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Les Cités Obscures, HS tome 13 sur 13

François Schuiten (Illustrateur)
EAN : 9782203343221
40 pages
Casterman (17/10/2005)
4.27/5   13 notes
Résumé :

Après la série d'albums Les Cités obscures, qui mettait en scène " le futur du passé ", François Schuiten et Benoît Peeters se sont lancés un nouveau défi : rêver l'avenir de notre monde, se risquer à une véritable prospective, dans la lignée des visions de Jules Verne et de Robida. En ces grandes pages d'un journal imaginaire, Schuiten et Peeters évoquent quelques scénarios plus o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je suis une adepte de Benoît Peeters, écrivain et scénariste BD, et François Schuiten, dessinateur, mais vous ne le savez pas encore... car je n'ai jamais écrit de critiques sur Les Cités obscures, leur série-phare, et à peine sur le reste : une critique sur une expo montée par François Schuiten au Musée des Arts et Métiers à Paris, et c'est bien tout. Et pourtant, et pourtant... Je les lis depuis 1992, sans compter que j'aime beaucoup écouter Benoît Peeters lorsqu'il intervient sur divers sujets dans des émissions de Radio France.


Donc, on ne parlera pas ici des désormais célèbres Cités obscures, mais de leur projet voisin et parallèle qui explore des futurs possibles, utopiques ou dystopiques. Est-ce que Les Portes du possible (indûment rangé dans la case "Cités obscures" sur la fiche Wikipédia de Benoît Peeters, ah la la !) a été le départ de ce projet ? J'avoue que je ne sais plus très bien, vu qu'il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver dans toutes les productions de ce duo. Car non contents de sortir des BD régulièrement depuis les années 80, ainsi que des ouvrages aux formats originaux (sortes d'albums pour adultes illustrés), ils travaillent dans de nombreuses directions.


À quoi ressemble donc cet album que je viens tout juste de relire, et qui n'est pas une BD ? (Ne vous fiez pas aux étiquettes trompeuses de la fiche Babelio, malheureux !) C'est un grand livre, de la taille d'un livre d'art, mais cartonné comme les albums pour les tout petits, et qui doit se tourner pour être lu. Vous vous trouvez alors devant des double-pages de grands articles de presse. C'est donc un journal que tenez en main, ou du moins quelques archives d'un journal (qui sait ?), journal qui semble bel et bien belge, et dont les envoyés spéciaux ont parcouru la planète pour rapporter des évènements concernant la mutation des villes, l'architecture (deux sujets auxquels nous ont habitués Les Cités obscures), mais aussi l'écologie, les modes de transport, la génétique, le rapport des humains à la nature et aux animaux, les crises sociales et sociétales, le rapport au travail, la crise de l'eau, le changement climatique, et j'en passe. On nous propose vingt articles issus d'un futur possible, ou plutôt de nombreux futurs possibles, dans un parfait désordre chronologique, datant de 2011 à 2046.


Vous avez compris : bien des sujets d'actualité aujourd'hui, et déjà d'actualité en 2005 (date de publication de l'album), sont traités ici, à travers les dessins toujours aussi léchés de François Schuiten et les textes malicieux de Benoît Peeters. En effet, ce n'est pas parce qu'on parle de sujets tout à fait sérieux qu'on ne peut pas les traiter avec humour ; et de l'humour, cet album n'en manque certes pas ! Au-delà de la veine satirique qui sont la marque de ces articles, s'appropriant certains défauts criants de la presse écrite et télévisuelle, j'ai repéré pas mal de clins d'oeil.


Ainsi, on trouve un Tintin tout droit sorti de Tintin au Congo, une allusion au psychanalyste Serge Tisseron (qui a écrit, comme Benoît Peeters, sur Hergé), ou encore un article sur un cochon nommé Ropsa, dont l'illustration ne peut que rappeler Félicien Rops. le clou, c'est l'hommage à E.P. Jacobs via un article mentionnant une faute d'orthographe aux fâcheuses conséquences (château de "Trou Salé" au lieu de "Troussalay")... Ceux qui ont lu S.O.S. Météores comprendront ! Et les autres doivent absolument lire cet album de Blake et Mortimer, ça va de soi. Bref, j'ai l'impression que nos deux compères se sont un peu plus lâchés que d'habitude (et je suis presque sûre qu'on voit Benoît Peeters dessiné dans une des illustrations). Et on doit pouvoir trouver de nouveaux clins d'oeil à chaque nouvelle lecture.


Les Portes du possible est par conséquent un bel objet, un bel album comme Peeters et Schuiten nous y ont habitués, drôle (ce qui est moins habituel), et qui pose beaucoup de questions sur l'avenir que nous bâtissons actuellement et sur le monde dans lequel nous voulons vivre... ou bien sur le monde dans lequel nous ne voulons surtout pas vivre.

Lien : https://musardises-en-depit-..
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A quoi ressemblera le Futur ? Les hommes consacrent des efforts considérables à imaginer de quoi notre avenir sera fait dans 50 ou 100 ans. Mais plus encore que pour les prévisions météorologiques, un battement d'aile de papillon suffit à rendre caduque les modèles qui semblaient les plus solides. On attend toujours les voitures volantes, ville sous-marines et colonies lunaires promises promises depuis déjà 50 ans. Par contre, rares sont ceux qui avaient prévu le développement de la téléphonie mobile ou l'extension hallucinante d'internet. Je me rappelle de cette blague qu'on racontait quand j'étais môme, il n'y a pas si longtemps. Dans une gare, un homme demandait l'heure à un voyageur chargé de 2 énormes valises. le voyageur lui répond et en profite pour faire admirer sa nouvelle montre ultra-moderne, qui fait également office de calculatrice, agenda, jeu électronique, appareil-photo, et j'en passe... Épaté, l'homme lui propose de racheter cette merveille. le voyageur accepte pour 200 balles (5 euros, je vous parle de temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître quand chaque pays possédait encore sa propre monnaie). L'homme s'apprête à partir, sa nouvelle montre au poignet lorsque le voyageur le rappelle et, désignant les 2 valises, lui lance: "N'oubliez pas les batteries !". Si, si, à l'époque, cette histoire était drôle. Je vous jure. mais le développement technologique l'a désormais rendu aussi obsolète que les téléphones portables qui ne servent bêtement qu'a téléphoner.
Pourtant "inventer le futur" continue de séduire, mais il est vrai que les visions qui en résultent se révèlent souvent plus éclairantes concernant les préoccupations contemporaines.. A leur tour, Schuiten et Peeters s'adonnent donc à ce périlleux exercice. Ils transposent nos inquiétudes contemporaines dans un futur hybride, qui tient autant de notre univers que de l'univers parallèle des Cites Obscures qu'ils explorent depuis près de 25 ans. Il entretiennent d'ailleurs une amusante ambiguïté, comme si notre monde avait bascule de l'autre côté, de Bruxelles à Brusel, de Paris à Parij... Ils se dégagent ainsi de toute tentation littérale pour proposer des visions tantôt poétiques, tantôt ironiques, tantôt inquiétantes. Sous la forme de "Une" fictives de journaux, ils explorent une vingtaine de sujets d'actualité, grossissant volontairement le trait, osant de réjouissantes exagérations. de leurs conjectures, ils ouvrent autant de portes vers de futurs possibles.
Fidèles à leur ville, Schuiten et Peeters ouvrent leur réflexions sur Bruxelles qui, en 2030, délaissée par les institutions européennes, a connu un exode massif, la laissant inhabitée a 80%. Que faire des quartiers désertés ? Pas question de les raser tant la folie de classement qui frappa la ville dans les décennies précédentes a rendu impossible de mener une politique cohérente en matière de gestion urbanistique (après la satire de la Bruxellisation qu'ils proposaient dans Brusel en 1992). La seule solution semble etre la pétrification de quartiers entiers afin de les préserver, quitte à les rehabiliter plus tard, lorsque le besoin s'en fera sentir. Et d'envisager déjà de mettre certains quartier sous eaux afin de transformer Bruxelles en une nouvelle Venise, en négligeant l'aspect vallonné de la ville.
Les autres sujets sont à l'avenant: un nouvelle race de coléoptère résistant à la pollution devenue nouvelle coqueluche de Tokyo, la fin de l'industrie lourde en Europe qui initie un mouvement quasi-sectaire de nostalgiques du travail, la mégalomanie galopante dans les rites funéraires, le recyclage et le tri sélectif des ordures qui atteignent des extrémités ubuesques, le Berlaymont devenu un centre de vacances à la Centerpark, les problèmes de mobilités a Montréal, qui opposent piétons et échassiers...
On l'aura compris, Schuiten et Peeters n'ont pas la prétention d'imaginer le Futur, mais d'ouvrir des portes vers des futurs possibles. D'ailleurs, leur fidélité aux Cites Obscures confèrent à leurs visions une patine désuète, images d'un futur déjà révolu. Et pourtant... ces portes du possibles offrent une réflexion très intéressante sur le devenir de l'humanité.
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Les portes du possible se présente sous la forme de faux articles de journal.
Les historiettes sont bien distinctes les unes des autres, et chaque planche/article, à raison d'une par double page, explore un aspect d'un futur potentiel se situant généralement autour des années 2020/2040: projets d'urbanisme ou architecturaux, évolutions technologiques, tendances ou portraits de célébrités, chaque sujet est richement illustré en couleur de la plume talentueuse de François Schuiten tandis que son comparse Benoît Peeters se charge des mots.
L'anticipation n'est pas toujours réaliste, car elle convoque des situations technologique ou géopolitiques peu crédibles d'après notre situation actuelle, mais elle n'en est pas moins toujours très inventive et intelligente, effleurant à demi mots des sujets plus actuels et invite le lecteur à s'interroger sur l'univers qui accompagne chaque histoire...
Aussi riche et techniquement maitrisé soit-il, le style graphique de Schuiten peut sembler un peu désuet, mais je trouve en fait au contraire les portes du possibles assez intemporel, et c'est un très bel album, que je recommande tout à fait.
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En 2005, le dessinateur François SCHUITEN et son acolyte, l'écrivain Benoît PEETERS (tous deux auteurs de bandes dessinées dont j'aurai sûrement l'occasion de parler ici), s'associent une fois de plus, pour donner naissance à une création hors du commun :

une série de 20 planches représentant des articles d'un journal à paraître entre 2011 et 2046, « Les Portes du Possible ».

Ces planches (en format vertical double page), mêlant gravures en couleur et textes, sont publiées par différents journaux belges et paraissent en même temps dans « Courrier International », de février à juin.

Elles sont ensuite, en octobre, reprises dans un album (24cmx35cm) aux pages cartonnées (comme celles des livres pour tout petits), intitulé « Les PortSur un mode ludique, Schuiten et Peeters imaginent quelques scènes du futur, abordant au passage de grands problèmes contemporains comme l'écologie ou les progrès de la génétique.

Au fil des pages, on découvre ainsi, entre autres : la transformation de l'ancien siège du Parlement Européen en un grand centre de loisirs ( Europark ) ; la création de voitures-cocons et de maisons mobiles, les « Toitures Nomades » (avec lesquelles on peut partir en vacances) ; l'invasion d'immeubles londoniens par des bambous transgéniques ; l'indéfectible attachement d'une petite fille pour le cochon censé lui servir de réservoir d'organes etc.

Les articles (comme dans les « vrais » journaux) mêlent reportages et interviews, s'attachant à conférer à l'ensemble un indéniable caractère d'authenticité, alors que la fantaisie et l'imagination des auteurs ne connaissent, comme d'habitude, pas de limite.

La richesse d'un graphisme classique et fouillé, qui fait toujours la part belle aux architectures extraordinaires, animé par des couleurs en demi-teintes, donne aux visions des deux artistes toute leur ampleur.

Un bel album original (qui fait partie de ma collection de BD), à découvrir ou à redécouvrir !es du Possible ».

Lien : http://surmesbrizees.wordpre..
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Les auteurs mettent leur puissance créative hors norme au service du futur et de projets fous, poétiques et grandioses. Dessinés avec talent et mis en scène, ce sont aussi autant de réflexions sur les transports en communs ou individuels automatisés, la place de la nature, le logement, la science et son jeu dangereux avec l'ADN, la gestion de l'eau et encore d'autres idées magnifiques.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Voitures-cocons (Porte12)
En voulant reprendre manuellement la conduite, ils n'ont réussi qu'à enclencher le système de sécurité. Toutes les fonctions du véhicule se sont bloquées, à commencer par le chauffage. Frigorifiés, Arnold et Gilda ont dû attendre plus de deux heures avant qu'on vienne les secourir. Ce n'est que le lendemain qu'ils ont pu rejoindre le château de Troussalay, pour un week-end bien écourté.
Le couple, furieux, était prêt à demander le remboursement du véhicule. Mais selon le constructeur de la voiture-cocon, l'erreur serait en réalité humaine : Arnold aurait indiqué "Trou Salé" et non "Trousssalay" au programmeur de conduite. "L'orthographe et lui, ça a toujours fait deux", a reconnu sa compagne. Mais le plus étonnant est que, tout au charme du voyage, Gilda et Arnold ne se soient jamais aperçus de leur erreur. "Une preuve supplémentaire du confort de ce véhicule", souligne Étienne Parizet. "À se demander s'ils avaient réellement besoin d'une chambre d'hôtel !"
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Bruxelles-sur-Senne (Porte 1)
L'année 2030 est décidément pour Bruxelles celle de tous les changements. Tandis que le travail de pétrification se poursuit à vive allure et que les protestations se font de moins en moins nombreuses, une nouvelle opération de grande ampleur vient d'être lancée : la mise sous eau de plusieurs quartiers.
Lors de la cérémonie d'inauguration de la première rue, Mme Mary-Lou Delafosse, Ministre des Cinq Communes et du Tourisme bruxellois, n'a pu cacher sa fierté.
"Venise et Bruges n'ont qu'à bien se tenir. Car voici que Bruxelles devient à son tour une ville d'eau. Il y a cent cinquante ans, Bruxelles avait fait disparaître sa rivière, la Senne, en la transformant en égout. Aujourd'hui, notre Cité se réconcilie avec son histoire. Grâce à la pétrification, les maisons sont devenues étanches. Nous avons voulu prolonger cette idée en lui donnant sa véritable dimension..."

Bruxelles pétrifiée - Un bicentenaire d'eau et de pierre
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Vidéo de Benoît Peeters
FESTIVAL DES UTOPIALES 2023 Rencontre avec Benoît Peeters & François Schuiten
Depuis 40 ans, ce duo de choc, auteur et dessinateur, écume la science-fiction, nos librairies et nos bibliothèques. Expérimentateurs depuis toujours, ils passent d'un renouvellement à un autre dans une esthétique architecturale aussi post-moderne que citadine. Déambulation dans leurs villes aux futurs antérieurs.
Moderateur : Olivier Cotte
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