Un petit garçon que tout le village connaît comme un formidable affabulateur prétend avoir découvert un gigantesque canon caché au coeur de la forêt. Personne ne croit à cette fable. Mais l'enfant est retrouvé mort, et Armand Gamache, en bon policier, commence à se poser des questions…
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Les romans policiers à énigme me plaisent rarement : un manque de réalisme assumé, des personnages peu crédibles, une enquête tarabiscotée, une fin en forme de « Wodonit », ce genre n'est pas ma tasse de thé. Et pourtant j'emprunte souvent ceux qu'écrit
Louise Penny dès leur arrivée à la bibliothèque. Je ne sais trop pourquoi je reviens fréquemment à cette auteure. Son héros, l'inspecteur-chef Gamache (à la retraite dans
La Nature de la bête) est certes un policier modèle, un homme d'honneur et de courage, fidèle, affable, compréhensif, plein d'empathie, etc. Même cet « etc. » ne me gêne habituellement pas. Je passe un bon moment en lisant ses aventures et celles de ses proches qui se déroulent au Québec, dans les Cantons-de-l'Est, à Three Pines, un village imaginaire, en apparence idyllique, où Gamache finira par s'installer pour y passer sa retraite. Un esprit plus critique pourrait trouver qu'on y tue beaucoup… L'inspecteur, avec son gendre et collègue, Jean-Guy Beauvoir, y enquête donc régulièrement. Les deux policiers y côtoient des villageois assez déjantés, tous ou presque pleins de bonté et de joie de vivre, de générosité et de bons sentiments, mais souvent, parmi eux, se cache un meurtrier.
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La Nature de la bête ne m'a pas procuré le plaisir que j'éprouve habituellement à lire les énigmes proposées par
Louise Penny. Bien que je connaisse au moins six des romans de la série, je me suis retrouvée complètement perdue dans le fouillis des chapitres 2 et 3 où l'on retrouve pêle-mêle pléthore des personnages habituels sans que l'auteur nous donne d'autres indications que leurs noms ! J'imagine quelqu'un qui lit Penny pour la première fois... Quelques autres remarques, en vrac. Une troupe de théâtre amateur s'apprête à monter une pièce qui paraît formidable, mais qui a été écrite par un meurtrier : faut-il vraiment continuer à travailler sur cette pièce ? Autrement dit, faut-il juger une oeuvre en tenant compte du comportement de l'auteur ? Cette problématique très présente au début du roman ne sera finalement qu'effleurée.
Louise Penny utilise aussi dans ce roman un épisode historique assez étonnant. On ne croisera pas Gérald Bull, l'ingénieur qui a travaillé sur les canons à longue portée, mais un de ses acolytes, imaginaire celui-là, qui cachera le gigantesque canon dans la forêt. le roman policier se mâtine alors de roman d'espionnage et l'intrigue, en plus de traîner en longueur, devient parfaitement abracadabrante ! Je ne dirai évidemment pas un mot sur la fin cousue de fil blanc. Une vraie déception…