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EAN : 9782290319871
124 pages
J'ai lu (17/07/2003)
3.29/5   472 notes
Résumé :
L'intelligence ne fait pas le bonheur… Antoine, vingt-cinq ans, cultivé, fin et bardé de diplômes aussi exotiques qu'inutiles en fait l'amère constatation. Loin de le rendre heureux, son sens aigu de l'observation et sa fâcheuse tendance à l'analyse ont fait son malheur. Une bonne dose de stupidité l'aiderait sans aucun doute à davantage "participer à la vie". Notre doux-dingue décide donc de se noyer dans les vapeurs de l'alcool. Non sans s'être au préalable copieu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,29

sur 472 notes
"Ceux qui pensent que l'intelligence a quelque noblesse n'en ont certainement pas assez pour se rendre compte que ce n'est qu'une malédiction."
Boutade ? Provocation ?
Non, réalité !

Antoine est intelligent, et c'est un problème pour lui car il se sent déphasé.
Il ne pense pas comme les autres, ne vit pas comme les autres, ne s'intéresse pas aux mêmes chose que les autres.
Il se sent inadapté, sa vie n'a pas de sens.
Il veut que cela change et à vingt-cinq ans prend le taureau par les cornes : il prend "la résolution de couvrir son cerveau du suaire de la stupidité".
Comme il ne manque pas d'imagination, il fourmille d'idées pour parvenir à ses fins et le récit de ses différentes tentatives est hilarant.

Martin Page nous offre un roman jubilatoire et plein de fantaisie mais ce serait dommage de s'arrêter à ce seul aspect car derrière ces péripéties réjouissantes se forme en creux le portrait de notre société... et celui-ci n'a vraiment rien de réjouissant !

Je ne raconte rien de plus pour laisser à ceux qui le souhaitent le plaisir de la découverte, mais sachez qu'il faut aimer l'humour et l'ironie pour apprécier ce texte terriblement original.

Tout au long de ma lecture j'ai pensé au film Idiocracy de Mike Judge qui nous présente une société futuriste dans laquelle l'humanité est devenue totalement stupide.
Futuriste ? Peut-être pas... et c'est ce qui fait d'Idiocracy un film à la fois hilarant et terrifiant.
Les gens abêtis par les écrans, délaissant toute forme de culture et de réflexion... est-ce vraiment là une société futuriste ?
Je ne le pense pas, et l'auteur non plus puisque l'une des premières mesures que prend son personnage dans sa quête de la stupidité est de se débarrasser de ses livres et de planter au beau milieu de son salon une télévision géante.
Quel symbole !

Pour conclure, je ne peux m'empêcher de citer Groucho Marx qui avait dit, avec tout l'humour qui le caractérisait :
"Je trouve que la télévision est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu'un l'allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis."

Une lecture follement drôle... mais pas seulement...
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Comment je suis devenu stupide ? –et, peut-on également se demander : qui Martin Page désigne-t-il à travers ce « je » énigmatique ? Désigne-t-il son personnage, ou se pointe-t-il lui-même du doigt ?

Si le début de son court roman est enjoué et malicieux, nous décrivant avec une cruauté bien intentionnée les affres que provoque l'excès des connaissances sur l'équilibre psychologique d'un jeune homme trop fragile pour en supporter les conséquences, la suite devient déjà plus consensuelle. Les moyens que trouve Martin Page pour nous décrire l'abrutissement de son personnage sont stéréotypés et s'égrènent dans une énumération qui fleure bon la caricature : consommation de repas au McDonald's, emploi dans le milieu des affaires, goût prononcé pour le shopping à outrance, consommation d'anxiolytiques… Certes, ce n'est pas là le comportement d'un grand sage, mais ce n'est pas non plus une habilité de grand écrivain que de nous faire confondre les causes et les conséquences d'un mal-être moderne.

La dernière partie du roman est la plus pathétique de toutes. Dans un dialogue naïf que le personnage noue avec Clémence –figure de la rédemption- le noeud des problèmes de la stupidité et du malheur se résout miraculeusement. Si Martin Page a pris son personnage pour un crétin, il ne considère sans doute pas d'une meilleure façon son lecteur. Dommage, car il y avait là de quoi tenir des considérations cruelles à souhait !
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Comme le signifie Martin Page à la fin de son ouvrage, " Comment je suis devenu stupide " est un livre de désespoir mais porté avec une teinte d'humour et une force de vie que je bataillais à entretenir. Pour cette raison, c'est un livre très intime.
L'humour n'est pas la politesse du désespoir. C'est une néccessité vitale, une subvertion à opposer au règne de la société.

Pour cette raison, je pense qu'il est essentiel de citer ce paragraphe afin d'éviter tout malentendu sur le sujet épineux du suicide, un projet qu'Antoine, lassé de son intelligence, décide de mettre en application, quelle que soit la manière.

Première étape choisie : devenir alcoolique ! l'idée lui parait si séduisante qu'après avoir bu un demi verre de bière, le voilà plongé dans un coma éthylique ! Autant dire que ce n'est pas gagné ! Si sa première tentative vient d'avorter, il garde l'espoir du désespoir et part en quête de nouvelles idées.

Tout au long de ce récit, Antoine nous entraîne dans son périple suicidaire, en passant par la dégustation d'un macdo débordant de graisse et de frites, au groupe de futurs trucidés.

Ce roman oscille entre du Boris Vian dans " L'arrache coeur " et " La petite fille qui aimait trop les allumettes " de Gaëtan Soucy, tant Matin Page embarque le lecteur dans des situations jubilatoires.

Une lecture très originale et divertissante.
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L'histoire :
Antoine se trouve intelligent, trop intelligent, il pense que c'est cela qui lui gâche la vie et l'empêche d'être heureux, alors il décide d'y remédier... Après une tentative pour devenir alcoolique (assez drôle, l'humour dont parle la 4ème de couverture -clic ci-contre- est dans ce passage, et uniquement dans ce passage... après, il y a bien quelques maigres saillies d'humour bobo parisien, mais rien de très probant), puis un renoncement face au projet de suicide, il décide de venir stupide. bien entendu, il aura pour ça l'aide de la médecine chimique et devra doubler (et jusqu'à quadrupler) les doses, vu son exceptionnelle et incommensurable intelligence...

Mon avis :
Soyons clair : ce livre est nul. C'est dommage parce que le thème aurait pu être passionnant, et les analyses sont parfois justes, même si elles enfoncent un peu des portes ouvertes. Même au second degré, il manque cruellement d'humour, ou alors tellement lourdingue qu'il n'en est même plus drôle. Il est très court, donc je suis allée au bout, et puis je voulais savoir si à un quelconque moment on avait le moindre signal, parce que je me suis demandée à chaque page si c'était du second degré ou pas, ça n'y ressemblait pas, mais le propos était tellement grossier (sur le plan intellectuel et humain, pas du tout ordurier en vocabulaire) que ça me semblait incroyable... Je n'ai d'ailleurs toujours pas tranché la question.
Ce livre est mal construit, répétitif, un peu creux, convenu, et pourtant d'une rare prétention. On dirait un écrit d'un de ces adolescents blasés qui critiquent tout ce qui est d'apparence "normale" ou "ordinaire" sans discernement, pour se sentir exister, en pensant que ça donne un air intelligent. Ici, le narrateur (l'auteur aussi ? c'est bien la question que je me suis posée tout le long du livre...) confond apparence et réalité, et amalgame intelligence, culture, curiosité, hyperconscience et excellence académique, en utilisant absolument tous les clichés du genre : immaturité qui n'a aucune conscience d'elle-même, incapacité à s'habiller correctement (et même vanité de ne pas le faire), pauvreté, surabondance de diplômes inutiles, bonté d'âme, et puis cet insupportable chouinerie permanente "ouin ouin ouin, je suis une pauvre petite victime de ma super grande intelligence, ouin ouin, c'est si dur d'être à ce point supérieur aux autres, ouin ouin, je voudrais tellement être heureux d'être bête comme tout le monde"... le narrateur passe son temps à flatter le héros de qualités (compréhension, tolérance, bienveillance, etc. tous ces blabla à la mode) que les faits racontés bafouent à chaque page, n'arrête pas de dire combien il est intelligent, mais on ne croise cette intelligence que dans les propos des autres et dans ses prétentions, etc.
Bref : un livre prétentieux à l'extrême, pédant, creux, qui essaie de déguiser une phénoménale condescendance et un gros complexe de supériorité en fausse modestie, manichéen n'importe comment, d'une "intelligence" qui n'est qu'une pose convenue et maniérée.
En plus, quasi aucun personnage n'est crédible (quoi que j'en aie déjà connu des dans ce genre...), les situations ne tiennent pas debout pour les trois quarts, tout n'y est que clichés et caricatures vengeresses, bref : tout son intérêt réside dans sa prétention injustifiée. Poussée à ce point, ça devient une curiosité à lire !

La copine qui m'avait conseillé ce livre il y a quelques années disait s'y reconnaître, combien c'était bon de se sentir comprise, etc. Ben moi, j'ai beau avoir été une enfant précoce et être aussi une personne ordinaire (comme quoi, contrairement à ce qu'il affirme avec morgue, c'est possible, le monde humain n'est pas juste coupé en deux ensembles de comportements inconciliables et choix bien distincts...), je ne me suis reconnue que dans de vagues détails épars et très rares... Contrairement à ce que semblent penser le héros et le narrateur (l'auteur ?), ça n'est pas son intelligence qui en fait un être unique, mais sa présomption.

Edit : à la réflexion, ce livre aurait pu être une critique convenue mais sympathique de notre société. Ce qui m'a profondément agacée, outre cette continuelle condescendance prétentieuse, c'est qu'il semble que l'intelligence se définisse ici par une certaine morale et des choix de vie. En gros : est stupide celui qui ne fait pas les mêmes choix que lui. Et l'improbable galerie de portraits d'amis atypique là pour démontrer une prétendue tolérance est vaguement pathétique et inconsistante... argh ! je revenais essayer d'en dire du bien, mais mon agacement reprend le dessus ! Comme quoi, ça touche quand même un point très sensible...

(extraits sur mon blog)
Lien : http://ploufetreplouf.over-b..
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Antoine est un parisien d'une vingtaine d'années… complètement paumé. Ne trouvant pas de sens à sa vie, il décide d'expérimenter de nouvelles manières d'être. Il apprend ainsi à être alcoolique, suicidaire, puis finalement, stupide.
Ce court roman est à conseiller aux fans de cynisme, tant Martin Page manie cet art avec talent. Il n'hésite pas à faire de l'humour sur les meilleures manières de se tuer, de ne plus être intelligent, ou encore de réussir dans la société. Voilà une lecture qui arrive à être légère, sans être bête, parfois délirante mais bien révélatrice de ce que l'on a de plus ridicule dans notre monde….
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Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
C'est comme ça qu'est née la civilisation : parce que des gosses imparfaits n'avaient rien d'autre a faire. Si la nature n'estropiait personne, si le moule était a chaque fois sans faille, l'humanité serait restée une espèce de proto-hominidés, heureuse, sans aucune pensée de progrès, vivant très bien sans Prozac, sans capotes ni lecteur de DVD dolby digital.
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Il avait peu d'amis, car il souffrait de cette sorte d'asocialité qui vient de trop de tolérance et de compréhension. Ses goûts sans exclusive, disparates, le bannissaient des groupes qui se forment sur des dégoûts. [...] Etre pour un contre était pour lui une insupportable limitation de questions complexes. En plus de cela, il possédait une timidité à laquelle il tenait comme à un vestige enfantin. Il lui semblait qu'un être humain était si vaste et si riche qu'il n'y avait pas plus grande vanité en ce monde que d'être trop sûr de soi face aux autres, face à l'inconnu et aux incertitudes que représentaient chacun. [...] Enfin, si, raisonnablement, il croyait en lui-même, il s'efforçait de ne pas trop croire à ce qu'il pensait, car il savait combien les mots de notre esprit aiment à nous rendre service et à nous réconforter en nous dupant.
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Il avait toujours semblé à Antoine avoir l'âge des chiens. Quand il avait sept ans, il se sentait usé comme un homme de quarante-neuf ans; à onze, il avait les désillusions d'un vieillard de soixante-dix-sept ans. Aujourd'hui, à vingt-cinq ans, espérant une vie un peu douce, Antoine avait pris la résolution de couvrir son cerveau du suaire de la stupidité. Il n’avait que trop souvent constaté que l’intelligence est le mot qui désigne des sottises bien construites et joliment prononcées, qu’elle est si dévoyée que l’on a souvent plus avantage à être bête qu’intellectuel assermenté. L’intelligence rend malheureux, solitaire, pauvre, quand le déguisement de l’intelligence offre une immortalité de papier journal et l’admiration de ceux qui croient ce qu’ils lisent.
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Le soleil brillait enfin sur Paris. Les pots d'échappement diffusaient leurs polluants comme les pollens d'une nouvelle ère, ensemençant dans les poumons des Parisiens et des touristes la future flore d'une civilisation malade.
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Comme un sacerdoce, il appliquait la formule de Spinoza : "Ne pas déplorer, ne pas rire, ne pas détester, mais comprendre", cherchait toujours à ne pas juger, même ce qui voulait le blesser et le soumettre.. Antoine était le genre d'âme qui pourrait fabriquer un appareil dentaire pour requin et serait capable d'essayer de l'installer dans sa gueule. pourtant, s'il essayait de comprendre, ce n'était pas de cette manière religieuse qui consiste à tout pardonner avec condescendance. Exagérément peut-être, il voyait sous le vernis de la liberté et du choix la nécessité et la mécanique d'une machine se nourrissant des âmes humaines. En même temps, car il essayait d'être aussi objectif sur lui-même que sur les autres, il constatait qu'en essayant de tout comprendre, il avait appris à ne pas vivre, à ne pas aimer, et qu'on pouvait interpréter son extrémiste probité intellectuelle comme une peur de s'engager dans la vie et d'y occuper une place définie. Il en était conscient et cela participa de sa décision [de suicide].
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