode : Un personnage diabolique 8ème épisode : Tu es à nous 9ème épisode : Idylle familiale 10ème épisode : Tableau final Avec : Violaine Schwartz, Quentin Baillot, Jean-Gabriel Nordmann, Evelyne Guimmara, Mohamed Rouabhi, Christine Culerier, Rebecca Stella, Nicolas Lê Quang et bien d’autres Bruitage : Sophie Bissantz Equipe de réalisation : Bernard Lagnel et Anil Bhosle Assistante de réalisation : Julie Gainet Source : France Culture
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Amos Oz (1939-2018) R.I.P

Mon père parlait 11 langues, mais il a fait mon éducation en Hébreu, j'étais alors un « petit chauvin déguisé en pacifiste». Un «nationaliste hypocrite et doucereux », un « fanatique », qui jouait à la guerre et s’enflammait contre les Anglais et les Arabes, j'étais, j'étais, comme une panthère dans la .....?......

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