Le hasard veut que ce livre, traduit de frais en français, date d'une quinzaine d'années. C'est sans doute anecdotique, mais on peut se demander ce qui pousse un éditeur à négliger un tel auteur. Paasilina est prolifique et doit se consommer à forte dose. Son abus n'est certainement pas dangereux pour la santé.
Car avec Paasilina, on se poile, on se dilate la rate, on se déride les zygomatiques. Et surtout, on abandonne tout sens de la réalité.
Voilà pour l'auteur en général.
Poiur ce qui est de ce livre, j'ai connu mieux du même auteur. Evidemment, le lecteur de Paasilina a des attentes. Il sait ce dont le bougre est capable. Il salive comme un bon chien-chien à son Pavlov en s'installant confortablement dans son fauteuil, un blanc sec à ses côtés.
Ai-je été déçu? Pas vraiment. Un ange-gardien gaffeur, qui prend son sacerdoce trop à coeur... et finit par séduire Satan qui pense à l'enrôler... c'est jouissif.
Paasilina en profite pour aborder les attentes, les rapports à l'autres, le libre-arbitre, notre place dans la société... comme ça, sans avoir l'air d'y toucher, tout en douceur. A petites touches.
Mais... mais, mais... il n'évite pas les lenteurs et surtout l'enlisement répétitif. A chaque nouvel événement, le lecteur attend les gaffes de l'ange-gardien, il n'est pas déçu, puis attend le truc suivant et ainsi de suite. C'est très linéaire, répétitif, sans coup de boost, sans vraie surprise. C'est sans doute là que se trouve le hic principal. Et évidemment, l'auteur, un peu pris au piège de son mécanisme, doit finir son livre, et cela arrive un peu de manière abrupte, sans trop de crédibilité. OK, parler de crédibilité alors qu'on parle d'un ange-gardien gaffeur, c'est limite.
Paasilina reste un très bon auteur. Ce n'est pas son style qui est en cause, mais le simple fait de faire reposer un livre complet sur un ressort aussi ténu. Difficile de faire mieux.
Au final, 260 pages qui se lisent d'une traite. Si seulement les éditeurs décidaient de traduire tout ce que l'auteur a déjà écrit... on aurait de quoi patienter jusqu'au prochain opus.
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Ariel Auvinen vient de mourir. Il monte au ciel et devient un ange. On lui confie une mortelle. Sauf qu'au lieu de l'envoyer à l'église, il lui fait prendre le chemin d'un bistrot dont elle sort pompette.
Après ce premier essai, on lui confie un autre mortel, Aaro Korhonen. Bien qu'Ariel soit empli de bonnes intentions, toutes ses actions tournent au désastre. Aaro verra ses demandes pour ouvrir une librairie-salon de thé, refusée. Melle Nuutinen le harcelera, tout cela parce que son ange gardien avait décrété que c'était la compagne idéale pour lui. Sans compter les divers accidents qui lui tomberont dessus… L'ange Ariel se fait donc rappeler à l'ordre par l'Ange Gabriel.
L'ange Ariel a du vague à l'âme. A ce moment, le diable va tenter de le convaincre de rejoindre sa cohorte. Succombera-t-il au démon ou restera-t-il un ange dédié au bien ?
Je me suis bien amusée à la lecture de ce livre qui est vraiment cocasse et qui se lit vite. Ca permet de se changer les idées. Un bon petit roman pour cet été.
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Drôle et divertissant, ce récit à l'humour noir du prolifique écrivain finlandais [...] s'inscrit dans la veine des histoires cocasses et fantaisistes de l'Allemand David Safier (Maudit karma). Et nous offre, du même coup, une incursion captivante dans les traditions et les superstitions de la Finlande.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Le plus fou des écrivains finlandais, Arto Paasilinna, revient en force avec un nouveau roman délirant [...] où il dresse le portrait du plus maladroit des anges gardiens, surtout lorsqu'il s'agit de protéger les hommes des ruses du démon.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Si les gags se suivent page après page (d'accidents en commotions cérébrales et dégâts matériels), se succèdent même sans surprise et révèlent ainsi une construction assez attendue de la trame narrative et une fin prévisible, ils n'ôtent pourtant pas à l'ensemble un rythme alerte et entraînant, une tonalité joyeuse, un plaisir immédiat.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Inutile de pousser la chansonnette sur le thème " les anges existent-ils?" Que ceux qui n'y croient pas en débattent avec les prêtes et le prélats, qui se comptent dans la chrétienté par dizaines ou centaines de milliers. Des hommes bien payés et bien nourris auxquels s'ajoutent de nos jours, dans les pays nordiques, une poignées de femmes. C'est à eux qu'il faut demander si les anges existent et combien mesurent leurs ailes. Les serviteurs de l'Eglise répondront à coup sûr à l'affirmative à la première question, mais sont incapables de se prononcer sur la deuxième
Page 19
Leur corbillard gisait là tout près, sur le toit, il avait quitté la route. L'homme s'approcha du fourgon et se gratta la tête. "Il y a un mort là dedans?" Ils le détrompèrent : ils n'étaient pas en route pour le cimetière, mais pour l'hôpital. Il n' y avait ni mort ni cercueil. "C'est tant mieux qu'aucun trépassé n'ait eu à décéder deux fois. Même un mort ne serait pas sorti vivant d'un tel choc.
"Pensez-y : votre union perdurera au-delà de la mort dans un bonheur parfait! quoi de plus romantique,"
Cette perspective donna de tels frissons à Ariel Auvinen qu'il décida de couper court aux négociations. N'était-ce pas déjà trop d'avoir dû, bon gré mal gré, partager pendant près de cinquante ans la vie d'une mégère jalouse, grincheuse et alcoolique ? D'horribles souvenirs des pénibles exigences de sa défunte femme l'envahirent. Elle n'avait cessé de le traiter derrière son dos de grossier coureur de jupons.Et fait, dans un accès de colère, courir le bruit qu'il était homosexuel. Comment un homme à femmes aurait-il pu en même temps être gay? Elle avait aussi propagé des rumeurs d'inceste. Le soir de leurs noces, il avait eu un choc en découvrant la cellulite de son large derrière et ses seins en gants de toilette. Sans compter qu'elle puait de la gueule. Sa voix, qui portait loin, montait souvent dans les aigus, se transformant en hurlement. Avec l'âge, elle s'était mise à ronfler, sans parler de ses fuites urinaires. Et voila que le démon lui suggérait de replonger dans ce calvaire, et en plus en enfer.
"Pas question. Le ciel est ma demeure."
Les corbillards s'élancèrent. L'accélération du Volvo était supérieure, du zéro à cent en 6,7 secondes, mais la Mercedes le serrait de près. Les aiguilles des compteurs venaient de dépasser en flèche les 200 km/h quand le véhicule d'Elsa doubla celui d'Amalia, mais celle-ci ne s'avoua pas vaincue. Peu avant la rive suédoise, les deux fourgons, roulant de front, se heurtèrent à un barrage de la police. C'était aux freins de faire leurs preuves. Les systèmes ABS des deux constructeurs automobiles fonctionnaient à merveille. Du moins dans ces conditions estivales.
Le drapeau aussitôt en berne, le Volvo s'arrêta, avec le Mercedes sagement à ses côtés. Aaro et Oskari déclarèrent aux policiers que leur radar avait dû pêcher ses chiffres dans un autre monde, qui donc roulerait à plus de deux cents dans un corbillard ? C'était idiot. A l'appui de leurs dires, ils ouvrirent les portes arrière de leurs véhicules et montrèrent leurs passagères. Il n'y avait pas à tortiller, il s'agissait d'un convoi funéraire, les nouveaux instruments internationaux de contrôle des vitesses ne pouvaient qu'avoir menti. Les policiers s'excusèrent de leur zèle bassement matériel.
On avait donc pris l’habitude d’organiser des séminaires pour les anges se destinant à ce secteur… Saint Pierre et l’ange Gabriel intervenaient lors de cette formation annuelle sur les aspects les plus généraux des missions de protection, avant que quelques anges expérimentés n’approfondissent le sujet.
Dans son discours inaugural, Saint Pierre évoqua le mode de vie désordonné des hommes, qui avaient de ce fait besoin de la protection du ciel. Il souligna à quel point cette mission était spirituellement exigeante, mais aussi extrêmement gratifiante. Son intervention terminée, Pierre invoqua son emploi du temps chargé et s’envola, tout en promettant de revenir pour la cérémonie de clôture.
Dans l'extrait ci-dessous, le démon essaye de débaucher l'ange gardien, plus doué pour provoquer des catastrophes que pour protéger les hommes :
Rauno Launonen (le démon) parcourut la scène du naufrage d’un regard approbateur. "Vous en avez fait de belles. J’admire beaucoup votre dernière prouesse. La désolation que vous semez force le respect… On m’a chargé de vous demander si vous ne voudriez pas changer de camp. Nous apprécions hautement votre talent et nous aurions beaucoup de travail pour vous."
L’ange gardien respira un bon coup. S’il comprenait bien, c’était une offre d’emploi.
Rauno Launonen, roublard, fit miroiter à Ariel Auvinen que, s’il se mettait au service de Satan, il y gagnerait la rare possibilité de rencontrer de nombreuses célébrités de l’histoire mondiale – telles que Hitler, Staline et des milliers d’autres – qui résidaient en enfer et y jouissaient d’une haute estime….
Comme ces visions grandioses ne semblaient pas non plus convaincre l’ange gardien de retourner sa veste, le démon abattit enfin sa dernière carte : il pourrait aussi retrouver sa chère épouse et poursuivre son existence avec elle. Mme Auvinen était morte depuis longtemps et séjournait en enfer, comme il l’avait pressenti.
"Pensez-y : votre union perdurera au-delà de la mort dans un bonheur parfait ! Quoi de plus romantique ?"
Cette perspective donna de tels frissons à Ariel Auvinen qu’il décida de couper court aux négociations. N’était-ce pas déjà trop d’avoir dû, bon gré mal gré, partager pendant cinquante ans la vie d’une mégère jalouse, grincheuse et alcoolique ? D’horribles souvenirs des pénibles exigences de sa défunte femme l’envahirent.