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EAN : 9782070144518
144 pages
Gallimard (27/02/2014)
3.22/5   9 notes
Résumé :
Indétectable raconte au plus près la vie de Mady, sans papiers, sur le qui-vive depuis qu’il est venu d’Afrique, il y a dix ans. On le suit dans ses parcours limités à travers Paris, ses peurs, ses détresses, ses démarches inabouties, son amour difficile pour Mariama. On le voit aller d’abri en abri, trouver un temps refuge chez le narrateur, rejoindre parfois ses camarades au foyer, ce petit palace déglingué du Père-Lachaise où l’on palabre, se retrouve, et se tien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Mady T. un jeune Malien est un sans-papiers. Dix années passées sur le territoire français avec l'attente du sésame qui rendrait sa présence légale. Dix années à dormir dans le foyer du Père-Lachaise avec ses frères, les petits boulots pour expédier de l'argent à la famille au pays et acheter des cadeaux à Mariama celle qu'il aime, la mère de son fils qui habite aussi à Paris. Mais surtout faire comme si de rien n'était et se rendre indétectable quand il croise des policiers.

Non seulement, Jean-Noël Pancrazi a connu Mady mais il a été plus loin en se rendant coupable d'un acte répréhensible en l'hébergeant. Il a l'aidé dans le dédale des démarches administratives et a essayé d'apprendre à écrire à celui qui l'appelait "le toubab". Mais il aura fallu d'un 13 juillet pour que tout change. Mady est arrêté et conduit au centre de rétention de Roissy. Un lieu où l'on espère ne pas voir son nom sur la liste de ceux qui partiront (un retour en pays en charter sans cadeaux pour la famille) et pourtant le nom de Mady sera affiché sur la liste.

Et Jean-Noël Pancrazi raconte. Il raconte les combines de ceux que sont appelés clandestins, les mensonges pour avoir une chance, les petits trafics mais aussi la solidarité ébréchée entre eux. L'espoir qui habitait Mady et ces vies "souterraines" dans Paris.

Aucun pathos mais de la dignité pour rendre visible l'existence de Mady. Une écriture sublime où la colère se réveille et où l'auteur sait également avec humilité ne pas se donner le beau rôle. Un récit juste qui m'a beaucoup touchée!
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« Indétectable » est un récit à l'écriture affolée… de celle qui nous prend pour consigner les belles heures que l'on a peur d'oublier mais aussi les manques après une perte cruelle, ou de celles qu'on utilise lors d'une fuite en avant, pour que chaque souvenir qui a fait une vie s'imprègne à jamais dans les veines du papier. Jean-Noël Pancrazi s'y essaie donc doublement dans ce court récit après l'arrestation de Mady, jeune protégé en situation irrégulière. Et l'on assiste à un florilège de la vie de Mady qui s'entrecroise avec celle de l'auteur, dans un Paris parallèle où les clandestins tentent malgré tout de vivre, d'aimer, et surtout d'accéder à une liberté toute illusoire, sorte d'Eldorado où il y a beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Pancrazi, tout aimant qu'il soit, garde toujours une certaine honnêteté dans son récit, si proche d'une réalité qu'il en devient palpable, provoque le malaise et nous émeut par sa sincérité. le livre est sorti cette année, quelques mois avant le film « Samba » au sujet similaire. Et là où les réalisateurs n'ont cherché qu'à toucher maladroitement les cordes sensibles du grand public, Pancrazi lui, écrit vrai, sans fioritures sentimentales, juste des sensations, des impressions, de réminiscences d'une rencontre humaine exceptionnelle. Il ne se fait pas le porte étendard d'une cause. Juste nous susurrer que Mady, a droit lui aussi à trouver le bonheur. Eprouvant !
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On ressent à la lecture de ce texte que l'auteur a été partie prenante de ce qu'il raconte et que sa compassion pour les sans papiers est réelle. Mais je n'ai pas aimé ce style où l'on se perd dans des phrases qui n'en finissent pas, accumulations de sensations, de virgules, de tirets, au point qu'on finit par ne plus savoir de qui ou de quoi on parle. le fond est louable, on le devine touchant de vérité, mais la forme et un sentiment de répétition font sembler très long ce petit livre d'à peine 130 pages, que j'ai eu beaucoup de mal à finir. A ne pas lire le soir quand la fatigue de la journée affaiblit l'attention.
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Si Indétectable, le texte de Jean-Noel Pancrazi, peut paraître court – 136 pages -, il est très dense et particulièrement difficile à lire. La faute à des phrases longues, entrecoupées par des points virgules intempestifs. Une préoccupation très forte de l'auteur de ce roman s'est focalisée sur un style résolument recherché. Oui, mais pour porter quel discours ?

Le roman se construit, à priori, autour du personnage de Madi. Il est Malien. Il est sans-papier. Avec trois autres amis, il a abandonné un emploi rémunéré en Afrique pour faire l'aventure en Europe. Les fortunes de ce groupe sont diverses. Certains ont réussi à intégrer la société française, du moins d'un point de vue administratif. Mady lui erre. Il a été intercepté par la police la veille du 14 juillet. Un narrateur parle de lui. le narrateur exprime aussi ses propres états d'âme. Un regard chargé de compassion, de culpabilité à l'endroit Mady. On devine le lien protecteur et son attachement à l'endroit de Mady. Lentement, par des développements élaborés, des descriptions de l'univers conté par le sans-papier qui aurait aimé être indétectable, le narrateur parle pour celui qui n'est plus là, celui qui est parti, celui qui a été expulsé. Il revisite donc les lieux principaux que Mady a fréquentés en France, il décrit son entourage. Il nous parle de Mariama, une femme aimée par Mady. Il poursuit l'exploration de l'univers sombre dans lequel cet homme est plongé. Un monde qui pourrait faire penser à une époque tragique de l'histoire française. Un filet qui va se déployer sur lui. Il pose des mots pour décrire la Zapi (Zone d'attente pour personnes en instance)

On a le sentiment, en lisant, Jean-Noël Pancrazi que la condition du sans-papier en France est celle d'un animal traqué. Certes une fiction trace un sujet singulier qui ne se veut pas être le portrait général sur les conditions de vie des clandestins en France. Mais Pancrazi joue-t-il une note juste, aussi spécifique soit-elle ?

On peut en douter. En alternant les points de vue entre le narrateur et Mady, il tente d'avoir un point intérieur et extérieur. Mais, le narrateur fait dans le charitable et surtout un paternalisme assumé. Infantilisant l'immigré sous prétexte qu'il n'existe pas administrativement, il réduit son humanité, sa dignité. Il est un garçon, un enfant reconnaissant.
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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Les sans-papiers et leur misère est un sujet qui ne peut laisser indifférent.
J'étais attirée par ce livre document.
Le style a été une surprise: moi qui aime les longues phrases , très longues, j'ai été comblée.
Par curiosité, j'en ai cernée une : quatre pages !
C'est une accumulation de pensées, de gestes, d'avancées, de retours, qui donne un caractère lancinant. La détresse pénètre le lecteur, s'enracine.

Je dois avouer toutefois que j'ai peiné vers la fin; Trop de densité.
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critiques presse (2)
Lexpress
04 avril 2014
Jean-Noël Pancrazi fait sienne l'errance des sans-papiers de Paris. Plongée dans la clandestinité, la rage au coeur.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
18 mars 2014
Jean-Noël Pancrazi rend dignité et humanité à un homme sans papiers ni visibilité. Un plaidoyer pour le respect des hommes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
...même si les rendez-vous n'avaient pas toujours lieu: car c'était l'échange qui comptait avant tout pour lui, la justesse même rêvée de la balance dans l'amitié qui lui apportait les seuls instants de paix. (p.23)
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l prenait, en sortant et si discrètement, une photo, sur le côté, au bout du hall, captant ce qu'il y avait encore de solennité et d'or, comme pour éterniser pour lui-même le moment où on l'avait admis dans le plus beau théâtre de Paris, qu'il montrerait peut-être, plus tard à ses camarades du foyer, mais ce n'était pas sur; il avait trop de dignité et la discipline du secret pour leur révéler et s'en flatter. Un jour, ce serait à son tour de m'inviter, me disait-il à la terrasse du café où nous étions assis ensuite (...). Il suffisait d'un atome de bien qu'on faisait, qu'on lançait, et tout le bien revenait avers vous par le ciel : c'était ce qu'on lui avait appris quand il était tout petit au village, ce qu'il gardait dans le cœur depuis toujours.
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Ceux qui s’éloignaient sans rien dire, refermés sur ce « oui » terrible, qui contenait à lui seul tout le malheur de la terre, se retiraient vers ce qui leur tenait lieu de chambre, sans avoir rien à emporter – même pas de valise, même pas le petit cadeau, le foulard qu’ils auraient pu acheter au dernier moment, ce soir, Ménilmontant -, tout seuls, avec le chapelet qui ne servait à rien, c’était la volonté de Dieu, cet avion qui allait les emmener, la France s’en allait, avec les lumières des magasins, les boulevards, le prochain Noël qu’ils ne verraient pas, ceux qu’ils laissaient au foyer, cette France qu’ils n’arrivaient pas à détester, à accuser, ils étaient trop fatigués, n’avaient pas assez de forces pour être indignés
p.51-52
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(...) Comme s'il continuait à attendre l'autobus de nuit-mais il n'y en avait plus- le soir où je l'avais aperçu la première fois, seul entre deux directions, deux rues, deux foyers où il n'était pas sûr qu'on l'accueillerait, n'osant même pas demander son chemin, s'il y en avait un, ayant seulement besoin d'une fenêtre éclairée, là où il pourrait monter, se reposer, où il cesserait d'être égaré, mouillé, isolé, humilié jusqu'au coeur. (p.29-30)
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Il semblait me regarder de loin ; il ne me reprochait rien, pourtant j’aurais pu faire de lui, comme il y avait pensé sans doute, un fils, au lieu de me contenter de l’accompagner au service des Rendez-vous, en espérant que cela serait plus facile à la préfecture en été
p.113
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Videos de Jean-Noël Pancrazi (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Noël Pancrazi
« Cela faisait plus de cinquante ans que je n'étais pas revenu en Algérie où j'étais né, d'où nous étions partis sans rien. J'avais si souvent répété que je n'y retournerais jamais. Et puis une occasion s'est présentée : un festival de cinéma méditerranéen auquel j'étais invité comme juré à Annaba, une ville de l'Est algérien, ma région d'origine. J'ai pris en décembre l'avion pour Annaba, j'ai participé au festival, je m'y suis senti bien, j'ai eu l'impression d'une fraternité nouvelle avec eux tous. Mais au moment où, le festival fini, je m'apprêtais à prendre comme convenu la route des Aurès pour revoir la ville et la maison de mon enfance, un événement est survenu, qui a tout arrêté, tout bouleversé C'est le récit de ce retour cassé que je fais ici. » J.-N. P. Jean-Noël Pancrazi est l?auteur de nombreux romans et récits, parmi lesquels "Les quartiers d?hiver", "Tout est passé si vite", "Madame Arnoul" et "La montagne".
+ Lire la suite
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