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EAN : 9782070401826
132 pages
Gallimard (13/02/1997)
3.21/5   21 notes
Résumé :
Arrivée dans son adolescence à Batna - petite ville des Aurès - ne cherchant pas vraiment à atténuer son accent alsacien, se tenant à l'écart des fêtes collectives, délaissée par son mari, Madame Arnoul reste une étrangère aux yeux des habitants de la Maison.

Elle n'a qu'un ami: l'enfant, qu'elle rejoint le soir dans la cour. Quand éclatent les événements d'Algérie, Madame Arnoul le sauve d'un attentat, veille à ce qu'il ne soit pas abîmé par le sp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Mon premier "Jean-Noël Pancrazi", un livre que je voulais lire depuis longtemps... Ce ne sera pas le dernier! Une histoire dans L Histoire. Une histoire simple, vraie, émouvante, non partisane, qui nous conte pudiquement les évènements d'Algérie dans une petite ville des Aurès, dans un quartier et même dans une maison. Les phrases sont très longues parfois, ponctuées de virgules ou de tirets et j'ai du m'y attarder, les relire pour les bien enregistrer, mais cela en valait la peine. Un roman très court, allant à l'essentiel, que j'ai bien aimé et que je recommande chaleureusement. Jean-Noël Pancrazi est vraiment un écrivain à découvrir, à lire...
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Madame Arnoul, folio 130 p. prix France-Inter 1995

Une enfance algérienne.
Plus qu'un récit, c'est par Jean-Noël Pancrazi, une évocation de l'Algérie d'avant la guerre, tableau assez idyllique, nourri de sensations de l'enfance (couleurs, goûts et parfums) avant les attentats puis le départ précipité vers la France, suscité par « une peur collective ».
La « Maison » du narrateur abrite une petite communauté d'Européens de diverses conditions, où, malgré une convivialité de façade, les classes sociales conditionnent les rapports humains :
« Monsieur Vizzavona, avec le dédain apitoyé de meneur de communauté [..] jugeait qu'on s'apparentait aux indigènes - ou qu'on risquait de dériver vers eux - dès lors qu'on ne respectait pas au moins une apparence d'aisance ou de désinvolture financière, qu'on n'adoptait pas ce fameux « coulage » en matière de lumières de vêtements et de voiture qui était pour lui le garant d'une suprématie européenne et devait en assurer la pérennité. »
L'enfant ressent et transmet les impressions d'alors, en particulier une affection réciproque avec Madame Arnoul : ils comprennent leurs silences et entretiennent une discrète complicité journalière. Leurs confidences sont muettes, et se traduisent par le réconfort mutuel qu'ils s'assurent en permanence.

« le soir où il m'avait semblé distinguer des dizaines de corps enflammés qui dévalaient les pentes de la montagne d'Aïn Timor avant de basculer et de disparaître dans le noir des anciennes carrières de marbre, le vent de soufre, de bois et de chairs brûlés qui atteignait la terrasse me glaçait d'une colère impuissante et triste que seule atténuait la main de Madame Arnoul, venue sans un mot se placer à mes côtés. »
A l'école une amitié précieuse avec Mohammed Khaïr-Eddine ( ce n'est pas le poète marocain) crée une autre oasis affective, consciente du fossé matériel et mental entre les deux communautés.

« Tous deux étaient heureux d'affirmer une égalité dont personne ne voulait autour de nous. Nous nous inventions ainsi une petite république à deux, une enclave de paix, un pays rêvé où il n'y aurait que des classes à l'infini, où la seule rumeur serait celle du crissement des craies sur les ardoises et les seuls drapeaux ceux dessinés à fêter les élèves qui, montant sur une tribune, tiendraient leur diplôme de bourse blotti contre le coeur. »

J'ai apprécié la finesse de touche de l'écrivain, son approche nuancée sur les soldat français du contingent, son habileté à traduire l'implicite, notamment dans ses amitiés et les choix de société de madame Arnoul.
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Quelques années avant la décolonisation algérienne, "la Maison", à Bitna, abrite dans les appartements au sud des familles françaises, le directeur de la minoterie Monsieur Vizzavona et la famille du narrateur. 

Dans un appartement exposé au nord, réside Madame Arnoul, une alsacienne dont le mari la dédaigne au profit du café local et des filles du bordel local.

Sans enfant, elle reporte son surplus de tendresse sur le narrateur, qu'elle rejoint sur le banc ombragé de la cour où il révise ses leçons, l'arrose d'eau fraîche pendant les après midis d'été caniculaire, l'emmène au cinéma.

Un jour, elle le sauve d'un attentat alors qu'ils se trouvent dans un café. 

C'en sera fini des balades en ville ... 

Des soldats s'installent dans la Maison.

Une ségrégation entre communautés est mise en place.

La famille du narrateur sera la dernière à quitter la Maison pour un dernier trajet en voiture et une traversée en bateau vers un pays où il n'y aura plus jamais de tels étés.

Au travers des yeux d'un enfant au seuil de l'adolescence, Jean Noël Pancrazi arrive à nous emmener dans ces derniers jours d'un monde, à pointer du doigt les aberrations de la colonisations, les séparations entre camarades rivaux scolaires nés dans des communautés opposées, les premiers émois et l'amitié profonde qui peut se créer entre une femme et un enfant 

Un roman tendre, teinté de poussière nostalgique come de sable soulevé par le sirocco.

Un auteur que je découvre au hasard d'un challenge qui demandait, ce mois-ci, à lire des lauréats du Prix du Livre Inter (1995).

Une belle découverte. 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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L'amitié, la fraternité et la nostalgie d'une Algérie révolue est le thème principal de ce livre.
Toute la beauté et l'amour d'un pays transparaît tout au long du livre, l'amitié y a une place prépondérante entre trois êtres que tout sépare.
Bel hommage à un pays, et à la tolérance.
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Il faut vraiment avoir rien d'autre à lire.
Pas terminé !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait une telle peine dans le cimetière, le surlendemain, alors qu'on descendait en terre les cercueils où reposaient mes camarades dans les chaussons blancs et les tuniques bleues qu'ils auraient dû porter, quelques jours plus tard, pour la fête sportive du lycée. Avant qu'on ne les refermât, j'avais contemplé leurs visages aussi calmes que l'après-midi où, exténués par les répétitions des figures d'athlétisme, ils s'étaient endormis près de leurs cerceaux, sur les tapis en linoléum du gymnase encerclé par la tempête de sirocco. Ils paraissaient soudain si sages, les élèves de la 6eS, dont on disait qu'ils étaient les plus turbulents du lycée (...)
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Plus personne ne traversait la cour. Mais un après-midi, le battant du porche, avec sa "serrure spéciale" cassée qui menaçait de se décrocher à chaque saccade de vent, grinça. C'était Mohammed Khair-Eddine qui s'avançait, à la fois gêné et rayonnant d'orgueil comblé. Malgré la fournaise de juin, il portait à même la peau le pull-over à losanges jaunes et noirs que je lui avais donné le soir où il était venu travailler à la Maison. Il ne me dit rien d'abord, se contenta de sortir de sa poche et de me tendre, pour que je la garde, une photographie : nous étions côte à côte, devant le portail de l'école, un matin où il commençait à neiger sur les Aurès. "Avec qui je vais me battre maintenant?..." me dit-il avec une lassitude qu'il n'arrivait pas à rendre ironique, comme s'il avait escompté que notre antagonisme amical durerait toute la vie.
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J'avais toujours hâte que le dîner se terminât car ce serait neuf heures et demie, le moment où elle se postait, comme moi, derrière une fenêtre pour regarder apparaître, au-dessus des collines d'oliviers, le D.C.3 de la compagnie Air Algérie dont les ailes miroitaient sous les sillons d'huile et les plaques de sable qui s'étaient incrustées sur la tôle au cours de l'escale de Biskra. En descendant, il rasait de si près les maisons que les roues paraissaient devoir arracher une part de toit ou de balustrade. Les hublots étaient si éclairés et proches qu'on pouvait distinguer les visages des passagers luxueux qui revenaient de Métropole (...)
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Notre amitié, presque silencieuse, déplaisait car nous donnions l'image d'une solidarité qui n'était pas de mise. Aussi le sous-directeur convoqua ma mère pour s'indigner que je préfère la compagnie des musulmans à celle des Européens. Elle s'était aussitôt écriée qu'il était indigne pour un éducateur d'avoir de tels préjugés. sa tolérance s'approfondissait à mesure qu'on la ruinait autour d'elle.
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Quand l'ombre recouvrait à nouveau les Aurès, on ne gagnait pas aussitôt les chambres. Les hommes de la Maison s'attardaient à commenter les combats et, devant d'imaginaires cartes d'état-major, s'improvisaient stratèges d'un soir. Ils croyaient connaître le moindre recoin de ces massifs qu'ils n'avaient traversés que pour installer leurs pique-niques de Pâques autour de la source des Fiancés, à présent ensevelie sous les cendres. Ils souhaitaient que les combats s'intensifient, qu'on "réglât toute cette affaire en quelques semaines".
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Videos de Jean-Noël Pancrazi (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Noël Pancrazi
« Cela faisait plus de cinquante ans que je n'étais pas revenu en Algérie où j'étais né, d'où nous étions partis sans rien. J'avais si souvent répété que je n'y retournerais jamais. Et puis une occasion s'est présentée : un festival de cinéma méditerranéen auquel j'étais invité comme juré à Annaba, une ville de l'Est algérien, ma région d'origine. J'ai pris en décembre l'avion pour Annaba, j'ai participé au festival, je m'y suis senti bien, j'ai eu l'impression d'une fraternité nouvelle avec eux tous. Mais au moment où, le festival fini, je m'apprêtais à prendre comme convenu la route des Aurès pour revoir la ville et la maison de mon enfance, un événement est survenu, qui a tout arrêté, tout bouleversé C'est le récit de ce retour cassé que je fais ici. » J.-N. P. Jean-Noël Pancrazi est l?auteur de nombreux romans et récits, parmi lesquels "Les quartiers d?hiver", "Tout est passé si vite", "Madame Arnoul" et "La montagne".
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