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EAN : 9782350870267
552 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (18/05/2006)
3.94/5   41 notes
Résumé :

" Ils m'ont appelée la Rouge Bête. Ce n'était pas méchantement. " C'est Esdeline Favier, née en 1733 aux Ordons du Haut, qui parle. Elle va vous entraîner de ses Vosges natales aux Amériques, non sans revenir sur les rives de la Moselle. Tour à tour bergère, pirate, cavalier, planteur, la Rouge voguera sur un roulier de nègres, prendra les armes, hissera le pavillon noir, libérera des esclaves de S&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est un véritable roman d'aventure que de voyager dans les pas d'Esdeline Favier.

Née sous le règne de Louis XV, la petite bergère des Vosges va être entraînée malgré elle dans un parcours romanesque sans précédent pour une femme de son époque. de son troupeau des collines aux rivages de Louisiane, à la poursuite d'une histoire d'amour improbable, il lui faudra survivre dans un monde d'hommes, être pirate, planteur, anti-esclavagiste, un parcours hors du commun qui lui vaut le surnom de Rouge Bête. Et la vengeance est un plat qui se mange froid…

Subtilement construites en trois supports narratifs, les aventures de la belle rouquine se racontent en harmonie, à la première personne, avec un journal et par un observateur qui recentre les situations dans leur contexte historique. La lecture est ainsi variée et addictive.

Pierre Pelot se fait lyrique, aidé par cette faculté de conteur passionné et foisonnant, pour ressusciter une époque, brosser un personnage attachant par sa rage de vivre.
Mais comment fait-il donc pour nous embarquer ainsi dans un roman dont le thème peut paraître rabâché et convenu ?
Il est orfèvre en images recomposées, où les hommes et femmes bougent en costumes d'époque, avec fougue et panache. Il réinvente des gestes, des mots, des existences oubliées.

Il y a du Caroline Chérie dans ce roman. C'est sans conteste une invitation au voyage, épique et flamboyante.
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Un roman d'aventures, et d'amour, et historique, et bien écrit !!! Je découvre cet auteur grâce à ce roman qui nous emmène au XVIIIème siècle. Emeline, 6 ans, vit en Louisiane et elle adore la bibliothèque de la maison. Elle y trouve un étrange manuscrit et c'est avec Hiawana, une femme noire qui vit là, qu'elle va le lire. Elle découvre l'histoire d'Esdeline.
Dans la campagne vosgienne, Esdeline Favier vit avec sa mère et son beau-père violent. Elle préfère s'occuper des chèvres et dormir avec elle plutôt que de côtoyer cet homme. On la surnomme la Rouge Bête, à cause de sa chevelure rousse flamboyante et son caractère qui la pousse plus vers les animaux que vers les humains. Jusqu'à sa rencontre avec Cauvin Sauvé, le neveu du voisin. Il l'apprivoise et c'est avec douceur qu'il la persuade de partir avec lui en Nouvelle France. La décision fut vite prise : vendue par son beau-père, l'oncle de Cauvin réclame maintenant ses droits sur elle !
Et c'est dans une aventure périlleuse que la jeune femme s'embarque : son compagnon n'est peut-être pas aussi fiable que cela, la traversée est bourrée d'embuches, …
J'ai beaucoup apprécié le voyage dans le temps que nous procure ce roman : par les personnages et les événements bien sûr mais aussi par le phrasé et le vocabulaire employé.
Une très belle découverte (et il y a une suite !)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
De cet endroit sous la lisière, on n'apercevait rien du creux profond de la vallée où se trouvaient les maisons; l'inclinaison de la pente était trop forte. Au bas du pré, à une centaine de pas, la broussaille non sarpée et le hallier de charmilles et de hêtres trop hauts empêchaient la vue de glisser plus au fond de la colline.

C'était la première année qu'elle menait ses blanches bêtes aux champs de ce côté, sur l'adret du vallon.

Sur les terres de répandisses arrentées à Pierre-Prix Sauvé.

Les blanches bêtes de Pierre-Prix Sauvé, et non plus celles de Flavien Favier à qui il ne restait que trois malheureuses chèvres galeuses et la permission accordée par Sauvé de les mêler à celles de son troupeau.

Il lui avait fallu s'habituer à cette trentaine de bêtes, ce tournoiement de cornes et de naseaux et de petites queues dressées parcouru de bêlements, comme une espèce de bloc en tourbillon qui semblait être constitué pour n'en faire qu'à sa guise, au mépris total de ce que leur chevrière pouvait avoir décidé. Les six ou sept qui avaient constitué le plus fort de son troupeau d'avant lui semblaient d'un autre âge. Pareillement elle avait fait son deuil de cette lointaine accoutumance prise à soutenir les froidures des nuits en leur chaude et odorante compagnie. Pierre-Prix Sauvé son maître ne voulait pas entendre parler de ces façons-là. Elle dormait dans le grenier à foin, derrière les portes de la bouâtcherie. Le plus près possible des battants dont elle ne rabattait point la barre...

D'abord, elle renifla la senteur caractéristique et se dit qu'on brûlait les coques de choux au bord d'un champ, ou les grands roseaux du long de la rivière, quelque tas de vieux foin non ramassé; puis elle vit la fumée. Une fumée trop blanche qui montait en épaisses volutes paresseuses au-dessus du hallier bordant le bas du pré.

La matinée était claire, le ciel d'un bleu laiteux, des vapeurs de rosée aux pattes des bruyères. Une septaine passée la Nativité Notre-Darne - tout le village avait alors processionné, sauf elle, qu'on eût dite seule de tous les entours exclue de la ferveur psalmodiée à coups de cantiques jetés à la volée dans la rouille des haies qui bordaient le trajet propitiatoire, elle qui les avait regardés passer, avec leurs mines réjouies, leurs bannières brandies par des enfants à peine moins grands qu'elle (et ceux à peine plus grands que la gamine que ce défilé de couleurs et de bruits apeurait et qu'elle serrait dans ses bras), toutes deux, elle et la gamine, plantées là en haut du chemin sous leurs regards réprobateurs et hautains que la foi leur taillait sur mesure, bon Dieu ! si elle se souvenait de la fête de la Nativité, une septaine paravant...

Elle jeta un regard derrière elle du côté des biques et de la gamine accroupie à quelques pas dans une flaque de soleil.
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Ils m'ont appelée la Rouge Bête. Ce n'était pas méchantement.

Depuis qu'Emeline au bord de ses six ans les avait lues, perchées en haut de la page couverte d'une écriture ronde appliquée, au craion pâli, les deux phrases lui tenaient compagnie, accrochées pour jamais à l'en-tête de ses pensées quotidiennes.

C'étaient des feuilles de papier de mains inégales, vergé de Hollande pour la première grande partie et vélin pour un dernier tiers, dont certaines portaient les traces de bien fortes fatigues et aussi de dommages d'éraflures et de déchirures sur leur pourtour, de pliages qui avaient amputé certains mots. Le manuscrit avait près de deux pouces d'épaisseur, serré dans une couverture souple de parchemin encollé sur un galuchat roussâtre, fermée par des rubans sur chacune des tranches. Emeline savait lire depuis peu et sa gourmandise pour la chose ne faisait que s'épanouir au fur des jours. Tout ce qui lui tombait sous les yeux, imprimé ou écrit à la main, était bon à dévorer gloutonnement.

Les phrases ne l'avaient pas quitté, ni le souvenir du moment de leur rencontre, dans cette pièce de la grande maison qui serait ce que M. Forestier appelait « notre bibliothèque », pour l'heure encore fleurant l'essence de bois blanc, les colles et vernis, aux rayonnages fort peu garnis. La plupart des livres ramenés de France se trouvaient toujours dans des caisses entassées, en guise de meubles, au centre de la surface de parquet roux.

Un après-midi tellement chaud de juillet. Vacillante de chaleur, en chemise et les pieds nus, cherchant le chat Pompon qui d'ordinaire partageait sa sieste et qui ce jour manquait au rendez-vous, elle avait poussé la porte entrouverte, était entrée dans la pièce gorgée de silence et de cette poudreuse lumière que tamisaient les lamelles des hauts volets étroits tirés. A peine franchi le seuil, Emeline avait été saisie par cette sorte de magie qui baignait l'endroit, son cœur s'était mis à battre plus fort. Des mouches comme des étincelles dorées passaient et repassaient dans les zébrures de soleil que les interstices traçaient de part et d'autre de la pièce. Du dehors lui venait, assourdie, une lointaine conversation, dans le jardin, entre Joseph le jardinier et ses garçons - ou d'autres personnes, mais elle reconnaissait la voix et le ton nonchalant de Joseph.

Elle avait fait un pas et les lames du parquet posées depuis moins de deux mois avaient émis un petit gémissement de surprise. Pour une très mystérieuse raison, Emeline s'était sentie traversée par une sorte de vertige, comme quand on a tourné tourné tourné sur soi-même en écartant les bras et en fermant les yeux, qui pouvait aussi n'être pas très éloigné du bonheur. Traversant la pièce à pas lents, dans la pénombre douce - Pompon avait surgi tout à coup de nulle part, assis sur une des caisses au couvercle décloué. Il s'était laissé attraper sans résistance. Pompon ne résistait jamais. Par l'ouverture du couvercle glissé, elle avait aperçu le contenu de livres reliés de cuir fauve, et le premier, celui-là, qui n'en était pas un, le manuscrit dans son portefeuille souple de parchemin grisâtre sans autre inscription que des taches et des éraflures de longue vie, elle l'avait tiré de la caisse et posé sur le couvercle de planches et, Pompon sous le bras, elle avait de sa main libre dénoué les rubans qui fermaient la couverture. Penchée, lèvres pincées, les sourcils froncés dans une mimique d'attention curieuse, elle avait lu à voix haute distinctement la première phrase écrite :

Ils m'ont appelée la Rouge Bête. Ce n'était pas méchantement.
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Vidéo de Pierre Pelot
Immense Pierre Pelot, avec plus de 200 livres en 53 ans d?écriture : littérature générale, science-fiction, policiers, romans noirs, récits fantastiques, BD, théâtre, contes, sagas... L'auteur était à Poirel le 7 octobre pour un entretien aux côtés de Françoise Rossinot autour de son dernier roman, "Braves gens du Purgatoire" (Éditions Héloïse d'Ormesson).
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